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Y a-t-il des degrés de vérité ?

Publié le 27/01/2004

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Les degrés de vérité apparaissent alors comme autant de degrés dans notre rapport réflexif au monde, et la notion de degrés de vérité acquiert une nouvelle forme de validité.   Locke   « Il y a différents états dans lesquels l'esprit se trouve imbu de la vérité, et auxquels on donne le nom de connaissance. Il y a une connaissance actuelle, qui est la perception présente que l'esprit a de la convenance ou de la disconvenance de quelqu'une de ses idées, ou du rapport qu'elles ont l'une à l'autre. On dit, en second lieu, qu'un homme connaît une proposition, lorsque cette proposition ayant été une fois présente à son esprit, il a aperçu évidemment la convenance ou la disconvenance des idées dont elle est composée, et qu'il l'a placée de telle manière dans sa mémoire, que toutes les fois qu'il vient à réfléchir sur cette proposition, il la voit par le bon côté sans doute ni hésiter le moins du monde, l'approuve, et est assuré de la vérité qu'elle contient. C'est ce qu'on peut appeler, à mon avis, connaissance habituelle. Suivant cela, on peut dire qu'un homme, qui connaît toutes les vérités qu'il a dans sa mémoire, en vertu d'une pleine et évidente perception qu'il en a eue auparavant, et sur laquelle l'esprit le repose hardiment sans avoir le moindre doute, toutes les fois qu'il a l'occasion de réfléchir sur ces vérités. Car un entendement aussi borné que le nôtre, n'étant capable de penser clairement et distinctement qu'à une seule chose à la fois, si les hommes ne connaissent que ce qui est l'objet actuel de leurs pensées, ils seraient tous extrêmement ignorants ; et celui qui connaîtrait le plus, ne connaîtrait qu'une seule vérité, l'esprit de l'homme n'étant capable de considérer qu'une seule à la fois. Il y a aussi, vulgairement parlant, deux degrés de connaissance habituelle. L'un regarde ces Vérités mises comme en réserve dans la mémoire, qui ne se présentent pas plutôt à l'esprit qu'il voit le rapport qui est entre ces idées. Ce qui se rencontre dans toutes les vérités dont nous avons une connaissance intuitive, où les idées mêmes font connaître par une vue immédiate la convenance ou la disconvenance qu'il y a entre elles.

La question « y a-t-il « porte sur l’existence ou la non-existence d’un objet. L’objet en question ici, ce sont des « degrés de vérité «. C’est un concept proprement philosophique. On peut considérer que la vérité, en un sens large, est l’adéquation de la connaissance que l’on a de la réalité, ou discours que l’on tient sur elle, à la réalité elle-même, que ce soit dans un sens courant – comme dans l’expression « dire la vérité « par exemple, qui désigne le fait de dire des choses qui ne sont pas différentes de la réalité – ou dans un sens philosophique – on se tourne alors plutôt du côté de la philosophie de la connaissance (les degrés de vérité seraient des degrés que l’on atteint dans les procédures de connaissance du réel), ou du côté de la métaphysique, et les degrés de vérité pourraient peut-être correspondre alors à des degrés de réalité. Parler de degrés de vérité suppose que la vérité n’est pas unique, ou plutôt qu’elle se laisse connaître par niveaux successifs – c’est le sens ici du mot « degré « -, ces différents niveaux pouvant marquer des niveaux de connaissance possibles ou des niveaux d’intensité possibles. Il y a différents moyens de concevoir cela, et ce sont ces différents moyens qu’il faudra examiner, afin de déterminer s’il est pertinent -  ou à quelles conditions il est pertinent – de parler de degrés de vérité, et de voir ce que cela apporte à la compréhension du concept de vérité, puisque ce sujet semble s’insérer dans le cadre général d’une réflexion sur la nature de la vérité elle-même.

« III.

La notion de « degrés de vérité » comme pis-aller remédiant à une incapacité humaine à atteindre lavérité Une manière d'explorer cette piste serait de se référer à la « vérité révélée » de la théologie : cette vérité est à lafois une et inaccessible à l'esprit humain, qui doit se doter d'outils artificiels pour en approcher sans jamais pouvoirla saisir vraiment.

Ainsi, si l'on se place du point de vue de la vérité elle-même, l'insuffisance de la relation que lanotion de « degrés de vérité » entretient avec son objet apparaît clairement, et son existence doit être minimisée. Saint Thomas d'Aquin « La théologie peut recevoir quelque chose des disciplines philosophiques, non qu'elle en ait nécessairement besoin,mais afin de rendre plus clair ce qu'elle exprime.

En effet, elle ne reçoit pas ses principes des autres sciences, maisdirectement de Dieu par la révélation.

Elle ne fait pas appel aux autres sciences comme si elle leur étaitsubordonnée, elle les utilise comme si elles étaient à son service.

C'est en partant des connaissances obtenues parla raison naturelle, principe des autres sciences, que notre intellect se trouve plus aisément conduit, et comme parla main, vers les connaissances qui dépassent la raison et forment l'objet de la théologie.

» Conclusion L'existence de la notion de « degrés de vérité » semble fondée ; elle fournit à l'homme des outils épistémologiquespour penser la vérité dans le but de la connaître.

En ce sens il existe bien des degrés de vérité du point de vue del'homme.

Cette notion est cependant beaucoup moins satisfaisante si l'on essaie de la saisir du point de vue de lavérité elle-même : elle apparaît alors simplement comme un outil palliant une incapacité humaine à saisir la véritéelle-même, outil qui n'a aucune réelle consistance ontologique.. »

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