Aztèques

Aztèques, peuple amérindien qui a dominé le centre et le sud du Mexique du xiv^e au xvi^e siècle et dont l’empire florissant a été détruit par le conquistador espagnol Hernán Cortés.

Le nom « Aztèque « provient d’une terre mythique du nord, appelée Azatlán ; les Aztèques se dénommaient aussi les Mexica.

Après la chute de la civilisation toltèque, dont l’apogée se situe aux x^e et xi^e siècles, des vagues de peuples nomades venus du Mexique s’installent sur le plateau central autour du lac Texcoco. Derniers arrivants, les Aztèques sont contraints d’occuper une région peu attrayante et marécageuse, située sur la rive ouest du lac ; leur seul espace de terre sèche est une petite île. Ils sont entourés de voisins puissants qui les rançonnent.

La capacité des Aztèques à créer un puissant empire en l’espace de deux siècles est en partie due à leurs croyances : selon une légende aztèque, le peuple doit fonder une grande civilisation dans une région marécageuse où il trouvera un cactus poussant sur un rocher avec, perché dessus, un aigle mangeant un serpent. Or, en arrivant dans le marécage, les prêtres déclarent avoir vu cette scène — aujourd’hui, pour perpétuer la mémoire de ce mythe fondateur, l’aigle, le cactus et le serpent figurent sur les billets de banque mexicains.

À mesure que la population s’accroît, les Aztèques établissent des cités et créent des structures militaires et civiles à l’architecture complexe. En 1365, ils fondent la cité de Tenochtitlan (sur le site où s’élève aujourd’hui Mexico). Le premier empereur officiel des Aztèques est Itzcoatl, qui règne entre 1427 et 1440 environ.

À Tenochtitlan, les Aztèques convertissent le lit peu profond du lac en chinampas (jardins extrêmement fertiles formés en entassant de la boue sur le fond du lac pour créer des îles artificielles). Ils construisent des chaussées et des ponts pour relier la cité à la rive, ainsi que des aqueducs. Des canaux sont creusés à travers toute la ville pour le transport des marchandises et des personnes. Des bâtiments religieux — des pyramides aux marches géantes et aux façades de calcaire sur lesquelles sont érigés les temples — dominent le paysage.

En raison de son emplacement et de son niveau élevé d’organisation, la cité de Tenochtitlan prospère. À l’époque où les Espagnols commencent leurs conquêtes, en 1519, le grand marché de Tlatelolco (cité incorporée à la capitale Tenochtitlan) attire quotidiennement jusqu’à 60 000 personnes. Les marchandises arrivent entre les mains des Aztèques en paiement de tributs versés par les territoires conquis, et de nombreuses marchandises sont exportées de la cité pour être vendues dans d’autres régions de l’Empire aztèque et de l’Amérique centrale.

En concluant des alliances militaires avec d’autres cités, les Aztèques créent un vaste empire qui s’étend du centre du Mexique jusqu’à l’actuelle frontière du Guatemala. Au début du xv^e siècle, la capitale Tenochtitlan gouverne conjointement avec les cités-États de Texcoco (capitale des Chichimèques) et de Tlatelóco (actuellement Tacuba). Progressivement, les Aztèques affirment leur supériorité et l’Empire devient officiel avec le souverain Itzcoatl (v. 1427-1440). Les Aztèques prennent ainsi la tête de la fédération, et engagent en parallèle des guerres de conquête, en particulier sous le règne de Moctezuma I^er (v. 1440-1469).

En 1520, à la fin du règne du sixième empereur, Moctezuma II (1502-1520), 38 provinces tributaires ont été instaurées. Cependant, certains des peuples aux confins de l’Empire aztèque restent farouchement indépendants. De surcroît, l’immense Empire doit faire face à des divisions et dissensions internes — ce qui facilite la conquête espagnole entre 1519 et 1521.

Dans l’Empire aztèque, la société est divisée en trois classes : les esclaves, les roturiers et la noblesse. Le statut d’esclave est comparable à celui de serviteur lié par contrat. Si les enfants de parents pauvres peuvent être vendus et asservis, ce n’est que pour une période limitée. Les esclaves peuvent acheter leur liberté ; ceux qui parviennent à s’enfuir de chez leurs maîtres et à atteindre le palais royal se voient immédiatement accorder la liberté.

Les roturiers, ou maceualtin, reçoivent de manière viagère une parcelle de terrain sur laquelle ils construisent leurs demeures. Cependant, la plus basse classe de roturiers (tlalmaitl) n’est pas autorisée à posséder des biens ; ce sont des métayers.

Les membres de la noblesse, ou pipiltin, sont des nobles par naissance, des prêtres et les individus (surtout des guerriers) qui ont conquis leur rang.

Dans la religion aztèque, de nombreux dieux régentent la vie quotidienne : Coatlicue (déesse de la Terre), Quetzalcoatl (« le Serpent à plumes «, principale divinité protectrice), Huitzilopochtli (dieu du Soleil et de la Guerre), Tezcatlipoca (dieu de la Nuit et de la Guerre), Coyolxauhqui (déesse de la Lune) ou Tlaloc (dieu de la Pluie et de la Végétation).

Les sacrifices humains et animaux font partie intégrante de la religion. Pour le guerrier, l’honneur suprême est d’être tué au combat ou de se porter volontaire pour être sacrifié lors d’un grand rituel. Pour les rituels de moindre importance, ce sont généralement des prisonniers qui servent aux sacrifices. Les victimes gravissent les marches de la pyramide, où les prêtres les étendent sur une pierre convexe, puis extraient leur cœur à l’aide d’un couteau.

La langue aztèque appartient à la branche nahuatl de la famille uto-aztèque (voir langues amérindiennes). Les Aztèques utilisent une écriture idéographique, qu’ils transcrivent sur du papier ou des peaux animales. Leur littérature est transposée sur des manuscrits appelés « codex « (Codex Borbonicus, Codex Boturini, etc.). Elle est souvent épique, religieuse, lyrique ou mythologique, et riche en métaphores et en symboles.

Les Aztèques possèdent aussi un système calendaire, développé avant eux par les Mayas. Ce système est composé de 365 jours, divisés en 18 mois de 20 jours, auxquels s’ajoutent 5 jours « creux « considérés comme très néfastes. Un autre calendrier, constitué de 260 jours (20 mois de 13 jours), est exclusivement réservé à la divination.

Lorsque le conquistador Hernán Cortés arrive chez les Aztèques au début du xvi^e siècle, il s’allie à des peuples tributaires qui souhaitent s’émanciper du joug impérial. Ensemble, ils entrent dans la capitale Tenochtitlan le 8 novembre 1519 ; Hernán Cortés y est considéré comme un dieu et reçu avec les honneurs dignes d’un tel rang, l’empereur Moctezuma II voyant en lui une réincarnation du « Serpent à plumes « (Quetzalcoatl).

Malgré un premier contact pacifique, les relations entre Aztèques et Espagnols se dégradent rapidement. La brutalité de Pedro de Alvarado, lieutenant de Cortés installé dans la capitale, amène les Aztèques à fomenter une révolte contre les Espagnols, mais également contre le pouvoir impérial. L’empereur Moctezuma II est lapidé. Puis, dans la nuit du 30 juin 1520 — la Noche triste ou « nuit triste « —, les Aztèques conduits par le neveu de Moctezuma, Cuauhtémoc, chassent les Espagnols de Tenochtitlan. Finalement, le 13 août 1521, la capitale est conquise par les troupes de Hernán Cortés, et Cuauhtémoc, le nouvel empereur, est capturé et emprisonné. Le conquistador espagnol fonde, à l’emplacement de la capitale détruite, la ville de Mexico.

Aujourd’hui, les Aztèques vivent dans le voisinage de Mexico et comptent largement plus d’un million de personnes. Ils forment le plus grand groupe indigène du Mexique. Ils ont conservé la langue aztèque-nahuatl, et leur religion est un mélange de tradition aztèque et de catholicisme.

Voir aussi Amérindiens ; art précolombien ; littérature précolombienne ; langues amérindiennes ; mythes et légendes des Indiens d’Amérique.