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Le mot "jambe" dans l'oeuvre de DESCARTES

Publié le 18/07/2010

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descartes

 

MEDITATIONS METAPHYSIQUES, Méditation Sixième.

 et cependant j’ai autrefois appris de quelques personnes qui avaient les bras et les jambes coupés, qu’il leur semblait encore quelquefois sentir de la douleur dans la partie qu’ils n’avaient plus ;

 Mais parce que ces nerfs doivent passer par la jambe, par la cuisse, par les reins, par le dos et par le col, pour s’étendre depuis le pied jusqu’au cerveau, il peut arriver qu’encore bien que leurs extrémités qui sont dans le pied ne soient point remuées, mais seulement quelques-unes de leurs parties qui passent par les reins ou par le col, cela néanmoins excite les mêmes mouvements dans le cerveau, qui pourraient y être excités par une blessure reçue dans le pied, en suite de quoi il sera nécessaire que l’esprit ressente dans le pied la même douleur que s’il y avait reçu une blessure.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, PREMIERE PARTIE, Art. 9.

 si j’entends parler de l’action qui se fait avec mes yeux ou avec mes jambes, cette conclusion n’est pas tellement infaillible, que je n’aie quelque sujet d’en douter, à cause qu’il se peut faire que je pense voir ou marcher, encore que je n’ouvre point les yeux et que je ne bouge de ma place ;

  LES PASSIONS DE L’AME, PREMIERE PARTIE, ARTICLE 15.

 Ainsi, par exemple, celui qui vient de la partie inférieure du foie, où est le fiel, se dilate d’autre façon dans le coeur que celui qui vient de la rate, et celui-ci autrement que celui qui vient des veines des bras ou des jambes, et enfin celui-ci tout autrement que le suc des viandes, lorsqu’étant nouvellement sorti de l’estomac et des boyaux, il passe promptement par le foie jusques au coeur.

  LES PASSIONS DE L’AME, PREMIERE PARTIE, ARTICLE 18.

 Les autres sont des actions qui se terminent en notre corps, comme lorsque de cela seul que nous avons la volonté de nous promener, il suit que nos jambes se remuent et que nous marchons.

  LES PASSIONS DE L’AME, PREMIERE PARTIE, ARTICLE 36.

Et, outre cela, si cette figure est fort étrange et fort effroyable, c’est-à-dire si elle a beaucoup de rapport avec les choses qui ont été auparavant nuisibles au corps, cela excite en l’âme la passion de la crainte, et ensuite celle de la hardiesse, ou bien celle de la peur et de l’épouvante, selon le divers tempérament du corps ou la force de l’âme, et selon qu’on s’est auparavant garanti par la défense ou par la fuite contre les choses nuisibles auxquelles l’impression présente a du rapport, Car cela rend le cerveau tellement disposé en quelques hommes, que les esprits réfléchis de l’image ainsi formée sur la glande vont de là se rendre partie dans les nerfs qui servent à tourner le dos et remuer les jambes pour s’enfuir, et partie en ceux qui élargissent ou étrécissent tellement les orifices du coeur ou bien qui agitent tellement les autres parties d’où le sang lui est envoyé, que ce sang y étant raréfié d’autre façon que de coutume, il envoie des esprits au cerveau qui sont propres à entretenir et fortifier la passion de la peur, c’est-à-dire qui sont propres à tenir ouverts ou bien à ouvrir derechef les pores du cerveau qui les conduisent dans les mêmes nerfs.

  LES PASSIONS DE L’AME, PREMIERE PARTIE, ARTICLE 38.

Au reste, en même façon que le cours que prennent ces esprits vers les nerfs du coeur suffit pour donner le mouvement à la glande par lequel la peur est mise dans l’âme, ainsi aussi, par cela seul que quelques esprits vont en même temps vers les nerfs qui servent à remuer les jambes pour fuir, ils causent un autre mouvement en la même glande par le moyen duquel l’âme sent et aperçoit cette fuite, laquelle peut en cette façon être excitée dans le corps par la seule disposition des organes et sans que l’âme y contribue.

  LES PASSIONS DE L’AME, PREMIERE PARTIE, ARTICLE 46.

 si la peur incite les jambes à fuir, la volonté les peut arrêter, et ainsi des autres.

  LES PASSIONS DE L’AME, PREMIERE PARTIE, ARTICLE 47.

 Toutefois on peut encore concevoir quel que combat, en ce que souvent la même cause qui excite en l’âme quelque passion excite aussi certains mouvements dans le corps auxquels l’âme ne contribue point, et lesquels elle arrête ou tâche d’arrêter sitôt qu’elle les aperçoit, comme on éprouve lorsque ce qui excite la peur fait aussi que les esprits entrent dans les muscles qui servent à remuer les jambes pour fuir, et que la volonté qu’on a d’être hardi les arrête.

 

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