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Toute croyance est-elle contraire à la raison ?

Publié le 26/01/2023

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« Dissertation obligatoire, à remettre et copie manuscrite, marge. • Sujet : Toute croyance est-elle contraire à la raison ? “Deux excès: exclure la raison, n’admettre que la raison” a dit Blaise Pascal.

Exclure la raison, serait tomber dans la crédulité et même dans le fanatisme.

N’admettre que la raison serait oublier que nous avons besoin de croire en des choses. Le sujet nous amène à discuter de la notion de “Raison” liée à la croyance.

On considère la Raison, de son latin “ratio” qui signifie le calcul, comme étant un mode de pensée qui consiste à ordonner la pensée, à connaître les objets et à tenter d’approcher la vérité. On questionne ici l’existence de croyance dans la raison.

Ainsi le sujet est de savoir s' il n’existe que des croyances irrationnelles; la croyance étant souvent assimilée à une attitude contraire à la raison.

Pourtant, la croyance et la raison partagent en commun une chose.

Kant, philosophe du 18ème siècle, dit que c'est "l'acte de tenir pour vrai” qui rapproche ces deux notions.

On peut alors se demander si toute croyance est contraire à la raison ou bien si certaines d'entre elles ont un lien avec cette dernière? Ainsi on cherche à savoir si croire et savoir sont obligatoirement conflictuels. Nous envisagerons d’abord la thèse selon laquelle les croyances sont en opposition avec la raison.

Elles s’opposent à l’usage de la raison. Nous montrerons ensuite les limites de cette thèse en reconnaissant que toutes croyances ne s’y opposent pas, par exemple dans le domaine pratique.

La croyance et la raison s’appuient parfois l’une sur l’autre et sont complémentaires. Pour finir, nous verrons que la raison a des limites et qu’il existe des croyances dites rationnelles. Les croyances sont considérées comme étant des convictions.

Selon Nietzsche: “Les convictions sont des ennemies de la vérité, plus dangereuses que les mensonges”.

C’est donc l’action de croire et ainsi d’accrocher une valeur de vérité à un fait ou à un énoncé.

Cette dernière révélant une attitude irrationnelle.

Ainsi nous verrons l’opposition de la croyance avec la raison dans la manière de fonder ce que l’on affirme et ce à quoi on donne notre assentiment. Tout d’abord, les croyances sont de simples superstitions.

Il est bon de savoir que l’on peut définir la superstition comme le fait d’expliquer certains événements par des causes irrationnelles, souvent fausses ou fantaisistes.

Suite à cela, la superstition est souvent qualifiée d’obscurantisme et donc le fait de rester dans l’ignorance et dans l'erreur.

Contrairement à la superstition, la croyance quant à elle se bâtit sur un ordre logique et développe ses conclusions méthodiquement.

Spinoza affirme: «Si les hommes avaient le pouvoir d'organiser les circonstances de leur vie au gré de leurs intentions, ou si le hasard leur était toujours favorable, ils ne seraient pas en proie à la superstition [...] ils sont en général très enclins à la crédulité».

Les crédulités étant le fait de croire, par manque de jugement, les affirmations d’autrui et qui n’ont pas de fondement ou du moins pas de fondement sérieux.

Ainsi les individus pensent par ce que l’on appelle “l’argument d’autorité”.

Or connaître ce n’est pas accumuler les idées des autres; ceci se résume à croire, à se laisser guider par une "honnêteté supposée” comme écrit John Locke dans son Essai sur l’entendement humain.

L'honnêteté faisant partie du registre de la morale, reliée à l’adjectif “supposée” montre une certaine naïveté.

Il est très facile et même plaisant de s’arrêter à la croyance.

Nous retrouvons cette liaison dans le texte de Kant Qu’est-ce que les Lumières? où il est confortable de se faire guider par les autres sans se soucier du pourquoi du comment et de la fiabilité de ce que l’on entend.

Devenant ainsi un simple humain atteint de psittacisme.

La raison, au contraire, réexamine à l’aune de sa propre pensée et ainsi à ne jamais déléguer sa pensée à un autre. Erasme affirme “Toute la différence entre un fou et un sage, c’est que le premier obéit à ses passions et le second à la raison”.

Tout cela nous maintient dans la passivité par le fait que nos croyances n’ont pas de fondement et de preuve.

La croyance peut être considérée comme le degré minimal du savoir. Ensuite, on constate que la croyance et la raison ne sont pas situées au même niveau sur le plan de la rigueur.

Descartes, philosophe de la raison du 17ème siècle, aimerait que la rigueur et l'ordre des mathématiques soient établis partout: mathématique universelle.

Il affirme, suite à cela, qu’il y a 4 règles à respecter pour bien juger.

Or les croyances n’ont presque rien de rigoureux.

En effet, nos croyances sont le résultat d’induction et relèvent donc de l’empirisme, ce qui est contraire à la raison qui, elle, se base sur des déductions.

L’induction consiste à établir des corrélation, c’est-à-dire des mises en rapport entre des événements qui n’ont pas forcément de connexion.

L’induction n'est donc pas capable de voir un rapport de nécessité entre deux événements et généralise par l’observation de plusieurs faits.

Par exemple, un chien qui s’est fait battre plusieurs fois quand son maître prenait le bâton va croire que quand son maître prend le bâton c’est obligatoirement pour le battre et va donc fuir à la vue de ce bâton. Pourtant rien ne dit que si le chien s’est fait battre neuf fois, il va forcément être battu la dixième fois. Ainsi il tire des conséquences dites empiriques (de l’expérience) et contingentes.

De plus, le nombre limité d'expériences montre que ce sont des inductions abusives qui sont donc irrationnelles.

Au contraire, dans un raisonnement rationnel il y a nécessité d’inférence dans la déduction et l’on affirme que “rien ne se produit sans cause”.

En effet, elle ne s’appuie pas sur l’expérience pour tirer des conclusions nécessaires et universelles.

Elle suit plutôt un raisonnement déductif qui consiste à tirer une proposition d’une proposition antécédent de façon nécessaire.

C’est cela qui, pour Leibniz, différencie un être rationnel d’un être irrationnel.

En effet, l’induction fait croire alors que la raison fait savoir.

C’est ce que nous explique Platon, notamment dans L’Allégorie de la caverne où il distingue ces deux termes de croire et savoir.

En effet, pour lui, le savoir concerne la vérité tandis qu’une croyance peut-être vraie ou fausse puisqu’elle n’a pas de preuve.

Selon lui, une croyance est dénuée de vérité.

Ainsi les croyances, selon Hume, seraient le résultat d’un effet d’habitude et non de la raison.

Les croyances limiteraient même l’usage de la raison, pourquoi cela? Selon Descartes, les croyances sont un obstacle à l’accès à la raison et à la vérité; parce que je suis déjà convaincu d'avoir la vérité, je ne doute plus et je ne la cherche plus ; la croyance est donc l'ennemie de la raison, parce qu'elle empêche la recherche de la vérité.

La croyance, les préjugés acquis durant l’enfance ou encore, comme l’affirme Bachelard, le fait que nous commençons notre vie dans le rêve crée un blocage.

Il faut donc les retirer car ils sont incompatibles avec la raison.

Ils ne permettent pas de définir le vrai et le faux et ceci surtout dans le domaine théorique.

Descartes désigne l’opinion comme étant une idée de moindre valeur qui s’est installée dans notre esprit de manière passive. L’opinion est donc une croyance et qui, pour Bachelard, a “toujours tord”.

En effet, il se peut qu'une opinion soit vraie ; mais elle n'a pas plus de valeur qu'une opinion fausse, parce qu'elle ne démontre rien.

Descartes explique ainsi dans son Discours de la méthode publié en 1637, qu’il ne faut garder que les principes fermes et constants pour construire la connaissance.

Pour cela, il utilise ce qu’il appelle le “doute méthodique et hyperbolique” qui est le premier pas vers la vérité.

Il consiste à faire que ce qui est seulement vraisemblable devient automatiquement faux dans le domaine théorique.

Prenant la célèbre métaphore du panier de pommes de Descartes; imaginons un panier rempli de pommes dont certaines ont la possibilité d’être pourries.

Ainsi, le plus judicieux serait de vider le panier dans son intégralité, d’analyser les pommes et de ne remettre dans le panier que les pommes parfaites et dont j’ai la certitude qu’elles ne sont pas pourries.

La première étape de ce doute est de remettre en cause nos sens.

En effet, la raison, contrairement à la croyance, refuse de se baser sur l'expérience et se méfie du témoignage de nos sens.

Descartes affirme que “nos sens nous trompent”.

Ce n’est pas parce qu’un crayon à moitié plongé dans un verre d’eau nous semble déformé qu’il l’est pour de vrai; il ne le sera pas si nous le retirons du verre..

Les premières impressions et les sens sont de l’ordre de la croyance.

Ainsi cette méthode permettrait de faire “tabula rasa", table rase, des croyances, des limites à l'accès à la vérité. —----Les croyances s’opposent ainsi à la raison par le fait qu’elles soient absurdes ou bien par le fait qu’elles soient insuffisamment fondées.

Elles sont le signe d’une certitude qui demeure impensée, procédant des désirs inconscients, de l’autorité de ses maîtres, etc.

Elle est ainsi irrationnelle au sens où elle est une adhésion à une idée fausse ou bien à une idée peu probable ou très incertaine.

La plupart du temps, en effet, il semble que nous n'ayons aucune raison ou en tout cas aucune raison valide d'adhérer à ce à quoi nous croyons.

La croyance reste donc dans une dimension approximative qui s'oppose à la nécessité produite par le raisonnement.

Pourtant Kant affirme: “J’ai dû abolir le savoir pour faire une place à la simple croyance”.

Ainsi nous nous pencherons désormais sur l'idée que toutes les croyances ne s’opposent pas à la raison. Nous venons de dire que toutes les croyances sont plus ou moins irrationnelles, car elles ne sont jamais entièrement fondées.

Mais penchons nous maintenant sur le "plus ou moins".

Le terme "croyance" ayant plusieurs sens.

Nous allons ici le prendre comme étant un “assentiment”, nous énonçons un postulat.

On définit la croyance comme étant la démarche qui exprime l’adhésion à ce que la raison ne peut pas démontrer.

Ainsi, dans ce sens là, la croyance ne s’opposerait pas à la raison. Mais alors, qu’est ce qui fait que le “croire” peut avoir des raisons de donner son assentiment à quelque chose? Tout d’abord, on définit le domaine pratique comme étant le domaine de l’action et donc la vie. Toutes nos actions supposent des croyances; par exemple, il n’y a aucune action politique sans idéologie, sans conviction et idéal.

Dans ce domaine, la croyance a une valeur différente que dans le domaine théorique, le domaine de la connaissance.

Ainsi Descartes cherche de la rationalité dans un domaine soumis au hasard de l'action humaine en cherchant à mettre de l'ordre dans sa vie.

Pourtant, il est difficile de tout remettre en question dans le domaine de l’action.

L’objet sur lequel on délibère est contingent, il n’a pas de stabilité et peut changer tout le temps.

C’est pour cela, que dans la vie morale le doute méthodique et hyperbolique ne peut pas être appliqué.

En effet, certaines croyances surviennent suite à un raisonnement et prennent donc un caractère “probable”.

Ainsi Descartes établit une morale provisoire pour mener à bien sa vie.

Dans cette dernière, on décide de tenir le probable pour vrai.

Le probable et l’incertain ayant été évacués dans le domaine théorique sont réintroduits dans la vie morale. Il y a tout de même trois maximes; la première étant le fait qu’il faut suivre l’opinion des plus sensés, des plus modérés et de ceux qui joignent les pensées aux actions.

La deuxième maxime consiste à toujours suivre la même idée après une résolution.

Un bon exemple de cette dernière serait celui du cavalier errant qui, étant perdu dans une forêt, va parvenir à s’en sortir en suivant un chemin direct; en allant tout droit et en évitant les zig-zags.

L’individu à l’origine de ces croyances peut en donner des "motifs" et des “raisons” qui ne viennent pas de l’extérieur.

De plus, dans Le Discours de la méthode de Descartes, on retrouve l’idée de “bon sens” qui pourrait être reliée avec la deuxième maxime.

Or dans le texte sur le bon sens, il n’oppose pas les notions de croyance et de raisons dans le domaine pratique.

En effet, il affirme que “le bon sens est la chose du monde la mieux partagée”.

Il n'oppose pas une élite qui détiendrait la connaissance à une foule qui se contenterait d’opinions, de préjugés, de croyances toutes faites.

Ainsi dans le domaine pratique, les croyances ont une valeur beaucoup plus significative que dans le domaine théorique.

Elles peuvent être considérées comme vraies. De plus, la raison et la croyance ne sont pas opposées si l’on prend le fait que les croyances peuvent être des bases au savoir rationnel.

En effet, le pouvoir de la raison est limité puisqu’elle ne peut pas tout démontrer.

C’est le cas des principes indémontrables, des prémisses, sur lesquels la raison s’appuie.

Selon Blaise Pascal, philosophe du 17ème siècle, la vérité n’est pas simplement visée par la raison mais également par une autre instance; le cœur mais ceci en suivant une démarche différente. Dans son Texte sur les trois ordres, il montre que ces trois ordres (l’esprit, le cœur et la chair) n’ont pas de liaisons, ce qu’un peut prouver l’autre ne le peut pas.

Il affirme notamment: “Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas”.

Le cœur a un statut de connaissance malgré le fait que l'on ne parle pas ici de la connaissance de la raison discursive.

Par exemple, dans les mathématiques qui sont considérées par Descartes comme étant la méthode à suivre et cela par son ordre précis, seul le cœur peut affirmer les premiers principes avec finesse et rapidité et donc.... »

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