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Sommes-nous nécessairement les victimes du temps ?

Publié le 27/02/2008

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« Tous les hommes sont mortels. » dit le vieil adage couramment employé pour illustrer le syllogisme. Aussi, comme tout être vivant, nous naissons, grandissons et mourons. « Aristote naquit, travailla et mourut » répondait Heidegger lorsqu'on lui demandait une biographie du grand philosophe. Il semble donc, tout comme le sujet présent le laisse entendre par l'emploi de l'adverbe, qu'il y ait une nécessité, au sens d'une fatalité, à laquelle le temps nous soumet. L'emploi du nom « victime » semble également correct : nous subissons, en effet, cet écoulement du temps qui nous pousse de la naissance à la vieillesse et à la mort. Pire encore que pour l'animal, nous avons pleinement conscience de cette réalité sur laquelle nous n'avons aucune emprise. Nous savons que nous mourrons et nous ne nous étonnerons donc pas de l'origine des religions qui concorde presque avec les origines de l'humanité. Dès l'instant où il y eut des hommes, il y eut une recherche de la vie éternelle, ou d'un état de repos, d'une béatitude, permettant d'échapper à tout jamais à cet écoulement du temps. Cependant, si le temps nous condamne, il est aussi celui qui nous fait passer d'un âge à l'autre, celui qui nous forme et nous transforme, celui qui nous consiste pour nous en un plein horizon d'existence. Comment pourrions-nous faire des découvertes, réparer nos blessures, ou former des projets si nous n'étions pas plongés dans le temps ? Le fait même qu'il y ait un temps pour chacune de nos activités ou chacun des moments de la vie, comme le rappelait l'Ecclésiaste, semble permettre à l'homme de vivre une expérience unique au sein du monde des vivants. Nous chercherons donc si le temps est pour nous un bourreau ou un mécène.
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« du néant.

Ainsi, Hegel affirme -t-il que l'Esprit s'accomplit à travers l'histoire, et que le temps est proprement son développement.

Il donne ainsi dans La Raison dans l'Histoire une image de ce développement de l'Esprit.

Le soleil se lève à l'Orient, comme lui l'Esprit s'estd'abord incarné dans les grandes civilisations orientales de l'Antiquité.

Au furet à mesure que le soleil tend au zénith, l'Esprit, lui, acquiert la conscience desoi.

« A sa première admiration inactive se substituera l'action, la créationd'une œuvre tirée de ses propres ressources.

» Ceci jusqu'au crépuscule,image de l'Esprit qui s'observe lui-même dans le chemin parcouru de façonpurement libre.

Le temps est ainsi pris comme ce qui permet à l'humanité des'accomplir entièrement, faisant ainsi de l'homme un animal unique : celui quise saisit grâce au temps.

Il est d'ailleurs à remarquer que nous sommeségalement les seuls êtres à pouvoir plus ou moins contrôler le temps.

Latechnique joue ici un rôle fondamental puisque nous arrivons à l'harmoniserobjectivement (heure officielle, montres…), nous organisons généralement nosactivités en le remplissant (agendas, distinction temps libre et temps detravail.) et arrivons même à le communiquer instantanément (téléphone,Internet…).

Cette maîtrise du temps atteint son apogée dans la sciencehistorique, qui recompose le temps passé en lui donnant une dimensionimmortelle.

Nous finirons là-dessus en retrouvant Hegel : « L'historiencompose en un tout ce qui appartient au passé, ce qui s'est éparpillé dans lesouvenir subjectif et contingent et ne se maintient que dans la fluidité de lamémoire ; il le dépose dans le temple de Mnémosyne et lui confère une duréeimmortelle.

» III/ Mort et projets Ceci dit, si la technique semble nous donner le contrôle du temps, elle comporte également un doublerisque.

D'une part, le temps qu'elle semble nous libérer est le plus souvent consacré à la technique elle-même.

Dèslors, les machines libèrent de leur épuisement les travailleurs et les renvoie devant la télévision ou ausupermarché…De plus, ce temps dont nous pensons disposer ainsi n'empêche pas que nous mourrons bel et bien.

Ettous les produits cosmétiques ne pourront rien faire contre cela.

Sauf que ce semblant de maîtrise que nous avonssur le temps quotidiennement nous fait presque oublier la réalité de la mort.

Aussi Heidegger consacre-t-il à ce phénomène un paragraphe de Etre et Temps : « Le sentiment des gens, dans la banalité quotidienne des relations humaines, « connaît » la mort comme unaccident qui survient continuellement : on connaît des « cas de mort ».

Telou tel proche, telle ou telle connaissance lointaine meurt.

Des inconnusmeurent chaque jour, à chaque heure.

« La mort » se présente comme unévénement bien connu qui se passe à l'intérieur du monde.

Comme telle lamort ne rompt pas cette absence d'imprévu qui caractérise l'ordre banal desévénements quotidiens ? (…)On meurt bien finalement un jour, mais enattendant on reste soi-même sain et sauf.

» Cette emprise que le On, qui nerenvoie jamais à personne en particulier, exerce sur la mort est celle évoquéeplus haut.

Le fait de mourir est pris comme une réalité générale, mais il perdainsi le sens qu'il a en propre pour l'existant qu'est l'homme.

En effet, parnotre capacité à former des projets, nous sommes toujours en train de nous« projeter » vers l'avenir.

Le temps est donc ce qui nous ouvre à l'existence,ce qui nous permet de nous accomplir en fonction de nos choix.

Or, si nousportons depuis la naissance ces possibilités de nous déterminer nous portonségalement la fin de toutes ces possibilités, c'est à dire la mort.

La mort nousconcerne donc proprement comme ce qui accompagne la possibilité del'existence.

Heidegger reprend ainsi l'adage : « Dès qu'un homme vient à lavie, il est déjà assez vieux pour mourir.

» L'homme porte avec lui le poids dutemps, et de sa fin, et c'est à cette condition seule qu'il peut bénéficier d'unesaisie du temps afin d'accomplir ses projets.

Conclusion : -Le temps est une malédiction.-Que nous pouvons toutefois maîtriser-En nous ressaisissant de notre existence.Le temps fait de nous des victimes si nous oublions qu'il aura pour nous une fin.. »

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