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Temps et finitude : le questionnement heîdeggerien

Publié le 09/01/2020

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temps

LE DASEIN COMME ÊTRE DE SOUCI ET ÊTRE-POUR-LA-MORT

Pour mener à bien cette démonstration, qui prend le nom d'« Analytique exitentiale », Heidegger part de l'analyse du Dasein, c'est-à-dire de l'homme. Celui-ci est en effet le seul étant qui questionne le sens de l'être (ce que ne fait pas l'animal par exemple). Le Dasein est un étant qui a toujours une compréhension de son être, il questionne sa présence au monde, les raisons de son existence, anticipe sa propre mort. C'est-à-dire qu'il n'est pas entièrement tourné vers l'étant (vers les choses existantes), mais qu'il peut s'interroger sur ce qui n'a pas statut d'étant : le sens, les raisons, la fin, l'être. Le Dasein est ainsi le seul étant qui éprouve et comprend la signification de la différence ontologique.

Le Dasein existe, c'est là ce qui le distingue de tous les autres étants. Il est tendu vers ce qu'il peut être : il anticipe ses possibilités d'existence et peut les choisir. En toute liberté, il se projette vers l'avenir et se met ainsi en avance sur lui-même. En effet, l'homme n'est que ce qu’il se fait. Il se constitue lui-même, se donne une identité en fonction de ses choix, de ses possibilités, ce qui, nécessairement, le conduit à anticiper ce qu'il va être. Or le temps est la forme même de l'avance sur soi, c'est-à-dire de l'existence. Cette forme prend encore le nom de souci. Le souci est le mode d'être fondamental du Dasein qui se projette vers l'avenir et est toujours tendu vers sa fin. Le souci est indissociable en ce sens de être-pour-la-mort (ou être-en-vue-de la mort, selon les traductions), (texte 1). Il convient de distinguer soigneusement le souci de la préoccupation, qui caractérise tous les comportements du Dasein vis-à-vis de l'étant.

1. Le temps est un étant parmi d'autres (au même titre que n'importe quel objet), même si le propre de cet étant est d’être, en son être, à la fois étant et non-étant (voir chap. 1). Le temps serait un étant qui nous fait face, comme quelque chose d'entièrement constitué. Les philosophes ne se sont jamais interrogés selon Heidegger sur les fondements de cette conception du temps comme milieu extérieur à nous.

2. Le temps est bien en effet conçu comme un milieu, homogène (Aristote) ou hétérogène (Bergson) dans lequel nous serions immergés. C'est là selon Heidegger le présupposé philosophique de « l'intra - temporalité », nous

1. Nous avons été malheureusement contraints de retirer les textes de Heidegger, les héritiers n'accordant plus aux éditeurs le droit de les publier.

temps

« serions dans le temps comme dans l'air, ou dans l'eau, c'est-à-dire dans un élément.

3.

Le moment privilégié du temps est le présent (qu'il soit entendu comme instant ponctuel ou « maintenant élargi », comme chez Augustin, Husserl, ou Bergson).

4.

Ce privilège du présent correspond à une conception de l'être (ou substance) comme présence éternelle.

Nous avons vu en effet qu'en tentant d'appréhender la présence du temps à partir du présent, les philosophes prétendent saisir ce· qui, dans le temps, acquiert un instant la constance et la stabilité de la présence éternelle.

En ce sens, il apparaît que le temps ne peut être défini qu'au sein ' d'un rapport avec /'éternité, ou l'intemporalité.

Dès lors, être et temps ont toujours été envisagés comme des concepts opposés.

Si Kant effectue, selon Heidegger, une percée vers la pensée de la temporalité originaire.

laquelle ne repose plus sur ces présupposés, c'est dans la mesure où, comme nous l'avons vu, le temps n'est pas, pour Kant, un milieu pré-constitué et homogène dans lequel se déroule la série des événements, mais une forme de l'intuition qui rend toute perspective originairement possible sans être elle­ même un objet de perspective, sans être quelque chose, sans être un étant.

Le temps comme horizon de la question de l'être La pensée véritable du temps suppose selon Heidegger la prise en compte de la différence ontologique, c'est-à-dire de la différence entre l'être et l'étant.

L'étant désigne tout ce qui est présent (choses, individus, tout le domaine de ce qui est là, présent au regard), tandis que l'être, par où l'étant est étant (ce qui fait qu'un étant est un étant et non pas rien).

ne peut lui-même être présent, ne peut lui-même être un étant (cf.

l'introduction générale du présent ouvrage).

Il convient de penser la différence entre ce qui apparaît, l'étant, et ce qui n'apparaît pas, l'être.

Or cette différence même est le temps, qui, lieu de toute manifestation et de tout apparaître, ne peut lui-même se manifester ni. »

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