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Dissertation gratuite: Imaginer Est-Ce Là Le Bonheur ?

Publié le 22/07/2010

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Imaginer, du latin imaginari, imaginatio signifiant image, est la faculté que possède l'esprit de se représenter ou de former des images. Imaginer est aussi le pouvoir d'éterniser des instants de bonheur, en évitant le sentiment du regret, lié à la disparition d'un bonheur passé. Le bonheur quant à lui, est une addition de deux mots, bon et heur, signifiant bonne chance. On entend par ce terme un sentiment de satisfaction complète et de plénitude. Cependant, il est important de ne pas mélanger bonheur et plaisir, et bonheur et joie.  Epicure disait, dans sa Lettre à Ménécée, que le but ultime de la vie de l'homme était la recherche du bonheur, de cet état d'être heureux, et de ne plus avoir de désirs en soi. On en vient donc à se questionner sur la façon pour l'homme de pouvoir accéder à ce bonheur, de progresser dans cette vaine recherche de l'ataraxie et de l'aponie la plus complète.  Imaginer, est donc là le bonheur ? La faculté de l'homme à se remémorer ou à s'inventer des images est-elle un chemin possible au bonheur ?  Nous verrons dans un premier temps comment l'homme peut par imagination arriver au bonheur, puis nous contrasterons avec le fait que l'imagination ne peut être aussi qu'une illusion du bonheur. Nous finirons sur la conception kantienne du bonheur, afin de contraster nos deux visions.          D'aprés Nietzsche, le bonheur doit être actif et dynamique. Pour lui, l'artiste est un vecteur de vie car il crée des choses par le biais de son imagination. C'est un idéal humain. Il n'a pas peur de la vie, il est donc apte à imaginer beaucoup. L'homme qui se contente de vivre de ce qui advient, avec passivité et prudence n'est pas heureux. Il a peur de la vie et est donc faible. Le bonheur doit être la récompense d'un dépassement de soi, d'une affirmation de ses passions, ses désirs de la vie. Or ce dépassement se réalise à travers l'imagination de l'homme, afin d'être ce qu'il n'est pas déjà.  Comme nous l'indiquions précédemment, imaginer permet à l'homme de se replonger dans son passé, et de s'en remémorer tout les souvenirs heureux. L'homme ne profite alors pas des moments présents dans lesquels il est plongé, mais se préfère à aller rechercher dans le passé, les images, les souvenirs qui lui procurait cette béatitude complète, ce bien être du corps et de l'âme, qu'Epicure qualifie de bonheur. L'imagination est alors le moyen d'offrir à l'esprit cette continuité au bonheur, parfois même de manière plus forte. L'homme est connu pour être un éternel insatisfait, qui ne sait se contenter du présent, « On lui donne la main, il veut le bras «. Le présent n'est jamais à la hauteur de ses espérances. Il n'est jamais en mesure de combler tout ces manques autant du corps que de l'âme car d'après Proust le présent est n'est jamais perfectible. L'homme a donc besoin d'imaginer ce qui pour lui représente le perfectible, ou de penser à des moments déjà écoulés afin de se rendre compte de la valeur du présent et ainsi de se sentir heureux. Ainsi, l'imagination nous détourne du réel, et elle nous amène là où ne sommes pas et ainsi nous permet de nous de supporter un présent qui se voudrait douloureux et nous rend présent ce qui ne le serait pas.    Cependant, se sentir heureux par le biais de l'imagination ne serait pas un moyen qu'à l'homme de se confronter aux illusions du bonheur ?    François de La Rochefoucauld disait : « On n'est jamais si heureux ni si malheureux qu'on s'imagine «. Cette idée est reprise par Pascal dans le fragment 41 des Pensées, comme quoi l'imagination est une très grande puissance trompeuse. « Il suffit de croire pour vivre «, ce qui nous conforte dans l'idée que l'imagination n'offre alors qu'une illusion du bonheur.  De plus si l'on en prend la théorie de Schopenhauer qui estime que la condition humaine est marquée avant tout par le malheur, l'homme ne peut donc alors jamais être heureux, et ne peut qu'être malheureux. Le plaisir n’est selon lui que la cessation d’une souffrance, c’est pourquoi « le bonheur est sans positivité «. Le chemin qui mène au bonheur est donc une voie sans issue. L'homme, selon lui, ne connait la vraie valeur des choses que par la souffrance qu’entraîne leur manque. L'imagination n'est qu'alors un moyen qu'utilise l'homme pour se sortir momentanément de son malheur et se donner l'impression d'être heureux.  Tocqueville dénonce le caractère de l'homme a sans cesse vouloir rechercher son bien-être. Il s'imagine son bonheur dans des aspects de sa vie qu'il ne possède pas, et est donc constamment à la recherche de ses aspects qu'il s'invente. Ainsi, Tocqueville craint en outre qu’en se complaisant « dans cette recherche honnête et légitime du bien-être «, l’homme ne se dégrade finalement lui-même. La plupart des hommes des sociétés occidentales ont pour but dans leur vie d'être heureux et de réussir leur vie. Ce désir incessant à vouloir atteindre l'apogée de quelque chose qu'il ne connait pas en imaginant le bonheur que cela pourrait lui procurer, l'homme passe à côté de son propre épanouissement, et de la réalisation de lui même.    Mais le bonheur est-il le même pour chaque homme ? Chaque individu ne peut-il pas trouver son compte entre réalité et imagination ?    Le bonheur, que Kant appelle « jouissance de la vie «, est ce que recherchent tous les hommes. Le problème est que chaque homme se fait une conception différente du bonheur. On ne peut donc pas vraiment dire en quoi le bonheur consiste. Cela reste un concept vague et indéterminé. Il correspond principalement à un « idéal de l’imagination «. Le bonheur serait en quelque sorte une chimère, un bien inaccessible. Il est même « pathologique «, puisqu’il est essentiellement apparenté aux émotions, aux sentiments et aux passions. Or ce qui est du ressor de l’affectif ne doit pas être pris en compte s’il s’agit de savoir quel est le but principal de l'homme.  Le bonheur est alors une possibilité dans notre vie et non pas une nécessité puisqu'il relève non pas de la raison mais de cet idéal subjectif de l'imagination. L'homme doit être libre de déterminer ce qui le rend heureux, mais cela ne doit pas porter atteinte à sa raison. Chaque individu conçoit le bonheur et essaye de l’atteindre à sa façon.    En conclusion, imaginer est en premier lieu un moyen d'accéder au bonheur dans sa fonction de ramener l'individu dans son passé, et lui permettant de revivre des sensations éprouvées lors de souvenirs heureux. En effet celui ci constamment insatisfait du présent dans lequel il vit, a besoin de se remémorer le passé intensément pour apprécier le présent.  Cependant, l'imagination, qui est une très grande puissance, est très trompeuse. Elle peut être aussi conçue comme de simples illusions pour l'homme, l'empêchant de s'épanouir véritablement. Il s'attache à des impressions mais rien de concret, elle peut l'emmener à sa propre dégradation.  Tout ceci est contrasté par Kant qui dans sa conception du bonheur, nous propose un idéal subjectif du bonheur par l'imagination propre à chaque homme. Chacun d'entre eux est maître de la façon par laquelle il atteint ce bonheur.

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