Une activité inutile est-elle pour autant sans valeur ?
Publié le 02/01/2006
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Parties du programme abordées : — Théorie et expérience. — Le travail. — L'art. — Le bonheur. Analyse du sujet : L'enjeu pratique et utilitaire constitue-t-il une norme suprême des actviités humaines ? Tout doit-il servir à quelque chose ? L'horizon de la question est le suivant : qu'est-ce qui est fondamentalement constitutif de l'être de l'homme : le travail transformateur ou l'activité ludique dénuée de tout intérêt matériel ? Conseils pratiques : Commencez par bien conceptualiser et définir avec rigueur les termes dans leurs interrelations. Par exemple, inutile signifie d'une part : qui ne sert pas, qui ne constitue pas un moyen pour atteindre une fin ; d'autre part : qui n'est pas apte à contribuer au bonheur de l'homme. L'emploi du terme est donc paradoxal. Un plan dialectique est ici commode : A) Le pragmatisme contemporain ne voit de valeur que dans les résultats et l'utile ; B) Pourtant le jeu, l'art, la philosophie, apparemment inutiles, ne sont pas sans valeur ; C) Utile et inutile s'unifient donc au sein de la culture.
«
question de tout rapport utilitaire avec le monde?
La beauté, la pensée sont désintéresséesPour Aristote, la pensée, la réflexion désintéressée, la contemplation du bien sont les activités les plusélevées, celles qui sont le plus aptes à nous rendre heureux.
« Ce fut l'étonnement qui poussa, comme aujourd'hui, les premiers penseurs aux spéculations philosophiques.Au début, ce furent les difficultés les plus apparentes qui les frappèrent, puis, s'avançant ainsi peu à peu, ilscherchèrent à résoudre des problèmes plus importants, tels que les phénomènes de la Lune, ceux du Soleil etdes étoiles, enfin la genèse de l'Univers.
Apercevoir une difficulté et s'étonner, c'est reconnaître sa propreignorance (et c'est pourquoi aimer les mythes est, en quelque manière se montrer philosophe, car le mytheest composé de merveilleux).
Ainsi donc, si ce fut pour échapper à l'ignorance que les premiers philosophesse livrèrent à la philosophie, il est clair qu'ils poursuivaient la science en vue de connaître et non pour une finutilitaire.
Ce qui s'est passé en réalité en fournit la preuve: presque tous les arts qui s'appliquent auxnécessités, et ceux qui s'intéressent au bien-être et à l'agrément de la vie, étaient déjà connus, quand oncommença à rechercher une discipline de ce genre.
Il est donc évident que nous n'avons en vue, dans laphilosophie, aucun intérêt étranger.
Mais, de même que nous appelons homme libre celui qui est à lui-mêmesa fin et n'est pas la fin d'autrui, ainsi cette science est aussi la seule de toutes les sciences qui soit libre,car elle seule est sa propre fin.
»
Dans un passage de la « Métaphysique » (Livre A, chapitre 2), Aristote explique l'origine de la philosophie et le but qu'elle poursuit.
« Ce qui à l'origine poussa les hommes aux premières recherches philosophiques, c'était, comme aujourd'hui, l'étonnement . » L'admiration et l'incompréhension devant le monde poussent l'homme à chercher àcomprendre et à rendre compte de ce qui l'entoure.
Ainsi naît la philosophie, qui n'ad'autre but que de tendre à expliquer le monde.
Dans ce passage de la « Métaphysique », Aristote reprend l'enseignement de son maître.
En effet, Platon écrit dans le « Théétète » : « il est tout à fait d'un philosophe, ce sentiment : s'étonner.
La philosophie n'a point d'autre origine... »
L'étonnement, pour les Grecs, est donc l'origine véritable de la recherche philosophique.
L'étonnement consiste en l'arrêt admiratifdevant une chose que l'on ne comprend pas.
Le mot n'est pas àcomprendre au sens moderne cad la stupéfaction devant quelquechose d'inhabituel.
Le sens commun, la plupart des hommes ne s'étonnent que devant un phénomène extraordinaire, qui échappe à la routine, et dont il est clair qu'on ne le comprend pas, qu'on ne peut le classer dans les rubriques habituelles.
Or lesphénomènes les plus communs ne sont pas les plus connus, tant sen faut, et le sentiment de connaître ceque l'on voit souvent n'est qu'une illusion.
L'étonnement qui frappe le philosophe concerne n'importe quelle chose, aussi banale soit-elle en apparence.
C'est d'abord l'admiration devant la nature, et l'aveu de son incompréhension devant sesmécanismes.
« Or apercevoir une difficulté et s'étonner, c'est reconnaître sa propre ignorance [...] ainsi donc ce fut pour échapper à l'ignorance que les premiers philosophes se livrèrent à la philosophie. »
Les exemples que donne Aristote sont éclairants ; les premières recherches se concentrèrent sur les objets à notre portée, puis les phases lunaires, puis le cours du Soleil, puis la formation de l'Univers.
Deuxpoints sont remarquables :
Þ D'une part, la philosophie n'est pas ici séparée de la science ; les exemples de recherchesphilosophiques sont des exemples qu'on qualifierait aujourd'hui d'astronomiques.
En fait laséparation de la science d'avec la philosophie est très tardive.
Elle date du XVIII ème siècle, ettous les grands noms de la philosophie furent aussi, jusqu'à cette époque au moins, des grandsnoms des sciences.
Þ D'autre part, l'étonnement e s'exerce pas sur des choses extraordinaires, mais tout simplementdevant ce qui est, et dont la nature nous offre chaque jour le spectacle comme la course du Soleil,les marées, etc.
La philosophie essaie, tente, de rendre compte de ce qui est.
C'est-à-dire del'expliquer.
Soit simplement en en énonçant les mécanisme, soit en essayant d'en donner le sens.On en arrivera ainsi à des questions dites métaphysiques : « Pourquoi y-a-t-il quelque chose plutôt que rien ? » ( Leibniz ).
Enfin, si la philosophie, selon Platon , commence par l'aveu de l'ignorance, son but est de faire cesser celle-ci..
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