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Foi en la science CONDORCET

Publié le 25/03/2020

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Foi en la science

CONDORCET

1743 - 1794 Esquisse d'un tableau historique des progrès de l'esprit humain (1793)

Si nous nous bornions à montrer les avantages qu’on a retirés des sciences dans leurs usages immédiats, ou dans leur application aux arts, soit pour le bien-être des individus, soit pour la prospérité des nations, nous n'aurions fait connaître encore qu'une faible partie de leurs bienfaits.

Le plus important peut-être est d'avoir détruit les préjugés, redressé en quelque sorte l'intelligence humaine, forcée de se plier aux fausses directions que lui impriment les croyances absurdes transmises à l'enfance de chaque génération, avec les erreurs de la superstition et la crainte de la tyrannie.

Toutes les erreurs en politique, en morale, ont pour base des erreurs philosophiques, qui elles-mêmes sont liées à des erreurs physiques. Il n’existe, ni un système religieux, ni une extravagance surnaturelle, qui ne soient fondés sur l'ignorance de la nature. Les inventeurs, les défenseurs de ces absurdités, ne pouvaient prévoir le perfectionnement successif de l'esprit humain. Persuadés que les hommes savaient, de leurs temps, tout ce qu'ils pouvaient jamais savoir, et croiraient toujours ce qu'ils croyaient alors, ils appuyaient avec confiance leurs rêveries sur les opinions générales de leur pays et de leur siècle.

Les progrès des connaissances physiques sont même d'autant plus funestes à ces erreurs, que souvent ils les détruisent sans paraître les attaquer, et en répandant sur ceux qui s’obstinent à les défendre le ridicule avilissant de l'ignorance.

En même temps l'habitude de raisonner juste sur les objets de ces sciences, les idées précises que donnent leurs méthodes, les moyens de reconnaître ou de prouver une vérité, doivent conduire naturellement à comparer le sentiment qui nous force d'adhérer à des opinions fondées sur ces motifs réels de crédibilité, et celui qui nous attache à nos préjugés d'habitude, ou qui nous force de céder à l'autorité; et cette

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« i t· r SCIENCES ET CIVILISATION comparaison suffit pour apprendre à se défier de ces dernières opi­ nions, pour faire sentir qu'on ne les croit réellement pas, lors même qu'on se vante de les croire, qu'on les professe avec la plus pure sincé­ rité.

Or ce secret, une fois découvert, rend leur destruction prompte et 3 5 certaine.

Enfin, cette marche des sciences physiques que l'intérêt et les pas­ sions ne viennent pas troubler, où l'on ne croit pas que la naissance, la profession, les places donnent le droit de juger ce qu'on n'est pas en état d'entendre, cette marche plus sûre ne pouvait être observée sans 40 que les hommes éclairés cherchassent dans les autres sciences à s'en rap­ procher sans cesse; elle leur offrait à chaque pas le modèle qu'ils devaient suivre, d'après lequel ils pouvaient juger de leurs propres efforts, reconnaître les fausses routes où ils auraient pu s'engager, se préserver de la crédulité comme du pyrrhonisme ! , d'une soumission 4 5 trop entière même à l'autorité des lumières et de la renommée.

Sans doute, l'analyse métaphysique conduisait aux mêmes résul­ tats; mais elle n'eût donné que des préceptes abstraits; et ici les mêmes principes abstraits, mis en action, étaient éclairés par l'exemple, forti­ fiés par le succès.

so Jusqu'à cette époque les sciences n'avaient été que le patrimoine de quelques hommes; déjà elles sont devenues communes, et le moment approche où leurs éléments, leurs principes, leurs méthodes les plus simples deviendront vraiment populaires.

C'est alors que leur intérêt pour les arts, que leur influence sur la justesse générale des esprits ss seront d'une utilité vraiment universelle.

1.

Docuïne du philosophe grec Pyrrhon (v.

365�275 av.

J.-C.) selon laquelle on ne peut rien connaître avec certitude, Synonyme de scepticisme.

· • -Relevez, en les classant, les avantages que l'homme a retirés des sciences. 1 • • Donnez, d'après le contexte, le sens des mots «crédibilité» (l.

29) et «crédulité» (!.

44).

Quel rôle la science a-t-elle joué dans la différenciation de ces deux atti· tu des? .

• Identifiez les procédés stylistiques employés par Condorcet, lignes 36 à 45, en pré­ cisant leur valeur argumentative.

1 • En un dévoloppement structuré, dites si le rôle de la science est de détruire les pré- j�gés, la superstition. ::i,,.

Groupement de textes : voir 97-I00-106-113-114.

165. »

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