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AUTRES SUJETS COMMENTÉS

Publié le 28/03/2015

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AUTRES SUJETS COMMENTÉS

La presse qualifie volontiers certains événe-ments ou faits divers de «tragiques«.

L'emploi de ce terme vous paraît-il conciliable avec l'illustration qu'en donne la littérature dans la «tragédie«?

Très souvent, il est possible de commencer un devoir en opposant le sens courant d'un mot et son sens technique dans une discipline donnée, la philosophie ou la littérature par exemple. Ici, c'est tout le devoir qui s'articule sur une opposition de ce type.

Traiter ce sujet est pratiquement impossible sans quelques connaissances en histoire littéraire. Il faut, en particulier, connaître la distinction entre le drame et la tragédie. Il faut connaître aussi les règles qui régissaient la tras..édie clas¬sique. Voir E pour la définition du drame et EU4 pour ces règles.

Le mot « tragédie« est surtout utilisé pour le théâtre grec (Euripide, Eschyle, Sophocle) et la tragédie classique (XVIle siècle) qui s'en inspire. Le propre de la tragédie est qu'elle représente la réalisation d'un malheur annoncé. Elle met en scène le caractère inéluctable du destin.

Le mot « tragédie «, dans le sens courant, désigne simple-ment un grand malheur individuel ou collectif. L'idée de malheur subsiste dans le sens littéraire mais il s'y ajoute l'idée d'un malheur orchestré et épuré par le langage et cette idée d'une fatalité inéluctablement en marche. L'homme y voit mises en scène des figures fondamentales de la condi¬tion humaine. Cette imitation (mimésis) conduisait pour Aristote à la purgation des passions (D).

Tout le devoir reposera sur l'idée que l'art n'est pas figura 

 

IV

Dans Spectacle et société, Jean Duvignaud parle ainsi de l'« acte dramatique« : «Création multiple, il résulte de la volonté d'un drama¬turge, des efforts de style d'un metteur en scène, du jeu des comédiens, de l'appareil d'un régisseur et de la complicité du public. Avant tout il est une cérémonie.«

Vous commenterez et discuterez cette définition au moyen d'exemples précis, tirés de votre expé-rience du théâtre. Vous vous demanderez si la réunion de toutes les conditions énumérées est absolument indispensable à la réussite et à l'attrait de l'oeuvre théâtrale.

110. Il y a en fait deux directions dans ce sujet et il est pos¬sible de privilégier l'une d'elle sans négliger pour autant l'autre :

le théâtre art total, convergence de différents arts (et donc comme le cinéma oeuvre collective);

le théâtre comme cérémonie.

Il est possible que certaines pièces doivent une grande par¬tie de leur mérite à la langue. Elles peuvent, de ce fait, se contenter d'un travail de mise en scène relativement peu appuyé. Mais, d'une manière générale et même pour ce type de pièce, la représentation théâtrale se présente bien comme une convergence d'effets née d'une convergence d'efforts.

Les différents arts sont mis en oeuvre (littérature, musique, peinture, architecture, costumes, éclairages, etc.) et le théâ¬tre est donc un art total et concret (g). Le théâtre est art de synthèse, le lieu géométrique de tous les arts.

Pour le côté cérémonie, où une société se donne elle-même en spectacle, les exemples abondent. On peut évoquer le théâtre grec, le lien entre théâtre et religion, le théâtre tradi¬tionnel jusqu'à une époque récente (on s'« habillait« pour

 

aller au théâtre). En dépit d'une désacralisation du genre, le caractère codé et solennel de la cérémonie subsiste souvent.

V

Maintenant que le théâtre nous est accessible sous la forme du film (cinéma, télévision), les théâtres vous paraissent-ils inutiles?

On pourrait compliquer un peu la problématique :

puisqu'il existe un théâtre filmé, les salles de théâtre deviennent-elles inutiles ?

l'existence d'un nouveau genre — le cinéma — rend-il caduc le théâtre en tant que genre ?

Le sujet ne porte, à strictement parler, que sur la première question, mais le développement va conduire à poser la seconde.

Le film enlève le risque, il faudrait même dire le suspense du direct. Chaque représentation correspond à une aventure tributaire du public, de la forme des acteurs, du contexte. Par ailleurs, le théâtre permet un contact plus direct avec les acteurs, du moins pour ceux qui ont de bonnes places.

Le théâtre filmé est presque toujours décevant parce que chaque genre a son «écriture «. Paradoxalement, le seul théâtre qui trouve un public à la télévision est ce qu'il y a de plus mauvais dans le genre : théâtre de boulevard outrageu¬sement déclamatoire et cousu de grosses ficelles. Filmer du théâtre est presque un contresens. Le seul intérêt est d'ordre archéologique ; nos descendants sauront à quoi ressemblait une représentation à notre époque.

 

VI

De nombreuses pièces de théâtre, concerts, bal¬lets, sont filmés au cours d'une représentation pour être diffusés à la télévision.

Dans un développement composé, vous mesu-rerez les avantages et les inconvénients de cette démarche; vous apprécierez la différence entre le spectacle filmé et la représentation, la différence entre le public et le téléspectateur. Vous éviterez les banalités en vous référant à quelques exemples précis.

101. Problématique assez proche de la précédente mais éten¬due à d'autres genres.

A noter que de nombreux acteurs qui pourraient se conten¬ter du cinéma éprouvent régulièrement le besoin de se retremper dans le théâtre. Ce genre plus contraignant, où il faut prendre des risques chaque soir, leur paraît aussi plus authentique.

Le sujet aide le candidat en donnant quelques directions. Dans le prolongement de la différence entre théâtre et télé-vision, on pourrait s'arrêter sur le fait qu'on ne zappe pas au théâtre.

Il serait intéressant aussi de montrer qu'un film vu dans une grande salle n'est pas perçu de la même manière qu'à la télévision.

VII

«Je vais au théâtre afin de me voir, sur la scène, tel que je ne saurais — ou n'oserais — me voir ou me rêver, tel pourtant que je me sais être. «

Vous direz, en vous appuyant sur votre expérience personnelle, quelles réflexions vous inspire cette remarque de Jean Genet.

 

Il> Cette problématique pourrait évidemment être étendue au roman. Le personnage correspond parfois à ce que je suis, mais plus souvent à ce que je voudrais être ou à ce que je ne veux pas être (tout en sachant que je pourrais le deve¬nir). Sur le rôle de ce rapport au personnage, voir E et sur le refus d'une identification Cl

Le devoir prendra toute sa valeur s'il part d'un rapport vrai à quelques textes connus en profondeur. Une fois de plus, il s'avère impossible de faire un bon devoir sans quelques lec¬tures bien assimilées.

VIII

Dans Entretiens autour du cinématographe (1951), Jean Cocteau déclare : «Je ne crois pas à ce terme à la mode : l'évasion. Je crois qu'au lieu de s'évader par une oeuvre, on est envahi par elle. [...I Ce qui est beau, c'est d'être envahi, habité, inquiété, obsédé, dérangé par une œuvre.«

Vous commenterez et discuterez cette opinion en vous appuyant sur des exemples précis empruntés à vos lectures personnelles.

La formule de Cocteau est belle, mais, là encore, elle vaut pour tous les genres.

On pourra évoquer le refus de cette invasion (D).

Après quelques exemples de cet état second dans lequel nous met l'oeuvre, il serait possible de poser une question : l'invasion n'implique-t-elle pas une évasion préalable ? Ne faut-il pas commencer par s'oublier soi-même ?

L'idée fondamentale est pourtant que l'oeuvre ne doit pas provoquer oubli, démission, mais, au contraire, nous réveiller, nous bouleverser et à terme nous transformer. Cocteau refuse la simple littérature de divertissement (« divertir «, c'est étymologiquement « détourner«; la litté 

 

rature de divertissement nous détourne de nous-même). La grande littérature nous ramène à nous-même et nous donne comme un supplément d'être.

IX

«Au théâtre, ce ne sont pas les idées qui de-meurent, puisque toutes les idéologies sont finalement périmées, dépassées. Ce qui reste, ce sont les passions, les personnages, des idées peut-être, mais vécues, devenues de la chair et du sang. «

Quelles réflexions vous inspire cette déclaration d'Eugène Ionesco ? Vous puiserez librement vos réflexions dans les oeuvres dramatiques classiques ou modernes que vous connaissez.

Il est possible de travailler sur les limites des pièces à thèse et sur la notion d'oeuvre ouverte. L'essentiel se trouve en D et D. Sur le théâtre engagé, voir El et sur le théâtre moralisateur D.

X

La violence représentée dans un spectacle vous paraît-elle une incitation à la violence dans la vie ? Ou, au contraire, un exutoire sans danger au besoin de violence inhérent à la nature humaine ? Ou bien encore, vous semble-t-elle sans effet aucun sur le spectateur?

Vous appuierez votre réponse personnelle sur des exemples précis empruntés au cinéma, mais aussi à d'autres formes de spectacle, et en particu¬lier au théâtre.

1 Nous quittons presque la littérature pour un problème de

 

société : la représentation de la violence engendre-t-elle la violence ?

Aristote (E) se situe tout à l'opposé de cette thèse. La représentation des passions et des grands malheurs qui s'y rattachent provoque une purgation de nos propres passions. Cette thèse d'un défoulement par le biais de l'imaginaire est souvent reprise.

Notons cependant que les spectacles auxquels Aristote se réfère étaient plutôt rares et participaient de la cérémonie. De plus ils étaient l'objet d'une transposition par le langage. Peut-on mettre sur le même plan une violence représentée à l'état brut et quotidiennement ?

La question est en fait relativement complexe. Ce côté répé¬titif de la violence à l'écran peut la banaliser et désamorcer l'effet d'influence. Mais cette banalisation peut avoir des effets pervers. La violence réelle peut être aussi banalisée, la distinction finissant par être flottante entre le réel et le simulacre.

« 326 / Écriture et représentation tion mais transfiguration du réel.

Cette transfiguration fait ressortir les lignes de force en deçà de la prolifération du réel.

Il serait possible, à un certain moment du devoir, de faire remarquer que la «tragédie» dans le sens courant ressemble souvent au «drame» tant le comique et le tragique s'y entremêlent.

Il A Athènes, dans 1' Antiquité, les citoyens assis­ taient en masse aux représentations théâtrales.

Le théâtre y était considéré, non seulement comme un divertissement, mais comme un moyen d'éducation morale et civique.

Parmi les œuvres dramatiques, anciennes ou modernes, que vous avez étudiées, ou découvertes par vous-même, en voyez-vous qui puissent rem­ plir ce double rôle ? Ou bien si vous estimez que la fonction du théâtre est toute différente, expliquez votre point de vue .

....

Le sujet est très souvent ouvert puisqu'il vous permet de travailler sur le rôle purgateur du théâtre (êTI), sur son rôle moralisateur (@l), sa fonction politique (@ZJ) ou le refus de ce type d'action(@).

Comme toujours - pensez à la fonction «vérification des connaissances» du sujet -, il faut éviter de se limiter à de simples allusions à quelques pièces de théâtre.

Il importe de montrer, en poussant un peu l'analyse, que l'on connaît bien les textes auxquels on se réfère.

Ce sujet pourrait être l'occasion de montrer les limites de la pièce à thèse qui vous indique ce qu'il faut penser.

Une bonne pièce est une pièce qui fait réfléchir et non une pièce qui pense à votre place.. »

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