Une oeuvre d'art est-elle utile ?

« plénitude et de satisfaction en nous.

Mais ce plaisir n'est pas identique au plaisir que l'on ressent lorsqu'on boit unbon vin par exemple: il ne s'agit pas en effet d'un plaisir des sens, et nous ne sommes pas dans le domaine del'agréable.

Au contraire, ce plaisir est désintéressé, c'est-à-dire qu'il ne satisfait pas en nous un besoin.

A moins quel'on donne le nom de besoin à une exigence purement intellectuelle. On voit donc que l'utilité de l'oeuvre d'art ne peut être que tout à fait spécifique et hors du cadre du besoin ou del'intérêt.

Il s'agit en effet d'une utilité qui nous réconcilie avec notre nature humaine: à la fois sensuelle etraisonnable.

Face à l'oeuvre d'art il s'agit de contempler, d'atteindre une sorte d'état de suspens, et d'accepterquelque chose qui est de l'ordre de la rencontre. III- L'oeuvre d'art comme médiation entre les hommes *La contemplation d'une oeuvre d'art est de l'ordre de la rencontre, parce que contrairement à une chosenaturellement belle, qui pourtant peut susciter le même plaisir désintéressé, l'oeuvre d'art est la création d'unhomme, qui y a mis toute son âme.

L'oeuvre d'art est donc comme l'intermédiaire entre deux âmes et deux esprits,elle est le lieu de communion des êtres humains.*Et si l'oeuvre réussit une telle réunion, c'est parce que par sa nature d'oeuvre sensible et par sa singularité elle ditdavantage, bien que de façon implicite, que toute autre forme de discours.

Elle nous parle directement, et noustouche de façon spontanée.Et ce d'autant plus que l'artiste me donne à voir ce que j'oubliais de regarder ou ce que je refusais de regarder; ill'exprime de plus de façon diffuse et implicite; l' oeuvre d'art n'est jamais univoque et ne dicte pas ce qu'il faut encomprendre.

Au contraire, elle est riche de tous les sens que le spectateur peut y trouver.*C'est pour cette raison que l'oeuvre d'art peut jouer un rôle social au politique (religion, propagande, expressiond'une révolte, etc.

...

).

Cependant, ce rôle n'est que secondaire par rapport à la nature de l'oeuvre d'art.Ce qui compte véritablement c'est que l'oeuvre unisse les hommes dans une même contemplation et un même plaisir. Conclusion Ce n'est donc pas parce que l'oeuvre d'art n'a pas d'utilité immédiate et matérielle qu'elle est superficielle etsuperflue.

Au contraire c'est cette inutilité même qui la rend extrêmement précieuse et nécessaire aux hommes: carelle est le lieu d'un plaisir pur qui épanouit notre être dans ce qu'il a de plus proprement humain. 3 textes utiles: L'espace de Mondrian s'ouvre en réalité sur plusieurs espaces imaginaires, distincts de la distance figurative quiporte les signes géométrisés.

Placez un Mondrian sur un mur et il apparaît aussitôt - du moins lorsqu'il s'agit desoeuvres valables de cet artiste - que la toile organise d'une manière active tout l'espace alentour.

Les formeslinéaires, mais non symétriques, entraînent le spectateur à géométriser dynamiquement l'espace.

Il y a une sorted'expansion de la valeur active des lignes et des surfaces.

La voie ouverte par Mondrian a été féconde parce qu'ellea révélé aux artistes le rôle actif de leurs oeuvres comme étalon de l'imaginaire.

Étroitement liée au développementde l'architecture contemporaine, à laquelle elle doit énormément au départ, l'oeuvre de Mondrian détermine l'instantoù la géométrie change pour ainsi dire de sens, sans changer en même temps de forme.

Sans transformationmatérielle des signes utilisés, la géométrie plane se fait génératrice d'images spatiales dynamisées.

Une nouvelledialectique du réel et de l'imaginaire se développe à partir de ces compositions rigoureuses, sèches, mais chargéesde vie.

Les dernières compositions de Mondrian, Boogie-Woogie, souligneront les relations de ce style avec lesnouveaux rythmes musicaux.

C'est un renversement complet qui, de signes géométriques conçus pour découperl'espace en formes stables, tire des signes, également géométriques, mais conçus pour susciter une appréhensionrythmique d'un espace dont les qualités fondamentales ont changé: vibrant de forces et non rempli de solidesimmobilisés. Pierre FRANCASTEL, La pensée figurative. -------------------------------------------------------- La tragédie est l'imitation d'une action de caractère élevé et complète, d'une certaine étendue, dans un langagerelevé suivant les diverses parties, imitation qui est faite par des personnages en action et non au moyen d'un récit,et qui, suscitant pitié et crainte, opère la purgation [en grec: catharsis] propre à pareilles émotions.". »