Être contraint et s'obliger est-ce la même chose?
Publié le 30/01/2005
                             
                        
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                                                                    Mais, le mouvement par lequel je m'oblige est doncune sorte d'intégration de la contrainte : je me force à travailler, parce que je saisque cette  contrainte  pèse sur tout  individu.
                                                            
                                                                                
                                                                     On peut  alors,  en ce sens  qu'ilsapparaissent tous deux comme une limitation, extérieure (bien que dans un cas jesois l'auteur de l'obligation – mais aussi au sens où je me contrains moi-même), denotre  liberté, identifier  contrainte extérieure  et passive et obligation  intérieure etactive.	·        	Pourtant, une telle identification pose d'emblée le problème du devoir qu'il faut	dès lors redéfinir.	 	II-          	Une différence fondamentale : entre passivité et activité du sujet moral	 	·        	En réalité, l'obligation se distingue de la contrainte comme un concept normatif	d'un concept positif : alors que la contrainte décrit une situation réelle dans laquellenous sommes physiquement forcés de faire quelque chose, l'obligation, quant à elle, décrit une situation dans laquelle nous n'avons pas le droit de ne pas faire quelquechose.	·        	De la même manière, alors que la contrainte relève du fait, l'obligation relève de	la justice ou du bien, voire du bien commun.
                                                            
                                                                                
                                                                    Ainsi, un individu peut être contraint dene pas  voler  (parce  que la présence  d'obstacles  lui rend  le vol  matériellementimpossible) ; mais c'est tout autre chose de dire qu'il a l'obligation de ne pas voler(parce que cela serait injuste et que cela lui est interdit moralement).	·        	On comprend alors que ce qui se joue ici au fond entre la distinction entre « être	contraint » et « s' » obliger » recouvre une distinction plus profonde qui est celle dela force et du droit.	·        	Quand la contrainte naît de la force, l'obligation, elle, naît de la loi.
                                                            
                                                                                
                                                                    La contrainte	est ainsi l'exercice de  la force contre quelqu'un : elle n'est d'ailleurs  pas toujoursnégative et peut  être une puissance  qui vaut  en vue  du bien  de celui  que l'oncontraint, voire en vue du bien commun et qui peut aussi bien être souhaitée parcelui contre qui elle s'exerce (cf.
                                                            
                                                                        
                                                                    port de la ceinture de sécurité).	·        	Dans le mouvement par lequel je m'oblige, et je ne suis plus seulement contraint	de l'extérieur et passivement, j'intériorise la contrainte et la transforme en devoir :j'engage  avec moi la morale,  je deviens,  en acte,  un sujet  proprement  morale.L'obligation est en ce sens  intériorisation,  compréhension,  et digestion  de lanécessité  d'une loi.
                                                            
                                                                                
                                                                    S'obliger  c'est plus que jamais  être libre,  alors que dans  lacontrainte extérieure, je vis encore la force contraignante comme un obstacle à laréalisation  de ma  liberté.
                                                            
                                                                                
                                                                     Lorsque  je m'oblige  c'est alors que je comprends  lanécessité d'une action, d'une loi, etc., et que je suis en cela moralement autonomeet indépendant.
                                                            
                                                                                
                                                                    S'obliger soi-même est donc un mouvement par lequel le sujet selibère de la pure contrainte extérieure.	·        	Ce qui nous amène légitiment à la question morale du pourquoi faire son devoir :	pourquoi donc s'obliger ? C'est bien la définition du devoir en tant que tel qui est icidès lors en jeu.	 	III-	       	Pourquoi faire son devoir ?	 	·        	Le devoir pour les autres	 : il nous semble souvent que c'est la peur d'être puni	qui nous  pousse  à faire  notre  devoir.
                                                            
                                                                                
                                                                     Le devoir  serait une sorte  de punitionintériorisée, se manifestant par la culpabilité lorsqu'on ne le suit pas.
                                                            
                                                                                
                                                                    Mais dans descirconstances où nous savons que l'impunité est absolument  certaine, pourquoi lesuivons-nous, ou pourquoi nous sentons-nous coupables ?	·        	Le plus souvent les coupables cachent leur faute, et ceux qui font leur devoir	aiment qu'on le sache.
                                                            
                                                                                
                                                                    Ne fait-on pas son devoir pour goût d'une bonne renommée,ne cache-t-on pas ses fautes par peur de la honte ? Il n'y a pas de raison de lefaire, dès lors, s'il n'y a personne pour le savoir.	·        	La  seule  passion  qui puisse  justifier  que l'on fasse  son devoir  en toute	circonstance, c'est l'amour.
                                                            
                                                                                
                                                                    Par bienveillance pour autrui, je fais son bien, même sipersonne ne le sait ; mais n'est-ce pas par plaisir d'une bonne opinion de soi-même,comme on écrase sa larme sur soi faisant l'aumône ?	·        	Le sentiment qui nous retient au bord de la faute, et nous pousse à nous obliger	nous-mêmes, semble d'une  façon générale, commandé par l'utilité  qu'on en retire.Faire le bien  des autres,  pour son propre bien  à terme, pour avoir  la consciencetranquille, pour être fier de soi-même, pour n'être pas puni ?	·         	L'impunité  nous libèrerait  du devoir, si nous le faisions  toujours en  vue des.
                                                                                                                    »
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- « Quelle étrange chose, mes amis, paraît être ce qu'on appelle le plaisir et quel singulier rapport il a naturellement avec ce qui passe pour être son contraire, la douleur! Qu'on poursuive l'un et qu'on l'attrape, on est presque toujours contraint d'attraper l'autre aussi... C'est ce qui m'arrive puisque après la douleur que la chaîne me causait à la jambe je sens venir le plaisir qui la suit. » (Socrate d'après PLATON in Phedon.). Commentez cette citation.
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