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"Une activité inutile est-elle pour autant sans valeur ?"

Publié le 04/11/2012

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"Une activité inutile est-elle pour autant sans valeur ?" [Introduction] Nous marchons pour rejoindre tel endroit, nous travaillons pour gagner notre vie, nous faisons du sport pour entretenir notre forme. Il n'y a point d'activité qui ne soit orientée vers un but déterminé. Tous les hommes s'affairent, s'activent, produisent des richesses et des biens. Nul doute que l'ensemble des activités humaines ait une utilité, et c'est cette utilité qui en fait la valeur. Il n'y a qu'à jeter un regard sur toutes ces constructions, ces oeuvres humaines : leur évidente matérialité suffit à justifier et à valoriser les énergies et le travail qu'elles ont nécessités. Néanmoins, quand nous sommes fatigués de ce monde hyper actif, nous souhaitons le retrait, nous rêvons non à une passivité facile, mais à l'activité gratuite, dont le luxe est de n'être pas jugée à l'aune de son résultat. Il nous semble alors que par la lecture désintéressée, la balade improvisée, nous retournons aux « vraies valeurs « de l'existence. Si bien que se demander si une activité inutile peut revêtir de la valeur nous plonge dans la perplexité. D'un côté, notre être social, sommé d'agir avec efficacité et rendement, ne comprend pas comment quelque chose d'inutile peut avoir une quelconque valeur. D'un autre côté pourtant, nous comprenons le sens profond d'une telle interrogation : il y a dans l'idée de valeur une richesse qui excède l'idée d'utilité, et même qui l'exclut. D'où vient donc que l'activité inutile peut être jugée de manière aussi radicalement opposée ? Pourquoi l'utilité et la valeur sont-ils des concepts si proches qu'il est difficile d'envisager une activité inutile qui puisse avoir de la valeur ?  [1] - L'idée qu'une activité inutile puisse avoir de la valeur semble difficilement concevable... Une première réponse, spontanée, discrédite l'intérêt même du sujet. Elle pourrait se formuler de la manière suivante : une activité inutile est évidemment sans valeur puisque toute activité vise une utilité quelconque, elle reçoit son sens même du but qu'elle vise. Nous allons tenter d'explorer et d'expliciter cette première hypothèse que l'intuition nous souffle. Qu'est-ce qui motive une activité, cet ensemble cohérent de petites actions, sinon un but à réaliser, une oeuvre à créer ? Ainsi, l'activité du maçon, de la cimentation des fondations à la mise en place des cloisons, permet-elle la réalisation de la maison. L'activité du maçon est utile lorsque la maison qui en résulte est résistante et constitue un confortable habitat. Que voudrait-on dire si on qualifiait d'inutile l'activité du maçon ? Sans doute que cette activité, par l'incompétence de celui qui la poursuit, est inutile dans la mesure où elle ne permet la bonne réalisation de la maison. Autrement dit, l'activité inutile serait celle qui ne remplirait pas le rôle qu'on lui avait assigné, qui ne déboucherait pas sur la réalisation attendue. Ou encore, pour nous aider de l'étymologie, l'activité inutile est l'activité qui ne constitue pas le bon moyen, l'ustensile, l'outil (tous ces mots viennent du latin&n...

« à susciter un intérêt pour quelqu’un, à lui apporter un bien quelconque, aussi minime soit-il.

Par exemple, cette voiture a de la valeur (marchande) parce qu’elle est l’objet d’une demande sur le marché de l’automobile c’est-à-dire qu’il se trouve des personnes voyant un intérêt dans sa possession.

Si personne ne désire l’acheter parce que sa mécanique est déglinguée ou parce que sa couleur est immonde, sa valeur pourra théoriquement décroître jusqu’à la nullité (si sa valeur n’est, dans les faits, pas nulle, c’est parce que le vendeur suppose qu’un probable acheteur sera intéressé par cette vieille carcasse).

Ainsi on voit donc mal comment une activité inutile, qui ne sert à rien, pourrait avoir de la valeur : sa raison d’être (ce qui fait qu’il y a une activité) étant précisément d’accomplir un but .

Il y a ici comme une équivalence entre l’utilité et la valeur : si la raison d’être de l’activité que je poursuis est la réalisation d’un but et si cette activité ne me permet d’atteindre ce but, alors cette activité n’a aucun intérêt pour moi, elle est pour moi sans valeur . On est donc conduit, en première analyse, à identifier valeur et utilité : ce qui est utile a de la valeur, ce qui est inutile n’a aucune valeur.

Cette première approche ne semble pas satisfaisante car elle ne règle pas le problème que pose précisément le libellé : il ne s’agit pas de savoir s’il y a des cas où l’activité inutile peut être sans valeur, cela nous n’avons pas eu de mal à le montrer.

Bien plutôt s’agit-il de montrer s’il n’y a pas des activités qui seraient inutiles et qui auraient pourtant une valeur.

De manière plus radicale et conceptuelle, il faut interroger le sens même de l’identification opérée par notre première réponse entre utilité et valeur. [2] – …si l’on identifie trop rapidement utilité et valeur.

En distinguant ces deux concepts, on peut concevoir la possibilité d’une activité inutile qui aurait tout de même de la valeur. La possibilité d’une activité inutile et pourtant non dépourvue de valeur suppose que valeur et utilité ne coïncident pas.

Ceci nous est soufflé par les mots eux-mêmes : utilité et valeur sont deux concepts distincts qui doivent bien recouvrir deux réalités différentes.

Tentons de préciser à présent cette seconde hypothèse : si toute activité utile a bien de la valeur, puisqu’elle sert à la réalisation d’un but et qu’à ce titre elle possède un intérêt pour celui qui poursuit ce but – toute activité qui a de la valeur n’est pas pour autant utile.

C’est cette seconde hypothèse qu’il faut maintenant tester.

Reprenons notre définition de l’activité inutile : est inutile une activité qui manque le but qu’elle s’était proposée d’atteindre.

Reprenons notre courte définition de la valeur : quelque chose a de la valeur dès lors que son existence revêt un intérêt.

On aperçoit bien ici en quoi l’identification des deux notions est aisée : leurs définitions respectives sont très proches. Pourtant, il s’en faut de beaucoup pour qu’elles soient identiques.

On remarque tout d’abord que des deux définitions, celle qui est la plus précise et la plus claire est celle de l’utilité.

Elle offre effectivement un critère facile de reconnaissance de l’utile.

Est utile, ce qui est le bon moyen pour atteindre une certaine fin.

Rien de plus clair car ce critère se situe au plan du résultat technique, d’une efficacité vérifiable par tous et qui de l’ordre du constat : le but est effectivement atteint ou manqué.

En revanche, la définition de l’idée de valeur est plus vague.

Si la valeur se mesure à l’intérêt qu’offre l’existence de quelque chose, il existe autant de valeurs que d’intérêts suscités ! On voit bien que le concept de valeur recouvre une multitude de réalités distinctes : que l’on peut concevoir des valeurs qui seraient soit marchandes, soit morales, ou encore esthétiques etc.

C’est que la valeur suppose la référence à une échelle idéale que chacun peut concevoir différemment.. »

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