CONNOTATION (Définition du mot)

n. f Notation annexe, adjacente, qui se greffe autour du sens principal d'un mot. On parle en général de connotations au pluriel, pour désigner le halo de significations secondes, de nuances particulières (subjectives ou culturelles) prises par un mot en plus de son sens premier, appelé dénotation. Ainsi, la dénotation du mot clef sera son sens usuel, — pièce métallique servant à ouvrir ou fermer une serrure —, mais ses connotations sont immenses. — soit en fonction de l'image que chacun se fait de ce mot (les uns y voient surtout l'ouverture, les autres surtout le moyen de fermer); — soit en fonction de l'imaginaire que la société, la littérature (songeons au conte Barbe bleue) ou la culture ont tissé autour du mot (ses sens figurés : la « clef des songes », la « clef des champs », etc.). Ce simple exemple permet de faire trois remarques utiles : 1° Les connotations d'un mot sont d'abord individuelles, subjectives, liées à notre expérience du mot ou des réalités (positives ou négatives) auxquelles il renvoie. Chacun a ainsi son image du mot pierre, du mot église, du mot mariage, du mot discipline, etc. 2° Les connotations des mots sont aussi, très vite, collectives (liées à tel groupe social) ou culturelles (figées dans le réseau de significations que recense le dictionnaire, à travers les expressions, les sens figurés, les citations). L'emploi de tel ou tel mot pour désigner une même réalité dépendra donc souvent des connotations que la langue lui a données (par exemple, pour désigner mon véhicule à quatre roues, je puis dire : véhicule, voiture, automobile, bagnole, tire, caisse... selon l'image que je veux en donner). 3° Les connotations ont beau être «secondes », par rapport au sens premier (la dénotation du mot), elles ne sont nullement secondaires. Aux yeux de l'écrivain, elles sont souvent principales. Elles aident à donner un certain climat (réaliste, poétique, symbolique) aux textes. Les grands auteurs sont même des créateurs de connotations par l'emploi qu'ils font de certains mots, par la charge personnelle qu'ils leur donnent. Ainsi, le mot divertissement après Pascal, le mot spleen après Baudelaire, enrichis des connotations propres à leurs oeuvres respectives, n'ont plus le sens réduit, usuel, limité, qu'ils avaient auparavant.