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Grand cours: LE DROIT (5 de 16)

Publié le 22/02/2012

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2) LE DROIT NATUREL ANTIQUE

- Outre le fondement métaphysique dans un ordre transcendant et sacré, le droit peut également s’enraciner dans un fondement philosophique. Si l’idée d’un droit naturel a permis, à l’époque moderne, d’évacuer Dieu en tant que source de la légitimité du droit et de saper ainsi les fondements théoriques de la théorie de droit divin, il convient toutefois de préciser que l’idée d’un droit naturel n’est pas nécessairement incompatible avec celle d’une légitimité transcendante : dans le cadre des trois grandes religions monothéistes – judaïsme, christianisme et islam -, Dieu est le créateur de la nature, de sorte que tout ce qui est naturel vient de lui. Mais il est incontestable qu’en devenant naturel ou humain, le droit perd peu ou prou son caractère divin.

- Le droit naturel revêt d’abord la forme du droit naturel antique qui repose sur l’idée d’un droit fondamental respectant une règle de nature. L’idée de loi naturelle implique l’existence d’une règle de justice immuable, inscrite dans l’Univers à laquelle, indépendamment des lois positives, les hommes doivent, dans leurs rapports réciproques, se conformer.

- Cette loi de nature sous-entend qu’il existe un ordre objectif qui traverse le monde et qui inonde la conscience elle-même. Cette notion de nature est alors entendue au sens d’un étalon qui permet à la réflexion de transcender le réel, de dépasser la positivité des lois pour la juger à partir de la considération du meilleur régime (= juste). La nature est ainsi adoptée comme critère du juste, la norme étant l’ordre cosmique qui, indépendant du sujet, constitue une dimension de l’objectivité.

- L’ordre du monde est considéré, dans cette perspective, comme clos et circulaire, hiérarchisé, finalisé. Dès lors, est juste ce qui occupe la place qui lui revient, ce qui correspond à sa fin naturelle; l’injustice est une violence faite à la nature. Les lois positives doivent s’efforcer d’exprimer le plus adéquatement possible ce juste naturel à la fois objectif (inscrit dans la nature des choses) et transcendant (la nature est aussi une fin vers laquelle chaque chose doit tendre).

- Le droit est alors la science du partage, de la répartition consistant à attribuer à chacun ce qui lui revient. La justice est avant tout une justice distributive (cf. Deuxième partie du cours sur l’idée de justice) consistant à déterminer ce qui, en fonction de la hiérarchie naturelle du cosmos, revient à chacun. Aux inégaux doivent revenir des parts inégales si cette inégalité est fondée en nature. C’est ainsi qu’Aristote justifie l’esclavage en déclarant qu’il est fondé en nature et qu’il est normal (naturel) que les plus intelligents commandent aux moins intelligents, les hommes aux femmes, etc. L’inégalité est donc fondée en droit au sens où tous ne peuvent pas revendiquer le même droit : tout dépend de leur statut (place) déterminé par leur nature. Une constitution injuste est celle qui détermine les statuts sans tenir compte de la nature des êtres

- Ce n’est donc pas l’homme qui est la mesure de toute chose, comme le prétendait Protagoras, mais la nature. Le droit idéal ne renvoie pas à une revendication subjective rationalisée, mais à une description de la nature et des valeurs qui lui sont immanentes.  Il n’y a  pas de droits de l’homme dans l’Antiquité au sens où l’homme pris génériquement n’existe pas : il y a des Grecs et des Barbares, des citoyens et des métèques, des hommes et des femmes, des maîtres et des esclaves, mais pas d’hommes en général (pour la TL, voir, dans le cours « nature-culture «, le chapitre consacré à l’histoire de la notion de genre humain). Le droit est relatif aux catégories « naturelles «.

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