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La justice opposée au ressentiment.

Publié le 22/02/2012

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justice
Lorsqu'il arrive réellement que l'homme juste reste juste envers celui qui l'a lésé (juste, et non point seulement froid, mesuré, dédaigneux, indifférent : être juste implique toujours une condition positive); lorsque, même sous l'assaut des offenses personnelles, des insultes, des soupçons, il conserve inaltérable l'objectivité haute, claire, profonde et tendre à la fois, de son regard juste et qui juge, eh bien! alors il nous faudra reconnaître quelque chose comme la perfection incarnée, comme la plus haute maîtrise sur la terre — quelque chose, en tous les cas, à quoi l'on fera bien de ne pas s'attendre, à quoi l'on ne devra certainement pas croire trop légèrement. En thèse générale il est certain que, même chez les personnes les plus intègres, il suffira d'une petite dose de perfidie, de méchanceté et d'insinuation pour faire monter le sang à la tête et en chasser l'équité. L'homme actif, agressif, même violemment agressif, est encore cent fois plus près de la justice que l'homme « réactif »; aussi n'est-il nullement nécessaire pour lui, comme ferait, comme devrait faire l'homme réactif, de juger son objet faussement et de parti pris. C'est pourquoi, en effet, à toutes les époques, l'homme agressif, étant plus fort, plus courageux, plus noble, a eu aussi en partage l'oeil le moins prévenu et la meilleure conscience : d'autre part, on devine déjà qui a sur la conscience l'intervention de la « mauvaise conscience », — l'homme du ressentiment ! NIETZSCHE.

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