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Y a t il un art pour produire le beau ?

Publié le 27/02/2008

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Y a t il un art pour produire le beau

  Une première manière de définir l'art consiste à y voir la production d'une œuvre belle. Cependant  cette première approche se heurte à deux difficultés :

1)       la beauté existe hors de l'art

2)       certains courants artistiques récusent la recherche du beau

La question, plus restreinte, qui se pose alors, compte tenu de ces deux difficultés, est de savoir s'il y a un sens à concevoir non plus l'art en général, mais un art, pour lequel la beauté pourrait être dite son produit. Cela implique de reconsidérer le concept d'art :

1)       un art, ce sera non seulement les beaux-arts, mais aussi certaines productions techniques en ce qu'elles sont susceptibles de produire des objets beaux

2)       un art, c'est aussi, à l'intérieur même des beaux-arts, un ensemble de règles et de procédés dont la raison d'être est précisément la satisfaction d'une exigence de beauté

L'enjeu de la question apparaît donc clairement : étant donné que la beauté n'est pas le propre de l'art en général, y a-t-il néanmoins un moyen de concevoir un rapport non arbitraire entre l'activité de l'artiste et la beauté de son œuvre ?

 

  • I)       En quel sens un art peut-il être dit produire du beau

 

  • II)       Les limites de cette signification

 

  • III)       Art et beauté peuvent ne pas être dans un rapport de production

« 2.

Cette illusion rétrospective doit être précisée : c'est l'idée que la production obéit à un critère deperfection déjà donné, perfection qui porte avant tout sur les proportions de la belle forme et implique donc uneprédominance de la conception objective du beau.

Illusion rétrospective critiquée par Kant, au §46 de la Critique de la faculté de juger : « les beaux-arts ne peuvent eux-mêmes concevoir la règle à laquelle devra obéir la réalisation de leur production ».

Redéfinition de la production du beau comme production du génie3.

Du coup, si la production est possible, c'est parce que la nature donner des règles non pas dans lasphère de l'objectivité mais de la subjectivité, celle qui, précisément, définit le génie : « le génie est la dispositioninnée de l'esprit par le truchement de laquelle la nature donne à l'art ses règles ».

D'où une production du beauentièrement remaniée par rapport à Aristote : 1) c'est le fruit d'un talent, on ne peut apprendre à produire du beau (originalité) 2) le produit est un modèle qui lui-même n'imite rien (exemplarité) 3) la production est inconsciente des règles qui la détermine (naturalité) Transition : Tension entre conceptions objective et subjective résolue au profit de l'art comme production d'un sentiment esthétique.

Mais production si paradoxale (d'après les trois caractéristiques qui découlent du concept degénie) que l'on peut se demander s'il s'agit encore d'une production en un sens autre que métaphorique.

3) Art et beauté peuvent ne pas être dans un rapport de production Production : un terme dans la tripartition aristotélicienne.

Degré le plus bas dans les types de vie.Transformation d'un objet extérieur, alors que la pratique est transformation de soi par soi.

La contemplation est leplus haut genre de vie, activité de l'intellect par laquelle l'homme imite le divin.

Contemplation1.

Mais en un sens esthétique et non aristotélicien la contemplation qualifiée par Kant comme « calme » del'esprit distingue le beau du sublime qui met l'esprit en mouvement.

Au niveau de la création, l'idée de contemplationsuggère que l'artiste ne se distingue pas en premier lieu par la réalisation ou la représentation d'un objet, mais parun regard nouveau qui change la vision que nous avons de la réalité.

C'est en ce sens que Bergson qualifie lesartistes : « Quand ils regardent une chose, ils la voient pour elle, et non plus pour eux.

Ils ne perçoivent plussimplement en vue d'agir ; ils perçoivent pour percevoir, - pour rien, - pour le plaisir » ( La Pensée et la Mouvant ). Pratique2.

Cette contemplation n'est pas une pure inactivité, au contraire, c'est sans doute la richesse de seseffets qui fait qu'on peut parler de production de la beauté à propos de l'art.

Le concept de contemplationesthétique apparaît dès lors inséparable de celui de pratique, c'est-à-dire d'une transformation de soi par soi quipasse par la transformation de notre rapport au monde opérée par l'artiste et son œuvre.

On peut considérer quel'art contemporain tend à mettre l'accent sur cette dernière dimension de la création artistique comme pratique : 1) il détourne les procédés de « production technique » que ce soit en s'emparant de matériaux industriels ou de techniques de reproduction 2) il refuse l'idée d'une expérience purement contemplative en abolissant la distance entre l'œuvre et son spectateur 3) l'œuvre elle-même est remise en cause en tant que produit, que ce soit par la création d'œuvres éphémères (body art, land art) ou d'œuvres inachevées et susceptibles de variantes. Conséquence : l'art et le beau geste3.

On peut reprendre cet acquis du dépassement de la notion de production pour concevoir le rapportentre art et beauté comme déterminé par la médiation de l'exécution d'un geste, c'est du moins ce que suggèrentles expériences de l'art contemporain évoquées.

Mais cette idée de beau geste n'est pas spécifique à un courant ouà une époque, au contraire, elle est essentielle pour les arts d'exécution comme la musique, la danse ou le théâtre.

Conclusion Le concept de geste paraît unifier les différentes formes de l'action (production, pratique,contemplative) en ce qu'elles peuvent avoir d'esthétique.

L'art pour produire le beau peut être pensé comme l'artd'exécuter de beaux gestes, ce qui permet à la fois de caractériser une beauté artistique et une beauté nonartistique (le geste peut être celui d'un sportif ou d'un artisan, par exemple), tout en se limitant à la sphère desactions humaines (l'art et non la nature).

Par cette unification conceptuelle on peut peut-être donner tout son sensà l'idée hégélienne d'un besoin de l'esprit, dont la satisfaction ne saurait se limiter à la contemplation ni a fortiori à laconsommation d'œuvres marquées du sceau de l'intériorité humaine, mais comprend aussi la pratique et lareconnaissance du beau geste.. »

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