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Le mot "faculté" dans l'oeuvre de DESCARTES

Publié le 17/07/2010

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descartes

 

Règles pour la direction de l’esprit, Règle septième.

Aussi disons-nous qu’il faut suppléer à la faculté de la mémoire par un exercice continuel de la pensée.

  Règles pour la direction de l’esprit, Règle huitième.

Et d’abord nous remarquerons qu’en nous l’intelligence seule est capable de connaître, mais qu’elle peut être ou empêchée ou aidée par trois autres facultés, c’est à savoir, l’imagination, les sens, et la mémoire.

Il faut donc voir successivement en quoi ces facultés peuvent nous nuire pour l’éviter, ou nous servir pour en profiter.

  Règles pour la direction de l’esprit, Règle neuvième.

Après avoir exposé les deux opérations de l’intelligence, l’intuition et la déduction, les seules qui puissent nous conduire à la connaissance, nous continuons d’expliquer, dans cette règle et dans la suivante, par quels moyens nous pouvons devenir plus habiles à produire ces actes, et en même temps à cultiver les deux principales facultés de notre esprit, savoir la perspicacité, en envisageant distinctement chaque chose, et la sagacité, en déduisant habilement les choses l’une de l’autre.

  Règles pour la direction de l’esprit, Règle douzième.

Il y a en nous quatre facultés dont nous pouvons nous servir pour connaître, l’intelligence, l’imagination, les sens et la mémoire.

Cette énumération me paraît complète, elle embrasse tout ce que les facultés de l’homme peuvent atteindre.

quelles sont, dans ce tout complexe, les facultés qui servent à la connaissance, et en quoi y contribue chacune d’elles ;

mais comme cela ne m’est pas permis ici, il me suffira d’indiquer le plus brièvement possible la manière, selon moi, la plus utile à mon dessein, de concevoir toutes les facultés qui sont en nous destinées à l’acquisition des connaissances.

Aussi reçoit-elle, à raison de ces diverses facultés, les noms divers d’intelligence pure, d’imagination, de mémoire, de sensibilité.

Toutes ces choses une fois bien conçues, le lecteur attentif n’aura pas de peine à conclure de quel secours chacune de ces facultés nous peut être, et jusqu’à quel point l’art peut suppléer aux défauts naturels de l’esprit.

Car comme l’intelligence peut être mue par l’imagination, et agir sur elle, comme celle-ci à son tour peut agir sur les sens à l’aide de la force motrice en les appliquant aux objets, et que les sens d’autre part agissent sur elle en y peignant les images du corps, comme en outre la mémoire, au moins celle qui est corporelle et qui ressemble à celle des bêtes, est identique avec l’imagination, il suit de là que si l’intelligence s’occupe de choses qui n’ont rien de corporel ou d’analogue au corps, en vain espérera-t-elle du secours de ces facultés.

Nous dirons, en troisième lieu, que ces éléments simples sont tous connus par eux-mêmes, et ne contiennent rien de faux, ce qui se verra facilement si nous distinguons la faculté de l’intelligence qui voit et connaît les choses, de celle qui juge en affirmant et en niant.

  Règles pour la direction de l’esprit, Règle quatorzième.

Mais cette énonciation part tout entière de l’intelligence pure, qui seule a la faculté de distinguer les êtres abstraits de cette espèce.

  ABREGE DE LA MUSIQUE, De l’octave.

Et on n’ajoute pas à ces trois une autre espèce de consonance qui soit composée de trois octaves et d’une consonance simple, d’autant que ce sont les bornes où notre faculté peut aller, qui ne peut s’étendre au-delà de trois octaves, parce qu’alors les nombres des proportions se multiplieraient trop.

  LA DIOPTRIQUE, DISCOURS QUATRIEME, DES SENS EN GENERAL.

Et on sait que ce n’est pas proprement en tant qu’elle est dans les membres qui servent d’organes aux sens extérieurs, qu’elle sent, mais en tant qu’elle est dans le cerveau, où elle exerce cette faculté qu’on appelle le sens commun ;

car, voyant que les nerfs ne servent pas seulement à donner le sentiment aux membres, mais aussi à les mouvoir, et qu’il y a quelquefois des paralysies qui ôtent le mouvement, sans ôter pour cela le sentiment, tantôt ils ont dit qu’il y avait deux sortes de nerfs, dont les uns ne servaient que pour les sens, et les autres que pour les mouvements, et tantôt que la faculté de sentir était dans les peaux ou membranes, et que celle de mouvoir était dans la substance intérieure des nerfs :

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, Méditation Seconde.

au contraire, je m’étonnais plutôt de voir que de semblables facultés se rencontraient en quelques uns.

Non certes, ce n’est pas cela, puisque je la conçois capable de recevoir une infinité de semblables changements, et je ne saurais néanmoins parcourir cette infinité par mon imagination, et par conséquent cette conception que j’ai de la cire ne s’accomplit pas par la faculté d’imaginer.

j’aime mieux passer outre, et considérer si je concevais avec plus d’évidence et de perfection ce que c’était que la cire, lorsque je l’ai d’abord aperçue, et que j’ai cru la connaître par le moyen des sens extérieurs, ou à tout le moins par le sens commun, ainsi qu’ils appellent, c’est-à-dire par la faculté imaginative, que je ne la conçois à présent, après avoir plus soigneusement examiné ce qu’elle est, et de quelle façon elle peut être connue.

car, puisque c’est une chose qui m’est à présent manifeste, que les corps même ne sont pas proprement connus par les sens ou par la faculté d’imaginer, mais par le seul entendement, et qu’ils ne sont pas connus de ce qu’ils sont vus ou touchés, mais seulement de ce qu’ils sont entendus ou bien compris par la pensée, je vois clairement qu’il n’y a rien qui me soit plus facile à connaître que mon esprit.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, Méditation Troisième.

Car, que j’aie la faculté de concevoir ce que c’est qu’on nomme en général une chose, ou une vérité, ou une pensée, il me semble que je ne tiens point cela d’ailleurs que de ma nature propre ;

d’autant que je n’ai en moi aucune autre faculté, ou puissance, pour distinguer le vrai d’avec le faux, qui me puisse enseigner que ce que cette lumière me montre comme vrai ne l’est pas, et à qui je me puisse tant fier qu’à elle.

Car tout de même que ces inclinations, dont je parlais tout maintenant, se trouvent en moi, nonobstant qu’elles ne s’accordent pas toujours avec ma volonté, ainsi peut-être qu’il y a en moi quelque faculté ou puissance propre à produire ces idées sans l’aide d’aucunes choses extérieures, bien qu’elle ne me soit pas encore connue ;

mais de cela seul que Dieu m’a créé, il est fort croyable qu’il m’a en quelque façon produit à son image et semblance, et que je conçois cette ressemblance (dans laquelle l’idée de Dieu se trouve contenue) par la même faculté par laquelle je me conçois moi-même ;

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, Méditation Quatrième.

Ensuite, je connais par ma propre expérience qu’il y a en moi une certaine faculté de juger, ou de discerner le vrai d’avec le faux, laquelle sans doute j’ai reçue de Dieu, aussi bien que tout le reste des choses qui sont en moi et que je possède ;

car, si tout ce qui est en moi vient de Dieu, et s’il n’a mis en moi aucune faculté de faillir, il semble que je ne me doive jamais abuser.

et partant que, pour faillir, je n’ai pas besoin d’une faculté qui m’ait été donnée de Dieu particulièrement pour cet effet :

Ensuite de quoi, venant à me regarder de plus près, et à considérer quelles sont mes erreurs, lesquelles seules témoignent qu’il y a en moi de l’imperfection, je trouve qu’elles dépendent du concours de deux causes, à savoir, de la faculté de connaître, qui est en moi, et de la faculté d’élire, ou bien de mon libre arbitre :

parce qu’en effet il n’y a aucune raison qui puisse prouver que Dieu ait dû me donner une plus grande et plus ample faculté de connaître, que celle qu’il m’a donnée ;

Car, par exemple, si je considère la faculté de concevoir qui est en moi, je trouve qu’elle est d’une fort petite étendue, et grandement limitée, et tout ensemble je me représente l’idée d’une autre faculté beaucoup plus ample, et même infinie ;

En même façon, si j’examine la mémoire, ou l’imagination, ou quelqu’autre faculté qui soit en moi, je n’en trouve aucune qui ne soit très petite et bornée, et qui en Dieu ne soit immense et infinie.

mais elle ne se trouve pas dans la faculté que j’ai reçue de Dieu, ni même dans l’opération, en tant qu’elle dépend de lui.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, Méditation Sixième.

De plus, la faculté d’imaginer qui est en moi, et de laquelle je vois par expérience que je me sers lorsque je m’applique à la considération des choses matérielles, est capable de me persuader leur existence :

car quand je considère attentivement ce que c’est que l’imagination, je trouve qu’elle n’est autre chose qu’une certaine application de la faculté qui connaît, au corps qui lui est intimement présent, et partant qui existe.

Et quoique les idées que je reçois par les sens ne dépendent point de ma volonté, je ne pensais pas devoir pour cela conclure qu’elles procédaient de choses différentes de moi, puisque peut-être il se peut rencontrer en moi quelque faculté, bien qu’elle m’ait été jusques ici inconnue, qui en soit la cause, et qui les produise.

De plus, je trouve en moi diverses facultés de penser qui ont chacune leur manière particulière ;

par exemple, je trouve en moi les facultés d’imaginer et de sentir, sans lesquelles je puis bien me concevoir clairement et distinctement tout entier, mais non pas réciproquement elles sans moi, c’est-à-dire sans une substance intelligente à qui elles soient attachées Ou à qui elles appartiennent ;

car, dans la notion que nous avons de ces facultés, ou (pour me servir des termes de l’Ecole) dans leur concept formel, elles enferment quelque sorte d’intellection :

Je connais aussi quelques autres facultés, comme celles de changer de lieu, de prendre diverses situations, et autres semblables, qui ne peuvent être conçues, non plus que les précédentes, sans quelque substance à qui elles soient attachées, ni par conséquent exister sans elles ;

mais il est très évident que ces facultés, s’il est vrai qu’elles existent, doivent appartenir à quelque substance corporelle ou étendue, et non pas à une substance intelligente, puisque, dans leur concept clair et distinct, il y a bien quelque sorte d’extension qui se trouve contenue, mais point du tout d’intelligence.

De plus, je ne puis douter qu’il n’y ait en moi une certaine faculté passive de sentir, c’est-à-dire de recevoir et de connaître les idées des choses sensibles ;

mais elle me serait inutile, et je ne m’en pourrais aucunement servir, s’il n’y avait en moi, ou en quelqu’autre chose, une autre faculté active, capable de former et produire ces idées.

Or cette faculté active ne peut être en moi en tant que je ne suis qu’une chose qui pense, vu qu’elle ne présuppose point ma pensée, et aussi que ces idées-là me sont souvent représentées sans que j’y contribue en aucune façon, et même souvent contre mon gré ;

il faut donc nécessairement qu’elle soit en quelque substance différente de moi, dans laquelle toute la réalité, qui est objectivement dans les idées qui sont produites par cette faculté, soit contenue formellement ou éminemment comme je l’ai remarqué ci-devant :

Car ne m’ayant donné aucune faculté pour connaître que cela soit, mais au contraire une très grande inclination à croire qu’elles partent des choses corporelles, je ne vois pas comment on pourrait l’excuser de tromperie, si en effet ces idées partaient d’ailleurs ou étaient produites par d’autres causes que par des choses corporelles :

, ou bien sont conçues moins clairement et moins distinctement, comme la lumière, le son, la douleur, et autres semblables, il est certain qu’encore qu’elles soient fort douteuses et incertaines, toutefois de cela seul que Dieu n’est point trompeur, et que par conséquent il n’a point permis qu’il pût y avoir aucune fausseté dans mes opinions, qu’il ne m’ait aussi donné quelque faculté capable de la corriger, je crois pouvoir conclure assurément que j’ai en moi les moyens de les connaître avec certitude.

Ainsi, quoiqu’une étoile ne fasse pas plus d’impression en mon oeil que le feu d’une chandelle, il n’y a toutefois en moi aucune faculté réelle ou naturelle, qui me porte à croire qu’elle n’est pas plus grande que ce feu, mais je l’ai jugé ainsi dès mes premières années sans aucun raisonnable fondement.

Et les facultés de vouloir, de sentir, de concevoir, etc.

Je remarque aussi que l’esprit ne reçoit pas immédiatement l’impression de toutes les parties du corps, mais seulement du cerveau, ou peut-être même d’une de ses plus petites parties, à savoir de celle où s’exerce cette faculté qu’ils appellent le sens commun, laquelle, toutes les fois qu’elle est disposée de même façon, fait sentir la même chose à l’esprit, quoique cependant les autres parties du corps puissent être diversement disposées, comme le témoignent une infinité d’expériences, lesquelles il n’est pas besoin ici de rapporter.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, REPONSES DE L’AUTEUR AUX PREMIERES OBJECTIONS.

Et certes la difficulté ne paraîtrait pas plus grande en l’un qu’en l’autre, si, comme tous les hommes ne sont pas savants en la mécanique, et pour cela ne peuvent pas avoir des idées de machines fort artificielles, ainsi tous n’avaient pas la même faculté de concevoir l’idée de Dieu.

mais nous oublions une autre chose que l’on doit principalement considérer, et d’où dépend toute la force, et toute la lumière, ou l’intelligence de cet argument, qui est que cette faculté d’avoir en soi l’idée de Dieu ne pourrait pas être en nous, si notre esprit était seulement une chose finie, comme il est en effet, et qu’il n’eut point, pour cause de son être, une cause qui fût Dieu.

car, comme il ne se considère en ce moment que comme une chose qui pense, rien ne peut être en lui dont il n’ait ou ne puisse avoir connaissance, à cause que toutes les actions d’un esprit, comme serait celle de se conserver soi-même si elle procédait de lui, étant des pensées, et partant étant présentes et connues à l’espprit, celle-là, comme les autres, lui serait aussi présente et connue, et par elle il viendrait nécessairement à connaître la faculté qui la produirait, toute action nous menant nécessairement à la connaissance de la faculté qui la produit.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, REPONSES DE L’AUTEUR AUX SECONDES OBJECTIONS.

car au contraire j’ai averti que toute la force de mon argument consiste en ce qu’il ne se pourrait faire que la faculté de former cette idée fût en moi si je n’avais été créé de Dieu.

Quant à ce que vous ajoutez en ce lieu-là, qu’elle peut être formée de la considération des choses corporelles, cela ne me semble pas plus vraisemblable que si vous disiez que nous n’avons aucune faculté pour ouïr, mais que, par la seule vue des couleurs, nous parvenons à la connaissance des sons.

Mais dans les choses qui ne peuvent pas être ainsi expliquées, à savoir, dans nos jugements très clairs et très exacts, lesquels, s’ils étaient faux, ne pourraient être corrigés par d’autres plus clairs, ni par l’aide d’aucune autre faculté naturelle, je soutiens hardiment que nous ne pouvons être trompés.

Mais puisqu’il ne peut y avoir en nous rien de réel qui ne nous ait été donné par lui, comme il a été démontré en prouvant son existence, et puisque nous avons en nous une faculté réelle pour connaître le vrai et le distinguer d’avec le faux, comme on peut prouver de cela seul que nous avons en nous les idées du vrai et du faux, si cette faculté ne tendait au vrai, au moins lorsque nous nous en servons comme il faut, c’est-à-dire lorsque nous ne donnons notre consentement qu’aux choses que nous concevons clairement et distinctement, car on ne saurait feindre un autre bon usage de cette faculté, ce ne serait pas sans raison que Dieu, qui nous l’a donnée, serait tenu pour un trompeur.

Et je réponds que ceux-là en peuvent avoir qui connaissent tellement Dieu qu’ils savent qu’il ne se peut pas faire que la faculté d’entendre, qui leur a été donnée par lui, ait autre chose que la vérité pour objet ;

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, TROISIÈMES OBJECTIONS, OBJECTION SECONDE, SUR LA SECONDE MEDITATION.

ou du moins il dit que c’est le même que la chose qui entend et l’entendement, qui est une puissance ou faculté d’une chose intelligente.

Néanmoins tous les philosophes distinguent le sujet de ses facultés et de ses actes, c’est-à-dire de ses propriétés et de ses essences, car c’est autre chose que la chose même qui est, et autre chose que son essence il se peut donc faire qu’une chose qui pense soit le sujet de l’esprit, de la raison, ou de l’entendement, et partant que ce soit quelque chose de corporel, dont le contraire est pris, ou avancé, et n’est pas prouvé.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, TROISIÈMES OBJECTIONS, OBJECTION SECONDE, REPONSE.

, je n’ai point entendu par ces noms les seules facultés, mais les choses douées de la faculté de penser, comme par les deux premiers on a coutume d’entendre, et assez souvent aussi par les deux derniers :

mais la pensée se prend quelquefois pour l’action, quelquefois pour la faculté, et quelquefois pour la chose en laquelle réside cette faculté.

Et je ne dis pas que l’intellection et la chose qui entend soient une même chose, non pas même la chose qui entend et l’entendement, si l’entendement est pris pour une faculté, mais seulement lorsqu’il est pris pour la chose même qui entend.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, TROISIÈMES OBJECTIONS, OBJECTION TROISIEME.

et par une juste analogie, la promenade, ou du moins la faculté de se promener, se promènera :

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, TROISIÈMES OBJECTIONS, OBJECTION Xe, REPONSE.

mais j’entends seulement que nous avons en nous-mêmes la faculté de la produire.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, TROISIÈMES OBJECTIONS, OBJECTION XIIe.

et partant que pour faillir je n’ai pas besoin de quelque faculté qui m’ait été donnée de Dieu particulièrement pour cet effet.

Il est certain que l’ignorance est seulement un défaut, et qu’il n’est pas besoin d’aucune faculté positive pour ignorer, mais, quant à l’erreur, la chose n’est pas si manifeste :

car il semble que, si les pierres et les autres choses inanimées ne peuvent errer, c’est seulement parce qu’elles n’ont pas la faculté de raisonner ni d’imaginer ;

et partant, il faut conclure que, pour errer, il est besoin d’un entendement, ou du moins d’une imagination, qui sont des facultés toutes deux positives, accordées à tous ceux qui se trompent, mais aussi à eux seuls.

“   J’aperçois que mes erreurs dépendent du concours de deux causes, à savoir, de la faculté de connaître qui est en moi, et de la faculté d’élire ou du libre arbitre.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, TROISIÈMES OBJECTIONS, OBJECTION XIIe, REPONSE.

Encore que pour faillir, il soit besoin de la faculté de raisonner, ou pour mieux dire de juger, c’est-à-dire d’affirmer ou de nier, d’autant que c’en est le défaut, il ne s’ensuit pas pour cela que ce défaut soit réel, non plus que l’aveuglement n’est pas appelé réel, quoique les pierres ne soient pas dites aveugles pour cela seulement qu’elles ne sont pas capables de voir.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, TROISIÈMES OBJECTIONS, OBJECTION XVe.

“   Car Dieu ne m’ayant donné aucune faculté pour connaître que cela soit (à savoir que Dieu, par lui-même ou par l’entremise de quelque créature plus noble que le corps, m’envoie les idées du corps), mais, au contraire, m’ayant donné une grande inclination à croire qu’elles me sont envoyées ou qu’elles partent des choses corporelles, je ne vois pas comment on pourrait l’excuser de tromperie, si en effet ces idées partaient d’ailleurs ou étaient produites par d’autres causes que par des choses corporelles ;

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, REPONSES DE L’AUTEUR AUX QUATRIEMES OBJECTIONS, REPONSES A LA PREMIERE PARTIE.

“   de plus je trouve en moi des facultés, etc.

Car je n’ai pas dit que ces facultés fussent des choses, mais j’ai voulu expressément faire distinction entre les choses, c’est-à-dire entre les substances, et les modes de ces choses, c’est-à-dire les facultés de ces substances.

Et enfin, de ce que la faculté de penser est assoupie dans les enfants, et que dans les fous elle est, non pas à la vérité éteinte, mais troublée, il ne faut pas penser qu’elle soit tellement attachée aux organes corporels, qu’elle ne puisse être sans eux.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, REPONSES DE L’AUTEUR AUX QUATRIEMES OBJECTIONS, REPONSE A L’AUTRE PARTIE, DE DIEU.

et il ne peut y avoir en nous aucune pensée, de laquelle, dans le même moment qu’elle est en nous, nous n’ayons une actuelle connaissance C’est pourquoi je ne doute point que l’esprit, aussitôt qu’il est infus dans le corps d’ un enfant, ne commence à penser, et que dès lors il ne sache qu’il pense, encore qu’il ne se ressouvienne pas après de ce qu’il a pensé, parce que les espèces de ses pensées ne demeurent pas empreintes en sa mémoire Mais il faut remarquer que nous avons bien une actuelle connaissance des actes ou des opérations de notre esprit, mais non pas toujours de ses puissances ou de ses facultés, si ce n’est en puissance ;

en telle sorte que, lorsque nous nous disposons à nous servir de quelque faculté, tout aussitôt, si cette faculté est en notre esprit, nous en acquérons une actuelle connaissance ;

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, RÉPONSES AUX CINQUIEMES OBJECTIONS, DES CHOSES QUI ONT ÉTÉ OBJECTÉES CONTRE LA SECONDE MÉDITATION.

ni même que j’aie dit que je ne doutais nullement en quoi consistait la nature du corps, et que je ne lui attribuais point la faculté de se mouvoir soi-même ;

Mais avec quelle fidélité dites-vous que “   je rapporte à l’âme les facultés de marcher, de sentir, d’être nourri “  , etc.

et, voyant puis après que la pensée était différente de la nutrition, ils ont appelé du nom d’esprit cette chose qui en nous a la faculté de penser, et ont cru que c’était la principale partie de l’âme.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, RÉPONSES AUX CINQUIEMES OBJECTIONS, DES CHOSES QUI ONT ÉTÉ OBJECTÉES CONTRE LA TROISIEME MÉDITATION.

Certes j’admire votre raisonnement, par lequel vous voulez prouver que toutes nos idées sont étrangères ou viennent de dehors, et qu’il n’y en a point que nous ayons formée, “    parce que, dites-vous, l’esprit n’a pas seulement la faculté de concevoir les idées étrangères ;

et d’où nous peut venir cette faculté d’amplifier toutes les perfections créées, c’est-à-dire de concevoir quelque chose de plus grand et de plus parfait qu’elles ne sont, sinon de cela seul que nous avons en nous l’idée d’une chose plus grande, à savoir, de Dieu même ?

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, RÉPONSES AUX CINQUIEMES OBJECTIONS, DES CHOSES QUI ONT ÉTÉ OBJECTÉES CONTRE LA QUATRIEME MÉDITATION.

Comme aussi il n’est pas vrai que “   Dieu ait donné à l’homme une faculté de juger incertaine, confuse et insuffisante pour ce peu de choses qu’il a voulu soumettre à son jugement “  .

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, RÉPONSES AUX CINQUIEMES OBJECTIONS, DES CHOSES QUI ONT ÉTÉ OBJECTÉES CONTRE LA SIXIEME MÉDITATION.

d’où il est évident que les facultés d’entendre et d’imaginer ne différent pas seulement selon le plus et le moins, mais comme deux manières d’agir totalement différentes, Car dans l’intellection l’esprit ne se sert que de soi-même, au lieu que dans l’imagination il contemple quelque forme corporelle ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, PREMIERE PARTIE, Art. 9.

au lieu que si j’entends parler seulement de l’action de ma pensée ou du sentiment, c’est-à-dire de la connaissance qui est en moi, qui fait qu’il me semble que je vois ou que je marche, cette même conclusion est si absolument vraie que je n’en puis douter, à cause qu’elle se rapporte à l’âme, qui seule a la faculté de sentir ou bien de penser en quelque autre façon que ce soit.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, PREMIERE PARTIE, Art. 12.

Car, encore qu’ils ne fissent point difficulté de croire qu’ils étaient dans le monde, et qu’ils en eussent une assurance plus grande que d’aucune autre chose, néanmoins, comme ils n’ont pas pris garde que par eux, lorsqu’il était question d’une certitude métaphysique, ils devaient entendre seulement leur pensée, et qu’au contraire ils ont mieux aimé croire que c’était leur corps qu’ils voyaient de leurs yeux, qu’ils touchaient de leurs mains, et auquel ils attribuaient mal à propos la faculté de sentir, ils n’ont pas connu distinctement la nature de leur âme.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, PREMIERE PARTIE, Art. 28.

mais, le considérant comme l’auteur de toutes choses, nous tâcherons seulement de trouver, par la faculté de raisonner qu’il a mise en nous, comment celles que nous apercevons par l’entremise de nos sens ont pu être produites ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, PREMIERE PARTIE, Art. 30.

D’où il suit que la faculté de connaître qu’il nous a donnée, que nous appelons lumière naturelle, n’aperçoit jamais aucun objet qui ne soit vrai en ce qu’elle l’aperçoit, c’est-à-dire en ce qu’elle connaît clairement et distinctement ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, PREMIERE PARTIE, Art. 43.

parce que Dieu n’étant point trompeur, la faculté de connaître qu’il nous a donnée ne saurait faillir, ni même la faculté de vouloir, lorsque nous ne l’étendons point au delà de ce que nous connaissons.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, PREMIERE PARTIE, Art. 50.

Non pas que je croie que la faculté de connaître qui est en quelques hommes s’étende plus loin que celle qui est communément en tous, mais c’est plutôt qu’il y a des personnes qui ont imprimé de longue main des opinions en leur créance qui, étant contraires à quelques-unes de ces vérités, empêchent qu’ils ne les puissent apercevoir, bien qu’elles soient fort manifestes à ceux qui ne sont point ainsi préoccupés.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 206.

Et elle est fondée sur un principe de métaphysique très assuré, qui est que Dieu étant souverainement bon et la source de toute vérité, puisque c’est lui qui nous a créés, il est certain que la puissance ou faculté qu’il nous a donnée pour distinguer le vrai d’avec le faux, ne se trompe point, lorsque nous en usons bien et qu’elle nous montre évidemment qu’une chose est vraie.

  LES PASSIONS DE L’AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 68.

Et parce que je ne connais en l’âme aucune distinction de parties, ainsi que j’ai dit ci-dessus, cela me semble ne signifier autre chose sinon qu’elle a deux facultés, l’une de désirer l’autre de se fâcher ;

et à cause qu’elle a en même façon les facultés d’admirer, d’aimer, d’espérer, de craindre, et ainsi de recevoir en soi chacune des autres passions, ou de faire les actions auxquelles ces passions la poussent, je ne vois pas pourquoi ils ont voulu les rapporter toutes à la concupiscence ou à la colère.

  Correspondance, année 1640, Au R. P. MERSENNE, 30 juillet 1640.

Car quelle faculté saurait-on imaginer, qui eût la force d’empêcher le sang de couler par des ouvertures qui seraient assez grandes pour le recevoir ?

  Correspondance, année 1641, A Monsieur REGIUS, 11 mai 1641.

car lorsque les théologiens disent qu’aucune substance créée n’est le principe immédiat de son opération, ils entendent que nulle créature ne peut agir sans le concours de Dieu, et non qu’elle doive avoir une faculté créée distincte d’elle-même par le moyen de laquelle elle agisse ;

car il serait absurde de dire que cette faculté créée peut être le principe immédiat de quelque opération, et que la substance elle-même ne le peut pas.

  Correspondance, année 1642, A UN R. P. DE L’ORATOIRE. DOCTEUR DE SORBONNE, Sans date précise (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 19 janvier 1642.).

mais cela ne m’a pas empêché d’offrir mes Méditations à votre faculté, afin de les faire d’autant mieux examiner, et que, si ceux d’un corps si célèbre ne trouvaient point de justes raisons pour les reprendre, cela me pût assurer des vérités qu’elles contiennent.

et si l’on me disait que, nonobstant que je les puisse concevoir l’une sans l’autre, je ne sais pas, pour cela, si Dieu ne les a point unies ou jointes l’une à l’autre d’un lien si étroit, qu’elles soient entièrement inséparables, et ainsi que je n’ai pas raison de l’assurer, je répondrais que, de quelque lieu qu’il puisse les avoir jointes, je suis assuré qu’il les peut séparer, et ainsi, absolument parlant, qu’elles peuvent être séparées, puisqu’il m’a donné la faculté de les concevoir comme séparées.

Je ne vois aussi aucune difficulté à entendre que les facultés d’imaginer et de sentir appartiennent à l’âme, à cause que ce sont des espèces de pensées ;

  Correspondance, année 1643, A Monsieur DE BUITENDIJCH, 1643.

car pour ce qui est de l’entendement, on ne doit pas demander si quelque chose lui est permise, ou non, parce que ce n’est pas une faculté élective, mais seulement s’il le peut ;

  Correspondance, année 1645, A Monsieur CLERSELIER, 17 février 1645.

Car, encore que l’idée de Dieu soit tellement empreinte en l’esprit humain, qu’il n’y ait personne qui n’ait en soi la faculté de le connaître, cela n’empêche pas que plusieurs personnes n’aient pu passer toute leur vie, sans jamais se représenter distinctement cette idée.

  Correspondance, année 1646, A UN SEIGNEUR. (NEWCASTLE), 23 novembre 1646.

Pour les mouvements de nos passions, bien qu’ils soient accompagnés en nous de pensée, à cause que nous avons la faculté de penser, il est néanmoins très évident qu’ils ne dépendent pas d’elle, parce qu’ils se font souvent malgré nous, et que, par conséquent, ils peuvent être dans les bêtes, et même plus violents qu’ils ne sont dans les hommes, sans qu’on puisse, pour cela, conclure qu’elles aient des pensées.

  Correspondance, année 1647, A Monsieur CHANUT, 1er février 1647.

d’où vient qu’il ne semble pas qu’elle puisse la communiquer à la faculté imaginative pour en faire une passion.

  Correspondance, année 1647, Explication de l’esprit humain, ou de l’âme raisonnable, où il est montré ce qu’elle est, et ce qu’elle peut être.

et il ne consiste précisément que dans ce principe interne, ou dans cette faculté que l’homme a de penser.

mais la seule faculté qu’il a de penser lui suffit pour exercer ses actions.

  Correspondance, année 1647, REMARQUES SUR LE TITRE, REMARQUES SUR CHAQUE ARTICLE.

car personne que je sache n’a dit avant moi qu’elle ne consiste précisément que dans ce principe interne, ou dans cette faculté que l’homme a de penser.

Mais cette raison ne peut être bonne si l’on ne suppose que nous ne pouvons en aucune façon nous servir de cette faculté que les philosophes appellent d’un nom propre l’entendement, mais seulement de celle qu’ils nomment le sens commun, dans laquelle les images des choses, soit vraies, soit imaginaires, sont reçues pour toucher l’esprit, et qu’ils disent nous être commune avec les bêtes.

car quand il dit que l’esprit n’a pas besoin d’idées, ou de notions, ou d’axiomes qui soient nés ou naturellement imprimés en lui, et que cependant il lui attribue la faculté de penser, c’est-à-dire une faculté naturelle et née avec lui, il dit en effet la même chose que moi, quoiqu’il semble ne le pas dire.

Car je n’ai jamais écrit ni jugé que l’esprit ait besoin d’idées naturelles qui soient quelque chose de différent de la faculté qu’il a de penser.

Mais bien est-il vrai que, reconnaissant qu’il y avait certaines pensées qui ne procédaient ni des objets de dehors, ni de la détermination de ma volonté, mais seulement de la faculté que j’ai de penser :

non pas que les enfants qui prennent naissance dans ces familles soient travaillés de ces maladies aux ventres de leurs mères, mais parce qu’ils naissent avec la disposition ou la faculté de les contracter.

Il avait dit en cet article que l’esprit n’a pas besoin d’idées qui soient naturellement imprimées en lui, mais que la seule faculté qu’il a de penser lui suffit pour exercer ses actions ;

toutes les communes notions qui se trouvent empreintes en l’esprit tirent toutes leur origine ou de l’observation des choses, ou de la tradition, comme si la faculté de penser qu’a l’esprit ne pouvait d’elle-même rien produire et qu’elle n’eût jamais aucune perception ou pensée que celles qu’elle a reçues de l’observation des choses ou de la tradition c’est-à-dire des sens.

Ce qui est tellement faux que quiconque a bien compris jusqu’où s’étendent nos sens, et ce que ce peut être précisément qui est porté par eux jusqu’à la faculté que nous avons de penser, doit avouer au contraire qu’aucunes idées des choses ne nous sont représentées par eux telles que nous les formons par la pensée ;

en sorte qu’il n’y a rien dans nos idées qui ne soit naturel à l’esprit ou à la faculté qu’il a de penser ;

non pas à la vérité que ces choses les aient transmises en notre esprit par les organes des sens telles que nous les sentons, mais à cause qu’elles ont transmis quelque chose qui a donné occasion à notre esprit, par la faculté naturelle qu’il en a, de les former en ce temps-là plutôt qu’en un autre.

Néanmoins dans l’article quatorzième, appuyé sur ce beau fondement, il continue d’assurer que l’idée même de Dieu, qui est en nous, ne vient pas de la faculté que nous avons de penser, comme une chose qui lui soit naturelle, mais qu’elle vient de la révélation divine, ou de la tradition, ou de l’observation des choses.

Si bien que tout ce que nous concevons de plus que ces paroles et ces peintures, comme les choses signifiées par ces signes, doit nécessairement nous être représenté par des idées, qui ne viennent point d’ailleurs que de la faculté que nous avons de penser, et qui par conséquent sont naturellement en elle, c’est-à-dire sont toujours en nous en puissance ;

car être naturellement dans une faculté ne veut pas dire y être en acte, mais en puissance seulement ;

vu que le nom même de faculté ne veut dire autre chose que puissance.

L’autre argument par lequel j’ai démontré qu’il y a un Dieu est pris de ce que j’ai évidemment prouvé que nous n’aurions point eu la faculté d’entendre toutes ces perfections que nous reconnaissons en Dieu, s’il n’était vrai que Dieu existe, et que nous avons été créés par lui.

Premièrement, que lorsque j’ai dit que l’idée de Dieu est naturellement en nous, je n’ai jamais entendu autre chose que ce que lui-même, dans la sixième section de son second livre, dit en termes exprès être véritable, c’est à savoir que la nature a mis en nous une faculté par laquelle nous pourrons connaître Dieu.

Mais que je n’ai jamais écrit ni pensé que de telles idées fussent actuelles, ou qu’elles fussent des espèces distinctes de la faculté même que nous avons de penser.

  Correspondance, année 1649, REPONSE DE Monsieur DESCARTES A Monsieur MORUS, 5 février 1649.

Mais encore un coup, ce pouvoir d’être touché, ou cette impénétrabilité dans le corps, est seulement comme la faculté de rire dans l’homme, le proprium quarto modo des règles communes de la logique :

et par conséquent comme on ne définit point l’homme un animal risible, mais raisonnable, on ne doit pas aussi définir le corps par son impénétrabilité, mais par l’étendue, d’autant plus que la faculté de toucher et l’impénétrabilité ont relation à des parties, et présupposent dans notre esprit l’idée d’un corps divisé ou terminé, au lieu que nous pouvons fort bien concevoir un corps continu d’une grandeur indéterminée ou indéfinie, dans lequel on ne considère que l’étendue.

C’est dans le même sens que je dis aussi qu’il y a de la contradiction à dire qu’il y ait des atomes que l’on conçoive étendus, et en même temps indivisibles, parce que, bien que Dieu ait pu les former tels qu’aucune créature ne peut les diviser certainement, nous ne pouvons comprendre qu’il ait pu se priver de la faculté de les diviser lui-même.

 

descartes

« mais en tant qu'elle est dans le cerveau, où elle exerce cette faculté qu'on appelle le sens commun ; car, voyant que les nerfs ne servent pas seulement à donner le sentiment aux membres, mais aussi à les mouvoir, et qu'il y aquelquefois des paralysies qui ôtent le mouvement, sans ôter pour cela le sentiment, tantôt ils ont dit qu'il y avait deux sortes denerfs, dont les uns ne servaient que pour les sens, et les autres que pour les mouvements, et tantôt que la faculté de sentir étaitdans les peaux ou membranes, et que celle de mouvoir était dans la substance intérieure des nerfs : MEDITATIONS METAPHYSIQUES, Méditation Seconde. au contraire, je m'étonnais plutôt de voir que de semblables facultés se rencontraient en quelques uns. Non certes, ce n'est pas cela, puisque je la conçois capable de recevoir une infinité de semblables changements, et je ne sauraisnéanmoins parcourir cette infinité par mon imagination, et par conséquent cette conception que j'ai de la cire ne s'accomplit paspar la faculté d'imaginer. j'aime mieux passer outre, et considérer si je concevais avec plus d'évidence et de perfection ce que c'était que la cire, lorsque jel'ai d'abord aperçue, et que j'ai cru la connaître par le moyen des sens extérieurs, ou à tout le moins par le sens commun, ainsiqu'ils appellent, c'est-à-dire par la faculté imaginative, que je ne la conçois à présent, après avoir plus soigneusement examiné cequ'elle est, et de quelle façon elle peut être connue. car, puisque c'est une chose qui m'est à présent manifeste, que les corps même ne sont pas proprement connus par les sens oupar la faculté d'imaginer, mais par le seul entendement, et qu'ils ne sont pas connus de ce qu'ils sont vus ou touchés, maisseulement de ce qu'ils sont entendus ou bien compris par la pensée, je vois clairement qu'il n'y a rien qui me soit plus facile àconnaître que mon esprit. MEDITATIONS METAPHYSIQUES, Méditation Troisième. Car, que j'aie la faculté de concevoir ce que c'est qu'on nomme en général une chose, ou une vérité, ou une pensée, il me sembleque je ne tiens point cela d'ailleurs que de ma nature propre ; d'autant que je n'ai en moi aucune autre faculté, ou puissance, pour distinguer le vrai d'avec le faux, qui me puisse enseigner quece que cette lumière me montre comme vrai ne l'est pas, et à qui je me puisse tant fier qu'à elle. Car tout de même que ces inclinations, dont je parlais tout maintenant, se trouvent en moi, nonobstant qu'elles ne s'accordent pastoujours avec ma volonté, ainsi peut-être qu'il y a en moi quelque faculté ou puissance propre à produire ces idées sans l'aided'aucunes choses extérieures, bien qu'elle ne me soit pas encore connue ; mais de cela seul que Dieu m'a créé, il est fort croyable qu'il m'a en quelque façon produit à son image et semblance, et que jeconçois cette ressemblance (dans laquelle l'idée de Dieu se trouve contenue) par la même faculté par laquelle je me conçois moi-même ; MEDITATIONS METAPHYSIQUES, Méditation Quatrième. Ensuite, je connais par ma propre expérience qu'il y a en moi une certaine faculté de juger, ou de discerner le vrai d'avec le faux,laquelle sans doute j'ai reçue de Dieu, aussi bien que tout le reste des choses qui sont en moi et que je possède ; car, si tout ce qui est en moi vient de Dieu, et s'il n'a mis en moi aucune faculté de faillir, il semble que je ne me doive jamaisabuser. et partant que, pour faillir, je n'ai pas besoin d'une faculté qui m'ait été donnée de Dieu particulièrement pour cet effet : Ensuite de quoi, venant à me regarder de plus près, et à considérer quelles sont mes erreurs, lesquelles seules témoignent qu'il y aen moi de l'imperfection, je trouve qu'elles dépendent du concours de deux causes, à savoir, de la faculté de connaître, qui est enmoi, et de la faculté d'élire, ou bien de mon libre arbitre : parce qu'en effet il n'y a aucune raison qui puisse prouver que Dieu ait dû me donner une plus grande et plus ample faculté deconnaître, que celle qu'il m'a donnée ; Car, par exemple, si je considère la faculté de concevoir qui est en moi, je trouve qu'elle est d'une fort petite étendue, etgrandement limitée, et tout ensemble je me représente l'idée d'une autre faculté beaucoup plus ample, et même infinie ;. »

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