il quitta le pouvoir en 1944 et s'exila en Flo-ride après avoir été battu aux élections

Fulgencio Batista Y Zaldivar (1901-1973), plus connu sous son seul de nom de Batista, représente le Cuba d'une époque, celle de l'impérialisme américain. Ce sont d'ailleurs les Américains qui décident le sergent Batista à prendre le pouvoir en 1934. La seule condi¬tion émise par eux est de rallier autour de lui la coali¬tion conservatrice. Batista y parvient très facilement. Ses méthodes sont quelque peu expéditives. Face à l'agitation sociale de l'année 1934, il annonce "qu'il y aura la Zafra (la récolte de cannes) ou qu'il y aura le

sang". Il met en pratique ses paroles avec une violence inouïe et brise toute résistance politique ou sociale.

Batista est un fin joueur. Six ans après les avoir pour-chassés et alors qu'il règne en maître incontesté, il gagne les élections présidentielles grâce aux votes des communistes. Les raisons de cette aide inattendue sont de deux ordres. D'une part, il a été le premier à leur accorder une existence légale. D'autre part, la conjoncture internationale plaide en sa faveur. Les communistes soviétiques lancent un mot d'ordre pour lutter contre le fascisme et mettent en garde contre des alliances avec d'autres partis de la gauche considérés comme des "insurrectionnalistes incorrigibles". Les communistes cubains sortent de leur isolement grâce à une alliance avec Batista. Ils y gagnent deux porte-feuilles ministériels en 1942. Ce sont les premiers mi-nistres communistes en Amérique latine.

En 1944, respectant la Constitution, Batista quitte le pouvoir après que son candidat a été battu. Il s'exile alors en Floride. Jusqu'en 1952, il reste en dehors de la politique cubaine. Mais cet interrègne est celui de la corruption et du gangstérisme. Sans la citer, on pense que c'est bien plus la mafia que les présidents Grau, puis Prio Saccaras qui dirige le pays. En 1952, Batista, à la tête d'une poignée de soldats, reprend le pouvoir. Les Etats-Unis soutiennent le nouveau régime et ce jusqu'en 1958. Mais le régime de Batista est plus sanglant encore que celui de ses prédécesseurs. La corruption règne et les alliances occultes de Batista avec la mafia sont patentes. L'anti-américanisme gagne dès lors du terrain. Et ce, d'autant plus que la dépendance économique vis-à-vis des Etats-Unis est totale, plus particulièrement en ce qui concerne le

sucre, principale et quasi unique ressource d'exporta-tion du pays.

Fidel Castro organise la résistance et le dictateur Batista est renversé le ler janvier 1959. Ses partisans essaieront bien de reprendre le pouvoir en débarquant à la baie des Cochons mais l'expédition, mise sur pied avec l'appui des Etats-Unis, se révélera un échec re¬tentissant.