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Le mot "incommodité" dans l'oeuvre de René DESCARTES

Publié le 09/08/2010

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descartes

 DISCOURS DE LA METHODE, Seconde Partie.

 Ainsi je m’imaginai que les peuples qui, ayant été autrefois demi-sauvages, et ne s’étant civilisés que peu à peu, n’ont fait leurs lois qu’à mesure que l’incommodité des crimes et des querelles les y a contraints, ne sauraient être si bien policés que ceux qui, dès le commencement qu’ils se sont assemblés, ont observé les constitutions de quelque prudent législateur.

  LA DIOPTRIQUE, DISCOURS SEPTIEME, DES MOYENS DE PERFECTIONNER LA VISION.

Or, d’autant qu’il y aurait beaucoup d’incommodité à joindre de l’eau contre notre oeil en la façon que je viens d’expliquer, et même que, ne pouvant savoir précisément quelle est la figure de la peau BCD qui le couvre, on ne saurait déterminer exactement celle du verre GHI pour le substituer en sa place ;

Mais pour ce qu’il y aurait derechef de l’incommodité à trouver des verres ou autres tels corps qui fussent assez épais pour remplir tout le tuyau HF, et assez clairs et transparents pour n’empêcher point pour cela le passage de la lumière, on pourra laisser vide tout le dedans de ce tuyau et mettre seulement deux verres à ses deux bouts, qui fassent le même effet que je viens de dire que les deux superficies GHI et KLM devaient faire.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, Méditation Sixième.

 De plus j’ai senti que ce corps était placé entre beaucoup d’autres, desquels il était capable de recevoir diverses commodités et incommodités, et je remarquais ces commodités par un certain sentiment de plaisir ou de volupté, et ces incommodités par un sentiment de douleur.

 car sachant que tous mes sens me signifient plus ordinairement le vrai que le faux, touchant les choses qui regardent les commodités ou incommodités du corps, et pouvant presque toujours me servir de plusieurs d’entre eux pour examiner une même chose, et outre cela, pouvant user de ma mémoire pour lier et joindre les connaissances présentes aux passées, et de mon entendement qui a déjà découvert toutes les causes de mes erreurs, je ne dois plus craindre désormais qu’il se rencontre de la fausseté dans les choses qui me sont le plus ordinairement représentées par mes sens.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, PREMIERE PARTIE, Art. 71.

 A savoir, pendant les premières années de notre vie, que notre âme était si étroitement liée au corps, qu’elle ne s’appliquait à autre chose qu’à ce qui causait en lui quelques impressions, elle ne considérait pas encore si ces impressions étaient causées par des choses qui existassent hors de soi, mais seulement elle sentait de la douleur lorsque le corps en était offensé, ou du plaisir lorsqu’il en recevait de l’utilité, ou bien, si elles étaient si légères que le corps n’en reçût point de commodité, ni aussi d’incommodité qui fût importante à sa conservation, elle avait des sentiments tels que sont ceux qu’on nomme goût, odeur, son, chaleur, froid, lumière, couleur, et autres semblables, qui véritablement ne nous représentent rien qu’il existe hors de notre pensée, mais qui sont divers selon les diversités qui se rencontrent dans les mouvements qui passent de tous les endroits de notre corps jusques à l’endroit du cerveau auquel elle est étroitement jointe et unie.

  LES PASSIONS DE L’AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 92.

La tristesse est une langueur désagréable en laquelle consiste l’incommodité que l’âme reçoit du mal, ou du défaut que les impressions du cerveau lui représentent comme lui appartenant.

  LES PASSIONS DE L’AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 141.

 Il est évident aussi que la joie ne peut manquer d’être bonne, ni la tristesse d’être mauvaise, au regard de l’âme, parce que c’est en la dernière que consiste toute l’incommodité que l’âme reçoit du mal, et en la première que consiste toute la jouissance du bien qui lui appartient.

  LES PASSIONS DE L’AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 147.

J’ajouterai seulement encore ici une considération qui me semble beaucoup servir pour nous empêcher de recevoir aucune incommodité des passions ;

  Correspondance, année 1630, AU R. P. MERSENNE, 25 février 1630.

 Au reste, quand bien même je demeurerais ici, je ne le pourrais pas avoir sans incommodité, et entre nous, quand bien je pourrais, ce que vous me mandez, qu’il n’a point achevé l’instrument de Monsieur N (Morin), m’en ôterait l’envie ;

 (Ferrier) et voudrais bien pouvoir, sans trop d’incommodité, soulager se mauvaise fortune ;

  Correspondance, année 1631, A Monsieur DE BALZAC, 15 mai 1631. (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 5 mai 1631.).

 Que si vous craignez les hivers du Septentrion, dites-moi quelles ombres, quel éventail, quelles fontaines vous pourraient si bien préserver à Rome des incommodités de la chaleur, comme un poêle et un grand feu vous exempteront ici d’avoir froid ?

  Correspondance, année 1638, REPONSE DE Monsieur DESCARTES, 12 janvier 1638 (Les éditions contemporaines datent cette lettre de mars, avril ou mai 1638).

 mais s’il faut ici que j’en dise mon opinion, je crois que si on suivait exactement la prononciation, cela apporterait beaucoup plus de commodité aux étrangers pour apprendre notre langue, que l’ambiguïté de quelques équivoques ne donnerait d’incommodité à eux ou à nous :

  Correspondance, année 1639, Au R. P. MERSENNE, 9 janvier 1639.

 Et si Dieu ne me donne assez de science pour éviter les incommodités que l’âge apporte, j’espère qu’il me laissera au moins assez longtemps en cette vie pour me donner le loisir de les souffrir.

  Correspondance, année 1640, A MONSIEUR ***, Sans date. (Les éditions contemporaines datent une partie de cette lettre du 14 novembre 1640).

 Enfin, je crois, quelque agréables que soient les divertissements que nous choisissons de nous-mêmes, ils ne nous empêchent point tant de penser à nos incommodités que font ceux auxquels nous sommes obligés par quelque devoir, et que notre corps s’accoutume si fort au train de vie que nous menons, qu’il arrive bien plus souvent qu’on s’incommode en sa santé lorsqu’on le change, que non pas qu’on la rende meilleure, principalement quand le changement est trop subit :

Correspondance, année 1646, A MADAME ÉLISABETH, PRINCESSE PALATINE, etc, Mars 1646 (Les éditions contemporaines datent cette lettre de janvier 1646.).

Il est besoin aussi que je distingue deux sortes de biens, pour accorder ce que j’ai ci-devant écrit (à savoir, qu’en cette vie nous avons toujours plus de biens que de maux) avec ce que votre altesse m’objecte touchant toutes les incommodités de la vie.

 Mais quand on considère les biens et les maux qui peuvent être en une même chose, pour savoir l’estime qu’on en doit faire, comme j’ai fait lorsque j’ai parlé de l’estime que nous devions faire de cette vie, on prend le bien pour tout ce qui s’y trouve dont on peut avoir quelque commodité, et on ne nomme mal que ce dont on peut recevoir de l’incommodité ;

  Correspondance, année 1646, A MADAME ÉLISABETH, PRINCESSE PALATINE, etc, 15 décembre 1646.

 et si cette incommodité dure jusqu’au printemps, alors il sera aisé de la chasser avec quelques légers purgatifs, ou bouillons rafraîchissants, où il n’entre rien que des herbes qui soient connues en la cuisine, et en s’abstenant de manger des viandes où il y ait trop de sel ou d’épiceries.

  Correspondance, année 1648, MADAME ÉLISABETH, PRINCESSE PALATINE, etc, 1er octobre 1648.

 Quoi qu’il en soit, je n’estime pas qu’on doive être fâché de ne point faire un voyage, où, comme Votre Altesse remarque fort bien, les incommodités étaient infaillibles et les avantages fort incertains.

  Correspondance, année 1649, A Monsieur CHANUT, décembre 1649. (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 26 février 1649.).

 car j’ai peur que nos orages de France ne soient pas sitôt apaisés, et je deviens de jour à autre plus paresseux, en sorte qu’il serait difficile que je pusse derechef me résoudre à souffrir l’incommodité d’un voyage.

descartes

« incommodité des passions ; Correspondance, année 1630, AU R.

P.

MERSENNE, 25 février 1630. Au reste, quand bien même je demeurerais ici, je ne le pourrais pas avoir sans incommodité, et entre nous, quand bien jepourrais, ce que vous me mandez, qu'il n'a point achevé l'instrument de Monsieur N (Morin), m'en ôterait l'envie ; (Ferrier) et voudrais bien pouvoir, sans trop d'incommodité, soulager se mauvaise fortune ; Correspondance, année 1631, A Monsieur DE BALZAC, 15 mai 1631.

(Les éditions contemporaines datent cette lettre du 5 mai 1631.). Que si vous craignez les hivers du Septentrion, dites-moi quelles ombres, quel éventail, quelles fontaines vous pourraient si bienpréserver à Rome des incommodités de la chaleur, comme un poêle et un grand feu vous exempteront ici d'avoir froid ? Correspondance, année 1638, REPONSE DE Monsieur DESCARTES, 12 janvier 1638 (Les éditions contemporaines datent cette lettre de mars, avril ou mai 1638). mais s'il faut ici que j'en dise mon opinion, je crois que si on suivait exactement la prononciation, cela apporterait beaucoup plusde commodité aux étrangers pour apprendre notre langue, que l'ambiguïté de quelques équivoques ne donnerait d'incommodité àeux ou à nous : Correspondance, année 1639, Au R.

P.

MERSENNE, 9 janvier 1639. Et si Dieu ne me donne assez de science pour éviter les incommodités que l'âge apporte, j'espère qu'il me laissera au moins assezlongtemps en cette vie pour me donner le loisir de les souffrir. Correspondance, année 1640, A MONSIEUR ***, Sans date.

(Les éditions contemporaines datent une partie de cette lettre du 14 novembre 1640). Enfin, je crois, quelque agréables que soient les divertissements que nous choisissons de nous-mêmes, ils ne nous empêchentpoint tant de penser à nos incommodités que font ceux auxquels nous sommes obligés par quelque devoir, et que notre corpss'accoutume si fort au train de vie que nous menons, qu'il arrive bien plus souvent qu'on s'incommode en sa santé lorsqu'on lechange, que non pas qu'on la rende meilleure, principalement quand le changement est trop subit : Correspondance, année 1646, A MADAME ÉLISABETH, PRINCESSE PALATINE, etc, Mars 1646 (Les éditionscontemporaines datent cette lettre de janvier 1646.). Il est besoin aussi que je distingue deux sortes de biens, pour accorder ce que j'ai ci-devant écrit (à savoir, qu'en cette vie nousavons toujours plus de biens que de maux) avec ce que votre altesse m'objecte touchant toutes les incommodités de la vie. Mais quand on considère les biens et les maux qui peuvent être en une même chose, pour savoir l'estime qu'on en doit faire,comme j'ai fait lorsque j'ai parlé de l'estime que nous devions faire de cette vie, on prend le bien pour tout ce qui s'y trouve donton peut avoir quelque commodité, et on ne nomme mal que ce dont on peut recevoir de l'incommodité ; Correspondance, année 1646, A MADAME ÉLISABETH, PRINCESSE PALATINE, etc, 15 décembre 1646. et si cette incommodité dure jusqu'au printemps, alors il sera aisé de la chasser avec quelques légers purgatifs, ou bouillonsrafraîchissants, où il n'entre rien que des herbes qui soient connues en la cuisine, et en s'abstenant de manger des viandes où il yait trop de sel ou d'épiceries. Correspondance, année 1648, MADAME ÉLISABETH, PRINCESSE PALATINE, etc, 1 er octobre 1648. Quoi qu'il en soit, je n'estime pas qu'on doive être fâché de ne point faire un voyage, où, comme Votre Altesse remarque fortbien, les incommodités étaient infaillibles et les avantages fort incertains.. »

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