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Vivrait-on mieux sans désir ?

Publié le 04/01/2006

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Eux aussi (comme les choses de la nature) obéissent à des lois, mais en tant qu'êtres de culture ils obéissent consciemment à des lois qu'ils se sont données eux-mêmes et qui sont conformes à la raison. Le malheur de l'homme tient à ce qu'il n'est pas entièrement un être raisonnable, qu'il n'est pas totalement déterminé dans ses actions par la représentation objective du bien. Entre la loi et lui (cad son vouloir) doit s'interposer le devoir qui s'exprime par des impératifs.Mais KANT opère la distinction entre des impératifs hypothétiques et des impératifs catégoriques. A chaque fois, il s'agit de l'homme conçu comme un sujet capable d'être déterminé pratiquement par la raison, et se posant la question de savoir si l'action qu'il va entreprendre est bonne ou non. Ou bien cette action est bonne comme un moyen obligé pour obtenir quelque chose d'autre, et l'impératif (qui est la formule par laquelle est déterminé l'action) est un impératif hypothétique. Ou bien l'action qui doit être accomplie est bonne « en soi », elle est nécessaire par elle-même, elle est sans rapport avec un autre but, et l'impératif qui la commande est catégorique.Le détour par cette grille conceptuelle est nécessaire pour comprendre ce qu'il en est du bonheur dans le système de KANT. Il faut savoir aussi que KANT distingue, parmi les impératifs hypothétiques, ceux qu'il appelle « problématiques » (se rapportant à une fin seulement possible) et ceux qu'il appelle « assertorique » (se rapportant à une fin réelle). En effet ,il dit : « Il y a une fin que l'on peut supposer réelle chez tous les êtres raisonnables, [...] un but qui n'est pas pour eux une simple possibilité, mais dont on peut certainement admettre que tous se le proposent effectivement en vertu d'une nécessité naturelle, et ce but est le bonheur.

Abandonné à lui-même, l’Homme tend à trouver la voie de l’agréable. Sa condition même semble le condamner à aspirer au mieux ; au divers et au durable. Touché par l’insatisfaction, il se demande s’il détient le pouvoir d’être heureux. L’essentiel de l’existence humaine c’est l’aspiration aux désirs. Il conviendrait donc de se demander si l’on peut être heureux sans désirs. L’accès au bonheur serait inévitablement rattaché aux désirs de l’Homme. Et pourtant, l’être désirant risque fondamentalement de sombrer dans le malheur. Comment jouir alors d’une vie pleinement heureuse l’en ayant soustraite aux désirs ? Pour appuyer cette thèse, tentons d’examiner la capacité de l’Homme à atteindre le bonheur dans une première partie. Puis, demandons-nous si le désir n’est pas une condition essentielle vers l’accès au bonheur. Et pour conclure, si la modération plutôt que l’élimination de nos désirs ne rendrait pas digne d’être heureux.

« question de savoir si l'action qu'il va entreprendre est bonne ou non.

Ou bien cette action est bonne comme unmoyen obligé pour obtenir quelque chose d'autre, et l'impératif (qui est la formule par laquelle est déterminé l'action)est un impératif hypothétique.

Ou bien l'action qui doit être accomplie est bonne « en soi », elle est nécessaire parelle-même, elle est sans rapport avec un autre but, et l'impératif qui la commande est catégorique.Le détour par cette grille conceptuelle est nécessaire pour comprendre ce qu'il en est du bonheur dans le systèmede KANT.

Il faut savoir aussi que KANT distingue, parmi les impératifs hypothétiques, ceux qu'il appelle «problématiques » (se rapportant à une fin seulement possible) et ceux qu'il appelle « assertorique » (se rapportant àune fin réelle).

En effet ,il dit : « Il y a une fin que l'on peut supposer réelle chez tous les êtres raisonnables, […] unbut qui n'est pas pour eux une simple possibilité, mais dont on peut certainement admettre que tous se le proposenteffectivement en vertu d'une nécessité naturelle, et ce but est le bonheur.

L'impératif hypothétique qui représentela nécessité pratique de l'action comme moyen d'arriver au bonheur est ASSERTORIQUE.

»L'impératif qui commande les actions à accomplir pour atteindre le bonheur n'est pas un impératif catégorique, maisseulement un impératif hypothétique : « L'impératif qui se rapporte au choix des moyens en vue de notre bonheurpropre, cad la prescription de la prudence, n'est toujours qu'hypothétique ; l'action est commandée, non pasabsolument, mais seulement comme moyen pour un autre but.

»Mais il y a un impératif qui ne se propose pas comme condition un autre but à atteindre.

Un impératif qui concerne «non la matière de l'action, ni ce qui doit en résulter, mais la forme et le principe ».

Cet impératif est catégorique.

«Cet impératif peut être nommé « l'impératif de la MORALITE.

»Ainsi, selon KANT, y a-t-il à distinguer entre bonheur et moralité.

Alors que la moralité est tout entière tournée versle rationnel et l'universel, le bonheur est de l'ordre de l'empirique et du particulier : « malgré le désir qu'a tout hommed'arriver à être heureux, personne ne peut dire en termes précis et cohérents ce que véritablement il désire et ilveut.

»Et de se moquer longuement des alternatives où il est impossible de trancher.

L'homme veut la richesse ? Mais quede soucis, d'envies, de pièges cela ne va-t-il pas provoquer ! L'homme veut la connaissance ? Cela risque de luidonner une vue plus claire des maux qui le menacent ! L'homme veut une longue vie ? Ne sera-ce pas un cortège delongues souffrances ? L'homme veut la santé ? Ne va-t-il pas en user pour se livrer à des excès ? « Bref il estincapable de déterminer, avec une entière certitude, d'après quelque principe, ce qui le rendrait heureux.

» Certesdes conseils empiriques sont toujours bons à recevoir : un régime alimentaire, l'économie, la politesse, la réserve, «toutes choses qui, selon les enseignements de l'expérience, contribuent en thèse générale pour la plus grande partau bien-être » Mais lorsqu'il s'agit de la moralité, son impératif catégorique (qui ne concerne que la forme de sonaction) ne saurait relever de suppositions empiriques, ou même s'appuyer sur des exemples.

La moralité ne renvoiepas à l'inclination, à la subjectivité, à la particularité ; elle ne distribue pas de conseils, elle énonce descommandements, elle dit la loi : « Il n'y a que la loi qui entraîne avec soi le concept d'une nécessité inconditionnée,véritablement objective, par suite d'une nécessité universellement valable, et les commandements sont des loisauxquelles il faut obéir, cad se conformer même à l'encontre de l'inclination.

»Mais il y a pourtant selon KANT un lien entre bonheur et moralité.

Ce qu'il y a d'acquis, certes, c'est que le bonheur(qui peut se définir comme la satisfaction de toutes nos inclinations) n'est pas le critère de la moralité, car, marquépar l'empirisme et non la rationalité, il n'est pas capable de fournir le principe d'une législation.

Mais cependant, si laloi pratique qui a pour mobile le bonheur est une loi « pragmatique », une règle de prudence, la loi morale n'a d'autremobile que de mériter le bonheur… Laissons, pour terminer la parole à KANT dans la « Critique de la raison pure » : «A la question « Que dois-je faire ? », voici la réponse : « Fais ce qui te rend digne d'être heureux » ; à la question «Que m'est-il permis d'espérer ? », il faut répondre : il est nécessaire de supposer que « Chacun a un sujet d'espérerle bonheur dans l'exacte mesure où il s'en est rendu digne par sa conduite ».

Il s'ensuit que le système de lamoralité est inséparablement lié à celui du bonheur, mais uniquement dans l'idée de la raison pure.

»Mais le bonheur n'est pas ce qui est premier ; ce qui doit l'être, c'est de nous mettre d'abord, dans nos actions, enaccord avec la loi morale.

C'est cet accord qui nous donnera « le mérite qui rend digne du bonheur ». KANT a sans douter raison de souligner que le bonheur est un idéal de l'imagination et que si tous les hommessouhaitent y parvenir, ils ne peuvent cependant dire de manière déterminée et cohérente ce qu'ils veulent.

Resteque, pour KANT, la recherche du bonheur est seconde par rapport à la loi morale qui commande impérativement etqu'elle n'a de valeur que lorsqu'elle est un devoir, cad lorsque l'homme a définitivement perdu tout espoir d'êtreheureux.

Le bonheur contrairement à son étymologie (« augurium », chance, « à la bonne heure ») n'est plus un don ni un dû,mais une abstraction liée au divers de l'Homme dans sa nature modelable.

Il ne dépend plus de nous et de notrepouvoir dès lors limité.

C'est un domaine instable, subjectif et lié au sensible (comprenant des éléments empiriques).Plus radical encore, le philosophe Schopenhauer fait du bonheur une utopie ou une illusion.

Le bonheur est doncl'idée de l'acmé que nous nous figurons.

De même, face aux valeurs telles que la justice et la liberté, le bonheurn'est plus digne d'être considéré comme le bien suprême de l'Homme.

A cela, on y ajoute les débordements, del'égoïsme ou du narcissisme.

Les méthodes antiques du stoïcisme et de l'épicurisme vous révèlent encore lesdifficultés de trouver un bonheur face à nos pulsions.

II/Le désir : porte d'accès (exclusive) au bonheur ? En effet, l'inertie de la condition humaine est le manque d'espoir, de souhait, de rêve, de plaisir, d'envie pourrait-ondire.

Le désir est l'essence même de l'Homme déclara Spinoza.

L'Homme qui ne désire plus, ne vit plus ou survit.. »

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