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Baudelaire, Les Fleurs du Mal, « Spleen et Idéal », « L’Horloge » (1857)

Publié le 28/03/2014

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Baudelaire, Les Fleurs du Mal, « Spleen et Idéal «, « L’Horloge « (1857) 

 

INTRODUCTION 

- Extrait des Fleurs du Mal, section « Spleen et idéal « 1857. 

- Amorce : sens de spleen (« bile noire « en anglais, selon la théorie des humeurs) : mélancolie, mal-être profond, proche de la dépression. 

Renvoie au mouvement romantique. Baudelaire a des points communs avec les Romantiques, mais il annonce le mouvement symboliste, notamment par le fait qu’il établisse des correspondances (voir le poème du même nom dans Les Fleurs du Mal) entre les différents sens, et crée de nouvelles perceptions du monde par la suggestion des images poétiques fondées sur des impressions subjectives / personnelles. 

- Présentation du texte : thème de la fuite du temps – thème traditionnel, voir La Pléiade et Ronsard « Quand vous serez bien vieille…), mais philosophe du « carpe diem « chez Ronsard. 

 

Problématique : comment Baudelaire traite-t-il le thème traditionnel de la fuite du temps ? En quoi la vision baudelairienne du temps et de l’humain est-elle profondément pessimiste ? 

 

I. Le temps humain 

 

1. Le système énonciatif (structure du poème) 

 

- Apostrophe de l’horloge (v.1) par le poète, représenté par « nous «(v.2), par lequel il s’assimile à l’ensemble du genre humain 

- Idée d’universalité reprise par 

o « chaque homme « v.8 

o « mortel folâtre « v.15 

o « toutes les langues (v.14), vivantes et mortes 

o Les majuscules de certains noms communs =allégories (qui personnifient les abstractions que désignent ces noms) : « Temps «, « Plaisir «, « Douleurs «, « Seconde «, « Maintenant «, « Autrefois «, « Hasard «, « Vertu «, Repentir «, et qui suggèrent la généralisation. Le poète est le représentant de l’humanité. 

- L’apostrophe des vers 1 et 2 introduit le discours de l’horloge : au vers 2, le récepteur prend la parole et devient le deuxième émetteur qui s’adresse au poète. Le poème se présente donc comme un dialogue entre le poète et le temps. Discours de l’horloge relayé par « Seconde « et « Maintenant « (v.9 et 11), autres formes du temps 

= Le poète ne fait qu’introduire, transmettre, rapporter le discours de l’horloge, c’est un passeur. 

 

2. Un avenir inéluctable 

 

- Mis en évidence par les temps verbaux : présent de vérité générale ou futur à valeur prophétique : voir « planteront «, « fuira «, « sonnera l’heure « 

Idée de punition, condamnation tragique. 

/ Voir également les impératifs « souviens-toi « (cinq fois), « Meurs « qui laisse à penser que l’homme ne peut vivre l’instant tellement il est fugace, et que la conscience qu’il a du temps qui passe inexorablement lui gâche les rares moments de plaisir qui lui sont alloués. 

- Idée d’avenir implacable, sans issue (« mortel «, « il est trop tard « v.24), présente également dans les désignations du temps : 

o Objets mécaniques (l’horloge, la clepsydre), 

o Adverbes couvrant passé, présent, avenir (maintenant, autrefois, toujours tantôt, tard) 

o Divisions mathématiques du temps : sensation de temps mesuré, compté et donc très court (seconde, heure, minute, saison, jour, nuit). 

o 24vers 24 heures ? 

Transition : l’homme est soumis au temps, il est dominé par lui, il en est prisonnier. 

II. Le temps destructeur 

 

1. Les différentes figures allégoriques du temps/ Caractère violent, cruel, sanguinaire du temps 

 

- Un dieu qui menace « sinistre, effrayant « v1-2 (et qui rappelle cruellement sa présence le plus souvent possible !!) 

- Un animal qui « dévore «v.7 

- Un insecte qui vampirise v.11-12 « pompé ta vie « v.12 

- Un monstre au gosier de métal v.14 

- « un joueur avide qui gagne « v.17 

- « le gouffre « qui « a toujours soif « v.20 

= la plupart des images personnifient ou animalisent la notion abstraite du temps, afin de mettre en valeur l’inégalité du combat de l’homme contre le temps, et la monstrueuse condition qui lui est cruellement accordée. 

 

2. La vision baudelairienne de la vie 

 

- Une certaine évocation du Carpe Diem : champ lexical du bonheur, du plaisir 

o « un morceau du délice à chaque homme accordé « v.7-8 

o « prodigue « v.13 

o « mortel folâtre « v.15 

o « qu’il ne faut pas lâcher sans en extraire l’or « v.16 

o « le Plaisir « : la majuscule est allégorique (elle personnifie une abstraction) tendant à concrétiser mais également à magnifier l’abstraction. 

- Mais le dernier substantif est immédiatement dévalorisé par l’adjectif qui le qualifie « vaporeux « : inconsistant, illusoire 

« Maintenant dit : je suis Autrefois « (v.11), aspect insaisissable et donc illusoire des instants de bonheur avec lesquels l’homme s’aveugle lui-même par lâcheté. L’homme est inconséquent, futile : 

o « folâtre « v.15 

o « vieux lâche « v.24 

o « l’auguste vertu, ton épouse encor vierge « v.22 

= l’homme est un insecte éphémère et sans cervelle aux mains de dieux impartiaux, inflexibles et impitoyables. Est-ce à dire que ce combat inégal et tragique, perdu d’avance, ne vaut pas la peine d’être livré ? (Voir biographie de Baudelaire : dépression, état suicidaire) 

 

CONCLUSION 

Vision profondément pessimiste de la vie. 

L’objet de l’horloge prend la vie et écrase l’homme de son discours implacable et sentencieux. 

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