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Valeur morale et rôle social de la politesse ?

Publié le 29/03/2004

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morale
La politesse se manifeste d'abord par des signes, la main qui se tend, le corps qui se courbe « pour saluer » ; autant de signes bienveillants qui doivent avoir, pense Alain, un effet favorable. C'est évidemment un effet tout contraire que produisent les signes malveillants. C'est pourquoi, conclut Alain, il reste en tout homme une crainte des signes, et un attachement à la politesse.Il est raisonnable de nous poser cette question : la politesse est-elle naturelle à l'homme ? Est-elle, comme le laisse entendre Alain, le résultat d'une crainte superstitieuse qui se serait peu à peu atténuée pour laisser la place aux coutumes civilisées qui sont de rigueur chez les peuples dits évolués. L'intérêt que les hommes portent à la politesse ne serait alors qu'un attachement à un cérémonial dénué de tout sens. C'est alors que se pose le problème du signe de la politesse. Signe dénué de tout symbolique et faisant partie des conventions sociales par simple habitude ? ou nécessité de la vie communautaire actualisant des valeurs profondes ?Ce jeune homme cède obligeamment sa place assise à un infirme, tel autre s'efface devant une porte, tel autre propose ses services à une dame et lui porte ses lourds paquets.
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« L'homme serait-il poli et aurait-il à l'être s'il vivait seul ? Mais l'homme vit en société, non pas à côté des autres maisavec les autres.

La politesse est alors une nécessité pour la société, qui ne pourrait exister sans elle.

Et si l'hommen'est pas poli en naissant, la société lui impose la pratique de la politesse.

Elle est le résultat d'une éducation, d'uneformation.La société en effet, peut être comparée à une immense machine aux innombrables pièces.

Chacune de ces piècesest en relation avec la pièce voisine.

Elles oeuvrent toutes et chacune à sa place, au bon fonctionnement del'ensemble.

Dans cette immense machine qu'est la société, la politesse joue le rôle de lubrifiant.

Dans un mécanismesans huile, les rouages à force de travailler ensemble et de frotter les uns contre les autres s'échauffent, lesengrenages se grippent, les axes se déforment, la machine ne fonctionne plus harmonieusement et se détruit d'elle-même.

Dans une société où la politesse n'existerait pas les heurts et les frottements ne tarderaient pas à apparaîtreet la bonne marche de l'ensemble serait rapidement compromise.

Dans une société où la galanterie n'existe pas plusque le respect des vieillards, où le tact, la bienséance, l'obligeance n'ont pas cours, chaque individu vit replié surlui-même, pour lui-même.

Il n'y a pas société véritable où il n'y ait pas le lien de la politesse.

La société a besoin dela politesse et de tous les signes qui en sont la manifestation pour se maintenir en tant que telle.

C'est pourquoi,elle y soumet chacun de ses membres.Dès notre plus jeune âge, nous sommes soumis aux règles de politesse familiale : se bien tenir à table, ne pascouper la parole, écouter avec déférence et respect celui qui parle.

Plus âgés c'est encore l'éducation sociale quinous apprend à nous soumettre à ses règles, à l'âge scolaire.

Devenus adultes, nous sommes soumis aux mêmesrègles de savoir-vivre.

Et ces marques extérieures de politesse sont importantes et utiles à la bonne marche de lasociété.

Des sanctions diffuses sont prises envers ceux qui les enfreignent.La politesse facilite les relations des individus entre eux.

Et par retour, cette politesse agit non seulement surl'ensemble mats sur chacun.

On reconnaît un engrenage ou toute autre pièce d'une machine bien huilée et qui «tourne rond » à ce qu'elle est lisse et bien formée.

Ainsi la politesse, facilitant nos rapports avec autrui, nous forceaussi à nous débarrasser de tout ce qui pourrait le blesser.

Elle modère notre humeur, elle nous oblige à nousrespecter tout en respectant autrui.

« Un sourire, dit Alain, nous semble peu de chose et sans effet sur l'humeur.Mais la politesse souvent en nous tirant un sourire et la grâce d'un salut nous change tout.

» La politesse, disent lesChinois, est la parure des sentiments du coeur.

Nous efforçant d'être polis pour tenir notre place dans la société,nous nous obligeons à combattre notre égoïsme, les tendances individualistes à satisfaire nos désirs sans souci desautres.Se lever pour céder sa place à une personne âgée, c'est non seulement vouloir ne pas passer pour un goujat auxyeux des autres, c'est aussi nous astreindre à un effort personnel, c'est lutter contre le laisser-aller.

Être poli avecun importun, c'est se forcer à refréner une mauvaise colère qui gronde en nous.

Respecter un inférieur, c'est sesouvenir qu'il est homme comme nous et que nous n'avons peut-être pas à tirer vanité d'une situation privilégiée.Imposée par la société, la politesse nous oblige à maîtriser sans cesse les désirs, les sentiments, les passions et lespensées que nous formons à l'égard d'autrui ; elle implique le ferme propos de ne jamais offenser et de toujoursobliger, elle préfigure la justice et la charité.

Elle doit être non seulement un devoir auquel nous nous soumettonspar crainte de la sanction ou simplement pour faire comme tout le monde.

La politesse ne doit pas s'arrêter auxsignes extérieurs que nous impose la vie en société, elle doit, pour être authentique, exprimer la justice ou la charitéqui nous animent et vers lesquelles l'homme tend.

Mais une politesse tout extérieure n'est que mensonge ethypocrisie.

Elle peut ainsi devenir néfaste et n'être qu'une gêne pour celui qui ne veut pas s'y soumettre.

Celui qui larefuse est malheureux, il n'a plus d'ami, on ne le reçoit pas, il se trouve isolé.

Ne participant plus à la politesse de lasociété à laquelle il appartient, il refuse d'emblée de participer.

Il en vient, ne respectant plus les autres, à ne plusse respecter lui-même.La politesse est un devoir.

Est-elle vertu ? L'idéal serait que, faisant abstraction du devoir, que la société lui impose,l'homme soit poli en toutes circonstances, c'est-à-dire poli envers lui-même ; se respectant, il respecte les autresquand l'occasion lui est donnée de les rencontrer.

L'être poli par excellence est peut-être cet explorateur anglais quiperdu seul dans la brousse loin de ses semblables, revêt chaque soir pour le dîner, l'habit qu'il porterait s'il vivait aucoeur de la « cité ».. »

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