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Le mot "faux" dans l'oeuvre de DESCARTES

Publié le 29/07/2010

Extrait du document

descartes

 

Règles pour la direction de l’esprit, Règle deuxième.

Aussi vaut-il mieux ne jamais étudier que de s’occuper d’objets tellement difficiles, que dans l’impossibilité de distinguer le vrai du faux, on soit obligé d’admettre comme certain ce qui est douteux ;

  Règles pour la direction de l’esprit, Règle quatrième.

Or, par méthode, j’entends des règles certaines et faciles, qui, suivies rigoureusement, empêcheront qu’on ne suppose jamais ce qui est faux, et feront que sans consumer ses forces inutilement, et en augmentant graduellement sa science, l’esprit s’élève à la connaissance exacte de tout ce qu’il est capable d’atteindre.

Il faut bien noter ces deux points, ne pas supposer vrai ce qui est faux, et tâcher d’arriver à la connaissance de toutes choses.

Or si la méthode montre nettement comment il faut se servir de l’intuition pour éviter de prendre le faux pour le vrai, et comment la déduction doit s’opérer pour nous conduire à la science de toutes choses, elle sera complète à mon avis, et rien ne lui manquera, puisqu’il n’y a de science qu’avec l’intuition et la déduction, ainsi que je l’ai dit plus haut.

  Règles pour la direction de l’esprit, Règle douzième.

Nous dirons, en troisième lieu, que ces éléments simples sont tous connus par eux-mêmes, et ne contiennent rien de faux, ce qui se verra facilement si nous distinguons la faculté de l’intelligence qui voit et connaît les choses, de celle qui juge en affirmant et en niant.

et celle-ci, donc il connaît que quelque chose peut être vrai ou faux :

  Règles pour la direction de l’esprit, Règle treizième.

Du reste nous entendons par questions toutes les choses sur lesquelles l’on trouve le vrai et le faux ;

  Règles pour la direction de l’esprit, Règle quatorzième.

Car, encore bien que quelqu’un puisse se persuader qu’en anéantissant tout ce qui est étendu dans la nature, rien ne répugne à ce que l’étendue seule existe par elle-même, il ne se servira pas pour cette conception d’une idée corporelle, mais de sa seule intelligence portant un faux jugement.

  DISCOURS DE LA METHODE, Première partie.

mais plutôt cela témoigne que la puissance de bien juger et distinguer le vrai d’avec le faux, qui est proprement ce qu’on nomme le bon sens ou la raison, est naturellement égale en tous les hommes ;

et que, considérant combien il peut y avoir de diverses opinions touchant une même matière, qui soient soutenues par des gens doctes, sans qu’il y en puisse avoir jamais plus d’une seule qui soit vraie, je réputais presque pour faux tout ce qui n’était que vraisemblable.

et, quoique je ne fisse pas profession de mépriser la gloire en cynique, je faisais néanmoins fort peu d’état de celle que je n’espérais point pouvoir acquérir qu’à faux titres.

Et j’avais toujours un extrême désir d’apprendre à distinguer le vrai d’avec le faux, pour voir clair en mes actions, et marcher avec assurance en cette vie.

  DISCOURS DE LA METHODE, Seconde Partie.

puis de ceux qui, ayant assez de raison ou de modestie pour juger qu’ils sont moins capables de distinguer le vrai d’avec le faux que quelques autres par lesquels ils peuvent être instruits, doivent bien plutôt se contenter de suivre les opinions de ces autres, qu’en chercher eux-mêmes de meilleures.

  DISCOURS DE LA METHODE, Troisième partie.

car Dieu nous ayant donné à chacun quelque lumière pour discerner le vrai d’avec le faux, je n’eusse pas cru me devoir contenter des opinions d’autrui un seul moment, si je ne me fusse proposé d’employer mon propre jugement à les examiner, lorsqu’il serait temps ;

  DISCOURS DE LA METHODE, Quatrième partie.

mais parce qu’alors je désirais vaquer seulement à la recherche de la vérité, je pensai qu’il fallait que je fisse tout le contraire, et que je rejetasse comme absolument faux tout ce en quoi je pourrais imaginer le moindre doute, afin de voir s’il ne resterait point après cela quelque chose en ma créance, qui fût entièrement indubitable.

Mais aussitôt après je pris garde que, pendant que je voulais ainsi penser que tout était faux, il fallait nécessairement que moi qui le pensais fusse quelque chose ;

  DISCOURS DE LA METHODE, Sixième partie.

ce que je me promettais de faire connaître par le traité que avais écrit, et d’y montrer si clairement l’utilité que le public en peut recevoir, que j’obligerais tous ceux qui désirent en général le bien des hommes, c’est-à-dire tous ceux qui sont en effet vertueux, et non point par faux semblant ni seulement par opinion, tant à me communiquer celles qu’ils ont déjà faites, qu’à m’aider en la recherche de celles qui restent à faire.

  LA DIOPTRIQUE, DISCOURS PREMIER, DE LA LUMIERE.

Ce que ceux qui jouent à la paume éprouvent assez, lorsque leur balle rencontre de faux carreaux, ou bien qu’ils la touchent en biaisant de leur raquette, ce qu’ils nomment, ce me semble, couper ou friser.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, Abrégé des six méditations suivantes.

Mais cependant il est à remarquer que je ne traite nullement en ce lieu-là du péché, c’est-à-dire de l’erreur qui se commet dans la poursuite du bien et du mal, mais seulement de celle qui arrive dans le jugement et le discernement du vrai et du faux ;

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, Première Méditation.

de sorte que désormais je ne dois pas moins soigneusement m’empêcher d’y donner créance qu’à ce qui serait manifestement faux, , si je veux trouver quelque chose de certain et d’assuré dans les sciences.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, Méditation Seconde.

Je m’efforcerai néanmoins, et suivrai derechef la même voie où j’étais entré hier, en m’éloignant de tout ce en quoi je pourrai imaginer le moindre doute, tout de même que si je connaissais que cela fût absolument faux ;

cela ne peut être faux ;

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, Méditation Troisième.

d’autant que je n’ai en moi aucune autre faculté, ou puissance, pour distinguer le vrai d’avec le faux, qui me puisse enseigner que ce que cette lumière me montre comme vrai ne l’est pas, et à qui je me puisse tant fier qu’à elle.

c’est pourquoi je n’ai pas sujet de les suivre non plus en ce qui regarde le vrai et le faux.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, Méditation Quatrième.

Ensuite, je connais par ma propre expérience qu’il y a en moi une certaine faculté de juger, ou de discerner le vrai d’avec le faux, laquelle sans doute j’ai reçue de Dieu, aussi bien que tout le reste des choses qui sont en moi et que je possède ;

mais qu’il arrive que je me trompe, de ce que la puissance que Dieu m’a donnée pour discerner le vrai d’avec le faux, n’est pas en moi infinie.

auxquelles étant de soi indifférente, elle s’égare fort aisément, et choisit le faux pour le vrai, et le mal pour le bien :

Ce que j’ai Suffisamment expérimenté ces jours passés, lorsque j’ai posé pour faux tout ce que j’avais tenu auparavant pour très véritable, pour cela seul que j’ai remarqué que l’on en pouvait en quelque façon douter.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, Méditation Sixième.

car sachant que tous mes sens me signifient plus ordinairement le vrai que le faux, touchant les choses qui regardent les commodités ou incommodités du corps, et pouvant presque toujours me servir de plusieurs d’entre eux pour examiner une même chose, et outre cela, pouvant user de ma mémoire pour lier et joindre les connaissances présentes aux passées, et de mon entendement qui a déjà découvert toutes les causes de mes erreurs, je ne dois plus craindre désormais qu’il se rencontre de la fausseté dans les choses qui me sont le plus ordinairement représentées par mes sens.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, REPONSES DE L’AUTEUR AUX SECONDES OBJECTIONS.

Mais dans les choses qui ne peuvent pas être ainsi expliquées, à savoir, dans nos jugements très clairs et très exacts, lesquels, s’ils étaient faux, ne pourraient être corrigés par d’autres plus clairs, ni par l’aide d’aucune autre faculté naturelle, je soutiens hardiment que nous ne pouvons être trompés.

Mais puisqu’il ne peut y avoir en nous rien de réel qui ne nous ait été donné par lui, comme il a été démontré en prouvant son existence, et puisque nous avons en nous une faculté réelle pour connaître le vrai et le distinguer d’avec le faux, comme on peut prouver de cela seul que nous avons en nous les idées du vrai et du faux, si cette faculté ne tendait au vrai, au moins lorsque nous nous en servons comme il faut, c’est-à-dire lorsque nous ne donnons notre consentement qu’aux choses que nous concevons clairement et distinctement, car on ne saurait feindre un autre bon usage de cette faculté, ce ne serait pas sans raison que Dieu, qui nous l’a donnée, serait tenu pour un trompeur.

Car que nous importe si peut-être quelqu’un feint que cela même de la vérité duquel nous sommes si fortement Persuadés paraît faux aux yeux de Dieu ou des anges, et que partant, absolument parlant, il est faux ?

Car nous n’avons jamais vu, ni nous ni personne, que cela soit arrivé à ceux qui ont tiré toute la clarté de leur perception de l’entendement seul, mais bien à ceux qui l’ont prise des sens ou de quelque faux préjugé.

mais ils pèchent, ou de ce qu’ils résistent à la grâce divine qui les avertit intérieurement, ou que, péchant en d’autres choses, ils se rendent indignes de cette grâce, Et je dirai hardiment qu’un infidèle qui, destitué de toute grâce surnaturelle et ignorant tout à fait que les choses que nous autres chrétiens croyons ont été révélées de Dieu, néanmoins, attiré par quelques faux raisonnements, se porterait à croire ces mêmes choses qui lui seraient obscures, ne serait pas pour cela fidèle, mais plutôt qu’il pécherait en ce qu’il ne se servirait pas comme il faut de sa raison.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, REPONSES DE L’AUTEUR AUX SECONDES OBJECTIONS, Demandes.

En second lieu, je demande qu’ils considèrent leur propre esprit, et tous ceux de ses attributs dont ils reconnaîtront ne pouvoir en aucune façon douter, encore même qu’ils supposassent que tout ce qu’ils ont jamais reçu par les sens fût entièrement faux ;

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, REPONSES DE L’AUTEUR AUX QUATRIEMES OBJECTIONS, REPONSE A L’AUTRE PARTIE, DE DIEU.

Quant aux idées confuses des dieux qui sont forgées par les idolâtres, je ne vois pas pourquoi elles ne pourraient point aussi être dites matériellement fausses, en tant qu’elles servent de matière à leurs faux jugements.

Car elle n’est pas si grande en ces idées confuses que notre esprit invente lui-même (telles que sont celles des faux dieux), qu’en celles qui nous sont offertes confusément par les sens, comme sont les idées du froid et de la chaleur, s’il est vrai, comme j’ai dit, qu’elles ne représentent rien de réel.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, REPONSES DE L’AUTEUR AUX QUATRIEMES OBJECTIONS, REPONSE A L’AUTRE PARTIE, REPONSE AUX CHOSES QUI PEUVENT ARRETER LES THEOLOGIENS.

Or, maintenant que dans la quatrième Méditation je n’aie parlé que de l’erreur qui se commet dans le discernement du vrai et du faux, et non pas de celle qui arrive dans la poursuite du bien et du mal ;

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, RÉPONSES AUX CINQUIEMES OBJECTIONS, DES CHOSES QUI ONT ÉTÉ OBJECTÉES CONTRE LA SECONDE MÉDITATION.

Car quand j’ai dit qu’il fallait “   tenir pour incertains, ou même pour faux, tous les témoignages que nous recevons des sens “  , je l’ai dit tout de bon ;

Je me promène, donc je suis, sinon en tant que la connaissance intérieure que j’en ai est une pensée, de laquelle seule cette conclusion est certaine, non du mouvement du corps, lequel parfois peut être faux, comme dans nos songes, quoiqu’il nous semble alors que nous nous promenions, de façon que de ce que je pense me promener je puis fort bien inférer l’existence de mon esprit, qui a cette pensée, mais non celle de mon corps, lequel se promène.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, RÉPONSES AUX CINQUIEMES OBJECTIONS, DES CHOSES QUI ONT ÉTÉ OBJECTÉES CONTRE LA TROISIEME MÉDITATION.

Ce que vous ajoutez des deux idées du soleil ne prouve rien, mais quand vous les prenez toutes deux pour une seule, parce qu’elles se rapportent au même soleil, c’est le même que si vous disiez que le vrai et le faux ne différent point lorsqu’ils se disent d’une même chose ;

ainsi ont été faites toutes les idées des faux dieux par ceux qui ne concevaient pas comme il faut celle du vrai Dieu.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, RÉPONSES AUX CINQUIEMES OBJECTIONS, DES CHOSES QUI ONT ÉTÉ OBJECTÉES CONTRE LA QUATRIEME MÉDITATION.

Car si l’entendement a une fois déterminé la volonté à faire un faux jugement, je vous demande, lorsque la volonté commence la première fois à vouloir prendre garde de ne pas persévérer dans l’erreur, qui est-ce qui la détermine à cela ?

mais seulement il arrive que, comme elle se portait auparavant vers le faux qui lui était par lui proposé, de même par hasard elle se porte maintenant vers le vrai, parce que l’entendement le lui propose.

Mais de plus je voudrais bien savoir quelle vous concevez est la nature du faux, et comment vous pensez qu’il peut être l’objet de l’entendement.

Car, pour moi, qui par le faux n’entends rien autre chose que la privation du vrai, je trouve qu’il y a une entière répugnance que l’entendement appréhende le faux sous la forme ou l’apparence du vrai, ce qui toutefois serait nécessaire s’il déterminait jamais la volonté à embrasser la fausseté.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, PREMIERE PARTIE, Art. 7.

Pendant que nous rejetons ainsi tout ce dont nous pouvons douter le moins du monde, et que nous feignons même qu’il est faux, nous supposons facilement qu’il n’y a point de Dieu, ni de ciel, ni de terre, et que nous n’avons point de corps ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, PREMIERE PARTIE, Art. 30.

parce que nous aurions sujet de croire que Dieu serait trompeur, s’il nous l’avait donnée telle que nous prissions le faux pour le vrai lorsque nous en usons bien.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, PREMIERE PARTIE, Art. 37.

car, tout ainsi qu’on ne donne point aux machines qu’on voit se mouvoir en plusieurs façons diverses, aussi justement qu’on saurait désirer, des louanges qui se rapportent véritablement à elles, parce que ces machines ne représentent aucune action qu’elles ne doivent faire par le moyen de leurs ressorts, et qu’on en donne à l’ouvrier qui les a faites, parce qu’il a eu le pouvoir et la volonté de les composer avec tant d’artifice, de même on doit nous attribuer quelque chose de plus, de ce que nous choisissons ce qui est vrai, lorsque nous le distinguons d’avec le faux, par une détermination de notre volonté, que si nous y étions déterminés et contraints par un principe étranger.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, PREMIERE PARTIE, Art. 38.

mais il n’y a point pour cela de défaut en notre nature, à cause qu’elle est toujours la même quoique nos jugements soient vrais ou faux.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, PREMIERE PARTIE, Art. 43.

Mais il est certain que nous ne prendrons jamais le faux pour le vrai tant que nous ne jugerons que de ce que nous apercevons clairement et distinctement ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, PREMIERE PARTIE, Art. 46.

Par exemple, lorsque quelqu’un sent une douleur cuisante, la connaissance qu’il a de cette douleur est claire à son égard, et n’est pas pour cela toujours distincte, parce qu’il la confond ordinairement avec le faux jugement qu’il fait sur la nature de ce qu’il pense être en la partie blessée, qu’il croit être semblable à l’idée ou au sentiment de la douleur qui est en sa pensée, encore qu’il n’aperçoive rien clairement que le sentiment ou la pensée confuse qui est en lui.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, PREMIERE PARTIE, Art. 66.

Or nous avons ainsi jugé en tant de rencontres, et il nous a semblé voir cela si clairement et si distinctement, à cause que nous étions accoutumés à juger de la sorte, qu’on ne doit pas trouver étrange que quelques-uns demeurent ensuite tellement persuadés de ce faux préjugé qu’ils ne puissent pas même se résoudre à en douter.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, PREMIERE PARTIE, Art. 71.

et au lieu de penser que nous avions fait ces jugements en un temps que nous n’étions pas capables de bien juger, et par conséquent qu’ils pouvaient être plutôt faux que vrais, nous les avons reçus pour aussi certains que si nous en avions eu une connaissance distincte par l’entremise de nos sens, et n’en avons non plus douté que s’ils eussent été des notions communes.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, PREMIERE PARTIE, Art. 72.

Enfin, lorsque nous avons atteint l’usage entier de notre raison, et que notre âme, n’étant plus si sujette au corps, tâche à bien juger des choses, et à connaître leur nature, bien que nous remarquions que les jugements que nous avons faits lorsque nous étions encore enfants sont pleins d’erreurs, nous avons toutefois assez de peine à nous en délivrer entièrement, et néanmoins il est certain que si nous nous ne nous en délivrons et ne les considérons comme faux ou incertains, nous serons toujours en danger de retomber en quelque fausse prévention.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, SECONDE PARTIE, Art. 26.

Mais nous n’aurons point de peine à nous délivrer de ce faux préjugé, si nous remarquons que nous ne faisons pas seulement quelque effort pour mouvoir les corps qui sont proches de nous, mais que nous en faisons aussi pour arrêter leurs mouvements, lorsqu’ils ne sont point amortis par quelque autre cause.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, SECONDE PARTIE, Art. 37.

Et toutefois ce n’est qu’un faux préjugé, qui répugne manifestement aux lois de la nature ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 206.

Et elle est fondée sur un principe de métaphysique très assuré, qui est que Dieu étant souverainement bon et la source de toute vérité, puisque c’est lui qui nous a créés, il est certain que la puissance ou faculté qu’il nous a donnée pour distinguer le vrai d’avec le faux, ne se trompe point, lorsque nous en usons bien et qu’elle nous montre évidemment qu’une chose est vraie.

  LES PASSIONS DE L’AME, LETTRE Ire A MONSIEUR DESCARTES.

et d’autant qu’ils s’en enquerraient davantage, et liraient vos écrits avec plus de soin, d’autant connaîtraient-ils plus clairement que vous ne vous seriez point vanté à faux.

Mais tous les doctes savent assez qu’il n’y a rien en la physique de l’École qui ne soit douteux, et ils savent aussi qu’en telle matière être douteux n’est guère meilleur qu’être faux, à cause qu’une science doit être certaine et démonstrative :

il suffit à cela d’avoir l’esprit dégagé de toutes sortes de faux préjugés et d’y vouloir appliquer assez son attention.

  LES PASSIONS DE L’AME, PREMIERE PARTIE, ARTICLE 49.

Et, bien que souvent ces jugements soient faux, et même fondés sur quelques passions par lesquelles la volonté s’est auparavant laissé vaincre ou séduire, toutefois, à cause qu’elle continue de les suivre lorsque la passion qui les a causés est absente, on les peut considérer comme ses propres armes, et penser que les âmes sont plus fortes ou plus faibles à raison de ce qu’elles peuvent plus ou moins suivre ces jugements et résister aux passions présentes qui leur sont contraires.

  Correspondance, année 1630, A Monsieur *** (ISAAC BEECKMAN), 17 octobre 163O.

même il se peut faire qu’il la sache, parce qu’il est poussé par de vraies raisons à la croire, et que les autres ne l’aient jamais sue, quoiqu’ils aient été dans le même sentiment à cause qu’ils l’ont déduite de faux principes.

  Correspondance, année 1633, AU R. P. MERSENNE, 28 novembre 1633.

et je confesse que, s’il est faux, tous les fondements de ma philosophie le sont aussi, car il se démontre par eux évidemment.

  Correspondance, année 1637, AU R. P. MERSENNE. REPONSE AUX OBJECTIONS DE Monsieur DE FERMAT, 3 décembre 1637. (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 5 octobre 1637.).

Car je répute presque pour faux tout ce qui n’est que vraisemblable, et, quand je dis qu’une chose est aisée à croire, je ne veux pas dire qu’elle est probable seulement, mais qu’elle est si claire et si évidente qu’il n’est pas besoin que je m’arrête à la démontrer.

  Correspondance, année 1638, RÉPONSE DE Monsieur DESCARTES A Monsieur MORIN, 13 juillet 1638.

au lieu que l’équateur, le zodiaque, les épicycles et autres tels cercles, sont ordinairement supposés comme faux, et la mobilité de la terre comme incertaine, et on ne laisse pas pour cela d’en déduire des choses très vraies.

  Correspondance, année 1638, AU R. P. MERSENNE, 24 février 1638. (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 1er mars 1638).

J’admire aussi que vous parliez de marquer ce que vous trouverez de faux contre l’expérience en mon livre ;

  Correspondance, année 1640, Au R. P. MERSENNE, 30 juillet 1640.

et ce qui m’en a empêché est que je ne désire point qu’elles tombent entre les mains des faux théologiens, ni dorénavant en celles des PP.

  Correspondance, année 1640, Au R. P. MERSENNE, 28 octobre 1640.

Il a raison aussi de dire que tout ce que nous ne concevons pas distinctement n’est pas faux pour cela, et il l’applique bien au mystère de la Trinité, qui est de la foi, et ne peut être connu par la seule raison naturelle.

  Correspondance, année 1641, Au R. P. MERSENNE, 5 août 1641 ( Les éditions contemporaines datent cette lettre de septembre 1641.).

ce serait merveille s’il l’avait rencontrce en n’ayant dessein que de médire d’un homme qu’il haissait, et je ne réponds autre chose à sa belle lettre, sinon qu’il n’y a pas un seul mot contre moi qui ne soit faux, et sans preuve.

  Correspondance, année 1642, A Monsieur REGIUS, 6 février 1642. (Les éditions contemporaines datent cette lettre de janvier 1642.).

et que l’âme est réellement et substantiellement unie au corps, non par sa situation et sa disposition (comme vous dites dans votre dernier écrit, ce qui est encore faux et sujet à être repris selon moi), mais qu’elle est unie au corps par une véritable union telle que tous les philosophes l’admettent, quoiqu’on n’explique point quelle est cette union, ce que vous n’êtes pas tenu non plus de faire.

  Correspondance, année 1643, A Monsieur DE BUITENDIJCH, 1643.

L’autre question est de savoir, s’il est permis de supposer quelque chose de faux, en ce qui regarde Dieu.

Où il faut distinguer entre le vrai Dieu clairement connu, et les faux dieux, car le vrai Dieu étant clairement connu, non seulement il n’est pas permis, mais même il est impossible que l’esprit humain puisse lui attribuer quelque chose de faux, ainsi que j’ai expliqué dans les Méditations pages 152, 159, 269 et en d’autres lieux.

Mais d’attribuer aux faux dieux, c’est-à-dire ou aux malins esprits, ou aux idoles ou aux autres sortes de divinités faussement imaginées par l’erreur de notre entendement (car toutes ces choses dans la sainte Écriture sont souvent appelées du nom de dieux), et même aussi au vrai Dieu, lorsqu’il n’est que confusément connu, de lui attribuer, dis-je, par hypothèse, quelque chose de faux, ce peut être bien ou mal fait, selon que la fin pour laquelle on fait cette supposition est bonne ou mauvaise.

Ainsi donc celui qui feint un Dieu trompeur, même le vrai Dieu, mais que ni lui ni les autres, pour lesquels il fait cette supposition, ne connaissent pas encore assez distinctement, et qui ne se sert pas de cette fiction à mauvais dessein, pour tâcher de persuader aux autres quelque chose de faux touchant la divinité, mais seulement pour éclairer davantage l’entendement, et aussi afin de connaître lui-même, ou de donner à connaître aux autres plus clairement la nature de Dieu ;

  Correspondance, année 1644, Au P. MESLAND, 15 mai 1644. (Les éditions contemporaines retiennent comme date le 2 mai 1644).

Pour la difficulté d’apprendre les sciences, qui est en nous, et celle de nous représenter clairement les idées qui nous sont naturellement connues, elle vient des faux préjugés de notre enfance, et des autres causes de nos erreurs, que j’ai tâché d’expliquer assez au long en l’écrit que j’ai sous la presse.

  Correspondance, année 1644, A UN R. P. JESUITE (P. CHARLET), 1er Octobre 1644.

mais je désire éviter, autant que je pourrai, les faux préjugés de ceux à qui c’est assez de savoir que j’ai écrit quelque chose, touchant la philosophie (en quoi je n’ai pas entièrement suivi le style commun), pour en concevoir une mauvaise opinion.

  Correspondance, année 1645, A MADAME ÉLISABETH, PRINCESSE PALATINE, etc, 15 mai 1645 (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 18 août 1645.).

Mais parce qu’on attribue souvent le nom de volupté à de faux plaisirs, qui sont accompagnés ou suivis d’inquiétude, d’ennuis et de repentirs, plusieurs ont cru que cette opinion d’Épicure enseignait le vice ;

  Correspondance, année 1645, A MADAME ÉLISABETH, PRINCESSE PALATINE, etc, Septembre 1645 (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 6 octobre 1645.).

car tout le plaisir qui en revient, ne peut toucher pour ainsi dire que la superficie de l’âme, laquelle sent cependant une amertume intérieure, en s’apercevant qu’ils sont faux.

  Correspondance, année 1647, REMARQUES SUR LE TITRE, REMARQUES SUR CHAQUE ARTICLE.

Ce qui est tellement faux que quiconque a bien compris jusqu’où s’étendent nos sens, et ce que ce peut être précisément qui est porté par eux jusqu’à la faculté que nous avons de penser, doit avouer au contraire qu’aucunes idées des choses ne nous sont représentées par eux telles que nous les formons par la pensée ;

  Correspondance, année 1649, A Monsieur CLERSELIER, 15 avril 1649. (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 23 avril 1649.).

La Vérite consiste en l’être, et la fausseté au non-être seulement, en sorte que l’idée de l’inhni, comprenant tout l’être, comprend tout ce qu’il y a de vrai dans les choses, et ne peut avoir en soi rien de faux, encore que d ailleurs on veuille supposer qu’il n’est pas vrai que cet être infini existe.

 

descartes

« DISCOURS DE LA METHODE, Troisième partie. car Dieu nous ayant donné à chacun quelque lumière pour discerner le vrai d'avec le faux, je n'eusse pas cru me devoir contenterdes opinions d'autrui un seul moment, si je ne me fusse proposé d'employer mon propre jugement à les examiner, lorsqu'il seraittemps ; DISCOURS DE LA METHODE, Quatrième partie. mais parce qu'alors je désirais vaquer seulement à la recherche de la vérité, je pensai qu'il fallait que je fisse tout le contraire, etque je rejetasse comme absolument faux tout ce en quoi je pourrais imaginer le moindre doute, afin de voir s'il ne resterait pointaprès cela quelque chose en ma créance, qui fût entièrement indubitable. Mais aussitôt après je pris garde que, pendant que je voulais ainsi penser que tout était faux, il fallait nécessairement que moi quile pensais fusse quelque chose ; DISCOURS DE LA METHODE, Sixième partie. ce que je me promettais de faire connaître par le traité que avais écrit, et d'y montrer si clairement l'utilité que le public en peutrecevoir, que j'obligerais tous ceux qui désirent en général le bien des hommes, c'est-à-dire tous ceux qui sont en effet vertueux,et non point par faux semblant ni seulement par opinion, tant à me communiquer celles qu'ils ont déjà faites, qu'à m'aider en larecherche de celles qui restent à faire. LA DIOPTRIQUE, DISCOURS PREMIER, DE LA LUMIERE. Ce que ceux qui jouent à la paume éprouvent assez, lorsque leur balle rencontre de faux carreaux, ou bien qu'ils la touchent enbiaisant de leur raquette, ce qu'ils nomment, ce me semble, couper ou friser. MEDITATIONS METAPHYSIQUES, Abrégé des six méditations suivantes. Mais cependant il est à remarquer que je ne traite nullement en ce lieu-là du péché, c'est-à-dire de l'erreur qui se commet dans lapoursuite du bien et du mal, mais seulement de celle qui arrive dans le jugement et le discernement du vrai et du faux ; MEDITATIONS METAPHYSIQUES, Première Méditation. de sorte que désormais je ne dois pas moins soigneusement m'empêcher d'y donner créance qu'à ce qui serait manifestementfaux, , si je veux trouver quelque chose de certain et d'assuré dans les sciences. MEDITATIONS METAPHYSIQUES, Méditation Seconde. Je m'efforcerai néanmoins, et suivrai derechef la même voie où j'étais entré hier, en m'éloignant de tout ce en quoi je pourraiimaginer le moindre doute, tout de même que si je connaissais que cela fût absolument faux ; cela ne peut être faux ; MEDITATIONS METAPHYSIQUES, Méditation Troisième. d'autant que je n'ai en moi aucune autre faculté, ou puissance, pour distinguer le vrai d'avec le faux, qui me puisse enseigner quece que cette lumière me montre comme vrai ne l'est pas, et à qui je me puisse tant fier qu'à elle. c'est pourquoi je n'ai pas sujet de les suivre non plus en ce qui regarde le vrai et le faux. MEDITATIONS METAPHYSIQUES, Méditation Quatrième. Ensuite, je connais par ma propre expérience qu'il y a en moi une certaine faculté de juger, ou de discerner le vrai d'avec le faux,laquelle sans doute j'ai reçue de Dieu, aussi bien que tout le reste des choses qui sont en moi et que je possède ; mais qu'il arrive que je me trompe, de ce que la puissance que Dieu m'a donnée pour discerner le vrai d'avec le faux, n'est pas enmoi infinie. auxquelles étant de soi indifférente, elle s'égare fort aisément, et choisit le faux pour le vrai, et le mal pour le bien :. »

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