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Suis-je libre face à la vérité ?

Publié le 11/01/2004

Extrait du document

De même que la vie serait difficilement supportable si l'on combattait systématiquement toute illusion. Enfin, le mensonge est le lot commun de tout homme. Nous pouvons déterminer, en conscience, s'il vaut mieux dire la vérité, ou bien la cacher, la transformer. [La vérité est comparable aux lois de la physique. Comme elles, elle s'impose à l'homme et il ne peut que l'accepter. Elle ne laisse place à aucun choix. Tel un aimant, elle attire l'esprit qui connaît.] La vérité est éternelle Pour les Grecs, faire le bien ne dépend pas de la volonté, mais de la connaissance. Qui cherche à connaître et découvre ce qu'est le bien ne peut que le commettre. « Nul n'est méchant volontairement », disait Socrate.
C'est l'ignorance qui s'oppose à la liberté, non pas la vérité. Adéquate au réel, la vérité nous permet de nous libérer des servitudes et des contraintes naturelles. Mais, si être libre, c'est penser ce que l'on veut, la liberté contredit la liberté. L'homme libre est celui qui imagine, s'illusionne, invente, crée.



« [Si l'homme ne peut pas fuir son corps, il peut volontairementchoisir de fuir, ou même nier, la vérité.

Face à elle, il esttotalement libre de ses choix.

Il peut lui préférer l'erreur, le mensonge, l'illusion.] La vérité n'est pas une fatalitéDans la mesure où la vérité est saisie en conscience, et que laconscience est totalement libre, je peux refuser de la voir.

Descartesmontrera que, au nom du libre arbitre, l'homme peut nier une évidence. Pour ce qui est du libre-arbitre, je suis complètement d'accord avec cequ'en a écrit le Révérend Père.

Et, pour exposer plus complètement monopinion, je voudrais noter à ce sujet que l'indifférence me semblesignifier proprement l'état dans lequel est la volonté lorsqu'elle n'est paspoussée d'un côté plutôt que de l'autre par la perception du vrai ou dubien ; et c'est en se sens que je l'ai prise lorsque j'ai écrit que le plusbas degré de la liberté est celui où nous nous déterminons aux chosespour lesquelles nous sommes indifférents.

Mais peut-être que d'autresentendent par indifférence une faculté positive de se déterminer pourl'un ou l'autre de deux contraires, c'est-à-dire pour poursuivre ou pourfuir, pour affirmer ou pour nier.

Cette faculté positive, je n'ai pas niéqu'elle fût dans la volonté.

Bien plus, j'estime qu'elle y est, nonseulement dans ces actes où elle n'est pas poussée par des raisonsévidentes d'un côté plutôt que de l'autre, mais aussi dans tous lesautres ; à ce point que, lorsqu'une raison très évidente nous porte d'uncôté, bien que, moralement parlant, nous ne puissions guère aller àl'opposé, absolument parlant, néanmoins, nous le pourrions.

En effet, il nous est toujours possible de nous retenir de poursuivre un bien clairement connu ou d'admettre unevérité évidente, pourvu que nous pensions que c'est un bien d'affirmer par là notre libre-arbitre.

Ce texte est extrait d'une réponse de Descartes à la lettre d'un de ses correspondants qui l'interrogeaità propos d'un passage de la quatrième méditation métaphysique dans laquelle il disait : « de façon quecette indifférence que je sens lorsque je ne suis point emporté vers un côté plutôt que vers un autre parle poids d'aucune raison, est le plus bas degré de la liberté et fait plutôt paraître un défaut dans laconnaissance qu'une perfection dans la volonté » (Méditations métaphysiques, Pléiade, p.

305).L'indifférence est cet état dans lequel se trouve la volonté lorsqu'ayant à se décider elle a le choix entredeux actions et qu'elle n'éprouve aucune inclination, ni ne perçoit de raison de choisir.

Descartes jugeque, concrètement, cet état est celui de la moindre liberté.

Le terme d'indifférence est d'ailleurs unterme négatif qui désigne un manque d'éléments d'appréciation plutôt qu'une disponibilité quelconque.Dans un cas d'indifférence totale je m'en remets, la plupart du temps, au hasard d'un coup de dé ou du «pile ou face », remplaçant la décision de la volonté par un événement quelconque du monde.Inversement ma liberté ne saurait être remise en question sous prétexte que j'aie des raisons (dûmentétablies) d'agir comme je le fais.

Si je n'agis pas pour des raisons conscientes, j'agis pour des causes cequi est proprement le contraire de la vérité.Descartes concède toutefois qu'on peut penser l'indifférence (dont il ne nie pas l'existence mais son lienavec la liberté) également comme une « faculté positive » c'est-à-dire comme la condition purementformelle de la liberté.

Il faut penser une capacité toujours présente de refuser même ce qu'on juge bonou vrai, d'affirmer envers et contre tout une « liberté » qui existe de simplement s'affirmer.

Cetteindifférence conçue cette fois positivement ne peut certes entraîner qu'un comportement irrationnel ouimmoral puisqu'elle consiste à ne pas faire ce pour quoi nous avons des raisons évidentes d'agir, cequ'est pour Descartes la vraie liberté — « Moralement parlant » c'est-à-dire raisonnablement il estinadmissible que nous fassions le contraire de ce qui est raisonnablement bon.

C'est « absolument parlant», c'est-à-dire sans égard à autre chose que le pur concept du libre-arbitre, que nous devons penser lapossibilité d'un choix libre et irrationnel.Descartes ne concède donc pas grand chose puisqu'il n'accorde que la possibilité théorique d'uneindifférence positive.

Il est certes possible que nous agissions contre toute raison afin de donner corps àcette indifférence, ou pour prouver notre liberté, mais agir afin d'établir une affirmation de soi ne pourraitguère conduire qu'à une vie vide et dénuée de sens.

L'indifférence même conçue comme une volontépositive (et non comme simple absence de fondement à une décision) est donc bien encore le plus basdegré de la liberté.. »

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