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Tout a-t-il un sens ?

Publié le 08/02/2005

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a) Malheureusement pour Platon, il semble que son enseignement n'ait fait que continuer le problème qu'il combattait lui-même. En s'en remettant à un monde intelligible garant de l'unité de la raison, il a invité tous les esprits spéculatifs à s'extraire du monde sensible et à verser dans un monde détaché de toute réalité. Libérés de toutes entraves, leurs raisonnements aboutirent à des résultats contraires, si bien qu'au lieu de se rapprocher de la vérité, ils s'en écartèrent. b) D'où la nécessité d'une critique de la raison. C'est ce à quoi s'est attaché Kant dans la Critique de la raison pure. Dans cet ouvrage, Kant entend définir les limites de la raison pour que celle-ci avance vers la vérité et ne se perde plus hors d'elle-même. Il écrit ainsi qu'il faut établir un tribunal de la raison qui donnerait à celle-ci « assurance en ses justes prétentions, mais qui, en revanche, puisse en finir avec ses présomptions non fondées. » (Critique de la raison pure, préface de la première édition). La raison a en effet tendance à dépasser les cadres dans lesquels elle dispose d'un pouvoir de connaître, comme en témoignent les points de vue contraires auxquels elle aboutit. C'est ce qui se traduit dans la métaphysique, où la raison recherche les raisons premières des choses.

« désintéresse de la chose en soi d'où il provient ? 3.

La critique de la métaphysique doit elle-même se dépasser pourcomprendre la réalité rationnelle du réel.a) En créant une dichotomie entre chose en soi et phénomène, Kant ainstauré une séparation entre intériorité et extériorité, entre le savoir et laréalité, entre l'absolu et sa manifestation.

Pour mettre fin à cette pensée dudualisme, Hegel a considéré qu'il fallait revenir à une unité de la réalité.

Pource faire, il faut cesser de penser l'absolu sur le mode de la fixité, maisl'interpréter comme un mouvement.

Le réel consiste en un processus dedifférenciation, et ces choses que l'on ressent comme différentes ne sont enréalité que les différents moments d'un mouvement.

Toutes les formes de lavie spirituelle, qu'elle soit philosophique, religieuse ou artistique ne sont doncpas incompatibles, elles constituent différentes étapes dans le déploiement duréel.

Le passage de l'un à l'autre, et donc en quelque sorte le saut vers lachose en soi est possible, pour peu que l'on respecte les différents instantsdu déploiement du réel.b) Kant n'a ainsi pas vu ce que Hegel nomme le travail du négatif.

Pour Kant,le saut métaphysique vers la chose en soi est seulement porteur decontradictions.

Mais Hegel souligne que la contradiction est porteuse de sens,non en tant que telle, mais en tant qu'elle opère un travail.

Ce travail est untravail par la négation, mais il amène petit à petit le réel à l'être.

Ce n'est quele moment négatif du déploiement du réel, mais c'est un moment nécessaireet fructueux.

Il faut comprendre pour accepter cela que, ainsi que Hegell'écrit dans les Principes de la philosophie du droit , « le réel est rationnel, et le rationnel est réel.

» Ainsi tout ce qui concerne le réel est un déploiement de la raison, et tout ce qui est rationnel se déploie dans le réel.

De la sorte, ilfaut laisser au réel le temps de se déployer pour pouvoir en rendre raison.

C'est ce que Hegel exprime lorsqu'ilaffirme dans les Principes de la philosophie du droit que : « La chouette de Minerve ne prend son vol qu'à la tombée de la nuit » (Minerve étant la déesse de la sagesse).c) Ce travail du négatif permet ainsi de donner sens à toutes les dimensions de l'existence, car s'il s'exprime enlogique par cette effectivité de l'antithèse (moment négatif de la réflexion), il s'exprime dans le réel par le sens a posteriori qu'on peut donner aux diverses épreuves qu'a dû surmonter l'humanité, comme à celles que doivent surmonter les individus.

Si « le réel est rationnel et le rationnel est réel », alors les souffrances de l'existence nesont pas vaines, il y a une leçon à en tirer.

Ainsi on peut prendre l'exemple de la seconde guerre mondiale : si celle-ci a exprimé le mal à un niveau très élevé, elle a aussi permis de s'acheminer vers la construction de l'Europe, quisera peut-être un moyen d'éviter d'autres guerres.

Il y a ainsi un travail de la raison dans l'Histoire qui a toujours unmoment négatif, et il en est de même à un niveau individuel.

Il n'est donc pas inconséquent de chercher à donnerun sens à tout, puisque le tout du réel est rationnel - c'est-à-dire doté de sens - même si ce sens n'apparaîtqu'après-coup.

Conclusion : Nous avons d'abord montré que si la vie humaine a un sens par elle-même et que l'homme est naturellement porté àle chercher, ce dernier doit néanmoins s'appliquer à le chercher en raison.

Nous avons ensuite souligné les dangersd'une quête absolue de sens qui dépasserait les limites de la connaissance rationnelle.

Enfin, nous avons tenté derendre son sens à cette recherche de l'absolu en comprenant la raison comme un mouvement et non comme fixité.Reste à soulever le danger inhérent à cette théorie, qui consisterait à croire que le mal est justifié a priori alors qu'il ne peut l'être qu' a posteriori .

Cela doit nous conduire à nous interroger sur les conditions de possibilités d'une compréhension intelligente de cette perspective théorique.. »

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