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Y a-t-il un plaisir à gouverner ?

Publié le 07/01/2004

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• Voici un intitulé de sujet apte à mobiliser votre intérêt : il est vivant et concret. Néanmoins, que les charmes « hédonistes « du sujet ne vous fassent pas oublier les exigences conceptuelles. Il faut définir, avec précision, les termes essentiels, à savoir « plaisir « et « gouverner «. Le plaisir désigne un état affectif agréable et représente, comme l'a admirablement montré Aristote, un ornement qui s'ajoute à l'acte et le parachève. Quant au fait de gouverner, il exprime l'action d'exercer une autorité, au sein de l'Etat, d'y pratiquer le pouvoir politique. N'oubliez d'ailleurs pas que gouverner, c'est, aussi, produire une influence déterminante agissant sur la conduite de quelqu'un. Même si cette dernière signification a vieilli, néanmoins elle est intéressante et utilisable. • Toutes vos connaissances doivent être ici mobilisées : historiques, politiques, voire cinématographiques... Bien entendu, ne vous bornez pas à l'analyse du dernier film à la mode ! Faire de la philosophie, c'est réfléchir sur l'actualité pour en dégager le sens, non point se soumettre à des stéréotypes qui traînent partout. • Le sens du sujet est donc ici très simple : existe-t-il un agrément, d'ordre sensible ou beaucoup plus global, qui naisse de l'exercice du pouvoir politique au sein de l'État ? • Pourquoi vouloir gouverner ? C'est le problème que vous pose ce sujet : est-ce rechercher du plaisir, de l'argent, de la puissance, etc. ? • Bien évidemment, on pourrait faire ici un plan dialectique de ce type : 1. Thèse : il n'y a pas de plaisir à gouverner (gouverner représente, en effet, un acte politique pur et simple). 2. Antithèse : il y a un plaisir à gouverner (analyse des thèses de Foucault, etc.). 3. Synthèse : gouverner est, simultanément, un acte politique et une action de direction engendrant la jouissance (thèses psychanalytiques, etc.). Ce plan était tout à fait judicieux. Néanmoins, nous ne l'avons pas retenu ici, pour diverses raisons et, en particulier, parce qu'il y a tellement de plaisirs variés dans le fait de gouverner que seul le plan progressif, par approfondissement des notions, nous a paru digne d'être développé. Le voici donc : 1. Gouverner est un acte complexe producteur de plaisir. Gouverner représente, en effet, une source de plaisir et de désir (cf. Foucault). 2. Gouverner crée du plaisir parce que la figure du Père y intervient (théories psychanalytiques). 3. La figure du Maître, se manifestant dans l'acte de gouverner, crée le plaisir de cette fonction (réflexion sur la philosophie hégélienne).

 

« Introduction On parle de gouverner comme l'action de diriger une nation.

On conçoit que le fait de gouverner attire fortementles hommes, puisque cela implique la possibilité de commander, de décider pour la multitude.

Mais il importe aussi desouligner que gouverner nécessite une écoute du peuple gouverné, puisque l'on gouverne pour le maintien d'un paysdans son essor tant social qu'économique.

Toutefois l'histoire a montré que certains gouvernements pouvaient êtreillégitimes puisqu'ils favorisaient les désirs d'un seul ou de quelques uns (la tyrannie).

Dès lors la place du gouvernantrenvoyait au plaisir arbitraire et égoïste qui ne tenait pas compte du bonheur des sujets constitutifs de toutenation.

Peut-on alors concevoir un plaisir de gouverner qui marque un progrès total, c'est-à-dire qui se fonde surdes principes républicains inébranlables ? I.

l'équivocité du « plaisir » de gouverner À l'encontre de ce qu'enseigne la loi des hommes, la Nature exige que lepouvoir appartienne aux meilleurs, à ces hommes supérieurs qui sont nés pourle commandement, c'est-à-dire qui sont, par nature, au-dessus des lois :« Comment serait-on heureux quand on est esclave de quelqu'un d'autre »(Platon, Gorgias , 491 e), esclave du pouvoir de la masse des médiocres, esclave d'une loi castratrice, esclave des faibles, des incapables, desenvieux ? Contre « ces manières et ces conventions faites par les hommes àl'encontre de la nature » (492 c), la vérité est au contraire de dire que « si lafacilité de la vie, le dérèglement, la liberté de faire ce qu'on veut demeurentdans l'impunité, ils font la vertu et le bonheur » (492 c).

Or s'assurer del'impunité, c'est s'emparer du pouvoir, du pouvoir absolu qui n'a de compte àrendre à personne.

Le modèle de Calliclès, c'est dès lors le tyran.

Celui pourqui les lois n'existent pas, car il n'y a pour lui, comme pour les autres, aucuneautre loi que celle de son bon plaisir, et celle de la force pour la fairerespecter.

Comme Archélaos le tyran qu'enviait Polos dans l'entretienprécédent : « il a le pouvoir de faire ce qu'il veut, il peut exiler, tuer et fairetout ce dont il a envie » (469 c).

Il n'y a d'autre droit respectable que celuiqui triomphe par la force, il n'y a pas d'autre raison que celle qui parvient às'imposer.

Rien ne peut justifier que l'on renonce à exercer une force que l'onest capable d'exercer ; rien ne justifie que l'on renonce à un plaisir que l'onpeut se procurer.

Seule la peur du châtiment pourrait conduire à un telrenoncement, et c'est bien pourquoi il faut se placer au-dessus de tout châtiment possible en étant soi-même celuiqui punit. A l'encontre d'une telle conception d'un gouvernement basé sur la satisfaction des désirs inessentiels vient laconception platonicienne du gouvernement du philosophe.

C'est l'idéal du philosophe-roi.

Le philosophe, extrêmeantithèse du tyran, est le plus heureux puisque sa conduite est renseignée par la seule raison, faculté insigne enl'homme lui permettant un bonheur suprême.

Platon montrera qu'il y a un plaisir essentiel à gouverner chez lephilosophe puisque celui-ci s'efforce de régler la vie sociale selon la raison.

Dès lors, le citoyen juste ne serapossible que dans le cadre d'une cité juste, ou idéale.

Mais il n'en reste pas moins qu'au travers de cette théorieutopique Platon a laissé entendre un gouvernement régi par une forme de dictature philosophique.

De fait, lephilosophe-roi s'arroge le droit de mentir, de manipuler le peuple, et ce afin de satisfaire un désir issu du pouvoir,désir dès lors déjà perverti, et qui ne peut prétendre à un plaisir total (cf.

La République ).

L'exercice du pouvoir est certainement source de plaisir.

L'exemple idéal en est le tyran dont parle Platon dans le "Gorgias".

Mais, l'ivresse dupouvoir est en contradiction avec les charges de l'homme politique en démocratie.

Cependant, pour qu'une actionsoit bien menée, il faut que nous y trouvions du plaisir. II.

Gouverner : une stratégie politique pour une place hautement sollicitée.. »

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