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Article de presse: Le général Eanes

Publié le 22/02/2012

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27 juin 1976 - Ce militaire a fait une carrière fulgurante, essentiellement dans l'outre-mer. Enrôlé en 1953 à l'issue de ses études secondaires à l'école de l'armée de terre, il a été élevé, quelques jours après le 25 novembre 1975, au grade de général de corps d'armée. (Le 25 avril 1974, jour du coup d'Etat qui allait décider de son destin, il était commandant.) Est-ce parce que Ramalho Eanes avait fréquenté à Lisbonne l'Institut supérieur de psychologie appliquée qu'il est appelé, presque aussitôt après le 25 avril, à participer à une commission de travail sur la presse? Il est nommé ensuite directeur des programmes de la radio-télévision portugaise (RTP) et devient, après le 28 septembre 1974, qui marque la chute du général Spinola, président du conseil d'administration de la RTP. Ces marques de confiance de la part du MFA vont à un homme qui avait manifesté son soutien au processus de rénovation militaire, lequel allait déboucher sur le " mouvement des capitaines ". Il avait notamment collecté, en Guinée-Bissau, au printemps de 1973, des signatures d'officiers qui refusaient la participation des forces armées au premier " congrès des combattants d'outre-mer ", qui devait se tenir à Porto, à l'initiative de l'extrême droite portugaise. La réalité de son adhésion à " l'esprit du 25 avril " a pourtant été contestée durant la campagne. Au lendemain du 11 mars 1975, l'extrême gauche accuse Ramalho Eanes d'être impliqué dans la tentative de coup d'Etat du général Spinola, avec lequel il est lié sur le plan personnel. Il doit démissionner. On lance même un mandat contre lui. Mais une manifestation, en sa faveur, de travailleurs de la RTP empêche son arrestation. Il n'aura de cesse d'avoir obtenu une enquête; celle-ci le blanchira. Lorsque les parachutistes de Tancos sont tombés dans le piège qui leur avait été tendu par les officiers modérés le 25 novembre 1975, la tentation a été forte pour les milieux réactionnaires des forces armées d'aller plus loin en réclamant des mesures d'exception, et notamment l'interdiction du Parti communiste. Le lieutenant-colonel Eanes s'y est opposé. Ces événements ont décidé de son destin. " Choisi par ses camarades ", quelques jours plus tard, pour devenir chef d'état-major de l'armée de terre, il procède à son épuration et à sa réorganisation. Bien décidé à faire " rentrer les militaires dans les casernes ", il pèse de tout son poids pour faire signer, le 26 février, entre les partis politiques et les forces armées une " plate-forme constitutionnelle " qui confère à ces dernières un simple rôle de " garant " de la révolution. Mais il n'y aura pas de " retour aux casernes " pour Ramalho Eanes. Lorsque les partis politiques cherchent un candidat à la présidence de la République pouvant recueillir un large consensus militaire et civil, son nom est aussitôt prononcé aux côtés de quelques autres. Ramalho Eanes demeure seul en course à l'exact point de convergence des diverses forces en présence. Des partis politiques allant de la gauche socialiste au Centre démocratique et social, en passant par le Parti populaire démocratique, se prononcent en sa faveur. Anticommuniste mais démocrate : ce mélange est évidemment apprécié dans le Portugal de 1976. JEAN-PIERRE CLERC Le Monde du 25 juin 1976

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