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Vous rappellerez très rapidement le sujet du Misanthrope et vous montrerez comment cette pièce est à la fois une comédie de moeurs et une comédie de caractère. ?

Publié le 27/03/2009

Extrait du document

Un honnête homme, Alceste, querelle un de ses amis, Philinte, pour avoir accueilli trop aimablement quelqu'un qu'il connaît à peine, et, là-dessus, fait une déclaration de misanthropie et de pessimisme : il hait tous les hommes.

Les uns, parce qu'ils sont méchants et malfaisants, Et les autres pour être aux méchants complaisants.

Il professe qu'il faut toujours dire la vérité, même désobligeante, et s'indigne qu'il faille solliciter les juges pour gagner un procès dans une cause juste. Survient Oronte, poète amateur, qui prétend lire un sonnet de son cru à Alceste ; celui-ci cherche à se dérober, mais il faut qu'il l'entende, et comme il le déclare bon à mettre au cabinet, il s'en fait une affaire avec l'auteur piqué. Cependant, Célimène, jeune veuve coquette, l'amuse en ses liens; il cherche vainement à la faire se prononcer entre lui et les autres soupirants qui lui font la cour, toujours quelque fâcheux interrompt l'entretien. Et l'honnête homme s'exaspère de voir la jeune femme, médisante et spirituelle, se plaire dans les jeux de salon, devant un auditoire qui la flatte. L'affaire du sonnet, portée devant le tribunal des Maréchaux, oblige Alceste à faire des excuses à Oronte.

  • Début. — Analyse brève du Misanthrope, qui est à la fois une étude de mœurs et une étude de caractère.
  •  1. La comédie de mœurs. Molière nous brosse un tableau de la vie mondaine sous Louis XIV et présente Oronte, le poète amateur, les marquis Acaste et Clitandre, la prude Arsinoé, Célimène, la coquette, la sincère Eliante, Philinte, le parfait mondain.
  •  2. La comédie de caractère. Alceste est notre don Quichotte, chevaleresque, ridicule et douloureux, personnage de drame par certains de ses aspects. Molière s'est peint en lui et c'est pourquoi aucune de ses créations n'est plus vivante, n'a davantage les couleurs de la vérité.
  • Conclusion. — Ce chef-d'œuvre, chargé d'une telle richesse d'observation, excite à penser en augmentant notre connaissance de nous-mêmes et des autres.

 

« prennent pas au sérieux, mais ils meublent un salon.

Il est vrai qu'ils sont interchangeables, et l'espèce n'est pasprès de finir.

« Le marquis, dit un personnage de Molière, c'est le bon de la comédie ».

Molière savait que le publicattendait ce personnage, comme le Sganarelle de la comédie italienne, sûr de n'être pas déçu, et de fait, sur lethème du marquis, Molière a brodé dans plusieurs de ses pièces les plus brillantes variations.

C'est un de ses croquisd'époque les plus réussis.Trois caractères de femmes typiques : la prude, la coquette, la femme sérieuse, nous introduisent dans le monde del'âme : Arsinoé, elle, n'est pas purement comique, du moins certains critiques ne la voient plus telle, aujourd'hui, etsans doute ont-ils raison.

Par certains côtés, elle va, il est vrai, jusqu'au grotesque : son ton de vieille pie, dans cemagnifique duo (ou duel) avec Célimène, qui fait sonner terriblement son âge et l'exaspère rien que par la présencede sa jeunesse éclatante; surtout ses avances sans vergogne à Alceste, son ton de dévote scandalisée qui necraint pas de gourmander une Célimène dans toute sa gloire! Arsinoé n'a vraiment pas d' « antennes » comme ondit.

Mais, si on la regarde de plus près, elle apparaît comme un être inquiétant et demi-tragique.

Dans cette comédieentre gens de salon, elle joue le rôle du traître, de l'âme noire, et c'est elle qui, en ouvrant les yeux à Alceste,précipite le dénouement.

« Il y a de la meurtrière en elle et de l'empoisonneuse possible.

C'est la seule refoulée durépertoire moliéresque, mais elle l'est à fond », écrit Pierre Brisson.

C'est déjà, à demi, un Tartuffe en jupon.Célimène, au contraire, est toute de surface et d'éclat.

C'est l'éternel féminin, selon Molière, d'un charmeensorcelant parce qu'elle a reçu le don redoutable de la beauté, et de la grâce, plus belle encor que la beauté.

Peude tête : elle n'a que l'esprit de conversation, encore moins de cœur; mais son égoïsme, qui lui fait méconnaîtreAlceste, et le désespère, est justement ce qui lui permet de jouer serré le jeu mondain, d'évoluer au milieu de sapetite cour, d'administrer sa petite gloire de femme à la mode, à quoi elle tient par-dessus tout.

Son échec du 5eacte, nous le sentons, se réparera vite et Alceste sera bientôt oublié.Eliante est toute bonne.

Est-ce à dire qu'elle est sotte ? Loin de là, mais pour des raisons morales et esthétiques,Molière lui a refusé tout relief.

Il faut qu'elle soit là, car enfin, il n'y a pas dans la société que des prudes et descoquettes, il y a aussi de vraies femmes, sincères, modestes et douées de tact, ce qui ne nuit pas à la franchisecomme le croit Alceste.

(Les femmes ont plus de souplesse, peut-être, dans la vertu.) Ce crayon, un peu pâleauprès des deux autres portraits si marqués, a bien du charme.Philinte, ce parfait mondain, ne se sépare pas d'Alceste.

Il faut les étudier ensemble, il est l'envers d'Alceste.

Ceparfait honnête homme, ce parfait ami, ce parfait amant, si détaché (mais comment donc! charmé, qu'à cela netienne), a, dans toutes ses perfections, un défaut : il est de ces hommes dont La Bruyère dira que leur caractèreest de n'en avoir aucun.

Il est tout le contraire d'Alceste, c'est-à-dire qu'il n'a aucune personnalité.

Il a de lasagesse la sobriété, la mesure, mais cette sagesse n'a pas d'âme, elle est sans chaleur, sans jeunesse et sansattrait.

Serait-il lâche dans les grandes occasions ? Certes non.

Beaucoup de gentilshommes comme lui savaient sebattre et mourir pour le Roi et pour l'État.

Mais il est faible dans les petites circonstances, il minimise, il estsceptique; il sent déjà un peu le boudoir Louis XV et le siècle de la tolérance.

Irons-nous jusqu'à dire : « II estl'excuseur professionnel.

C'est avec des indulgences comme la sienne qu'un pays entretient ses tares et finit parabdiquer » ? Ce serait trop enfler la voix; laissons ces sortes de réquisitoires à Rousseau et ses successeurs.

Maisenfin, disons qu'il est un peu fade et très représentatif de la banalité mondaine, un bon exemplaire de la médiocritéqui plaît et qui réussit dans le monde.Tous les personnages de Misanthrope, gens de salon qui jouent si bien la comédie mondaine, sont groupés autour decette figure centrale, ce grand maladroit, ce héros manqué, cette figure d'un si haut relief, l'un des plus beauxcaractères dramatiques de notre théâtre : Alceste.

On peut se demander pourquoi ce nom reste immortel.

Alcesteest notre Don Quichotte.

C'est cette fine mouche d'Eliante qui l'a senti la première : ...

La sincérité dans son âme se piqueA quelque chose en soi de noble et d'héroïque Les circonstances ne sont pas sublimes non plus où le Chevalier de la triste figure montre son âme d'hidalgo.Alceste, lui, chevalier fourvoyé, homme d'autrefois, en dépit de ses vingt-cinq ans (car il n'a rien d'un barbon,Célimène n'en voudrait pas), Alceste n'a que les quelques pieds carrés d'un boudoir de femme pour guerroyer contrela déloyauté, l'injustice, la méchanceté, la sottise, mais ce qui fait juger d'un homme, c'est moins les circonstancesoù il vit que le tempérament qu'il y porte.

Alceste est bien de la race des héros.

Son malheur est de n'avoir pasvécu à l'âge héroïque, mais, n'en doutons pas, « nous avons devant nous un des grands fauves du théâtre, un deceux dont la griffe laisse une empreinte royale ».

Dans la vie courante, il est le type du mauvais caractère, avec cequ'a d'exaspérant et tout de même, souvent, d'estimable, cette façon qu'ont certaines gens d'avoir du caractère.D'ailleurs peu intelligent, bien que doué d'esprit et de goût.

« Il est borné, sans aucun doute.

Pas la moindre tracede gymnastique intellectuelle chez lui.

Il raisonne peu et mal, sans nuance, sans subtilité, sans aucune aptitudecritique.

La façon dont il reprend le sonnet d'Oronte dénote l'esprit le plus sommaire.

Son obstination dans l'affairedu procès est d'un grognon à courte vue.

Il se révolte contre l'état du monde, veut perdre en ayant raison pour quecette iniquité devienne symbolique.

Il hait les vastes complaisances, les adulations, les mamours, les servilités.

Iln'accepte pas d'essuyer la cervelle des marquis, dénonce les pieds plats qui, par de sales emplois se poussent aupremier rang.

On le voit frémissant avec sa fougue protestataire, avec la grande roideur des vertus des vieux as.es.Il croit jusqu'à la dernière seconde qu'il pourra corriger Célimène.

Il se bat violemment, gauchement, contrel'impossible et surabonde en vigueur inutile.

» (P.

Brisson.)Alceste, par certains de ses aspects, est un personnage de drame Depuis Rousseau et Musset, cela' est admis.

Lescritiques modernes renchérissent.

On peut se demander si Molière a voulu cela.

Certes, il l'a amplement pourvu deces excès, de ces maladresses, de ces enfantillages, même, qui font rire.

Mais nous sommes désarmés, cherAlceste, par votre candeur, et surtout par votre souffrance.

Notre rire n'exclut pas le respect et notre sympathie,car derrière vous nous apparaît la figure du grand et douloureux Molière.

Le drame Alceste-Célimène, c'est le drameMolière-Armande, on n'en peut douter.

Les dates même le disent.

Il y a dans le tracé de ces portraits de l'amant. »

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