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ARTICLE DE PRESSE: Tension nucléaire en Corée du Nord

Publié le 22/02/2012

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21 mars 1994 - La tension monte à nouveau dans la péninsule coréenne. L'obstination de la Corée du Nord à bloquer l'inspection - prévue - de ses installations nucléaires a conduit, lundi 21 mars, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) à porter l'affaire devant le Conseil de sécurité des Nations unies, et le président Clinton à confirmer sa décision d'envoyer des missiles anti-missiles Patriot à Séoul. La politique de modération adoptée par les Etats-Unis, mais aussi et surtout par le Japon et la Corée du Sud, a abouti, comme l'a reconnu le secrétaire d'Etat américain, Warren Christopher, à une " impasse ". Non seulement le régime du vieux maréchal Kim Il-sung n'a pas accepté d'ouvrir totalement ses centres nucléaires aux inspecteurs de l'AIEA, mais il menace désormais de " répondre à la guerre par la guerre ". Utilisant cette langue de bois ornée héritée du stalinisme et du maoïsme et qu'il est désormais le seul au monde à cultiver encore, Pyongyang a repris ses imprécations tous azimuts. S'en prenant à la " perfidie " et à l' " entêtement " de Washington, qui " risque de conduire de nouveau toute la nation au bord de la guerre ", il a annoncé qu'il n'autoriserait plus les inspections de l'AIEA et réaffirmé sa menace de se retirer du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP). A peine un mois après l'accord du 15 février entre Washington et Pyongyang, l'espoir a cédé la place à l'inquiétude. La conciliation n'est pas parvenue à faire plier un régime qui s'emploie, pour survivre, à se doter de l'arme suprême et à vendre au plus offrant sa technologie balistique. Les Sud-Coréens et les Japonais, qui n'avaient cessé de se démarquer des Américains en prônant la patience, manifestent désormais ouvertement leurs craintes. Le ministre sud-coréen des affaires étrangères a décidé de rester à Séoul, au lieu d'accompagner son président dans sa visite officielle à Tokyo. Seule la Chine continue à jouer de ses bonnes relations avec Pyongyang comme d'un atout dans ses marchandages avec Tokyo et surtout Washington. Tout le monde connaît les liens qui unissent Pyongyang à Pékin, même si les Chinois ne cachent pas l'inquiétude que suscite l'imprévisibilité du régime " frère " voisin. Mais Pékin mène aussi sa propre politique de puissance et pourrait mettre son veto à une condamnation de la Corée du Nord. Le Conseil de sécurité a voulu toutefois offrir à Pyongyang le temps de la réflexion. Il s'est laissé jusqu'au début de la semaine prochaine avant d'engager un débat sur une affaire jugée " sérieuse ". Américains, Britanniques, Français et Russes préparent un projet de résolution demandant à la Corée du Nord de respecter sa parole. Mais Pyongyang n'est-il pas trop engagé dans sa folle stratégie de la tension pour 'pouvoir' encore saisir la perche qui lui est tendue ? BULLETIN Le Monde du 23 mars 1994

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