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Suffit-il d'apprendre a bien parler pour bien penser ?

Publié le 30/08/2005

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Le contexte élargi est donc le rapport entre langage et pensée, le rapport entre rhétorique qui est l'art de faire des beaux discours et la philosophie qui cherche entre autres à bien penser. Bien parler est-il une condition suffisante, une condition nécessaire et non suffisante, ou alors une condition contingente dont on pourrait se passer. Bien penser est-il réservé aux beaux parleurs, ou tout du moins à ceux qui s'expriment bien, qui maîtrisent le sens des mots ? Dans ce cas bien penser serait dépendant de la maîtrise d'une langue précise - n'est ce pas relativiser la faculté de penser ? Mais si penser comme le pense Platon est « un dialogue de l'âme avec elle-même « n'est-il pas nécessaire de bien parler pour bien penser ? On le voit la question est complexe : dans quelle mesure ne peut-on pas faire l'économie d'un bon usage du langage dans la perspective qui est celle de bien penser ?  

Plan :  

I. Dans quel mesure le « beau parleur « dans et par son soucis de persuader est-il contraint de ne pas bien penser ?

II. Dans quelle mesure bien penser implique le bien parler, au sens de « parler vrai «?

 

Ici il va s'agir de s'interroger sur la pertinence de l'assertion selon laquelle apprendre à parler est une condition suffisante pour bien penser. Nous le voyons cette question n'est pas neutre dès lors qu'y apparaît deux fois le terme « bien «. Le contexte élargi est donc le rapport entre langage et pensée, le rapport entre rhétorique qui est l'art de faire des beaux discours et la philosophie qui cherche entre autres à bien penser. Bien parler est-il une condition suffisante, une condition nécessaire et non suffisante, ou alors une condition contingente dont on pourrait se passer. Bien penser est-il réservé aux beaux parleurs, ou tout du moins à ceux qui s'expriment bien, qui maîtrisent le sens des mots ? Dans ce cas bien penser serait dépendant de la maîtrise d'une langue précise – n'est ce pas relativiser la faculté de penser ? Mais si penser comme le pense  Platon est « un dialogue de l'âme avec elle-même « n'est-il pas nécessaire de bien parler pour bien penser ? On le voit la question est complexe : dans quelle mesure ne peut-on pas faire l'économie d'un bon usage du langage dans la perspective qui est celle de bien penser ?

 

« parler III.

Pour les sophistes, l'art de bien penser passe nécessairement par l'apprentissage du bien parler autrement dit de la rhétorique.

La rhétorique est selon les sophistes toute puissante.

Le pouvoir desmots peut aboutir à la maîtrise de tous les arts.

C'est ainsi que Gorgias dans Gorgias dit : IV.

« Ah si au moins tu savais tout, Socrate, et en particulier que la rhétorique, laquelle contient, pour ainsi dire, toutes les capacités humaines, les maintient toutes sous son contrôle.

» V.

Ainsi dans la suite de cet extrait [456b et suivant] Gorgias démontre la supériorité de la rhétorique sur la médecine, et sur tous les autres arts. VI. 2.

Persuader n'est pas convaincre VII. persuader = amener quelqu'un à croire, à penser, à vouloir, à faire quelque chose, en jouant sur sa sensibilité, par voie de séduction.

Cf la notion de psychagogie. convaincre = amener quelqu'un à admettre une façon de penser ou de se conduire en lui exposant les raisons qu'il peut avoir de l'adopter. I.

Cf Gorgias II.

« SOCRATE : - Tu prétends, Gorgias, être capable de rendre orateur quiconque veut bien s'instruire auprès de toi ?GORGIAS : - Oui.SOCRATE : - Au point de convaincre une assemblée sur n'importe quel sujet non pas en l'instruisant, maisen la persuadant?GORGIAS : - Parfaitement.SOCRATE : - Tu as même dit qu'en matière de santé l'orateur est plus persuasif que le médecin.GORGIAS : - Devant une assemblée, oui, je le maintiens.SOCRATE : - Devant une assemblée, c'est-à-dire devant des gens qui ne savent pas; car, pour sûr, cen'est pas devant des gens qui savent qu'il est plus persuasif que le médecin.GORGIAS : - Tu as raison.SOCRATE : - Ainsi, s'il est plus persuasif que le médecin, le voilà plus persuasif que celui qui sait ?GORGIAS : - Assurément.SOCRATE : - Sans être lui-même médecin, n'est-ce pas ?GORGIAS : - Oui.SOCRATE : - Celui qui n'est pas médecin ignore les choses que le médecin sait.GORGIAS : - C'est évident.SOCRATE : - Ainsi celui qui ne sait pas se montre, aux yeux des gens qui ne savent pas, plus persuasifque celui qui sait, lorsque l'orateur est plus persuasif que le médecin.

C'est ce qui arrive ou non ?GORGIAS : - C'est bien ce qui arrive, en ce cas du moins.SOCRATE : - Et c'est également à l'égard de tous les autres arts que l'orateur et la rhétorique ont lemême avantage : cela exige non pas qu'elle sache la vérité des choses, mais qu'on ait trouvé un procédéde persuasion permettant de passer aux yeux des ignorants pour plus savant que ceux qui savent.

» III. 3.

La rhétorique art de « la bien pensance » et non du « bien penser » IV.

La rhétorique est un art de la persuasion qui ne se soucie pas de la vérité mais plutôt de l'effet qu'elle doit provoquer chez le destinataire.

Ainsi la rhétorique et surtout la rhétorique démagogique etpoliticienne va souvent dans le sens de « la grosse bête » qu'est le peuple pour reprendre l'expression dePlaton dans La République .

La rhétorique ainsi a pour conséquence moins le « bien penser » que le « bien pensant », le politiquement correct.

V.

VI. II.

Dans quelle mesure bien penser implique le bien parler, au sens de « parler vrai »? VII. 1.

Critique de la rhétorique du bien parler en vue du bien pensant VIII. PLATON, Gorgias IX.

« J'imagine, Gorgias, que tu as eu, comme moi, l'expérience d'un grand nombre d'entretiens.

Et, au cours de ces entretiens, sans doute auras-tu remarqué la chose suivante : les interlocuteurs ont du malà définir les sujets dont ils ont commencé de discuter et à conclure leur discussion après s'être l'un etl'autre mutuellement instruits.

Au contraire, s'il arrive qu'ils soient en désaccord sur quelque chose, si l'undéclare que l'autre se trompe ou parle d'une façon confuse, ils s'irritent l'un contre l'autre, et chacund'eux estime que son interlocuteur s'exprime avec mauvaise foi, pour avoir le dernier mot, sans chercherà savoir ce qui est au fond de la discussion.

Il arrive même parfois qu'on se sépare de façon lamentable :on s'injurie, on lance les mêmes insultes que l'on reçoit, tant et si bien que les auditeurs s'en veulent. »

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