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Un objet est-il pensé ou senti ?

Publié le 27/02/2008

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Mais si en cela encore se traduit plutôt le groupement des données, le montage de nos réactions, l'objet est pourtant, et en même temps, quelque chose de plus : l'Idée de son unité, de l'ordre identique de ses présentations, de la fixité de sa construction. C'est qu'en effet — et il faut voir là le fait essentiel — l'esprit ne va pas désarmé au devant des données sensibles. Il a des exigences de fixité que la variation incessante de sensations brutes déçoit. Ce rouge qui pâlit, puis se fond en tons violâtres, cette droite qui s'incline, s'étire et se rétrécit, tout cela le gêne, et cette fixité qu'il ne saurait trouver dans les impressions mêmes, il la cherche dans leur groupement où persiste au moins une certaine stabilité des rapports sous la perpétuelle modification des éléments. Ce toit, sous la variété des coloris et des lignes, restera toujours le même toit, cet arbre dont les jeux du vent et de la lumière font dix êtres différents restera toujours le même arbre, comme autant de thèmes principaux transposés en des tons variés. Ainsi la perception des objets traduit un besoin d'identité, elle traduit encore le besoin d'explication causale inhérent à l'esprit. Et nous prenons ici les termes « d'explication causale » dans leur sens plein. Ce que désire en effet l'esprit qui construit des objets ce n'est pas seulement une liaison nécessaire sous-tendant la diversité des aspects offerts par le spectacle de la nature, ce sont des entités productrices des impressions que nous éprouvons — résistances des choses à nos efforts, enchantement ou gêne des lumières et couleurs, et tout ce qui surgit en nous, Sans que le moi puisse s'en attribuer l'origine. Ces impressions en effet, elles sont nôtres, ce sont des états de notre conscience, mais le sens commun exige que ces données subjectives aient des « causes » indépendantes de nous et situées en dehors de nous : n'atteignons-nous pas là, avec cette nécessité de rejeter dans un monde dit « extérieur » la source de ce qui est témoignage conscientiel, l'essence même de la notion d'objet. Et nous n'avons encore jusqu'ici qu'une idée bien pauvre, bien incomplète de l'armature mentale soutenant l'édifice des choses.

« facettes, que si ma main parcourt ces plans successifs, elle reviendra, sans avoir été avertie d'unesolution de continuité, à son point de départ, que tout cet ensemble est froid, lisse, relativement pesant;une seule de ces impressions suffit à me faire attendre les autres et à me signaler le vase qui répond àleur ensemble.Mais si en cela encore se traduit plutôt le groupement des données, le montage de nos réactions, l'objetest pourtant, et en même temps, quelque chose de plus : l'Idée de son unité, de l'ordre identique de sesprésentations, de la fixité de sa construction.C'est qu'en effet — et il faut voir là le fait essentiel — l'esprit ne va pas désarmé au devant des donnéessensibles.

Il a des exigences de fixité que la variation incessante de sensations brutes déçoit.

Ce rougequi pâlit, puis se fond en tons violâtres, cette droite qui s'incline, s'étire et se rétrécit, tout cela le gêne,et cette fixité qu'il ne saurait trouver dans les impressions mêmes, il la cherche dans leur groupement oùpersiste au moins une certaine stabilité des rapports sous la perpétuelle modification des éléments.Ce toit, sous la variété des coloris et des lignes, restera toujours le même toit, cet arbre dont les jeux duvent et de la lumière font dix êtres différents restera toujours le même arbre, comme autant de thèmesprincipaux transposés en des tons variés.Ainsi la perception des objets traduit un besoin d'identité, elle traduit encore le besoin d'explicationcausale inhérent à l'esprit.Et nous prenons ici les termes « d'explication causale » dans leur sens plein.

Ce que désire en effetl'esprit qui construit des objets ce n'est pas seulement une liaison nécessaire sous-tendant la diversitédes aspects offerts par le spectacle de la nature, ce sont des entités productrices des impressions quenous éprouvons — résistances des choses à nos efforts, enchantement ou gêne des lumières et couleurs,et tout ce qui surgit en nous, Sans que le moi puisse s'en attribuer l'origine.Ces impressions en effet, elles sont nôtres, ce sont des états de notre conscience, mais le sens communexige que ces données subjectives aient des « causes » indépendantes de nous et situées en dehors denous : n'atteignons-nous pas là, avec cette nécessité de rejeter dans un monde dit « extérieur » lasource de ce qui est témoignage conscientiel, l'essence même de la notion d'objet.Et nous n'avons encore jusqu'ici qu'une idée bien pauvre, bien incomplète de l'armature mentalesoutenant l'édifice des choses.Entre la zone purement empirique née de l'accompagnement ordinaire de certains groupes de sensationset la zone purement formelle répondant h des exigences très larges de stabilité et d'explicabilité noustrouvons tout un domaine intermédiaire constitué non plus par les exigences fondamentales de la Penséemais par des constructions opérées sur l'expérience h partir de ces exigences mêmes.D'abord répertoire de situations dans l'espace et dans le Temps.

II ne nous appartient pas ici de cherchersi les formes de l'Espace et du Temps sont apportées avec les sensations ou doivent être définies, à lamanière Kantienne, comme des formes constitutives de la Pensée..

Il y a en effet quelque chose decertain, dont la considération seule nous importe, c'est qu'à l'intérieur de ces formes s'opèrent desélaborations de plus en plus complexes et qu'à travers les résultats de ces élaborations nous situons lesobjets.»Nous ne construisons peut-être pas la profondeur, mais à tout le moins l'évaluons-nous, posons-nous desrepères nous permettant d'en apprécier l'importance; peut-être ne construisons-nous pas l'ordre duTemps, mais à tout le moins le jalonnons-nous chacun à notre manière.

Au-dessus, au-dessous, enavant, en arrière, d'abord, ensuite, nous sont peut-être donnés, sont peut-être Sentis globalement etvaguement, mais il est certain que notre esprit en fait l'abstraction et reconstruit, à sa manière ce qu'ilvient d'abstraire.

Or, c'est la série de ces relations spatiales et temporelles qui constitue la substructurede nos perceptions.Si maintenant nous nous éloignons de ces cadres encore très généraux de la Pensée pour nous acheminervers des constructions conceptuelles plus complexes, ne découvrirons-nous pas au sein des objetsmêmes, comme autant de lignes de clivage de l'Univers concret, le réseau sans cesse accru des relationsdécouvertes par la Science ?Et d'abord l'armature de nos perceptions est faite en grande partie de lignes et de nombres.Nous voyons dans tel bureau moderne un volume cubique, dans l'orbite une pyramide quadrangulaire, dansla section d'un tibia une surface prismatique.

Nous n'hésitons pas à dire que nous apercevons six pointssur la face supérieure d'un dé, comme si notre oeil était capable de nous donner la notion géométrique deface, la notion numérique obtenue en répétant six fois l'unité pour l'ajouter à elle-même.Mais nous ne nous bornons pas à enserrer les objets dans des schémas mathématiques, c'est encore augré de conceptions empruntées à la Physique, à la Chimie, à la Biologie que nous unissons ou séparons leschoses.

Nous rétablissons la continuité entre ces impressions lumineuses discontinues par lesquelles setraduit pour nous la chute d'un corps, de « ces deux idées du soleil toutes diverses, dont l'une tire sonorigine des sens et dont l'autre est prise des raisons de l'astronomie », non seulement nous choisissonsscientifiquement la seconde, mais cette notion astronomique réagit sur l'impression sensorielle si bien quenous mêlons dans une vision unique une immense masse incandescente et un étroit disque lumineux.

Et àun point de vue analogue un individu n'est-il pas au fond une abstraction ? Pourquoi séparer la feuille dela branche et la racine du tronc ? Pourquoi séparer l'oeil du visage et la pupille de l'oeil ?L'action, l'Art n'imposent-ils pas aussi à leur manière, des catégories constructrices de l'Univers, desintérêts, des rythmes, des groupes, des valeurs absorbant la matière sensible pour en faire un monde ?Il n'y a pas jusqu'aux mots, jusqu'aux organisations grammaticales qui ne constituent des pôles attractifsisolant, dispersant aussi, faisant naître les objets sous l'application d'un ordre, si bien qu'en somme lestermes employés par Platon se révèlent profondément justes : Les objets ne se réalisent que par «participation à des Idées ».

Les ombres de la caverne ne deviennent des choses qu'au moment où elles. »

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