"Une activité inutile est-elle pour autant sans valeur ?"
Publié le 04/11/2012
Extrait du document
«
à susciter un intérêt pour quelqu’un, à lui apporter un bien quelconque, aussi minime
soit-il.
Par exemple, cette voiture a de la valeur (marchande) parce qu’elle est l’objet
d’une demande sur le marché de l’automobile c’est-à-dire qu’il se trouve des
personnes voyant un intérêt dans sa possession.
Si personne ne désire l’acheter
parce que sa mécanique est déglinguée ou parce que sa couleur est immonde, sa
valeur pourra théoriquement décroître jusqu’à la nullité (si sa valeur n’est, dans les
faits, pas nulle, c’est parce que le vendeur suppose qu’un probable acheteur sera
intéressé par cette vieille carcasse).
Ainsi on voit donc mal comment une activité
inutile, qui ne sert à rien, pourrait avoir de la valeur : sa raison d’être (ce qui fait qu’il
y a une activité) étant précisément d’accomplir un but .
Il y a ici comme une
équivalence entre l’utilité et la valeur : si la raison d’être de l’activité que je poursuis
est la réalisation d’un but et si cette activité ne me permet d’atteindre ce but, alors
cette activité n’a aucun intérêt pour moi, elle est pour moi sans valeur .
On est donc conduit, en première analyse, à identifier valeur et utilité : ce qui
est utile a de la valeur, ce qui est inutile n’a aucune valeur.
Cette première approche
ne semble pas satisfaisante car elle ne règle pas le problème que pose précisément
le libellé : il ne s’agit pas de savoir s’il y a des cas où l’activité inutile peut être sans
valeur, cela nous n’avons pas eu de mal à le montrer.
Bien plutôt s’agit-il de montrer
s’il n’y a pas des activités qui seraient inutiles et qui auraient pourtant une valeur.
De
manière plus radicale et conceptuelle, il faut interroger le sens même de
l’identification opérée par notre première réponse entre utilité et valeur.
[2] – …si l’on identifie trop rapidement utilité et valeur.
En distinguant ces deux
concepts, on peut concevoir la possibilité d’une activité inutile qui aurait tout
de même de la valeur.
La possibilité d’une activité inutile et pourtant non dépourvue de valeur
suppose que valeur et utilité ne coïncident pas.
Ceci nous est soufflé par les mots
eux-mêmes : utilité et valeur sont deux concepts distincts qui doivent bien recouvrir
deux réalités différentes.
Tentons de préciser à présent cette seconde hypothèse : si
toute activité utile a bien de la valeur, puisqu’elle sert à la réalisation d’un but et qu’à
ce titre elle possède un intérêt pour celui qui poursuit ce but – toute activité qui a de
la valeur n’est pas pour autant utile.
C’est cette seconde hypothèse qu’il faut
maintenant tester.
Reprenons notre définition de l’activité inutile : est inutile une
activité qui manque le but qu’elle s’était proposée d’atteindre.
Reprenons notre
courte définition de la valeur : quelque chose a de la valeur dès lors que son
existence revêt un intérêt.
On aperçoit bien ici en quoi l’identification des deux
notions est aisée : leurs définitions respectives sont très proches.
Pourtant, il s’en faut de beaucoup pour qu’elles soient identiques.
On
remarque tout d’abord que des deux définitions, celle qui est la plus précise et la plus
claire est celle de l’utilité.
Elle offre effectivement un critère facile de reconnaissance
de l’utile.
Est utile, ce qui est le bon moyen pour atteindre une certaine fin.
Rien de
plus clair car ce critère se situe au plan du résultat technique, d’une efficacité
vérifiable par tous et qui de l’ordre du constat : le but est effectivement atteint ou
manqué.
En revanche, la définition de l’idée de valeur est plus vague.
Si la valeur se
mesure à l’intérêt qu’offre l’existence de quelque chose, il existe autant de valeurs
que d’intérêts suscités ! On voit bien que le concept de valeur recouvre une multitude
de réalités distinctes : que l’on peut concevoir des valeurs qui seraient soit
marchandes, soit morales, ou encore esthétiques etc.
C’est que la valeur suppose la
référence à une échelle idéale que chacun peut concevoir différemment..
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