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Un acte libre est-il un acte imprévisible ?

Publié le 01/01/2006

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La philosophie de Sartre est un philosophie de la liberté, dont les prémisses reposent sur la fameuse formule : « L'existence précède l'essence ». La conséquence la plus immédiate de ce principe est que « l'homme n'est rien d'autre que ce qu'il  se fait ». Nous sommes tout entier liberté, libres -dans les limites de notre condition, de notre situation- de nous faire. Aucune nature humaine, aucun destin ne dicte notre conduite. La liberté est ici l'absence de norme qui préexisterait à notre action. Or, cette conscience de notre liberté ou de notre totale responsabilité peut provoquer soit l'angoisse qui s'empare de nous face à cette responsabilité, soit toutes les conduites de « mauvaise foi » qui visent à nous dissimuler cette liberté, à nous démettre de nos responsabilités en accusant le destin, les circonstances, ou la pression d'autrui. C'est pourquoi « nous sommes condamnés à être libres. » Bien saisir la conception sartrienne de la liberté, de l'angoisse et de la mauvaise foi, présuppose que l'on ait saisi ce que signifiait : « L'existence précède l'essence ». Tout objet fabriqué a d'abord été conçu. Pour reprendre l'exemple de Sartre, un coupe-papier est un objet fabriqué par un artisan, selon une idée préalable dont il déduit la façon de fabriquer l'objet.

L'acte imprévisible est par définition celui qu'on ne peut pas prévoir, celui qu'aucun élément actuel ne permet de déterminer. C'est dans cette absence de détermination que l'on peut saisir le rapport avec la liberté. L'acte libre serait alors celui qui n'est déterminé par rien. Là où l'on peut prévoir il semble qu'il y ait toujours une nécessité qui conduise l'ordre des choses. Ainsi, je peux prévoir la trajectoire d'une comète parce que cela répond à une loi qui est un rapport nécessaire entre les phénomènes. Toutefois, vous pouvez remarquer que l'assimilation de l'acte libre à l'acte imprévisible conduit à considérer l'acte libre comme un acte spontané. Vous pouvez alors vous demander si on peut définir la liberté par la spontanéité. Pensez également ici à la notion d'acte gratuit qui est considéré comme l'acte imprévisible par excellence. Demandez-vous alors si un tel acte peut être considéré comme livre. En outre, assimiler l'acte libre à l'acte imprévisible c'est considérer que la liberté se définit par opposition à toute nécessité. Ici, vous pouvez penser aux analyses de Spinoza lorsqu'il montre les rapports entre la liberté et la connaissance de la nécessité.

« • L'idée qu'il faut croire ou faire quelque chose sans chercher à comprendre pourquoi («argument d'autorité») nepeut satisfaire un esprit formé aux mathématiques et habitué à l'idée de démonstration rationnelle, reposant sur desarguments déduits logiquement à partir d'évidences simples, par un «sujet» qui serait le point de départ de sespensées et de ses actes.• Descartes est un des philosophes qui a le plus fermement affirmé cette conception.

Il montre que le sujetautonome se constitue dans:- le cogito - «Je pense donc je suis»: le fait de mon existence en tant que conscience pensante, s'impose à moiavec une certitude absolue.

C'est une vérité que je trouve en moi-même sans le recours à aucune autorité.- l'expérience du libre-arbitre, c'est-à-dire de la capacité de faire un choix, est une faculté qui ne peut pas êtredivisée.

Prétendre la restreindre, c'est la supprimer. Rien ne nous détermine à agirPour Bergson, «nous sommes libres quand nos actes émanent de notre personnalité entière, quand ils l'expriment».En effet, la personnalité, le «moi fondamental», se caractérise par la durée intérieure, la vie spirituelle, la créativité,la liberté.

Comme notre moi se crée sans cesse, n'est soumis à aucun déterminisme, il en résulte que nos actes sontimprévisibles. Être libre, c'est être fidèle à soi-même"L'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite est liberté", dit Rousseau.

Être libre, ce n'est pas pouvoir agir un jour detelle manière et le lendemain de telle autre.

Être libre, c'est ne pas être soumis à la volonté d'autrui, c'est seconduire selon ses propres principes, en étant fidèle à soi-même.

L'acte libre n'est donc pas imprévisible, il suit lalogique imposée par les principes que l'on s'est choisis. On oppose communément la liberté à la loi.

Se soumettre à la loi, ce serait ne pas ou ne plus être libre.

Mais n'obéirà aucune loi, serait-ce être libre ? Mais il faut s'entendre sur le terme liberté et sur le terme loi..Il y a un premier sens du mot libre qui est négatif : être libre c'est ne pas être empêché de faire ce qu'on a envie defaire.

On emploie le terme libre dans ce sens à propos des choses comme à propos des hommes : retirer d'un cheminles arbres qui font obstruction, c'est libérer le passage, ne pas retenir un oiseau dans sa cage, c'est le laisser librede s'envoler, ne pas empêcher quelqu'un de s'étendre sur le gazon d'un jardin public, c'est le laisser libre de le faire.Toute loi comporte des interdictions.

Dès lors toute loi réfrène la liberté, prise en ce sens négatif.

C'est le seul sensque Hobbes donne au mot liberté.

Selon Hobbes, dans l'état de nature, chacun est empêché à tout moment, dansses mouvements et ses entreprises, par autrui qui est virtuellement son ennemi.

Mais les lois d'un Etat - institué envue justement de mettre fin à cet état de guerre qu'est l'état de nature - empêchent les individus de se nuire lesuns aux autres.L'autre sens du mot liberté n'est réservé qu'à l'homme, et caractérise ce que Kant appelle l'autonomie : obéir, à la loidont on est, en tant qu'être raisonnable, l'auteur, ou encore, obéir à sa propre raison.

Obéir à sa raison, c'est êtrepleinement responsable de sa conduite.

Etre libre, c'est s'obliger soi-même à une conduite raisonnable, s'interdirecertains débordements, en un mot c'est obéir à la loi qu'on s'est prescrite.La loi peut s'entendre ici dans un sens moral, comme dans un sens politique.

Autrement dit, les obligationsauxquelles on se soumet volontairement et librement (alors qu'on subit bon gré malgré une contrainte) sont morales,ou bien civiques.

C'est dans ce sens-ci d'obligation civique que Rousseau l'entend d'abord.

Rousseau dans le ContratSocial jette les bases d'un Etat dont les lois constituent des obligations et non des contraintes : car c'est le peuplesouverain, plus exactement la volonté générale (selon la règle de la majorité) qui décide des lois.

Ainsi chacund'entre nous, en tant que citoyen, est libre parce qu'il se soumet aux lois dont il est l'auteur, en tant que membrede la volonté générale. L'obéissance au seulappétit est esclavage etl'obéissance à la loi qu'ons'est prescrite est liberté.(Du Contrat Social) La liberté ne consiste pas à suivre nos désirs.

Ellen'est pas dans l'absence de contraintes mais dansle libre choix des contraintes que l'on se donne àsoi-même.

On peut appliquer cette idée au peuple.Un peuple libre est celui qui se donne à lui-mêmeses propres lois, ce qui définit la démocratie.. »

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