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Le mot "loi" dans l'oeuvre de DESCARTES

Publié le 17/01/2022

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Règles pour la direction de l’esprit, Règle deuxième.

mais comme maintenant nous sommes déliés du serment qui nous enchaînait aux paroles du maître, et que, notre âge étant devenu assez mûr, nous avons soustrait notre main aux coups de la férule, si nous voulons sérieusement nous proposer des règles, à l’aide desquelles nous puissions parvenir au faîte de la connaissance humaine, mettons au premier rang celle que nous venons d’énoncer, et gardons-nous d’abuser de notre loisir, négligeant, comme font beaucoup de gens, les études aisées, et ne nous appliquant qu’aux choses difficiles.

  Règles pour la direction de l’esprit, Règle quatrième.

En effet je ne ferais pas grand cas de ces règles, si elles ne servaient qu’à résoudre certains problèmes dont les calculateurs et les géomètres amusent leurs loisirs.

  ABREGE DE LA MUSIQUE, Des dissonances.

car en celle qu’on chante avec diminution l’oreille n’a pas le loisir d’apercevoir le défaut de ces dissonances, lequel paraît d’autant plus rude, qu’elles ont des quintes voisines, avec lesquelles l’oreille les comparant, on s’aperçoit plus aisément de leur imperfection par la douceur qu’ont les quintes.

  ABREGE DE LA MUSIQUE, De la manière de composer, et des modes.

dont les raisons se peuvent tirer de ce que nous avons ci-dessus, car le son plus bas frappe aussi plus lentement l’oreille, qui ne pourrait souffrir qu’il allât aussi promptement et avec autant de vitesse que l’autre, d’autant qu’elle n’aurait pas alors le loisir de distinguer chaque ton.

  DISCOURS DE LA METHODE, Seconde Partie.

et comme je retournais du couronnement de l’empereur vers l’armée, le commencement de l’hiver m’arrêta en un quartier où, ne trouvant aucune conversation qui me divertît, et n’ayant d’ailleurs, par bonheur, aucuns soins ni passions qui me troublassent, je demeurais tout le jour enfermé seul dans un poêle, où j’avais tout le loisir de m’entretenir de mes pensées.

Ainsi je m’imaginai que les peuples qui, ayant été autrefois demi-sauvages, et ne s’étant civilisés que peu à peu, n’ont fait leurs lois qu’à mesure que l’incommodité des crimes et des querelles les y a contraints, ne sauraient être si bien policés que ceux qui, dès le commencement qu’ils se sont assemblés, ont observé les constitutions de quelque prudent législateur.

Et, pour parler des choses humaines, je crois que si Sparte a été autrefois très florissante, ce n’a pas été à cause de la bonté de chacune de ses lois en particulier, vu que plusieurs étaient fort étranges, et même contraires aux bonnes moeurs, mais à cause que, n’ayant été inventées que par un seul, elles tendaient toutes à même fin.

Et comme la multitude des lois fournit souvent des excuses aux vices, en sorte qu’un Etat est bien mieux réglé lorsque, n’en ayant que fort peu, elles y sont fort étroitement observées ;

  DISCOURS DE LA METHODE, Troisième partie.

La première était d’obéir aux lois et aux coutumes de mon pays, retenant constamment la religion en laquelle Dieu m’a fait la grâce d’être instruit dès mon enfance, et me gouvernant, en toute autre chose, suivant les opinions les plus modérées, et les plus éloignées de l’excès, qui fussent communément reçues en pratique par les mieux sensés de ceux avec lesquels j’aurais à vivre.

Non que je désapprouvasse les lois qui, pour remédier à l’inconstance des esprits faibles, permettent, lorsqu’on a quelque bon dessein, ou même, pour la sûreté du commerce, quelque dessein qui n’est qu’indifférent, qu’on fasse des voeux ou des contrats, qui obligent à y persévérer ;

  DISCOURS DE LA METHODE, Cinquième partie.

et néanmoins j’ose dire que non seulement j’ai trouvé moyen de me satisfaire en peu de temps touchant toutes les principales difficultés dont on a coutume de traiter en la philosophie, mais aussi que j’ai remarqué certaines lois que Dieu a tellement établies en la nature, et dont il a imprimé de telles notions en nos âmes, qu’après y avoir fait assez de réflexion nous ne saurions douter qu’elles ne soient exactement observées en tout ce qui est ou qui se fait dans le monde.

Puis, en considérant la suite de ces lois, il me semble avoir découvert plusieurs vérités plus utiles et plus importantes que tout ce que j’avais appris auparavant ou même espéré d’apprendre.

Même, pour ombrager un peu toutes ces choses, et pouvoir dire plus librement ce que j’en jugeais, sans être obligé de suivre ni de réfuter les opinions qui sont reçues entre les doctes, je me résolus de laisser tout ce monde ici à leurs disputes, et de parler seulement de ce qui arriverait dans un nouveau, si Dieu créait maintenant quelque part, dans les espaces imaginaires, assez de matière pour le composer, et qu’il agitât diversement et sans ordre les diverses parties de cette matière, en sorte qu’il en composât un chaos aussi confus que les poètes en puissent feindre, et que par après il ne fît autre chose que prêter son concours ordinaire à la nature, et la laisser agir suivant les lois qu’il a établies.

De plus, je fis voir quelles étaient les lois de la nature ;

Après cela, je montrai comment la plus grande part de la matière de ce chaos devait, en suite de ces lois, se disposer et s’arranger d’une certaine façon qui la rendait semblable à nos cieux ;

de façon qu’encore qu’il ne lui aurait point donné, au commencement, d’autre forme que celle du chaos, pourvu qu’ayant établi les lois de la nature, il lui prêtât son concours, pour agir ainsi qu’elle a de coutume, on peut croire, sans faire tort au miracle de la création, que par cela seul toutes les choses qui sont purement matérielles auraient pu, avec le temps, s’y rendre telles que nous les voyons à présent.

au lieu que les hommes qui étant nés sourds et muets sont privés des organes qui servent aux autres pour parler, autant ou plus que les bêtes, ont coutume d’inventer d’eux-mêmes quelques signes, par lesquels ils se font entendre à ceux qui étant ordinairement avec eux ont loisir d’apprendre leur langue Et ceci ne témoigne pas seulement que les bêtes ont moins de raison que les hommes, mais qu’elles n’en ont point du tout :

  DISCOURS DE LA METHODE, Sixième partie.

Mais, sitôt que j’ai eu acquis quelques notions générales touchant la physique, et que, commençant à les éprouver en diverses difficultés particulières, j’ai remarqué jusques où elles peuvent conduire, et combien elles diffèrent des principes dont on s’est servi jusques à présent, j’ai cru que je ne pouvais les tenir cachées sans pécher grandement contre la loi qui nous oblige à procurer autant qu’il est en nous le bien général de tous les hommes :

et que mon âge n’est point si avancé que, selon le cours ordinaire de la nature, je ne puisse encore avoir assez de loisir pour cet effet.

De façon que s’il y avait au monde quelqu’un qu’on sût assurément être capable de trouver les plus grandes choses et les plus utiles au public qui puissent être, et que pour cette cause les autres hommes s’efforçassent par tous moyens de l’aider à venir à bout de ses desseins, je ne vois pas qu’ils pussent autre chose pour lui, sinon fournir aux frais des expériences dont il aurait besoin, et du reste empêcher que son loisir ne lui fût ôté par l’importunité de personne.

et je me tiendrai toujours plus obligé à ceux par la faveur desquels je jouirai sans empêchement de mon loisir, que je ne serais à ceux qui m’offriraient les plus honorables emplois de la terre.

  LA DIOPTRIQUE, DISCOURS PREMIER, DE LA LUMIERE.

mais, lorsqu’ils rencontrent quelques autres corps, ils sont sujets à être détournés par eux, ou amortis en même façon que l’est le mouvement d’une balle, ou d’une pierre jetée dans l’air, par ceux qu’elle rencontre, Car il est bien aisé à croire que l’action ou inclination à se mouvoir, que j’ai dit devoir être prise pour la lumière, doit suivre en ceci les mêmes lois que le mouvement.

  LA DIOPTRIQUE, DISCOURS SECOND, DE LA REFRACTION.

Enfin, d’autant que l’action de la lumière suit en ceci les mêmes lois que le mouvement de cette balle, il faut dire que, lorsque ses rayons passent obliquement d’un corps transparent dans un autre, qui les re ccedil;oit plus ou moins facilement que le premier, ils s’y détournent en telle sorte, qu’ils se trouvent toujours moins inclinés sur la superficie de ces corps, du côté où est celui qui les reçoit le plus aisément, que du côté où est l’autre ;

  LES METEORES, DISCOURS TROISIEME, Du sel.

car s’il y en a jamais eu dans la mer qui fussent plus grosses par un bout que par l’autre, ayant été par même moyen plus pesantes, elles ont eu tout loisir d’aller au fonds depuis que le monde est ;

ou s’il y en a eu de courbées, elles ont eu loisir de rencontrer des corps durs, et se joindre à eux, à cause qu’étant une fois entrées dans leurs pores, elles n’auront pu si facilement en ressortir que celles qui sont égales et droites.

En suite de quoi il faut considérer que lorsque la chaleur de I air est assez grande pour former le sel, elle peut non seulement faire sortir hors de l’eau de mer quelques unes des parties pliantes qui s’y trouvent, et les faire monter en vapeur, mais aussi les y faire monter avec telle vitesse, qu’avant qu’elles aient eu le loisir de se développer d’autour de celles du sel, elles arrivent jusques au dessus de la superficie de cette eau, où les apportant avec soi, elles n’achèvent de s’en développer, qu’après que le trou, qu’elles ont fait en cette superficie pour en sortir, s’est refermé, au moyen de quoi ces parties du sel y demeurent toutes seules flottantes dessus, comme vous les voyez représentées vers D.

  LES METEORES, DISCOURS CINQUIEME, Des nues.

Mais si le froid survient entre ces deux temps, ce qui est le plus ordinaire, il gèle les parties de la vapeur à mesure qu’elles se plient et s’entassent plusieurs ensemble, sans leur donner le loisir de s’unir assez parfaitement pour former des gouttes :

Remarqués aussi touchant les nues, qu’elles peuvent être produites à diverses distances de la terre, selon que les vapeurs ont loisir de monter plus ou moins haut, avant que être assez condensées pour les composer.

  LES METEORES, DISCOURS SIXIEME, DE LA NEIGE, DE LA PLUIE, ET DE LA GRELE.

et même les plus liquides, c’est-à-dire les plus agitées de leurs parties qui se trouvent ailleurs, tendent aussi vers là, au lieu que celles qui n’ont pas loisir de se fondre demeurent au centre ;

  L’HOMME.

encore qu’il n y ait aucune autre puissance qui les y porte, que la seule inclination qu’ils ont à continuer leur mouvement suivant les lois de la nature.

Au reste, pendant le sommeil, la substance du cerveau, qui est en repos, a le loisir de se nourrir et de se refaire, étant humectée par le sang que contiennent les petites veines ou artères qui paraissent en sa superficie extérieure.

  LE MONDE OU TRAITÉ DE LA LUMIERE, CHAPITRE V, Du nombre des éléments et de leurs qualités.

quand bien même Dieu n’aurait créé au commencement que des corps mêlés, néanmoins, depuis le temps que le monde est, tous ces corps auraient eu le loisir de quitter leurs formes et de prendre celle des éléments.

  LE MONDE OU TRAITÉ DE LA LUMIERE, CHAPITRE VI, Description d’un nouveau monde ; et des qualités de la matière dont il est composé.

mais pensons que toute la distinction qu’il y met consiste dans la diversité des mouvements qu’il leur donne, faisant que, dès le premier instant qu’elles sont créées, les unes commencent à se mouvoir d’un côté, les autres d’un autre, les unes plus vite, les autres plus lentement (ou même, si vous voulez, point du tout), et qu’elles continuent par après leur mouvement suivant les lois ordinaires de la nature :

  LE MONDE OU TRAITÉ DE LA LUMIERE, CHAPITRE VII, Des lois de la nature de ce nouveau monde.

Mais je ne veux pas différer plus longtemps à vous dire par quel moyen la nature seule pourra démêler la confusion du Chaos dont j’ai parlé, et quelles sont les lois que Dieu lui a imposées.

et les règles suivant lesquelles se font ces changements, je les nomme les lois de la nature.

et contre toutes les lois de la nature, il tâche soi-même à se détruire.

Mais au contraire, celui que je suppose suit les mêmes lois de la nature, que font généralement toutes les dispositions et toutes les qualités qui se trouvent en la matière :

Mais je me contenterai de vous avertir, qu’outre les trois lois que j’ai expliquées, je n’en veux point supposer d’autres que celles qui suivent infailliblement de ces vérités éternelles, sur lesquelles les mathématiciens ont accoutumé d’appuyer leurs plus certaines et plus évidentes démonstrations :

  LE MONDE OU TRAITÉ DE LA LUMIERE, CHAPITRE VIII, De la formation du soleil et des étoiles de ce nouveau monde.

Quelque inégalité et confusion que nous puissions supposer que Dieu ait mise au commencement entre les parties de la matière, il faut, suivant les lois qu’il a composées à la nature, que par après elles se soient réduites presque toutes à une grosseur et à un mouvement médiocre, et ainsi qu’elles aient pris la forme du second élément, telle que je l’ai ci-dessus expliquée.

  LE MONDE OU TRAITÉ DE LA LUMIERE, CHAPITRE IX, De l’origine et du cours des planètes et des comètes en général, et en particulier des comètes.

En sorte que si vous vous imaginez deux rivières qui se joignent en quelque endroit l’une à l’autre, et qui se séparent derechef un peu après, avant que leurs eaux, qu’il faut supposer fort calmes et d’une force assez égale, mais avec cela fort rapides, aient le loisir de se mêler, les bateaux ou autres corps assez massifs et pesants qui seront emportés par le cours de l’une pourront facilement passer en l’autre, au lieu que les plus légers s’en éloigneront, et seront rejetés par la force de cette eau vers les lieux où elle est le moins rapide.

  LE MONDE OU TRAITÉ DE LA LUMIERE, CHAPITRE XIII, De la lumière.

ce qui est contraire aux lois de la nature.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, Méditation Seconde.

car il me faudrait par après rechercher ce que c’est qu’animal, et ce que c’est que raisonnable, et ainsi d’une seule question je tomberais insensiblement en une infinité d’autres plus difficiles et embarrassées, et je ne voudrais pas abuser du peu de temps et de loisir qui me reste, en l’employant à démêler de semblables difficultés.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, Méditation Troisième.

Mais, auparavant que j’examine cela plus soigneusement, et que je passe à la considération des autres vérités que l’on en peut recueillir, il me semble très à propos de m’arrêter quelque temps à la contemplation de ce Dieu tout parfait, de peser tout à loisir ses merveilleux attributs, de considérer, d’admirer et d’adorer l’incomparable beauté de cette immense lumière, au moins autant que la force de mon esprit, qui en demeure en quelque sorte ébloui, me le pourra permettre.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, Méditation Sixième.

parce que je remarquais que les jugements que j’avais coutume de faire de ces objets, se formaient en moi avant que j’eusse le loisir de peser et considérer aucunes raisons qui me pussent obliger à les faire.

Et comme une horloge, composée de roues et de contrepoids, n’observe pas moins exactement toutes les lois de la nature, lorsqu’elle est mal faite, et qu’elle ne montre pas bien les heures, que lorsqu’elle satisfait entièrement au désir de l’ouvrier ;

Mais parce que la nécessité des affaires nous oblige souvent à nous déterminer, avant que nous ayons eu le loisir de les examiner si soigneusement, il faut avouer que la vie de l’homme est sujette à faillir fort souvent dans les choses particulières ;

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, REPONSES DE L’AUTEUR AUX PREMIERES OBJECTIONS.

et, selon les lois de la vraie logique, on ne doit jamais demander d’aucune chose, si elle est, qu’on ne sache premièrement ce qu’elle est.

Mais certes la lumière naturelle nous dicte qu’il n’y a aucune chose de laquelle il ne soit loisible de demander pourquoi elle existe, ou bien dont on ne puisse rechercher la cause efficiente, ou, si elle n’en a point, demander pourquoi elle n’en a pas besoin ;

Car, encore qu’il ne soit pas besoin de dire qu’il est la cause efficiente de soi-même, de peur que peut-être on n’entre en dispute du mot, néanmoins, parce que nous voyons que ce qui fait qu’il est par soi, ou qu’il n’a point de cause différente de soi-même, ne procède pas du néant, mais de la réelle et véritable immensité de sa puissance, il nous est tout à fait loisible de penser qu’il fait en quelque façon la même chose à l’égard de soi-même, que la cause efficiente à l’égard de son effet, et partant, qu’il est par soi positivement.

Il est aussi loisible à un chacun de s’interroger soi-même, savoir si en ce même sens il est par soi, et lorsqu’il ne trouve en soi aucune puissance capable de le conserver seulement un moment, il conclut avec raison qu’il est par un autre, et même par un autre qui est par soi, parce qu’étant ici question du temps présent, et non point du passé ou du futur, le progrès ne peut pas être continué à l’infini.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, REPONSES DE L’AUTEUR AUX QUATRIEMES OBJECTIONS, REPONSE A L’AUTRE PARTIE, DE DIEU.

c’est à savoir, où j’ai dit qu’il nous était loisible de penser que Dieu fait en quelque façon la même chose à l’égard de soi-même, que la cause efficiente à l’égard de son effet.

il nous est tout à fait loisible de penser, j’ai donné à connaître que je n’expliquais ainsi ces choses, qu’à cause de l’imperfection de l’esprit humain.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, LETTRE DE L’AUTEUR A CELUI QUI A TRADUIT LE LIVRE, LAQUELLE PEUT SERVIR ICI DE PREFACE.

Les trois autres parties contiennent tout ce qu’il y a de plus général en la physique, à savoir l’explication des premières lois ou des principes de la nature, et la façon dont les cieux, les étoiles fixes, les planètes, les comètes, et généralement tout l’univers est composé ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, SECONDE PARTIE, Art. 36.

d’où il suit que, puisqu’il a mû en plusieurs façons différentes les parties de la matière, lorsqu’il les a créées, et qu’il les maintient toutes en la même façon et avec les mêmes lois qu’il leur a fait observer en leur création, il conserve incessamment en cette matière une égale quantité de mouvement.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, SECONDE PARTIE, Art. 37.

De cela aussi que Dieu n’est point sujet à changer et qu’il agit toujours de même sorte, nous pouvons parvenir à la connaissance de certaines règles, que je nomme les lois de la nature, et qui sont les causes secondes des divers mouvements que nous remarquons en tous les corps ;

Et toutefois ce n’est qu’un faux préjugé, qui répugne manifestement aux lois de la nature ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, SECONDE PARTIE, Art. 38.

Car il n’y a point d’autre raison pourquoi elles continuent de se mouvoir, lorsqu’elles sont hors de la main de celui qui les a poussées, sinon que, suivant les lois de la nature, tous les corps qui se meuvent continuent de se mouvoir jusques à ce que leur mouvement soit arrêté par quelques autres corps.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, SECONDE PARTIE, Art. 39.

La seconde loi que je remarque en la nature, est que chaque partie de la matière, en son particulier, ne tend jamais à continuer de se mouvoir suivant des lignes courbes, mais suivant des lignes droites, bien que plusieurs de ces parties soient souvent contraintes de se détourner, parce qu’elles en rencontrent d’autres en leur chemin, et que, lorsqu’un corps se meut, il se fait toujours un cercle ou anneau de toute la matière qui est mue ensemble.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, SECONDE PARTIE, Art. 40.

La troisième loi que je remarque en la nature, est que, si un corps qui se meut et qui en rencontre un autre, a moins de force, pour continuer de se mouvoir en ligne droite, que cet autre pour lui résister, il perd sa détermination sans rien perdre de son mouvement ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, SECONDE PARTIE, Art. 42.

Et parce qu’il les maintient encore avec la même action et les mêmes lois qu’il leur a fait observer en leur création, il faut qu’il conserve maintenant en elles toutes le mouvement qu’il y a mis dès lors, avec la propriété qu’il a donnée à ce mouvement, de ne demeurer pas toujours attaché aux mêmes parties de la matière, et de passer des unes aux autres, selon leurs diverses rencontres ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, SECONDE PARTIE, Art. 43.

Outre cela il faut remarquer que la force dont un corps agit contre un autre corps ou résiste à son action, consiste en cela seul, que chaque chose persiste autant qu’elle peut à demeurer au même état où elle se trouve, conformément à la première loi qui a été exposée ci-dessus.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, SECONDE PARTIE, Art. 50.

car il est certain que les plus faibles mouvements doivent suivre les mêmes lois, et avoir à proportion les mêmes effets que les plus forts, bien que souvent on pense remarquer le contraire sur cette terre, à cause de l’air et des autres liqueurs qui environnent toujours les corps durs qui se meuvent, et qui peuvent beaucoup augmenter ou retarder leur vitesse, ainsi qu’il paraîtra ci-après.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, TROISIEME PARTIE, Art. 22.

Car, suivant les lois de la nature, la flamme, ainsi que tous les autres corps, continuerait d’être après qu’elle est une fois formée, et n’aurait point besoin d’aucun aliment à cet effet, si ses parties, qui sont extrêmement fluides et mobiles, n’allaient point continuellement se mêler avec l’air qui est autour d’elle, et qui, leur ôtant leur agitation, fait qu’elles cessent de la composer.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, TROISIEME PARTIE, Art. 41.

car j’espère faire voir ci-après que ces comètes sont des astres qui font de si grandes excursions de tous côtés dans les cieux, et si différentes tant de la stabilité des étoiles fixes que du circuit régulier que font les planètes autour du soleil, qu’il serait impossible de les expliquer conformément aux lois de la nature, à moins que de supposer un espace extrêmement vaste entre le soleil et les étoiles fixes, dans lequel ces excursions se puissent faire.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, TROISIEME PARTIE, Art. 47.

Ce peu de suppositions me semble suffire pour m’en servir comme de causes ou de principes, dont je déduirai tous les effets qui paraissent en la nature, par les seules lois ci-dessus expliquées.

Car bien que ces lois de la nature soient telles que, quand bien même nous supposerions le chaos des poètes, c’est-à-dire une entière confusion de toutes les parties de l’univers, on pourrait toujours démontrer que par leur moyen cette confusion doit peu à peu revenir à l’ordre qui est à présent dans le monde, et que j’aie autrefois entrepris d’expliquer comment cela aurait pu être, toutefois, à cause qu’il ne convient pas si bien à la souveraine perfection qui est en Dieu de le faire auteur de la confusion que de l’ordre, et aussi que la notion que nous en avons est moins distincte, j’ai cru devoir ici préférer la proportion et l’ordre à la confusion du chaos ;

Au reste, il importe fort peu de quelle façon je suppose ici que la matière ait été disposée au commencement, puisque sa disposition doit par après être changée, suivant les lois de la nature, et qu’à peine en saurait-on imaginer aucune de laquelle on ne puisse prouver que par ces lois elle doit continuellement se changer, jusqu’à ce qu’enfin elle compose un monde entièrement semblable à celui-ci, bien que peut-être cela serait plus long à déduire d’une supposition que d’une autre ;

car ces lois étant cause que la matière doit prendre successivement toutes les formes dont elle est capable, si on considère par ordre toutes ces formes, on pourra enfin parvenir à celle qui se trouve à présent en ce monde.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, TROISIEME PARTIE, Art. 48.

Or, ces choses étant ainsi posées, afin que nous commencions à voir quel effet en peut être déduit par les lois de la nature, considérons que toute la matière dont le monde est composé, ayant été au commencement divisée en plusieurs parties égales, ces parties n’ont pu d’abord être toutes rondes, à cause que plusieurs boules jointes ensemble ne composent pas un corps entièrement solide et continu, tel qu’est cet univers, dans lequel j’ai démontré ci-dessus qu’il ne peut y avoir de vide.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, TROISIEME PARTIE, Art. 65.

car, selon les lois de la nature, un corps qui se meut se détourne aisément par la rencontre d’un autre corps.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, TROISIEME PARTIE, Art. 66.

Mais la nature accommode cela fort aisément par les lois du mouvement, en détournant quelque peu les écliptiques de ces trois tourbillons, vers l’endroit où tourne le quatrième IVX ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, TROISIEME PARTIE, Art. 88.

car, suivant les lois de la nature, quand des corps de diverses grandeurs sont mêlés ensemble, le mouvement des uns est souvent communiqué aux autres ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, TROISIEME PARTIE, Art. 111.

, il faut, suivant les lois de la nature, que la circonférence du tourbillon I s’avance d’Y vers P.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, TROISIEME PARTIE, Art. 116.

A savoir, s’il est tellement situé qu’il fasse beaucoup d’empêchement au cours de la matière des autres tourbillons, il pourra être détruit par eux avant que les taches qui couvrent son astre aient le loisir de devenir fort épaisses ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, TROISIEME PARTIE, Art. 132.

et que par conséquent, suivant les lois des mécaniques, il doit toujours se tourner vers les centres des tourbillons dans lesquels passe la comète.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, TROISIEME PARTIE, Art. 146.

Or, si on considère bien toutes ces choses, on en pourra tirer les raisons de tout ce qui a pu être observé jusqu’ici touchant les planètes, et voir qu’il n’y a rien en cela qui ne s’accorde parfaitement avec les lois de la nature ci-dessus expliquées.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, TROISIEME PARTIE, Art. 155.

Et puisque nous considérons tout l’espace dans lequel est maintenant le premier ciel comme ayant autrefois contenu quatorze tourbillons, ou plus, aux centres desquels il y avait des astres qui sont convertis en planètes, nous ne pouvons supposer que les essieux sur lesquels se mouvaient tous ces astres fussent tournés vers un même côté, parce que cela ne s’accorderait pas avec les lois de la nature, ainsi qu’il a été démontré ci-dessus ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 29.

car elle ne consiste qu’au mouvement des petites parties de ces corps, et ce mouvement étant une fois excité en elles y doit demeurer (suivant les lois de la nature) jusqu’à ce qu’il puisse être transféré à d’autres corps.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 115.

Ce qui est cause par exemple que, lorsqu’un canon est chargé, la flamme de l’amorce ou des premiers grains de poudre qui prennent feu a loisir de s’étendre en tout l’air qui est autour des autres grains, et de les toucher tous avant qu’il y en ait aucun qui s’enflamme ;

Il sert aussi que la poudre soit composée de grains, et même que la grosseur de ces grains et la quantité du charbon soit proportionnée à la grandeur du canon, afin que les intervalles que ces grains laissent entre eux soient assez larges pour donner passage à la flamme de l’amorce, et faire qu’elle ait loisir de s’étendre par toute la poudre, et de parvenir jusqu’aux grains les plus éloignés avant qu’elle ait embrasé les plus proches.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 129.

Mais la cause qui le rend plus cassant lorsqu’on le tire tout à coup du fourneau que lorsqu’on le laisse recuire et se refroidir peu à peu consiste en ce que ses pores sont un peu plus larges lorsqu’il est liquide que lorsqu’il est froid, et que, s’il devient froid trop promptement, ses parties n’ont pas loisir de s’agencer comme il faut pour les rétrécir tous autant l’un que l’autre ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 142.

Car si les parcelles de la mine sont trop rudes et inégales, en sorte qu’elles s’accrochent les unes aux autres avant qu’elles aient eu le loisir d’ajuster leurs petites superficies et se distinguer en plusieurs petites gouttes en la façon que j’ai expliquée ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 143.

Dont la raison est que, pendant qu’il se refroidit, les petites branches des parcelles qui composent chacune de ses gouttes, et que j’ai dit être repoussées en dedans par l’action des autres gouttes qui l’environnent, ont le loisir, à mesure que la force de cette action diminue, de s’avancer quelque peu hors de sa superficie (suivant en cela leur plus naturelle situation), et par ce moyen de s’accrocher et s’entrelacer avec celles qui s’avancent en même façon hors des superficies des autres gouttes.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 153.

Et notez que tout l’espace RVS, qui contient le tourbillon que font les parties cannelées autour de cet aimant 0, se nomme la sphère de son activité ou de sa vertu, et que cette sphère est d’autant plus ample qu’il est plus grand, ou du moins qu’il est plus long, parce que les parties cannelées, y coulant par de plus longs conduits, ont loisir d’y acquérir la force de passer plus avant dans l’air en ligne droite.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 188.

Mais, parce que je n’ai pas encore assez de connaissance de plusieurs choses que j’avais envie de mettre aux deux dernières parties, et que, par faute d’expériences ou de loisir, je n’aurai peut-être jamais le moyen de les achever ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 200.

Car je n’ai rien du tout considéré que la figure, le mouvement et la grandeur de chaque corps, ni examiné aucune autre chose que ce que les lois des mécaniques, dont la vérité peut être prouvée par une infinité d’expériences, enseignent devoir suivre de ce que des corps qui ont diverses grandeurs, ou figures, ou mouvements, se rencontrent ensemble.

  LES PASSIONS DE L’AME, LETTRE Ire A MONSIEUR DESCARTES.

toutefois cela ne suffit pas pour le dessein que je veux que vous ayez, à cause qu’un chacun ne les peut pas lire et que ceux qui manient les affaires publiques n’en peuvent guère avoir le loisir.

qu’il n’y en a aucun qui n’ait assez de diverses propriétés, et dont on ne puisse faire assez grand nombre d’épreuves, pour y employer tout le loisir et tout le travail de plusieurs hommes ;

  Correspondance, année 1629, A Monsieur FERRIER, D’Amsterdam 18 juin 1629 ( ?).

et si vous étiez assez brave homme pour faire le voyage et venir passer quelque temps avec moi dans le désert, vous auriez tout loisir de vous exercer, personne ne vous divertirait, vous seriez éloigné des objets qui vous peuvent donner de l’inquiétude :

  Correspondance, année 1629, A R. P. MERSENNE, 8 octobre 1629.

j’aurai bien loisir d’attendre vos lettres, car je n’ai pas encore commencé à l’écrire.

  Correspondance, année 1630, AU R. P. MERSENNE, 25 février 1630.

J’avais déjà fait provision d’un garçon qui sût faire la cuisine à la mode de France, et me résolvais de n’en changer de trois ans, et pendant ce temps-là qu’il aurait tout loisir d’exécuter le dessein des verres, et de s’y styler, en sorte qu’il en pourrait par après tirer de l’honneur et du profit.

  Correspondance, année 1630, A Monsieur *** (ISAAC BEECKMAN), 17 octobre 163O.

Non que je sois insensible, mais j’estime que c’est un plus grand bien de jouir de la tranquillité de la vie et d’un honnête loisir que d’acquérir beaucoup de renommée, et j’ai bien de la peine à me persuader que, dans l’état où nous sommes, et de la façon que l’on vit, on puisse posséder ces deux biens ensemble.

  Correspondance, année 1634, Au R. P. MERSENNE, 14 août 1634.

Je commençais a être en peine de ne point recevoir de vos nouvelles, et je pensais que vous fussiez si empêché à l’impression du livre dont vous m’aviez ci-devant écrit, que cela vous en ôtât le loisir.

Pour les autres choses que vous m’écrivez, je n’ai pas le loisir d’y penser, aussi qu’il m’est impossible de répondre déterminément à aucune question de physique, qu’après avoir expliqué tous mes principes, ce que je ne puis faire sans le traité que je me résous de supprimer.

  Correspondance, année 1637, AU R. P. MERSENNE, Fin avril 1637. (Les éditions contemporaines datent cette lettre du début de juin 1637.).

car il n’y a personne qui ait eu encore assez de loisir pour les bien examiner :

  Correspondance, année 1637, A UN GENTILHOMME DE Monsieur LE PRINCE D’ORANGE (Huyghens de Zuytlichem), Juin 1637. (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 12 juin 1637.).

et depuis, ayant joui parfaitement du loisir et du repos que j’avais espéré de trouver ici à l’ombre de ses armes, je lui en ai très grande obligation, et pense que ce livre, qui ne contient que des fruits de ce repos, lui doit plus particulièrement être offert qu’à personne.

  Correspondance, année 1637, A UN REVEREND PERE JESUITE, 15 juin 1637 (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 14 juin 1637.).

Que si vous prenez la peine de lire ce livre, ou que vous le fassiez lire par ceux des vôtres qui en auront le plus de loisir, et qu’y ayant remarqué les fautes qui sans doute s’y trouveront en très grand nombre, vous me veuillez faire la faveur de m’en avertir et ainsi de continuer encore à m’enseigner, je vous en aurai une très grande obligation, et ferai tout le mieux qui me sera possible pour les corriger suivant vos bonnes instructions.

  Correspondance, année 1637, AU R. P. MERSENNE. REPONSE AUX OBJECTIONS DE Monsieur DE FERMAT, 3 décembre 1637. (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 5 octobre 1637.).

Vous me mandez qu’un de vos amis, qui a vu la Dioptrique, y trouve quelque chose à objecter, et premièrement qu’il doute si l’inclination au mouvement doit suivre les mêmes lois que le mouvement, puisqu’il y a autant de différence de l’un à l’autre que de la puissance à l’acte.

Mais je me persuade qu’il a formé ce doute sur ce qu’il s’est imaginé que j’en doutais moi-même, et qu’à cause que j’ai mis ces mots en la page 8, ligne 24, car il est bien aisé à croire que l’inclination à se mouvoir doit suivre en ceci les mêmes lois que le mouvement, il a pensé que disant qu’une chose est aisée à croire, je voulais dire qu’elle n’est que probable ;

Comme en effet on ne peut douter avec raison que les lois que suit le mouvement, qui est l’acte, comme il dit lui-même, ne s’observent aussi par l’inclination à se mouvoir, qui est la puissance de cet acte :

  Correspondance, année 1638, AU R. P. MERSENNE, 27 mai 1638. (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 17 mai 1638).

Or ce que je prétends avoir démontré touchant la réfraction ne dépend point de la vérité de la nature de la lumière, ni de ce qu’elle se fait ou ne se fait pas en un instant, mais seulement de ce, je suppose, qu’elle est une action, ou une vertu, qui suit les mêmes lois que le mouvement local, en ce qui est de la façon dont elle se transmet d’un lieu en un autre, et qui se communique par l’entremise d’une liqueur très subtile, qui est dans les pores des corps transparents.

  Correspondance, année 1638, Au R. P. MERSENNE, 15 février 1638. (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 25 janvier 1638).

au lieu que pour en juger équitablement, il est nécessaire d’avoir eu auparavant beaucoup de loisir, pour les lire et pour les examiner.

  Correspondance, année 1638, A Monsieur *** (ZUITLYCHEM), 20 mars 1638. (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 9 mars 1638).

et il faut avoir expliqué quelles sont les lois de la Nature, et comment elle agit à son ordinaire, avant qu’on puisse bien enseigner comment elle peut être appliquée à des effets auxquels elle pas accoutumée.

  Correspondance, année 1638, AU R. P. MERSENNE, 24 février 1638. (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 1er mars 1638).

En quoi j’admire votre bonté, et pardonnez-moi si j’ajoute votre crédulité, de vous être si facilement laissé persuader contre moi par les amis de ma partie, lesquels ne vous ont dit cela que pour gagner du temps, et vous empêcher de la laisser voir à d’autres, donnant cependant tout loisir à leur ami pour penser à me répondre.

  Correspondance, année 1639, Au R. P. MERSENNE, 20 février 1639.

La multitude et l’ordre des nerfs, des veines, des os et des autres parties d’un animal, ne montre point que la nature n’est pas suffisante pour les former, pourvu qu’on suppose que cette nature agit en tout suivant les lois exactes des mécaniques, et que c’est Dieu qui lui a imposé ces lois.

  Correspondance, année 1639, Au R. P. MERSENNE, 9 janvier 1639.

Et si Dieu ne me donne assez de science pour éviter les incommodités que l’âge apporte, j’espère qu’il me laissera au moins assez longtemps en cette vie pour me donner le loisir de les souffrir.

  Correspondance, année 1639, AU R. P. MERSENNE, 15 novembre 1639. (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 13 novembre 1639.).

et j’ai été un hiver à Amsterdam, que j’allais quasi tous les jours en la maison d’un boucher, pour lui voir tuer des bêtes, et faisais apporter de là en mon logis les parties que je voulais anatomiser plus à loisir ;

  Correspondance, année 1639, AU R. P. MERSENNE, 27 août 1639.

Je n’ai maintenant aucun loisir de le lire :

J’ai dessein de le relire sitôt que j’aurai loisir de voir quelques livres, et je lirai aussi le Philolaüs de Bouilliaud en ce temps-là ;

  Correspondance, année 1640, Au R. P. MERSENNE, 6 août 1640.

Je pris mon temps si court pour vous écrire, il y a huit jours, que je n’eus pas loisir de répondre à tous les points de votre dernière, et j’en demeurai au neuvième, où vous parlez des plis de la mémoire, lesquels je ne crois point devoir être en fort grand nombre pour servir à toutes les choses dont nous nous pouvons souvenir, à cause qu’un même pli sert à toutes les choses qui se ressemblent, et qu’outre la mémoire corporelle, dont les images peuvent être représentées par ces plis du cerveau, je trouve qu’il y a encore en notre entendement une autre sorte de mémoire qui ne dépend point des organes du corps, et qui ne se trouve point dans les bêtes ;

  Correspondance, année 1640, Au R. P. MERSENNE, 28 octobre 1640.

ce que j’apprends par la connaissance des lois de la nature, dont l’une est que quidquid est, manet in eodem statu in quo est, nisi a causa aliqua externa mutetur,ainsi, quod est quadratum manet quadratum, etc.

d’où il est facile à calculer suivant la loi de la nature que j’ai tantôt touchée, à savoir que, si un corps en meut un autre, il doit perdre autant de son mouvement qu’il lui en donne :

  Correspondance, année 1640, A MONSIEUR ***, Sans date. (Les éditions contemporaines datent une partie de cette lettre du 14 novembre 1640).

car j’eus assez de loisir pour en faire l’expérience, mais elle ne réussit point.

  Correspondance, année 1641, Au R. P. MERSENNE, 5 août 1641 ( Les éditions contemporaines datent cette lettre de septembre 1641.).

Car pour moi, il y a si longtemps que je sais qu’il y a des sots dans le monde, et je fais si peu d’état de leurs jugements, que je serais très marri de perdre un seul moment de mon loisir ou de mon repos à leur sujet.

  Correspondance, année 1642, A Monsieur REGIUS, 8 avril 1642. ( Les éditions contemporaines datent cette lettre d’avril 1642 sans préciser de jour.).

ajoutez à cela le loisir que vous gagnez, puisque vous êtes délivré d’une partie de votre travail, sans que vous perdiez rien de vos appointements :

  Correspondance, année 1644, A UN R. P. JÉSUITE, 15 MAI 1644 (Les éditions contemporaines retiennent comme date le 2 mai 1644).

Mais ce n’est pas avec tant de soin que j’eusse désiré, car je suis ici en un lieu où j’ai beaucoup de divertissements et peu de loisir, ayant depuis peu quitté ma demeure ordinaire, pour chercher la commodité de passer en France, où je me propose d’aller dans peu de temps.

  Correspondance, année 1645, A Monsieur CLERSELIER, 17 février 1645.

La raison qui me fait dire qu’un corps, qui est sans mouvement, ne saurait jamais être mû par un autre plus petit que lui, de quelque vitesse que ce plus petit se puisse mouvoir, est que c’est une loi de la nature, qu’il faut que le corps, qui en meut un autre, ait plus de force à le mouvoir, que l’autre n’en a pour résister.

  Correspondance, année 1645, A MADAME ÉLISABETH, PRINCESSE PALATINE, etc, 1er juin 1645 (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 1er septembre 1645.).

Je m’assure que si vous aviez eu le loisir de penser, autant que j’ai fait, aux choses dont il traite, je n’en pourrais rien écrire, que vous n’eussiez mieux remarqué que moi ;

  Correspondance, année 1645, A MADAME ÉLISABETH, PRINCESSE PALATINE, etc, 15 juin 1645 (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 15 septembre 1645.).

et il n’y a rien en quoi j’estime mon loisir mieux employé, qu’en ce où je puis témoigner que je suis, etc.

  Correspondance, année 1645, A MADAME ÉLISABETH, PRINCESSE PALATINE, etc, Septembre 1645 (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 6 octobre 1645.).

Ainsi, lorsque votre altesse remarque les causes pour lesquelles elle peut avoir eu plus de loisir pour cultiver sa raison, que beaucoup d’autres de son âge, s’il lui plaît aussi considérer combien elle a plus profité que ces autres, je m’assure qu’elle aura de quoi se contenter.

Il me semble aussi qu’on n’a point sujet de se repentir, lorsqu’on a fait ce qu’on a jugé être meilleur au temps qu’on a dû se résoudre à l’exécution, encore que, par après, y repensant avec plus de loisir, on juge avoir failli ;

  Correspondance, année 1646, A MONSIEUR *** (A HUYGENS), Sans date. (Les éditions contemporaines datent cette lettre de janvier 1646).

mais, parce que, tous les mouvements de nos passions n’étant pas toujours en notre pouvoir, il arrive quelquefois que les meilleurs hommes commettent de très grandes fautes, pour cela l’usage des grâces est plus utile que celui des lois ;

Et de plus les juges d’ici l’ont absous, mais par une faveur trop précipitée, laquelle ayant obligé le Fiscal à se porter appelant de leur sentence, il n’ose pas se présenter derechef devant la justice, laquelle doit suivre la rigueur des lois, sans avoir égard aux personnes ;

  Correspondance, année 1646, A MADAME ÉLISABETH, PRINCESSE PALATINE, etc, Mars 1646 (Les éditions contemporaines datent cette lettre de janvier 1646.).

ainsi les théologiens distinguent en Dieu une volonté absolue et indépendante, par laquelle il veut que toutes choses se fassent ainsi qu’elles se font, et une autre qui est relative, et qui se rapporte au mérite ou démérite des hommes, par laquelle il veut qu’on obéisse à ses lois.

Les lois communes de la société, lesquelles tendent toutes à se faire du bien les uns aux autres, ou du moins à ne se point faire de mal, sont, ce me semble, si bien établies, que quiconque les suit franchement, sans aucune dissimulation ni artifice, mène une vie beaucoup plus heureuse et plus assurée, que ceux qui cherchent leur utilité par d’autres voies lesquels, à la vérité, réussissent quelquefois par l’ignorance des autres hommes, et par la faveur de la fortune mais il arrive bien plus souvent qu’ils y manquent, et que, pensant s’établir, ils se ruinent.

  Correspondance, année 1646, A Monsieur CHANUT, 6 mars 1646.

Si cela est, vous aurez passé la plupart du temps dans un poêle, où je m’imagine que les affaires publiques ne vous auront pas si continuellement occupé, qu’il ne vous soit resté du loisir pour penser quelquefois à la philosophie.

  Correspondance, année 1646, A MADAME ÉLISABETH, PRINCESSE PALATINE, etc, 15 septembre 1646.

ce que je crois qu’il peut toujours faire, pourvu qu’il observe exactement la justice à leur mode (c’est-à-dire suivant les lois auxquelles ils sont accoutumés), sans être trop rigoureux aux punitions, ni trop indulgent aux grâces, et qu’il ne se remette pas de tout à ses ministres, mais que, leur laissant seulement la charge des condamnations plus odieuses, il témoigne avoir lui-même le soin de tout le reste ;

  Correspondance, année 1647, A Monsieur CHANUT, 1er février 1647.

et bien que vous y proposiez des questions que de plus savants que moi auraient bien de la peine à examiner en peu de temps, toutefois, à cause que je sais bien qu’encore que j’y en employasse beaucoup, je ne les pourrais entièrement résoudre, j’aime mieux mettre promptement sur le papier ce que le zèle qui m’incite me dictera, que d’y penser plus à loisir, et n’écrire par après rien de meilleur.

  Correspondance, année 1647, A MADAME ÉLISABETH, PRINCESSE PALATINE, etc, 12 mai 1647 (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 10 mai 1647.).

Ce médecin aura eu d’autant plus de loisir de lire le livre qu’il a plu à votre altesse de lui prêter, et vous en aura pu mieux dire depuis son jugement.

  Correspondance, année 1647, Explication de l’esprit humain, ou de l’âme raisonnable, où il est montré ce qu’elle est, et ce qu’elle peut être.

Le lien qui tient l’âme unie et conjointe au corps n’est autre que la loi de l’immutabilité de la nature, qui est telle, que chaque chose demeure en l’état qu’elle est pendant que rien ne la change.

  Correspondance, année 1647, REMARQUES SUR LE TITRE, REMARQUES SUR CHAQUE ARTICLE.

car si l’on croit que l’âme soit une substance, il est ridicule et impertinent de dire que le lien qui tient l’âme unie et conjointe au corps n’est autre que la loi de l’immutabilité de la nature, qui est telle que chaque chose demeure en l’état qu’elle est ;

Secondement, qu’il ne faut pas nier qu’il y ait un Dieu, et que ceux-là qui le nient doivent être tenus pour des athées, et sont punissables par les lois.

  Correspondance, année 1648, A MADAME LA PRINCESSE PALATINE, 1er février (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 31 janvier 1648.).

La raison qui me fait craindre d’avoir ci-après moins de loisir, est que je suis obligé de retourner en France l’été prochain, et d’y passer l’hiver qui vient ;

On me mande qu’on lui présentera la version de mes Principes, et on m’assure qu’elle en lira la première partie avec satisfaction, et qu’elle serait bien capable du reste, si les affaires ne lui en ôtaient le loisir.

  Correspondance, année 1648, A Monsieur CHANUT, mai 1648.

J’ai eu cependant tout le loisir de repasser par mon imagination la belle description que vous faites de cette chasse, où l’on porte des livres, et où vous me donnez espérance que mon écrit aura cette prérogative, au-dessus de beaucoup d’autres, d’être revu par la Reine de Suède.

  Correspondance, année 1649, A MADAME ÉLISABETH, PRINCESSE PALATINE, etc, 20 février 1649. (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 22 février 1649.).

je ne crois pas néanmoins qu’elle trouve assez de loisir pour s’y appliquer, bien qu’elle semble en avoir la volonté.

  Correspondance, année 1649, A Monsieur CHANUT, 31 mars 1649.

outre que j’espère avoir cependant le loisir de mettre ordre à quelques affaires qui m importent.

  Correspondance, année 1649, A Monsieur CHANUT, 31 mars 1649.

Mais l’expérience m’a enseigné que, même entre les personnes de très bon esprit, et qui ont un grand désir de savoir, il n’y en a que fort peu qui se puissent donner le loisir d’entrer en mes pensées, en sorte que je n’ai pas sujet de l’espérer d’une Reine, qui a une infinité d’autres occupations.

Toutefois cela ne me retiendra pas, si vous jugez que cette incomparable Reine continue dans le désir d’examiner mes opinions, et qu’elle en puisse prendre le loisir ;

  Correspondance, année 1649, A Monsieur CLERSELIER, 15 avril 1649. (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 23 avril 1649.).

le peu de loisir que j’ai eu, l’écrivant, ne me permet pas de penser aux paroles, et j’ai seulement désir de vous assurer que je suis, etc.

 

« en la nature, et dont il a imprimé de telles notions en nos âmes, qu'après y avoir fait assez de réflexion nous ne saurions douterqu'elles ne soient exactement observées en tout ce qui est ou qui se fait dans le monde. Puis, en considérant la suite de ces lois, il me semble avoir découvert plusieurs vérités plus utiles et plus importantes que tout ceque j'avais appris auparavant ou même espéré d'apprendre. Même, pour ombrager un peu toutes ces choses, et pouvoir dire plus librement ce que j'en jugeais, sans être obligé de suivre nide réfuter les opinions qui sont reçues entre les doctes, je me résolus de laisser tout ce monde ici à leurs disputes, et de parlerseulement de ce qui arriverait dans un nouveau, si Dieu créait maintenant quelque part, dans les espaces imaginaires, assez dematière pour le composer, et qu'il agitât diversement et sans ordre les diverses parties de cette matière, en sorte qu'il encomposât un chaos aussi confus que les poètes en puissent feindre, et que par après il ne fît autre chose que prêter son concoursordinaire à la nature, et la laisser agir suivant les lois qu'il a établies. De plus, je fis voir quelles étaient les lois de la nature ; Après cela, je montrai comment la plus grande part de la matière de ce chaos devait, en suite de ces lois, se disposer ets'arranger d'une certaine façon qui la rendait semblable à nos cieux ; de façon qu'encore qu'il ne lui aurait point donné, au commencement, d'autre forme que celle du chaos, pourvu qu'ayant établi leslois de la nature, il lui prêtât son concours, pour agir ainsi qu'elle a de coutume, on peut croire, sans faire tort au miracle de lacréation, que par cela seul toutes les choses qui sont purement matérielles auraient pu, avec le temps, s'y rendre telles que nousles voyons à présent. au lieu que les hommes qui étant nés sourds et muets sont privés des organes qui servent aux autres pour parler, autant ou plusque les bêtes, ont coutume d'inventer d'eux-mêmes quelques signes, par lesquels ils se font entendre à ceux qui étantordinairement avec eux ont loisir d'apprendre leur langue Et ceci ne témoigne pas seulement que les bêtes ont moins de raisonque les hommes, mais qu'elles n'en ont point du tout : DISCOURS DE LA METHODE, Sixième partie. Mais, sitôt que j'ai eu acquis quelques notions générales touchant la physique, et que, commençant à les éprouver en diversesdifficultés particulières, j'ai remarqué jusques où elles peuvent conduire, et combien elles diffèrent des principes dont on s'est servijusques à présent, j'ai cru que je ne pouvais les tenir cachées sans pécher grandement contre la loi qui nous oblige à procurerautant qu'il est en nous le bien général de tous les hommes : et que mon âge n'est point si avancé que, selon le cours ordinaire de la nature, je ne puisse encore avoir assez de loisir pour ceteffet. De façon que s'il y avait au monde quelqu'un qu'on sût assurément être capable de trouver les plus grandes choses et les plusutiles au public qui puissent être, et que pour cette cause les autres hommes s'efforçassent par tous moyens de l'aider à venir àbout de ses desseins, je ne vois pas qu'ils pussent autre chose pour lui, sinon fournir aux frais des expériences dont il auraitbesoin, et du reste empêcher que son loisir ne lui fût ôté par l'importunité de personne. et je me tiendrai toujours plus obligé à ceux par la faveur desquels je jouirai sans empêchement de mon loisir, que je ne serais àceux qui m'offriraient les plus honorables emplois de la terre. LA DIOPTRIQUE, DISCOURS PREMIER, DE LA LUMIERE. mais, lorsqu'ils rencontrent quelques autres corps, ils sont sujets à être détournés par eux, ou amortis en même façon que l'est lemouvement d'une balle, ou d'une pierre jetée dans l'air, par ceux qu'elle rencontre, Car il est bien aisé à croire que l'action ouinclination à se mouvoir, que j'ai dit devoir être prise pour la lumière, doit suivre en ceci les mêmes lois que le mouvement. LA DIOPTRIQUE, DISCOURS SECOND, DE LA REFRACTION. Enfin, d'autant que l'action de la lumière suit en ceci les mêmes lois que le mouvement de cette balle, il faut dire que, lorsque sesrayons passent obliquement d'un corps transparent dans un autre, qui les reçoit plus ou moins facilement que le premier, ils s'ydétournent en telle sorte, qu'ils se trouvent toujours moins inclinés sur la superficie de ces corps, du côté où est celui qui les reçoitle plus aisément, que du côté où est l'autre ;. »

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