TAINE : 1828-1893. Vie et oeuvre

« LA CRITIQUE LITTtRAIJ11!1 la personnalité même de l'écrivain et de l'artiste, on l'étudiera à la façon d'un végétal ou d'un animal, en s'efforçant de lai définir scientifiquement par son caractère dominant, sa faculté mattresse (par exemple le talent oratoire pour Racine).

On explique ainsi la naissance de l'œuvre d'art par la façon dont cette faculté mattresse réagit à ces trois influences de la race, du inilieu et du moment.

On comprend qu'une semblable théorie, dont d'ailleurs certains éléments reprennent des idées déjà émises par Mon­ tesquieu et Mme de Staël, ait provoqué de vives polémiques.

Tandis que Taine lui-même déclarait qu'il expliquait, tandis que Sainte-Beuve décrivait, ce dernier condamnait Thlne en écrivant : « Il lui échappe le plus vif de l'homme ».

Quant à Flaubert, il s'élevait contre la place limitée faite à la person­ nalité de l'artiste : • Cette méthode amène forcément à ne faire aucun cas du talent, • 2) L'historien : Cette même méthode, Taine a essayé de l'appliquer à l'histoire dans les Origines de la France contemporaine, déclarant: «il y a une anatomie dans l'histoire humaine comme dans l'histoire naturelle ...

Si l'on décompose un personnage, une littérature, une école, une civilisation, bref un groupe naturel quelconque d'événements humains, on trouvera que toutes ses parties dépendent les unes des autres· comme les organes d'une plante ou d'un animal.

• S) Valeur actuelle de Taine : Par son dogmatisme, par sa prétention même à être scienti­ fique, la méthode de Taine nous apparatt comme démoné­ tisée, tout comme la science de son temps, qui a fait place à tant de conceptions nouvelles.

Aussi sa philosophie critique ne nous intéresse-t-elle plus qu'à titre de curiosité historique.

Heureusement les qualités de finesse et la richesse de documentation de l'écrivain nous font encore prendre intérêt à deux livres : le La Fontaine, plein de justesse et de délicates analyses, l'étude de l'Ancien Régime dans les Origines...

qui nous apporte un tableau plein de vie de notre xvm• siècle.. »