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Sommes-nous prisonniers du temps?

Publié le 28/02/2005

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temps
L'Etre parménidien éternel et immobile, a quelque chose d'effrayant, on peut voir dans son immobilité non la perfection mais une imperfection : ce n'est pas sa complétude qui le fait immobile, mais une sorte de réplétion, il ne peut bouger parce qu'il est coincé par le trop-plein de son être. Le mouvement est liberté, en ce que grâce au temps il nous livre l'espace. Le temps est aussi ce qui permet la maturation, le lent travail alchimique de transformation où peut se faire la fusion (on dirait volontiers la trans-fusion) et la transformation étape par étape (chaque étape intégrant la précédente) des choses et des projets. Toute action demande des étapes qui permettent, justement, de modifier l'action, de l'ajuster à son but, et ainsi de mieux atteindre ce but (par exemple, les colles instantanées sont d'un maniement délicat, celles qui demandent un certain temps pour sécher permettent de bien ajuster les pièces à coller). Et les cuisiniers savent qu'une grande flamme ne cuit pas, elle brûle : on fait longuement (et lentement) mijoter les plats pour en mélanger et fondre les saveurs ; le feu " vif " n'est pas si vif que cela, et n'a que des usages limités (" saisir "). Ces étapes, nous les subissons souvent avec impatience, mais nous pouvons y prendre plaisir : le bricoleur, comme le cuisinier, comme le jardinier, aiment à surveiller les progrès de leur ouvrage, de même que le gourmet savoure chaque bouchée de son plat. La jouissance elle-même demande une certaine durée (cf " le Lac " de Lamartine : ce n'est pas l'arrêt du temps qu'il demande en réalité, mais simplement un supplément de durée). Et les étapes d'une action ne sont pas seulement une nécessité qu'on subit, mais elles-mêmes, étant des éléments de la création, apportent une jouissance. L'artiste par exemple, ne se contente pas de " transcrire ", à travers des étapes ennuyeuses, l'idée lumineuse qui lui est apparue : il élabore progressivement sa conception de l'oeuvre à faire, et pas seulement mentalement (croquis, brouillons, ... ), il modifie cette conception au cours de ces ébauches de réalisation, il corrige, approfondit, change la composition, ou des détails, ou la position d'un personnage, il peut même reprendre une oeuvre achevée et la recommencer autrement, en faire une autre version.
temps

« doigts - et tragique puisque par nature il entraîne tout vers sa fin.

Nous ne pouvons rien contre lui, tous nosefforts pour ralentir le vieillissement, reculer l'âge de la mort, restaurer le passé soit matériellement (réparer etreconstruire), soit par la mémoire individuelle ou collective, ne sont que des efforts comparables à ceux deSisyphe ou ceux des Danaïdes.

Ils jouent sur les effets du temps, et non sur le temps lui même, sur latemporalité elle-même.

On répare et reconstruit, on suture et panse les blessures du temps, on tente d'enjuguler les accidents.

Mais, son essence, sa flèche, point.

Toutes blessent et la dernière tue.

Le tempsnarquois a plus d'un trait dans son carquois.

Nous sommes impuissants contre le temps. [Le temps n'est pas un obstacle, il est un outil.

C'est lui qui permet à l'homme d'agir librement.

Le temps est ce en quoi l'homme se réalise comme projet.

L'avenir peut être pensé comme un champ de développement, tant sur le plan individuel que sur le plan collectif.

Le temps est alors la condition de ma liberté.] Penser le temps, c'est s'en délivrerJe ne suis pas prisonnier du devenir.

Je suis, à la fois, conscience dans le temps et conscience du temps.

J'aila liberté de réfléchir, de prendre mon temps, de différer mes actions.

Je peux penser à ce que j'ai fait, à ceque je vais faire, et, ainsi, perpétuellement sortir du présent pour m'évader dans le temps.Nous reconnaissons spontanément que le temps est aussi indispensable au mûrissement, à la maturation, qu'ilfaut à un projet comme à une plante du temps pour se réaliser - quelquefois nous le voyons là encore commeune marque d'impuissance (nous voudrions avoir tout de suite la plante grande et fleurie, avoir devant nousimmédiatement notre projet réalisé, et l'attente nous est insupportable), et en même temps nous pouvonsprendre plaisir à cette réalisation progressive, et au parcours des étapes.

"Prendre son temps" comme le dit lasagesse populaire.

Le temps nous permet aussi de nous habituer à des situations trop nouvelles, et de nous yadapter.

"Paris ne s'est pas fait en un jour" dit encore le dicton.

Tout n'est donc pas pure passivité dans letemps, ni destruction. Si le temps est source de deuil, il est aussi source de renouveauOn peut accepter avec joie ce que chaque instant nous apporte de nouveau.

Le futur dépend de nous et,parce que j'ai conscience du temps, je peux agir, projeter, espérer.

Le temps nie sans cesse ce qui fut, mais ilconstruit ce qui sera.

Je suis le surgissement du temps.

Je donne sens au passé, au présent, au futur. Notre puissance sur le temps. a) au niveau vécu : le temps est ce qui permet le déplacement : nous ne pouvons parcourir l'espace qu'àtravers le temps et par le temps.

" Nous ne pouvons pas être à plusieurs endroits à la fois, sauf si on est unpetit oiseau ", disait sottement la " Vieille Fille " de Balzac, confondant vitesse et ubiquité (pas si sottementau fond : la théorie de la Relativité et le paradoxe de Langevin lui donneraient raison).

A défaut de l'ubiquité,nous pouvons être partout dans la succession.

L'Etre parménidien éternel et immobile, a quelque chosed'effrayant, on peut voir dans son immobilité non la perfection mais une imperfection : ce n'est pas sacomplétude qui le fait immobile, mais une sorte de réplétion, il ne peut bouger parce qu'il est coincé par letrop-plein de son être.

Le mouvement est liberté, en ce que grâce au temps il nous livre l'espace.Le temps est aussi ce qui permet la maturation, le lent travail alchimique de transformation où peut se faire lafusion (on dirait volontiers la trans-fusion) et la transformation étape par étape (chaque étape intégrant laprécédente) des choses et des projets.

Toute action demande des étapes qui permettent, justement, demodifier l'action, de l'ajuster à son but, et ainsi de mieux atteindre ce but (par exemple, les collesinstantanées sont d'un maniement délicat, celles qui demandent un certain temps pour sécher permettent debien ajuster les pièces à coller).

Et les cuisiniers savent qu'une grande flamme ne cuit pas, elle brûle : on faitlonguement (et lentement) mijoter les plats pour en mélanger et fondre les saveurs ; le feu " vif " n'est pas sivif que cela, et n'a que des usages limités (" saisir ").

Ces étapes, nous les subissons souvent avecimpatience, mais nous pouvons y prendre plaisir : le bricoleur, comme le cuisinier, comme le jardinier, aiment àsurveiller les progrès de leur ouvrage, de même que le gourmet savoure chaque bouchée de son plat.

Lajouissance elle-même demande une certaine durée (cf " le Lac " de Lamartine : ce n'est pas l'arrêt du tempsqu'il demande en réalité, mais simplement un supplément de durée).

Et les étapes d'une action ne sont passeulement une nécessité qu'on subit, mais elles-mêmes, étant des éléments de la création, apportent unejouissance.

L'artiste par exemple, ne se contente pas de " transcrire ", à travers des étapes ennuyeuses,l'idée lumineuse qui lui est apparue : il élabore progressivement sa conception de l'oeuvre à faire, et passeulement mentalement (croquis, brouillons, ...

), il modifie cette conception au cours de ces ébauches deréalisation, il corrige, approfondit, change la composition, ou des détails, ou la position d'un personnage, ilpeut même reprendre une oeuvre achevée et la recommencer autrement, en faire une autre version.

Toutcela n'est pas vécu comme une contrainte, mais comme un travail passionnant même s'il est dur et parmoments ingrat ou décourageant.Et inversement, le passage du temps nous aide à supporter le malheur il crée une accoutumance qui nous le. »

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