Article de presse: Les comités d'action

10 mai 1968 - Les comités d'action, créés au cours des journées d'agitation du quartier Latin, s'organisent soit dans les facultés et les écoles, soit dans les milieux professionnels (instituteurs, sociologues, psychologues, animateurs socioculturels, chercheurs), soit dans des quartiers. Leur création a été extrêmement rapide, et on en compte actuellement près de quatre cents. Leur importance est très variable. Ils doivent théoriquement grouper de dix à trente personnes, mais certains sont beaucoup plus nombreux. Leur objectif est de discuter de problèmes politiques ou professionnels. Mais ils sont surtout conçus pour l'action. Leur programme est large : renversement du régime gaulliste et passage au socialisme, démocratie directe, action dans la rue. L'objectif des comités d'action est de faire de l' " agitation " dans leur milieu professionnel ou urbain : collage d'affiches, distribution de tracts, prises de parole dans les lieux publics, groupes de discussion dans les rues, exposition de photos, projection de films... Si l'on compte parmi leurs animateurs de nombreux militants de groupements politiques d'extrême gauche (prochinois, Jeunesse communiste révolutionnaire, anarchistes), ceux-ci y figurent à titre personnel et non comme représentants de leur organisation. Parmi ces mouvements, seule la Fédération des étudiants révolutionnaires (trotskiste) refuse de s'intégrer aux comités d'action, désirant constituer une structure autonome. Un comité de coordination siégeant à la Sorbonne a été constitué. Toutefois, il éprouve encore des difficultés à avoir une action efficace, les initiatives locales étant extrêmement nombreuses et disparates. Il faut signaler que le Mouvement du 22 mars de Nanterre constitue également des comités de ce genre. FREDERIC GAUSSEN Le Monde du 24 mai 1968