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Sommes-nous prisonniers du langage ?

Publié le 11/08/2004

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Le langage peut se comprendre comme la fonction générale de communication : faculté d'exprimer verbalement sa pensée, comme un pouvoir d'expression verbale. Or sans le langage, il semble impossible de pouvoir communiquer, que ce soit pas les mots, le corps, ou l'art. Le langage semble être essentiellement notre seule manière d'accéder à la signification, c'est-à-dire à l'autre. Dès lors, il semble que nous soyons à la fois prisonnier du langage, en tant que nous ne disposons que de lui pour signifier, mais il est aussi libérateur en tant que dépassement de son intériorité vers l'autre : ce qui n'est pas moi ; l'extérieur. Mais dès lors pourquoi parler de « prisonniers « ? En effet, il semble que nos sentiments ou la vie de notre esprit puisse dépasser les capacités du langage comme ce serait le cas pour parler de la liberté. Mais ne serait-ce pas réduire le langage justement à la langue ou la parole ? En effet, l'art n'est-il pas ce qui nous permet de dépasser l'indicible par les Idées esthétiques ? Dès lors il s'agit de comprendre le sens, la valeur et le fondement du langage.

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« 111.

Accepter d'en passer par la médiation du langage. • Accepter le langage, c'est accepter la médiation et l'existence des autres.

Car, rêvant d'un rapport direct aumonde, nous rêvons d'un monde silencieux qui ne se révélerait qu'à nous-mêmes.

Le langage et l'existence d'autruisont liés : les mots ont une signification dont je ne peux disposer à ma guise - de même que, sous le regard d'autrui,mes actes ont un sens que je ne connais pas mais qu'il me faut reconnaître.

Je suis parlant veut dire que je ne peuxdisposer de la liberté d'autrui.

Ne parle-t-on pas aux autres parce que nous ne savons pas à l'avance ce qu'ils vontnous répondre? • Comme tout instrument, le langage a ses limites.

Il peut se transformer en un cadre figé, dans la langue de bois,les slogans ou la banalité des propos quotidiens.

Mais «c'est dans les mots que nous pensons», dit Hegel, parce queles mots étendent nos expériences à l'universel : je peux nommer ce que je ne verrai jamais et «l'infini» ou«l'indicible» font partie de mon lexique.

Renoncer au langage, c'est renoncer à l'humanité même. « C'est dans le mot que nous pensons.

Nous n'avons conscience de nos pensées, nous n'avons de pensées déterminées et réelles que lorsquenous leur donnons la forme objective, que nous les différencions de notreintériorité [...].

C'est le son articulé, le mot, qui seul nous offre une existenceoù l'externe et l'interne sont intimement unis.

Par conséquent, vouloir pensersans les mots est une tentative insensée.

On croit ordinairement, il est vrai,que ce qu'il y a de plus haut, c'est l'ineffable.

Mais c'est là une opinionsuperficielle et sans fondement ; car en réalité, l'ineffable, c'est la penséeobscure, la pensée à l'état de fermentation, et qui ne devient claire quelorsqu'elle trouve le mot.

Ainsi le mot donne à la pensée son existence la plushaute et plus vraie.

» Hegel, in « Philosophie de l'esprit ».

Hegel engage sa réflexion sur la possibilité de la synthèse entre l'aspectsubjectif et l'aspect objectif de la conscience.

Le langage est un moyenterme entre ces deux aspects, ce par quoi la conscience obtient l'existence.Le langage permet à l'homme de concevoir la nature.

Et on ne peut laconcevoir sans lui, quel que soit l'envie qu'on en a.

De même, il n'est paspossible d'exprimer la conscience autrement que par le recours au langage,quelle que soit la prétention de l'ineffable. Hegel lie le mot et la pensée : 1.

Penser par le mot, c'est lier intériorité et extériorité.2.

Il est impossible de penser sans les mots.3.

Le langage clarifie la pensée.

D'emblée, la thèse de Hegel est affirmée clairement, en une phrase lapidaire : « C'est dans le mot que nouspensons.

»L'ensemble du texte vise à l'analyse des deux termes : la pensée, le mot, et à leur articulation.

D'où formellementdeux possibilités : penser avec les mots (penser « dans le mot ») ; penser sans les mots (c'est la tentation del'ineffable).

Cette seconde tentative est écartée, par Hegel, comme une erreur.

Ainsi, seule, la première possibilitédemeure, d'où l'affirmation renouvelée, sous une autre forme, de la thèse : « le mot donne à la pensée sonexistence la plus haute et la plus vraie.

» 1.

La thèse est examinée en chacun de ses éléments.

D'abord la pensée.

Penser c'est avoir conscience de penser,ce qui implique un dédoublement.

Si naïvement toute pensée, en tant que personnelle (« nos pensées »), est cruede l'ordre de notre intériorité (et strictement seulement de cet ordre), philosophiquement, elle est aussi de l'ordre del'extériorité (et donc différenciée de l'intériorité).

Penser est une activité (« donner » à nos pensées) qui assure lepassage d'un ordre à un autre, où l'on passe en même temps de l'abstrait (« penser » dans le vague en général) auconcret, de la subjectivité à l'objectivité (des pensées « déterminées », cad qui sont celles-ci ou celles-là).

Enfin,avec une réflexion particulière qui doit être consacrée à l'idée de forme (la « forme » objective) qui, en tant queforme, assure une universalité de la pensée applicable dans la diversité et la multiplicité des situations – s'opposantimplicitement à un plein qui ne peut se référer qu'à l'unique particularité du contenu de ce qui est ici et maintenant.Forme claire opposée à l'obscur du plein.En suite le mot.

Si pour la pensée, il convenait de distinguer intériorité et extériorité, il faut reconnaître au mot(défini au passage comme « son articulé ») le statut concret (« l'existence ») d'une synthèse de l'intériorité(« l'interne ») et de l'extériorité (« l'externe »).

D'un rapport privilégié du mot et de la conscience, puisque c'est lemot qui est le seul à pouvoir à chaque fois unir (intimement) les deux positions de la pensée.La pensée n'est ni l'intériorité seule (l'intériorité est insuffisante il en faut plus) ni l'extériorité seule (il n'y ad'extériorité que seconde, puisqu'elle est le produit, le résultat d'une activité qui prend naissance dans l'intériorité).Mais seul le mot articule en même temps, à la fois, l'intériorité (c'est moi, je, qui parle) et l'extériorité (la « forme ». »

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