Y a-t-il une vérité morale ?

« b) Ces explications données, nous pouvons déterminer ce qu ïl faut entendre par cette u vérité mor-ale '' qu'on oppose à la « vérité physique "· Dans ce terme, l'adjectif « morale " ne peut pas être pris au troisi8me des sens que nous venons de passer en revue.

Parfois, sans doute, il arrive qu'on dise d'une -proposition qu'elle est « moralement vraie "· Mais cette façon de parler n'est pas parfaitement correcte et le qualificatif « vraie " y est pris pour un antre mot qui serait seul propre, ordinairement pour « certaine "· II y a ""~ degrés dans la certitude, sinon dans la certitude objective du moins dans la certitude subjective.

Il n'y en a pas flans la vérité : la vérité est ou n'est pas.

Les connaissances approchées, quand elles unt été soumiBes à un contrôle méthodique, sont \Taies à ce degré d'approximation : on ne peut pas dire qu'elles soient approximativement ou moralement vraies.

Une très grande probabilité équi\·aut à une certitude morale, mais non à une vérité morale : la probabilité, par exemple, qu'a .Je joueur qui a pris 99 % des billets d'une loterie de gagner le gros lot, est certaine et vraie absolument.

Dans le cas actuel la troisième acceptio11 de l'adjectif « moral " est éliminée.

· La seconde n'est pas complètement inacceptable : de même qu'on oppose « le physique '' et « le moral "• on pourrait opposer la vérité de ces deux domaines.

Mais tel n'est pas l'usage : c'est plutôt à la vérité psychologique qu '. »