Y a-t-il seulement une vérité ?
Publié le 27/02/2008
Extrait du document
Tous ceux qui se posent cette
question et qui la résolvent par la négative ou le doute, reprennent forcément
les arguments des sceptiques grecs et en particulier de Protagoras d'Abdère et
de Gorgias d'Élis qui datent du IVe et du Ve siècle avant J.-C. «L'homme est la
mesure de toutes choses », disait Protagoras, et cette formule est restée la
devise de tous les anti-dogmatismes, c'est-à-dire de tous les efforts pour
ramener les vérités dites éternelles ou absolues à de petites vérités si
relatives à la manière humaine de vivre ou de comprendre, relatives à l'époque,
à l'expérience, au caractère, aux influences, qu'elles ne paraissent plus vraies
du tout.
Nous disons tous les jours que « des goûts et des couleurs » on discute
vainement, que tout a une part de vérité, que tout dépend du point de vue, que «
vérité en deçà des Pyrénées est erreur au-delà » comme disait Pascal, et qu'il
faut se réfugier sur le « mol oreiller » de Montaigne : « Que sais-je ? » sans
plus chercher la vérité, toujours caduque, sujette à caution, ou source de
tourments ; à la place, nous nous contenterions volontiers d'un certain jeu de
bonnes petites vérités pratiques, celles qui ont un « rendement » indubitable et
qui permettent sur les grandes questions une tolérance tout à fait respectable.
Protagoras, Gorgias et plus
tard les pyrrhoniens de la Nouvelle Académie (cf. Hist. de la philo.) ont dit
tout cela.
Il est bien difficile d'y répondre d'ailleurs, si on se place sur le plan des
faits, et surtout si nous acceptons de faire de la vérité « quelque chose qui
serait à trouver » comme l'or dans du sable ou le noyau dans un fruit.
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