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Une culture peut-elle être jugée avec objectivité ?

Publié le 22/02/2012

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Y aurait-il des hommes capables de s'affranchir de leur culture (c'est ce que Levi Strauss conteste à travers ce qu'il appelle l'ethnocentrisme ? NB : on pouvait attendre d'un élève de S qu'il puisse recourir aux notions d'inconscient, de liberté, de déterminisme : ne sommes-nous pas prisonniers de notre propre culture, à travers l'éducation que nous avons reçue ? Cf. inconscient freudien' la notion de surmoi. Sommes-nous simplement influencés ou bien déterminés à juger "normales"', "allant de soi"' nos propres manières de vivre et de penser ? (que ce soit celles de notre culture au sens élargi du terme' ou bien même au sens individuel...) Une réflexion sur les préjugés, l'opinion, l'esprit critique, était également possible, à travers tout simplement une définition de ce qu'est la philosophie : aller au delà des évidences, des préjugés, etc. La notion de valeur morale (bien/ mal) pouvait également être interrogée' à travers une interrogation sur la distinction droit positif et droit naturel.

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« La valeur d'une culture est selon Hegel proportionnelle à son universalité : elleen a d'autant plus qu'elle parvient à faire progresser toutes les autres enréalisant une fin qui lui est propre.

Cette aptitude à dépasser le particulierpour rejoindre l'universel est selon lui le critère qui permet d'en jugerobjectivement au travers de ses réalisations.

Il faut se souvenir que l'histoireest pour lui « la représentation de l'Esprit » (La Raison dans l'histoire, II, 1,3).

Ce n'est pas une suite désordonnée d'événements dont les résultatss'annulent dans le temps, mais un processus dialectique à l'issue duquell'Esprit parvient à réaliser ses fins en utilisant des éléments qui lui sontoriginellement opposés.

Elle a un sens et un but, qui est de réaliser la finessentielle de la raison et de l'humanité : la liberté.

Chaque peuple et chaqueculture particulière sont appelés à faire progresser cette dernière vers sa finultime, nous dit Hegel.

C'est sa raison d'être.

Le particulier, quel qu'il soit,peut ainsi être conçu comme un moment du développement de l'universel.C'est ce qui lui donne du sens et sa valeur selon notre auteur.

Cetteremarque vaut pour les peuples, les histoires nationales et les culturesparticulières.

Tous doivent s'intégrer à l'histoire universelle suivant un ordreprécis, qui fait d'eux des moments ou des aspects particuliers de sondéveloppement.

Les peuples et les civilisations sont pour Hegel les différentesincarnations de l'Esprit qui réalise l'une de ses fins essentielles à travers eux.Ils en sont les représentants pour un temps.

La « culture » est l'aptitudequ'ils ont, en tant que particulier, à prendre conscience de leur contenu universel et de leur dimension spirituelle.

« La culture exprime ce simple fait qu'un contenu porte le sceau del'universalité », nous dit Hegel (La Raison dans l'histoire, II, 1, 3).

C'est ainsi qu'un homme est dit cultivé lorsqu'il saitdépasser ses particularités et rejoindre tous les autres par la pensée, en lui donnant la forme de l'universalité.

Unpeuple a de même une culture lorsqu'il poursuit une fin qui intéresse tous les autres, pas seulement lui-même, et aune signification universelle.

Cette analyse fournit ainsi un critère permettant de juger objectivement de la valeurd'une culture.

Elle est au peuple ce que la conscience est à l'individu : elle en est l'esprit et l'élément subjectif.

Sil'on ne peut en juger directement, en raison de sa nature immatérielle, on le peut indirectement par l'intermédiaire deses réalisations particulières : sa valeur est proportionnelle à leur contenu spirituel.

Elle en acquiert en dépassantses particularités pour faire de ses ½uvres singulières des manifestations de l'esprit universel.

Ce dépassementgaranti du même coup la neutralité et l'objectivité du jugement que l'on porte sur elle, car il n'exprime pas unesubjectivité particulière mais porte le sceau de l'universel.

Mais la production de biens culturels témoigne-t-elleeffectivement du sens d'une culture ? En est-elle une expression authentique, ou un dévoiement tragique ? Permet-elle de juger objectivement de sa valeur ? Ou l'objectivité n'est-elle ici qu'une illusion, dont il convient de faire lacritique pour comprendre ce qu'est la culture avant les biens culturels ? II.

Il faut distinguer la culture et les biens culturels On ne peut juger objectivement de la valeur d'une culture nous dit Simmel.

Ce serait la confondre avec les biensqu'elle produit en commettant une erreur qu'il qualifie de « tragique », car elle est, selon lui, fatale.

Pour Simmel, laculture est en effet le chemin de l'esprit vers lui-même.

L'objectivation est une étape nécessaire de cet itinéraire :l'esprit, qui est sujet, ne peut se connaître qu'en devenant lui-même un objet, car toute connaissance réside dansle rapport sujet/objet.

Or c'est justement ce qui a lieu dans la culture : l'esprit, qui est immatériel, produit des½uvres matérielles qui témoignent de sa nature et de ses potentialités.

Ces ½uvres qui rendent visible l'invisible ontune valeur spirituelle.

L'esprit en est le contenu objectif.

Il s'aperçoit lui-même en les contemplant et peut ainsirevenir à lui-même après s'être déployé en elles, pour acquérir par réflexion une connaissance objective de son être.La culture dépasse ainsi l'opposition du sujet et de l'objet : elle opère leur synthèse et accomplit l'esprit dans laproduction d'½uvres concrètes appelées « biens culturels ».

Simmel remarque cependant que ce circuit dialectiqueest toujours dévoyé par la pratique.

« Il se produit dans la culture une faille, nous dit-il, qui fait que la synthèsesujet/objet se mue en paradoxe, voir même en tragédie » (La Tragédie de la culture).

Selon lui, l'esprit ne peutjamais revenir à lui-même en se réappropriant le contenu objectivé des produits culturels, car leur objectivité lesrend indépendants et les fait relever d'une autre juridiction que la sienne.

C'est ainsi que les ½uvres qui sont àl'origine issues d'une subjectivité particulière sont réinterprétées par le public qui les reçoit, de différentes façons enfonction des époques, si bien que leur sens ne coïncide plus avec l'intention de leur auteur. Généralement, les produits culturels sont en outre instrumentalisés, c'est-à-dire mis au service d'autres fins quecelles de la culture, à laquelle ils finissent par faire obstacle, au lieu d'en favoriser le développement.

La matièredont les ½uvres sont faites obéit enfin à d'autres lois que celles de l'esprit et leur contenu spirituel finit toujours parse dissoudre en elle au cours du temps pour disparaître finalement.

Ces dévoiements conduisent donc Simmel àdistinguer la culture et les biens culturels en affirmant l'autonomie de chacune de ces sphères.

Leur rapport estselon lui comparable à celui d'un cercle à ses tangentes : ils se confondent bien en un point, mais divergent ensuite.Le « paradoxe » veut donc que les produits culturels ne servent pas nécessairement la culture, parce qu'ils sontrégis par une logique immanente à la sphère de l'objectivation, qui les rend étrangers à ses fins.

C'est une « tragédie» selon notre auteur, car cela signifie que la culture ne peut éviter de s'objectiver dans des ½uvres qui la vouent àsa perte.

Il est donc absurde de vouloir juger « objectivement » de la valeur d'une culture, car son objectivation est. »

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