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SPINOZA ET LE VRAI

Publié le 01/10/2013

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spinoza

« La première signification de vrai et de faux semble avoir son origine dans les récits; et l'on a dit vrai quand le fait raconté était réellement arrivé; faux, quand le fait raconté n'était arrivé nulle part. Plus tard, les philosophes ont employé le mot pour désigner l'accord d'une idée avec son objet, et inversement; ainsi, on appelle idée vraie celle qui montre une chose comme elle est en elle-même; fausse, celle qui montre une chose autrement qu'elle n'est en réalité. Les idées ne sont pas autre chose, en effet, que des récits ou des histoires de la nature dans l'esprit. Et de là, on en est venu plus tard à désigner de la même facon, par métaphore, des choses muettes; ainsi quand nous disons de l'or vrai ou de l'or faux, comme si l'or qui nous est présenté racontait quelque chose sur lui-même, ce qui est ou n'est pas en lui. «

SPINOZA

1. - Le récit vrai dit le fait.

2. - L'idée vraie dit la chose.

3. - L'or vrai se dit lui-même.

Telle est l'histoire, en trois temps, de la signification du mot vrai (et en même temps, bien entendu, de son contraire, faux). Ce n'est pas tout. En y regardant de près et en interrogeant aussi minutieusement que possible les mots du texte, nous apercevons un passage d'un moment à l'autre, et donc une génération successive des significations du mot vrai.

spinoza

« Si nous voulions schématiser à l'extrême, nous pourrions formuler ainsi les trois acceptions successives du mot vrai: 1.

- Le récit vrai dit le fait.

2.

-L'idée vraie dit la chose.

3.

- L'or vrai se dit lui-même.

Telle est l'histoire, en trois temps, de la signification du mot vrai (et en même temps, bien entendu, de son contraire, faux).

Ce n'est pas tout.

En y regardant de près et en interrogeant aussi minutieusement que possible les mots du texte, nous aper­ cevons un passage d'un moment à l'autre, et donc une génération successive des significations du mot vrai.

La première est la signification originelle : la vérité se dit d'un récit, c'est-à-dire d'un discours.

De la vérité du récit, nous passons à la vérité de l'idée, parce quel 'idée est un récit (un récit dans l'esprit, un récit «mental»), c'est le « récit de la nature ».

Dans sa troisième acception, le mot vérité se rapporte à des choses « muettes ».

Ce n'est donc plus une extension de sens comme précédemment, mais un transfert (une métaphore, au sens propre du mot).

L'or ne parle pas; mais c'est comme s'il parlait.

L'or faux est un métal qui prétend être de l'or, qui raconte qu'il est de l'or, alors qu'il n'en est pas; l'or vrai, en disant qu'il est de l'or, raconte ce qui est réellement en lui.

II - INTÉRÊT PHILOSOPHIQUE DU PROBLÈME Ce texte est intéressant parce qu'il donne le moyen de saisir en une même définition des emplois en apparence assez différents du mot vrai.

Essayez vous-même; faites pour le concept de vrai ce que, dans d'autres disserta­ tions, vous avez fait pour les concepts de pensée, d'ordre, de libre, de vivant, etc.; vous rassemblerez ainsi de nombreuses expressions usuelles, vous recueil­ lerez des définitions disparates, et vous aurez du mal à les ramener à l'unité, ou même simplement à les classer.

SPINOZA part de cette thèse, ancienne et bien connue d'ailleurs, que le vrai et le faux ne peuvent se dire que d'une proposition, d'un propos, d'une parole.

Ce qui est n'est pas vrai, il est réel.

Ce qui est vrai, c'est le discours sur ce qui est.

Une proposition vraie est une proposition qui dit ce qui est, une proposition fausse, une proposition qui dit ce qui n'est pas.

Autrement dit, il n'y a de vérité et de fausseté que pour un être qui pense et qui parle, c'est-à-dire pour un esprit (humain).

Cela se vérifie facilement pour un récit, car un récit suppose nettement deux éléments, un fait qui s'est passé et un témoin, un narrateur.

Cela se vérifie aussi à propos des idées, ce qui nous conduit à comprendre comment toute idée est une affirmation; il ne faut pas prendre les idées, a dit SPINOZA, pour des peintures muettes sur une toile.

L'idée du cercle est l'affirmation que les rayons sont égaux, que le triangle rectangle est inscrit dans un demi-cercle, que les tangentes issues d'un même point sont égales, et bien d'autres choses.. »

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