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Le mot "feindre" dans l'oeuvre de DESCARTES

Publié le 29/07/2010

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descartes

 

DISCOURS DE LA METHODE, Quatrième partie.

 Et enfin, considérant que toutes les mêmes pensées que nous avons étant éveillés nous peuvent aussi venir quand nous dormons, sans qu’il y en ait aucune pour lors qui soit vraie, je me résolus de feindre que toutes les choses qui m’étaient jamais entrées en l’esprit n’étaient non plus vraies que les illusions de mes songes.

Puis, examinant avec attention ce que j’étais, et voyant que je pouvais feindre que je n’avais aucun corps, et qu’il n’y avait aucun monde ni aucun lieu où je fusse ;

 mais que je ne pouvais pas feindre pour cela que je étais point ;

  DISCOURS DE LA METHODE, Cinquième partie.

 Même, pour ombrager un peu toutes ces choses, et pouvoir dire plus librement ce que j’en jugeais, sans être obligé de suivre ni de réfuter les opinions qui sont reçues entre les doctes, je me résolus de laisser tout ce monde ici à leurs disputes, et de parler seulement de ce qui arriverait dans un nouveau, si Dieu créait maintenant quelque part, dans les espaces imaginaires, assez de matière pour le composer, et qu’il agitât diversement et sans ordre les diverses parties de cette matière, en sorte qu’il en composât un chaos aussi confus que les poètes en puissent feindre, et que par après il ne fît autre chose que prêter son concours ordinaire à la nature, et la laisser agir suivant les lois qu’il a établies.

 car même je supposai, expressément, qu’il n’y avait en elle aucune de ces formes ou qualités dont on dispute dans les écoles, ni généralement aucune chose dont la connaissance ne fût si naturelle à nos âmes qu’on ne pût pas même feindre de l’ignorer.

  LES METEORES, DISCOURS TROISIEME, Du sel.

 Car encore qu’on puisse feindre, qu’autrefois celles de la mer ont été toutes, par degrés, les unes plus pliantes, les autres moins :

  LE MONDE OU TRAITÉ DE LA LUMIERE, CHAPITRE VI, Description d’un nouveau monde ; et des qualités de la matière dont il est composé.

Or, puisque nous prenons la liberté de feindre cette matière à notre fantaisie, attribuons lui, s’il vous plaît, une nature en laquelle il n’y ait rien du tout que chacun ne puisse connaître aussi parfaitement qu’il est possible ;

 Et supposons de plus que Dieu la divise véritablement en plusieurs telles parties, les unes plus grosses, les autres plus petites, les unes d’une figure, les autres d’une autre, telles qu’il nous plaira de les feindre.

Mais, avant que j’explique ceci plus au long, arrêtez-vous encore un peu à considérer ce chaos et remarquez qu’il ne contient aucune chose qui ne vous soit si parfaitement connue que vous ne sauriez pas même feindre de l’ignorer.

 Et mon dessein n’est pas d’expliquer, comme eux, les choses qui sont en effet dans le vrai monde, mais seulement d’en feindre un à plaisir, dans lequel il n’y ait rien que les plus grossiers esprits ne soient capables de concevoir, et qui puisse toutefois être créé tout de même que je l’aurai feint.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, Méditation Seconde.

 je ne suis point un vent, un souffle, une vapeur, ni rien de tout ce que je puis feindre et imaginer, puisque j’ai supposé que tout cela n’était rien, et que, sans changer cette supposition, je trouve que je ne laisse pas d’être certain que je suis quelque chose.

 par conséquent, elle ne dépend d’aucunes de celles que je puis feindre par mon imagination.

 Et même ces termes de feindre et d’imaginer m’avertissent de mon erreur ;

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, Méditation Troisième.

 car, encore que peut-être l’on puisse feindre qu’un tel être n’existe point, on ne peut pas feindre néanmoins que son idée ne me représente rien de réel, comme j’ai tantôt dit de l’idée du froid.

On ne peut pas feindre aussi que peut-être plusieurs causes ont ensemble concouru en partie à ma production, et que de l’une j’ai reçu l’idée d’une des perfections que j’attribue à Dieu, et d’une autre l’idée de quelque autre, en sorte que toutes ces perfections se trouvent bien à la vérité quelque part dans l’univers, mais ne se rencontrent pas toutes jointes et assemblées dans une seule qui soit Dieu.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, Méditation Cinquième.

 au contraire, je ne puis pas même feindre que cela soit, tant que je ne voudrai rien recevoir en ma pensée, que ce que je pourrai concevoir clairement et distinctement.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, Méditation Sixième.

 Et parce que les idées que je recevais par les sens étaient beaucoup plus vives, plus expresses, et même à leur façon plus distinctes, qu’aucune de celles que je pouvais feindre de moi-même en méditant, ou bien que je trouvais imprimées en ma mémoire, il semblait qu’elles ne pouvaient procéder de mon esprit ;

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, REPONSES DE L’AUTEUR AUX PREMIERES OBJECTIONS.

 car puisque nous concevons et entendons fort bien, non seulement l’existence, mais aussi la négation de l’existence, il n’y a rien que nous puissions feindre être tellement par soi, qu’il ne faille donner aucune raison pourquoi plutôt il existe, qu’il n’existe point ;

 ni enfin je ne puis pas feindre que le mouvement soit en une chose dans laquelle la figure ne puisse être, ou la figure en une chose incapable du mouvement.

 et on ne peut pas feindre que celui-là même qui est juste, ne puisse pas être miséricordieux.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, REPONSES DE L’AUTEUR AUX SECONDES OBJECTIONS.

 Mais puisqu’il ne peut y avoir en nous rien de réel qui ne nous ait été donné par lui, comme il a été démontré en prouvant son existence, et puisque nous avons en nous une faculté réelle pour connaître le vrai et le distinguer d’avec le faux, comme on peut prouver de cela seul que nous avons en nous les idées du vrai et du faux, si cette faculté ne tendait au vrai, au moins lorsque nous nous en servons comme il faut, c’est-à-dire lorsque nous ne donnons notre consentement qu’aux choses que nous concevons clairement et distinctement, car on ne saurait feindre un autre bon usage de cette faculté, ce ne serait pas sans raison que Dieu, qui nous l’a donnée, serait tenu pour un trompeur.

Et ainsi vous voyez qu’après avoir connu que Dieu existe il est nécessaire de feindre qu’il soit trompeur si nous voulons révoquer en doute les choses que nous concevons clairement et distinctement ;

 et parce que cela ne se peut pas même feindre, il faut nécessairement admettre ces choses comme très vraies et très assurées.

 Il ne sert aussi de rien de vouloir feindre que peut-être ces choses semblent fausses à Dieu ou aux anges, parce que l’évidence de notre perception ne nous permettra jamais d’écouter celui qui le voudrait feindre et qui nous le voudrait persuader.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, TROISIÈMES OBJECTIONS, OBJECTION SECONDE, REPONSE.

 et on ne peut pas feindre que ce soit une autre substance qui soit le sujet de la figure, une autre qui soit le sujet du mouvement local, etc.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, RÉPONSES AUX CINQUIEMES OBJECTIONS, DES CHOSES QUI ONT ÉTÉ OBJECTÉES CONTRE LA PREMIERE MÉDITATION.

 Car, où vous dites qu’il n’était “   pas besoin de feindre un Dieu trompeur, ni que je dormais “  , un philosophe aurait cru être obligé d’ajouter la raison pourquoi cela ne peut être révoqué en doute, ou s’il n’en eût point eu, comme de vrai il n’y en a point, il se serait abstenu de le dire.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, RÉPONSES AUX CINQUIEMES OBJECTIONS, DES CHOSES QUI ONT ÉTÉ OBJECTÉES CONTRE LA QUATRIEME MÉDITATION.

 Et on ne peut pas feindre qu’il y ait des fins plus aisées à découvrir les unes que les autres ;

 Et vous ne devez pas aussi feindre qu’il n’y a point d’homme qui puisse comprendre les autres causes ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, PREMIERE PARTIE, Art. 5.

 Et si nous voulons feindre qu’un Dieu tout-puissant n’est point l’auteur de notre être, et que nous subsistons par nous-mêmes ou par quelque autre moyen, de ce que nous supposerons cet auteur moins puissant, nous aurons toujours d’autant plus de sujet de croire que nous ne sommes pas si parfaits que nous ne puissions être continuellement abusés.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, PREMIERE PARTIE, Art. 16.

 mais, d’autant que nous sommes accoutumés à distinguer en toutes les autres choses l’essence de l’existence, et que nous pouvons feindre à plaisir plusieurs idées de choses qui, peut-être, n’ont jamais été et qui ne seront peut-être jamais, lorsque nous n’élevons pas comme il faut notre esprit à la contemplation de cet être tout parfait, il se peut faire que nous doutions si l’idée que nous avons de lui n’est pas l’une de celles que nous feignons quand bon nous semble, ou qui sont possibles encore que l’existence ne soit pas nécessairement comprise en leur nature.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, SECONDE PARTIE, Art. 7.

 Car bien que nous ne voyons point, lorsque l’air ou l’eau sont raréfiés, les pores qui sont entre les parties de ces corps, ni comment ils sont devenus plus grands, ni même le corps qui les remplit, il est toutefois beaucoup moins raisonnable de feindre je ne sais quoi qui n’est pas intelligible, pour expliquer seulement en apparence, et par des termes qui n’ont aucun sens, la façon dont un corps est raréfié, que de conclure, en conséquence de ce qu’il est raréfié, qu’il y a des pores ou intervalles entre ses parties qui sont devenus plus grands, et qui sont pleins de quelque autre corps.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, SECONDE PARTIE, Art. 21.

Nous saurons aussi que ce monde, ou la matière étendue qui compose l’univers, n’a point de bornes, parce que, quelque part où nous en voulions feindre, nous pouvons encore imaginer au-delà des espaces indéfiniment étendus, que nous n’imaginons pas seulement, mais que nous concevons être tels en effet que nous les imaginons, de sorte qu’ils contiennent un corps indéfiniment étendu, car l’idée de l’étendue que nous concevons en quelque espace que ce soit, est la vraie idée que nous devons avoir du corps.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, SECONDE PARTIE, Art. 23.

 Car, encore que nous puissions feindre par la pensée des divisions en cette matière, néanmoins il est constant que notre pensée n’a pas le pouvoir d’y rien changer, et que toute la diversité des formes qui s’y rencontrent dépend du mouvement local.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, SECONDE PARTIE, Art. 39.

 Mais on ne saurait feindre qu’elle soit déterminée à se mouvoir circulairement, parce que, encore qu’elle soit venue d’L vers A suivant une ligne courbe, nous ne concevons point qu’il y ait aucune partie de cette courbure en cette pierre, lorsqu’elle est au point A ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, TROISIEME PARTIE, Art. 61.

 Et d’autant que celles, par exemple, qui sont en la ligne droite SE, s’appuyant seulement les unes sur les autres, ne tournent pas conjointement comme un bâton, mais font leur tour, les unes plus tôt et les autres plus tard, ainsi que je dirai ci-après, l’espace qu’elles laissent vers S doit être rond, parce qu’encore que nous voulussions feindre que la ligne SE fût plus longue et contînt plus de petites boules que la ligne SA ou SI, en sorte que celles qui seraient à l’extrémité de la ligne SE fussent plus proches du centre S que celles qui sont à l’extrémité de la ligne SI ;

  Correspondance, année 1639, Au R. P. MERSENNE, 9 janvier 1639.

 Mais pour imaginer une matière qui n’empêche aucun des divers mouvements de quelques corps, il faut feindre que Dieu ou un ange agite plus ou moins ses parties, à mesure que ce corps qu’elles environnent se meut plus ou moins vite.

  Correspondance, année 1640, A Monsieur REGIUS, 22 mai 1640. (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 24 mai.).

 mais parce que nous nous souvenons souvent des conclusions que nous avons tirées de telles prémisses, sans faire attention aux prémisses mêmes, je dis alors que sans la connaissance de Dieu nous pourrions feindre qu’elles sont incertaines, bien que nous nous souvenions que nous les avons tirées de principes clairs et distincts, parce que telle est peut-être notre nature, que nous nous sommes trompés dans les choses les plus évidentes, et par conséquent que nous n’avions pas une véritable science, mais une simple persuasion, lorsque nous les avons tirées de ces principes ;

  Correspondance, année 1646, A MADAME ÉLISABETH, PRINCESSE PALATINE, etc, 15 septembre 1646.

 c’est de feindre d’être ami de ceux qu’on veut perdre, afin de les pouvoir mieux surprendre.

 et celui qui aura pu feindre d’aimer quelqu’un, pour le trahir, mérite que ceux qu’il voudra par après aimer véritablement, n’en croient rien et le haïssent.

  Correspondance, année 1647, REMARQUES SUR LE TITRE, REMARQUES SUR CHAQUE ARTICLE.

 Mais que peut-on feindre de plus absurde que de dire que toutes les notions communes qui sont en notre esprit procèdent de ces mouvements, et qu’elles ne peuvent être sans eux ?

 Qu’y a-t-il de plus impertinent que de feindre qu’on enseigne ces fausses opinions, au moins dans le temps qu’on les propose, et qu’elles ne sont pas encore réfutées, et partant que celui qui rapporte les arguments dont se servent les athées est lui-même un athée pour un temps ?

  Correspondance, année 1648, REPONSE DE Monsieur DESCARTES. (Cette lettre est adressée à Arnauld), 29 juillet 1648.

 parce qu’on ne saurait feindre ou imaginer aucunes bornes au monde, au-delà desquelles je ne conçoive de l’étendue ;

 

descartes

« On ne peut pas feindre aussi que peut-être plusieurs causes ont ensemble concouru en partie à ma production, et que de l'une j'aireçu l'idée d'une des perfections que j'attribue à Dieu, et d'une autre l'idée de quelque autre, en sorte que toutes ces perfectionsse trouvent bien à la vérité quelque part dans l'univers, mais ne se rencontrent pas toutes jointes et assemblées dans une seule quisoit Dieu. MEDITATIONS METAPHYSIQUES, Méditation Cinquième. au contraire, je ne puis pas même feindre que cela soit, tant que je ne voudrai rien recevoir en ma pensée, que ce que je pourraiconcevoir clairement et distinctement. MEDITATIONS METAPHYSIQUES, Méditation Sixième. Et parce que les idées que je recevais par les sens étaient beaucoup plus vives, plus expresses, et même à leur façon plusdistinctes, qu'aucune de celles que je pouvais feindre de moi-même en méditant, ou bien que je trouvais imprimées en mamémoire, il semblait qu'elles ne pouvaient procéder de mon esprit ; MEDITATIONS METAPHYSIQUES, REPONSES DE L'AUTEUR AUX PREMIERES OBJECTIONS. car puisque nous concevons et entendons fort bien, non seulement l'existence, mais aussi la négation de l'existence, il n'y a rienque nous puissions feindre être tellement par soi, qu'il ne faille donner aucune raison pourquoi plutôt il existe, qu'il n'existe point ; ni enfin je ne puis pas feindre que le mouvement soit en une chose dans laquelle la figure ne puisse être, ou la figure en une choseincapable du mouvement. et on ne peut pas feindre que celui-là même qui est juste, ne puisse pas être miséricordieux. MEDITATIONS METAPHYSIQUES, REPONSES DE L'AUTEUR AUX SECONDES OBJECTIONS. Mais puisqu'il ne peut y avoir en nous rien de réel qui ne nous ait été donné par lui, comme il a été démontré en prouvant sonexistence, et puisque nous avons en nous une faculté réelle pour connaître le vrai et le distinguer d'avec le faux, comme on peutprouver de cela seul que nous avons en nous les idées du vrai et du faux, si cette faculté ne tendait au vrai, au moins lorsque nousnous en servons comme il faut, c'est-à-dire lorsque nous ne donnons notre consentement qu'aux choses que nous concevonsclairement et distinctement, car on ne saurait feindre un autre bon usage de cette faculté, ce ne serait pas sans raison que Dieu,qui nous l'a donnée, serait tenu pour un trompeur. Et ainsi vous voyez qu'après avoir connu que Dieu existe il est nécessaire de feindre qu'il soit trompeur si nous voulons révoqueren doute les choses que nous concevons clairement et distinctement ; et parce que cela ne se peut pas même feindre, il faut nécessairement admettre ces choses comme très vraies et très assurées. Il ne sert aussi de rien de vouloir feindre que peut-être ces choses semblent fausses à Dieu ou aux anges, parce que l'évidence denotre perception ne nous permettra jamais d'écouter celui qui le voudrait feindre et qui nous le voudrait persuader. MEDITATIONS METAPHYSIQUES, TROISIÈMES OBJECTIONS, OBJECTION SECONDE, REPONSE. et on ne peut pas feindre que ce soit une autre substance qui soit le sujet de la figure, une autre qui soit le sujet du mouvementlocal, etc. MEDITATIONS METAPHYSIQUES, RÉPONSES AUX CINQUIEMES OBJECTIONS, DES CHOSES QUI ONT ÉTÉ OBJECTÉES CONTRE LA PREMIERE MÉDITATION. Car, où vous dites qu'il n'était “ pas besoin de feindre un Dieu trompeur, ni que je dormais “ , un philosophe aurait cru êtreobligé d'ajouter la raison pourquoi cela ne peut être révoqué en doute, ou s'il n'en eût point eu, comme de vrai il n'y en a point, ilse serait abstenu de le dire.. »

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