IMPORTANCE DE LA CRITIQUE PERSONNELLE.
Publié le 28/04/2011
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Les classiques ont pratiqué la critique dogmatique, fondée sur les règles ; mais c'est cependant, chose à première vue paradoxale, à la critique personnelle qu'ils accordent la plus grande importance. Boileau lui-même dit : Le secret est d'abord de plaire et de toucher. Enfin, allant plus loin, ils font de la longue approbation de la postérité le seul, mais le sûr garant de la valeur d'une œuvre. C'est ce que l'on verra expliqué dans le texte suivant, extrait de la VIIe réflexion critique sur Longin (1694), et écrit en riposte aux attaques de Perrault contre les anciens. Il n'y a que l'approbation de la postérité qui puisse établir le vrai mérite des ouvrages. Quelque éclat qu'ai fait un écrivain durant sa vie, quelques éloges qu'il ait reçus, on ne peut pas pour cela infailliblement conclure que ses ouvrages soient excellents. De faux brillants, la nouveauté du style, un tour d'esprit qui était à la mode peuvent les avoir fait valoir ; et il arrivera peut-être que dans le siècle suivant on ouvrira les yeux, et que l'on méprisera ce que l'on a admiré. Nous en avons un bel exemple dans Ronsard et dans ses imitateurs, comme du Bellay, du Bartas, Desportes, qui dans le siècle précédent ont été l'admiration de tout le monde et qui aujourd'hui ne trouvent pas même de lecteurs... Et il ne faut point s'imaginer que la chute de ces auteurs soit venue de ce que les langues de leur pays ont changé : elle n'est venue que de ce qu'ils n'avaient point attrapé dans ces langues le point de solidité et de perfection qui est nécessaire pour faire durer et pour faire à jamais priser des ouvrages. ... Mais lorsque des écrivains ont été admirés durant un fort grand nombre de siècles, et n'ont été méprisés que par quelques gens de goût bizarre (car il se trouve toujours des goûts dépravés), alors non seulement il y a de la témérité, mais il y a de la folie à vouloir douter du mérite de ces écrivains. Que si vous ne voyez point les beautés de leurs écrits, il ne faut pas conclure qu'elles n'y sont point, mais que vous êtes aveugle, et que vous n'avez point de goût. Le gros des hommes, à la longue, ne se trompe point sur les ouvrages d'esprit. Il n'est plus question, à l'heure qu'il est, de savoir si Homère, Platon, Cicéron, Virgile, sont des hommes merveilleux ; c'est une chose sans contestation, puisque vingt siècles en sont convenus ; il s'agit de savoir en quoi consiste ce merveilleux qui les a fait admirer de tant de siècles, et il faut trouver moyen de le voir, ou renoncer aux belles-lettres, auxquelles vous devez croire que vous n'avez ni goût ni génie, puisque vous ne sentez point ce qu'ont senti tous les hommes. Boileau.
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