Être contraint et s'obliger, est-ce la même chose ?
Publié le 24/07/2010
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Kant, dans la Critique de la raison pratique, première partie, oppose une action dont la cause est la passion (l'amoureux qui cède à son penchant au plaisir) à une action dont la cause est le devoir ou la conscience morale. Il s'agit de comprendre en quoi ces deux types d'action obéissent à des lois complètement différentes. Il faut cerner la spécificité de chacune d'entre elles. Si la personne agit par devoir, le motif de l'action est le devoir lui-même. On dira quelle a agi par obligation. Elle est autonome, c'est-à-dire quelle a agi en fonction dune règle quelle s'est donnée à elle-même. Autrement dit, elle est libre puisqu'en agissant par devoir, elle ne fait que s'obliger elle-même, elle obéit à sa raison, à ce qui est universel en elle, valable pour tous. Dans l'action morale, la cause de l'action, c'est la raison. Dans l'action morale authentique, la seule cause de l'action est le devoir (ou la raison), par opposition aux actions qui mettent en jeu un intérêt. Si la personne est contrainte, par exemple par la passion, elle a été forcée, et n'est plus ni libre, ni raisonnable, ni autonome. La contrainte est toujours sensible, ou "sensuelle" comme dans le cas de la passion ; c'est ce que Kant appelle "l'hérétonomie" : accepter une contrainte qui relève du sensible, c'est se placer sous le commandement d'autre chose que soi-même. Soi-même, c'est la raison. S'obliger ce n'est pas être passif; c'est un verbe réflexif, qui renvoie à une action (et non une passion) de la raison.
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- « Quelle étrange chose, mes amis, paraît être ce qu'on appelle le plaisir et quel singulier rapport il a naturellement avec ce qui passe pour être son contraire, la douleur! Qu'on poursuive l'un et qu'on l'attrape, on est presque toujours contraint d'attraper l'autre aussi... C'est ce qui m'arrive puisque après la douleur que la chaîne me causait à la jambe je sens venir le plaisir qui la suit. » (Socrate d'après PLATON in Phedon.). Commentez cette citation.
- « Quiconque refusera d'obéir à la volonté générale y sera contraint par tout le corps : ce qui ne signifie autre chose sinon qu'on le forcera d'être libre. » Rousseau, Du contrat social, 1762. Commentez cette citation.