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Texte d'Epictète: l'isolement

Publié le 22/02/2012

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« L'isolement est l'état d'un homme qui n'est pas secouru. Car il n'est pas vrai que l'homme seul soit par là même un isolé, ni que celui qui est dans la foule ne soit pas un isolé. En fait, lorsque nous perdons un frère, un fils ou un ami, sur qui nous nous reposions, nous nous disons à l'abandon et isolés, alors que souvent nous sommes à Rome où nous rencontrons une telle foule, où nous habitons avec tant de gens, où nous avons parfois une multitude d'esclaves. Par définition, l'homme isolé est un homme privé de secours et exposé à ceux qui veulent lui faire tort. Aussi, dans un voyage, nous nous disons isolés, lorsque nous tombons sur des brigands ; car ce n'est pas la vue d'un homme qui supprime l'isolement mais celle d'un homme fidèle, consciencieux et bon. [...] Néanmoins, il faut avoir aussi la faculté de se suffire à soi-même et de pouvoir être seul avec soi-même. [...] nous devons pouvoir nous entretenir avec nous-mêmes, pouvoir nous passer des autres sans manquer d'occupations, réfléchir [...] à nos rapports avec le reste du monde, examiner ce qu'était auparavant notre attitude par rapport aux événements et ce qu'elle est maintenant, quelles sont les choses qui nous accablent encore et les moyens d'y remédier ou de les supprimer ; et si nous avons des tâches à accomplir, il faut, en les accomplissant, se conformer à la règle qui leur est propre ».

« indépendant. II - Le retour vers soi a) La seconde partie de ce texte est nettement marquée par cette restriction adversative « néanmoins ».

En effet,pour saisir pleinement le propos d'Epictète, l'isolement pour qu'il ne soit pas la solitude doit s'accompagner de lafaculté c'est-à-dire la capacité de rester seul avec soi.

Il s'agit en effet d'une question relative à la nature humaine,c'est-à-dire dans notre condition anthropologique.

Se suffire à soi-même c'est avoir la capacité de rester seul avecsoi-même c'est-à-dire ne plus fuir dans l'extériorité ou dans le divertissement donc avoir la possibilité de rester enplace ou plus exactement de rester autonome et indépendant.

En ce sens Epictète développe le paradigme du sagestoïcien.b) C'est en ce sens qu'il s'agit de savoir « s'entretenir avec soi-même ».

Il s'agit de produire ce que l'on pourrait unedichotomie du sujet ou une certaine schizophrénie dans la mesure où il faut dialoguer avec soi-même.

Or ce dialoguece n'est rien d'autre que le retour de la pensée sur elle-même c'est-à-dire une réflexion typique du miroir.

Il s'agitd'être capable de rester seul simplement.

D'une certaine manière il s'agit de pouvoir s'extraire de cette conditiongrégaire dans laquelle nous sommes.

L'homme est animal social mais il s'agit clairement ici d'aller vers plusd'autonomie et d'indépendance.

Il s'agit se savoir de ne plus être dépendant. Le problème vient donc clairement de cette impossibilité souvent ressentie de pouvoir rester à nos occupationsseuls c'est-à-dire de pouvoir agir sans la nécessité d'autrui.

L'autarcie devient alors la qualité essentiel du sage.

Ilfaut savoir être riche de soi-même.c) Il ne s'agit pas nécessairement de se couper du monde mais de ne pas dépendre de son existence proche.

Il fautdonc repenser notre rapport au monde et notre rapport autrui vers plus d'indépendance.

Mais la question est doncbien de voir que l'on se situe ici dans une évolution de l'enseignement d'Epictète.

En ce sens l'attitude déjà exigé undétachement du monde ou plus exactement de comprendre comment notre volonté peut ou ne peut pas et donc neplus craindre le monde extérieur et agir sereinement.

Il s'agit donc ici de poursuivre cette mutation outransformation de notre attitude pour avoir la capacité de ne pas dépendre d'autrui.

Ainsi l'enseignement d'Epictètepeut se comprendre comme la recherche de cette paix intérieure qui constitue la vie du sage stoïcien c'est-à-dire lamise en exergue de cette méditation et de l'ascétisme.

Ainsi il a montré qu'il ne fallait craindre la solitude, le mondeextérieur etc.

Il s'agit donc de faire justice à soi-même et celle-ci consiste justement dans l'usage propre à chaqueactivité : il faut alors simplement agir en conséquence suivant simplement l'objet que l'on a en vue. Conclusion : Ainsi si l'isolement n'est pas identifiable à la solitude c'est bien parce que l'isolement n'est pas le fait d'être seul maisde se sentir seul c'est-à-dire démuni, sans soutien.

C'est donc la dépendance vis-à-vis d'autrui qui est la cause decet isolement.

En ce sens, on peut bel et bien être seul au milieu de la foule.

Epictète met donc en exergue leparadigme du sage stoïcien comme cet homme indépendant, autonome et quasi autarcique.

Il s'agit de pouvoir êtreriche de soi-même, de pouvoir rester seul et de réfléchir avec soi-même c'est-à-dire penser en tant qu'il s'agit d'undialogue intérieur.

Nous ne devons donc pas nous accabler de la solitude car elle n'est pas fatale et l'isolement estaisément dépassable par un retour sur soi et vers soi.. »

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