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Y a-t-il des raisons de douter de la raison?

Publié le 13/01/2005

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Mais les raisons de douter de la raison seraient elles-mêmes réfléchies, au sens où elles viseraient à la certitude concernant la connaissance. Il serait ainsi raisonnable de douter de la raison, et ce pour avoir des connaissances claires et distinctes des choses, c'est-à-dire pour connaître avec évidence. C'est donc la raison elle-même qui serait la cause du doute sur elle-même : elle serait un tribunal pour elle-même afin de s'assurer de l'exactitude de ses connaissances. § La raison est-elle une puissance infaillible de connaissance du vrai, ou peut-elle être source d'illusion, en s'appliquant à des domaines qui la transcendent, donnant alors des raisons de douter d'elle-même, voire se faisant elle-même la source de ce doute, dont le but est l'possession de la vérité ?  PROPOSITION DE PLAN.  I)                 La toute puissance de la raison en matière de connaissance.  § La raison est un pouvoir de connaître, mais qui plus est, un mode de connaissance. La connaissance rationnelle nous enseigne à distinguer le vrai du faux, et c'est notamment ce qu'expose Spinoza dans son Ethique, II. La raison conduit la connaissance et l'action de l'homme et ainsi : « la sage [...] considéré en cette qualité ne connaît guère le trouble intérieur, mais ayant, par une certaine nécessité, éternelle conscience de lui-même, de Dieu et des choses, ne cessera jamais d'être et possède le vrai contentement » (Ethique, V). Les domaines de juridiction de la raison sont donc la connaissance et l'action et la raison est cette puissance infaillible qui ne peut alors nous tromper.


« source du vrai et est capable de discerner le vrai du faux.

Spinoza pose donc une équation entreraison et vérité, qui empêche de douter de la raison. § En effet, Spinoza, dès le livre I, et plus particulièrement l'appendice au livre I, énonce l'idée selonlaquelle la vérité, c'est-à-dire le lieu même de la raison, peut se reconnaître aisément à ceci qu'elleconvainc tout la monde là où l'imagination partage les avis.

En effet, l'imagination étant sourced'erreur voire d'illusion, divise les hommes à son propos ; ainsi un homme peut juger telle chosecomme étant ordonnée et un autre peut dire de la même chose qu'elle est en désordre, et ceci parceque c'est par le premier genre de connaissance qu'est l'imagination qu'ils jugent.

Ainsi ce premiergenre en reste à la simple opinion qui est particulière.

La raison quant à elle fournit une connaissancequi se sait vraie et dont le critère de reconnaissance extérieur peut être l'universalité.

En effet, laraison fournit une connaissance qui peut être dite universelle au sens où elle réunit tous les hommesqui partagent la même connaissance.

La raison est donc puissance du vrai, infaillible, source de laconnaissance et de l'action, et qui ne peut être remise en cause dans la mesure où elle est elle-mêmela puissance qui distingue le vrai du faux et qui en est le critère.

Tout doute concernant une assertionou un jugement est tranché par la raison qui ne peut donc pas elle-même être soumise au doute etqui ne le doit pas, étant source du vrai et reconnaissance du faux. La raison semble donc infaillible, mais peut elle alors s'appliquer à tous les domaines ? Si elle a un domained'application particulier, ne devient-elle pas source d'illusion en passant outre son champ d'application ? Il semblealors qu'il faille douter de ce qu'elle nous apporte.

II) La raison comme source possible d'illusion. § La raison semble alors devoir s'appliquer à un domaine précis et déterminé, et douter de la raisonrevient donc à dire que la raison ne peut dépasser un certain domaine d'application, c'est doncrestreindre sa puissance et sa juridiction.

Aussi la raison marque-t-elle alors la finitude de l'homme etc'est pourquoi, s'appliquant à ce qui outrepasse cette finitude, elle devient potentiellement sourced'erreur et objet de doute.

Il semble alors qu'il faille admettre ‘impuissance de la raison à s'appliquer àcertain domaines.

Héraclite, dans nombre de ses fragments, marque fortement cette impossibilité pourla raison de s'appliquer à tout le « réel ».

En effet, le réel se compose selon lui de l'union descontraires, ce qui semble être impensable du point de vue de la raison, qui mue par des catégorieslogiques, telles que celle de la non contradiction (A ne peut pas être en même temps A et non A), nepeut penser en même temps les contraires.

Aussi le domaine du devenir, qui est pour Héraclite toutela réalité (tout s'écoule en permanence et « on ne se baigne jamais dans le même fleuve », l'eauayant coulé et n'étant jamais la même d'un instant à l'autre) semble alors impensable comme tel pourla raison qui a besoin de stabilité pour connaître. § La raison semble donc avoir un domaine d'application particulier, qu'elle ne peut transcender, dans lamesure où elle ne serait plus alors compétente pour dire la vérité en ce domaine.

Elle semble alorspouvoir être source d'illusion, voire d'erreur.

En effet, il semble bien que la raison cherche toujours àdépasser le domaine des phénomènes, de la réalité, afin d'étendre sa juridiction, et comme telle, ilfaut semble-t-il douter des contenus de pensée qu'elle apporte, dans la mesure où ils ne relèvent pasde sa compétence.

Ainsi Kant, dans la Critique de la raison pure , énonce l'idée selon laquelle la raison possède des limites, au sens où elle ne peut s'appliquer qu'auréel phénoménal.

Cependant, elle cherche toujours à dépasserces limites afin d'étendre sa connaissance et sa juridiction, cequi fait alors d'elle une puissance d'illusion.

Tout ce qui outrepasse le plan des phénomènes semble alors devoirressortir au domaine de la foi et par là échapper au domaine dela raison qui doit s'y soumettre.

Aussi Kant, dans l'introductionà la Critique de la raison pure , écrit-il eu égard à la liberté qui appartient au domaine « nouménal », c'est-à-dire au domainequi outrepasse le plan phénoménal, « Je devais donc abolir lesavoir pour laisser place à la foi ».

Cette phrase est alors l'aveuselon lequel la raison ne peut passer le plan des phénomènesau-delà duquel ses principes logiques sont impuissants àcomprendre.

Le domaine logique de la raison doit être remplacépar le domaine de la foi.

Au delà de son domaine propre, laraison est alors source d'illusion et objet de doute.

Il faut alorsnon seulement douter de la raison, mais la « craindre » au sensoù elle nous entraîne dans l'erreur et nous éloigne par là de laconnaissance du vrai. Mais faudra-t-il alors une instance plus haute que la raison pour douter de laraison ? La raison n'est-elle pas elle-même sa propre critique, n'est-ce pas laraison elle-même qui doute de la raison, afin d'étendre le champ de la connaissance du vrai ?. »

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