Y a-t-il systématiquement complémentarité des droits et des devoirs, ou peut-on au contraire avoir des droits sans avoir de devoirs ?

« [Ill -De la possibilité à l'obligation] a.

Avoir des droits, c'est avoir des possibilités qui me sont reconnues par 1' organisation sociale.

b.

Ces possibilités peuvent-elles se transformer systématiquement en obligations (ce qu'implique l'existence des devoirs)? Ce n'est pas auto­ matique : j'ai le droit de vote, mais je ne suis pas obligé d'aller voter, même si, en théorie, mon droit de vote signifie que je devrais me préoccu­ per des choix qui me sont offerts.

En ne considérant pas que voter est un devoir, je conserve mon droit de vote, mais je devrais renoncer (en théo­ rie ...

) à mon droit de critique à l'égard des pouvoirs issus du vote.

c.

La réciprocité des droits et des devoirs n'est contraignante que dans les relations directes entre individus (ou institutions) de niveau comparable : j'ai le droit (si j'en ai les moyens) d'entrer dans un magasin pour acquérir un objet, que le marchand a alors le devoir de me vendre (le refus de vente est une faute).

Inversement, j'ai le devoir d'avoir un comportement nor­ mal dans la boutique, et dans le cas contraire, le marchand a le droit de m'expulser ou de se plaindre.

d.

Dès que les relations concernent des partenaires d'importance diffé­ rente, la réciprocité reste obligatoire en théorie, mais dans la pratique, elle n'est pas aussi simple à faire respecter : j'ai le droit de porter plainte contre un ministère qui m'a lésé, et l'État a le devoir, non seulement de recevoir ma plainte, mais d'y donner suite.

Mais il peut arriver que cette suite se réalise lentement.

..

[Conclusion] Dans le système juridique d'une démocratie moyenne, les hommes ne peuvent avoir de droits sans que ceux-ci s'accompagnent de devoirs, puisque qu'il s'agit d'équilibrer les relations entre les citoyens pour garantir l'existence d'une égalité de principe.

Le fait que cette réciprocité ne soit pas toujours effective vient simplement rappeler que la démocratie n'est pas automatiquement parfaite.

r---- Autres sujets -Revendiquer ses droits, est-ce la même chose que défendre ses intérêts? (ES, 1994).

- La loi dit-elle ce qui est juste? (ES, 1993).

- Le droit n'est-il que l'expression des rapports de force? (L, 1991).

- Quand on se borne à exercer son droit, est-on, pour autant, en règle avec sa conscience? (S, 1990).

- Le droit peut-il échapper à l'Histoire? (ES, 1991).. »