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Le mot "tableau" dans l'oeuvre de DESCARTES

Publié le 12/08/2010

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descartes

DISCOURS DE LA METHODE, Première partie.

 Mais je serai bien aise de faire voir en ce discours quels sont les chemins que j'ai suivis, et d'y représenter ma vie comme en un tableau, afin que chacun en puisse juger, et qu'apprenant du bruit commun les opinions qu'on en aura, ce soit un nouveau moyen de m'instruire, que j'ajouterai à ceux dont j'ai coutume de me servir.

  DISCOURS DE LA METHODE, Cinquième partie.

 Mais, tout de même que les peintres, ne pouvant également bien représenter dans un tableau plat toutes les diverses faces d'un corps solide, en choisissent une des principales, qu'ils mettent seule vers le jour, et, ombrageant les autres, ne les font paraître qu'autant qu'on les peut voir en la regardant ;

  LA DIOPTRIQUE, DISCOURS QUATRIEME, DES SENS EN GENERAL.

 Eet ils n'ont eu aucune raison de les supposer, sinon que, voyant que notre pensée peut facilement être excitée, par un tableau, à concevoir l'objet qui y est peint, il leur a semblé qu'elle devait l'être, en même façon, à concevoir ceux qui touchent nos sens, par quelques petits tableaux qui s'en formassent en notre tête, au lieu que nous devons considérer qu'il y a plusieurs autres choses que des images, qui peuvent exciter notre pensée ;

  LA DIOPTRIQUE, DISCOURS CINQUIEME, DES IMAGES QUI SE FORMENT SUR LE FOND DE L'OEIL.

 et en ce qu'elles sont apetissées et raccourcies les unes plus, les autres moins, à raison de la diverse distance et situation des choses qu'elles représentent, quasi en même façon que dans un tableau de perspective.

  L'HOMME.

 et enfin, pour ce qui est de juger des éloignements par l'opinion qu'on a de la grandeur des objets, ou parce que les rayons qui viennent de leurs points ne s'assemblent pas si exactement au fond de l'oeil les uns que les autres, l'exemple des tableaux de perspective nous montre assez combien il est facile de s'y tromper ;

  LE MONDE OU TRAITÉ DE LA LUMIERE, CHAPITRE VII, Des lois de la nature de ce nouveau monde.

 Et pour faire ici un tableau qui vous agrée, il est besoin que j'y emploie de l'ombre aussi bien que des couleurs.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, Première Méditation.

 Toutefois il faut au moins avouer que les choses qui nous sont représentées dans le sommeil, sont comme des tableaux et des peintures, qui ne peuvent être formées qu'à la ressemblance de quelque chose de réel et de véritable ;

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, Méditation Troisième.

 En sorte que la lumière naturelle me fait connaître évidemment, que les idées sont en moi comme des tableaux, ou des images, qui peuvent à la vérité facilement déchoir de la perfection des choses dont elles ont été tirées, mais qui ne peuvent jamais rien contenir de plus grand ou de plus parfait.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, RÉPONSES AUX CINQUIEMES OBJECTIONS, DES CHOSES QUI ONT ÉTÉ OBJECTÉES CONTRE LA TROISIEME MÉDITATION.

Et lorsque vous demandez “   comment je prouve que l'idée de Dieu est en nous comme la marque de l'ouvrier empreinte sur son ouvrage, quelle est la manière de cette impression, et quelle est la forme de cette marque “  , c'est de même que si, reconnaissant dans quelque tableau tant d'artifice que je jugeasse n'être pas possible qu'un tel ouvrage fût sorti d'autre main que de celle d'Apelles, et que je vinsse à dire que cet artifice inimitable est comme une certaine marque qu'Apelles a imprimée en tous ses ouvrages pour les faire distinguer d'avec les autres, vous me demandiez quelle est la forme de cette marque, ou quelle est la manière de cette impression.

 Et lorsque vous poursuivez, “   si cette marque n'est point différente de l'ouvrage, vous êtes donc vous-même une idée, vous n'êtes rien autre chose qu'une manière de penser, vous êtes et la marque empreinte et le sujet de l'impression “  , cela n'est-il pas aussi subtil que si, moi ayant dit que cet artifice par lequel les tableaux d'Apelles sont distingués d'avec les autres n'est point différent des tableaux mêmes, vous objectiez que ces tableaux ne sont donc rien autre chose qu'un artifice, qu'ils ne sont composés d'aucune matière, et qu'ils ne sont qu'une manière de peindre, etc.

Et lorsque, pour nier que nous avons été faits à l'image et semblance de Dieu, vous dites que “   Dieu a donc la forme d'un homme “  , et qu'ensuite vous rapportez toutes les choses en quoi la nature humaine est différente de la divine, êtes-vous en cela plus subtil que si, pour nier que quelques tableaux d'Apelles ont été faits à la semblance d'Alexandre, vous disiez qu'Alexandre ressemble donc à un tableau, et néanmoins que les tableaux sont composés de bois et de couleurs, et non pas de chair comme Alexandre ?

 ni il n'est pas vrai aussi qu'il n'y a jamais aucun rapport entre l'ouvrier et son ouvrage, comme il paraît lorsqu'un peintre fait un tableau qui lui ressemble.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, PREMIERE PARTIE, Art. 17.

 Car tout ainsi que, lorsqu'on nous dit que quelqu'un a l'idée d'une machine où il y a beaucoup d'artifice, nous avons raison de nous enquérir comment il a pu avoir cette idée, à savoir, s'il a vu quelque part une telle machine faite par un autre, ou s'il a appris la science des mécaniques, ou s'il est avantagé d'une telle vivacité d'esprit que de lui-même il ait pu l'inventer sans avoir rien vu de semblable ailleurs, à cause que tout l'artifice qui est représenté dans l'idée qu'a cet homme, ainsi que dans un tableau, doit être en sa première et principale cause, non pas seulement par imitation, mais en effet de la même sorte ou d'une façon encore plus éminente qu'il n'est représenté.

  Correspondance, année 1639, AU R. P. MERSENNE, 15 novembre 1639. (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 13 novembre 1639.).

Votre raison pourquoi un tableau semble regarder de tous côtés est subtile, mais elle ne me semble pas suffisante ;

 car encore que la prunelle soit ronde en un tableau, elle n'y paraît pas ronde pour cela, lorsqu'elle est regardée de côté.

 Mais je crois qu'on y peut ajouter que, de quelque côté qu'on regarde un tableau, on y voit toujours toutes les mêmes parties de l'oeil qui y est peint, et que ces parties sont celles qu'on voit aussi dans l'oeil d'un homme vivant, lorsqu'il regarde vers nous, et qu'on n'y voit pas si bien que dans un tableau, lorsqu'il regarde d'un autre côté ;

  Correspondance, année 1642, A Monsieur REGIUS, 8 juin 1642. ( Les éditions contemporaines datent cette lettre de juin 1642 sans préciser de jour.).

 De même qu'il faudrait répondre à celui qui dirait que chaque homme peut peindre un tableau aussi bien qu'Apelles, puisqu'il ne s'agit que des couleurs diversement appliquées, et que chacun peut les mêler en toutes sortes de manières, il faudrait, dis-je, répondre à cette personne-là, que, lorsque nous parlons de la peinture d'Apelles, nous ne considérons pas seulement en elle un certain mélange de couleurs, mais ce mélange qui est produit par l'art du peintre pour représenter certaines ressemblances des choses, mélange par conséquent qui ne peut être exécuté que par les plus habiles de l'art.

 

descartes

« d'Apelles, et que je vinsse à dire que cet artifice inimitable est comme une certaine marque qu'Apelles a imprimée en tous sesouvrages pour les faire distinguer d'avec les autres, vous me demandiez quelle est la forme de cette marque, ou quelle est lamanière de cette impression. Et lorsque vous poursuivez, “ si cette marque n'est point différente de l'ouvrage, vous êtes donc vous-même une idée, vousn'êtes rien autre chose qu'une manière de penser, vous êtes et la marque empreinte et le sujet de l'impression “ , cela n'est-il pasaussi subtil que si, moi ayant dit que cet artifice par lequel les tableaux d'Apelles sont distingués d'avec les autres n'est pointdifférent des tableaux mêmes, vous objectiez que ces tableaux ne sont donc rien autre chose qu'un artifice, qu'ils ne sontcomposés d'aucune matière, et qu'ils ne sont qu'une manière de peindre, etc. Et lorsque, pour nier que nous avons été faits à l'image et semblance de Dieu, vous dites que “ Dieu a donc la forme d'unhomme “ , et qu'ensuite vous rapportez toutes les choses en quoi la nature humaine est différente de la divine, êtes-vous en celaplus subtil que si, pour nier que quelques tableaux d'Apelles ont été faits à la semblance d'Alexandre, vous disiez qu'Alexandreressemble donc à un tableau, et néanmoins que les tableaux sont composés de bois et de couleurs, et non pas de chair commeAlexandre ? ni il n'est pas vrai aussi qu'il n'y a jamais aucun rapport entre l'ouvrier et son ouvrage, comme il paraît lorsqu'un peintre fait untableau qui lui ressemble. LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, PREMIERE PARTIE, Art.

17. Car tout ainsi que, lorsqu'on nous dit que quelqu'un a l'idée d'une machine où il y a beaucoup d'artifice, nous avons raison denous enquérir comment il a pu avoir cette idée, à savoir, s'il a vu quelque part une telle machine faite par un autre, ou s'il a apprisla science des mécaniques, ou s'il est avantagé d'une telle vivacité d'esprit que de lui-même il ait pu l'inventer sans avoir rien vu desemblable ailleurs, à cause que tout l'artifice qui est représenté dans l'idée qu'a cet homme, ainsi que dans un tableau, doit être ensa première et principale cause, non pas seulement par imitation, mais en effet de la même sorte ou d'une façon encore pluséminente qu'il n'est représenté. Correspondance, année 1639, AU R.

P.

MERSENNE, 15 novembre 1639.

(Les éditions contemporaines datent cette lettre du 13 novembre 1639.). Votre raison pourquoi un tableau semble regarder de tous côtés est subtile, mais elle ne me semble pas suffisante ; car encore que la prunelle soit ronde en un tableau, elle n'y paraît pas ronde pour cela, lorsqu'elle est regardée de côté. Mais je crois qu'on y peut ajouter que, de quelque côté qu'on regarde un tableau, on y voit toujours toutes les mêmes parties del'oeil qui y est peint, et que ces parties sont celles qu'on voit aussi dans l'oeil d'un homme vivant, lorsqu'il regarde vers nous, etqu'on n'y voit pas si bien que dans un tableau, lorsqu'il regarde d'un autre côté ; Correspondance, année 1642, A Monsieur REGIUS, 8 juin 1642.

( Les éditions contemporaines datent cette lettre de juin 1642 sans préciser de jour.). De même qu'il faudrait répondre à celui qui dirait que chaque homme peut peindre un tableau aussi bien qu'Apelles, puisqu'il nes'agit que des couleurs diversement appliquées, et que chacun peut les mêler en toutes sortes de manières, il faudrait, dis-je,répondre à cette personne-là, que, lorsque nous parlons de la peinture d'Apelles, nous ne considérons pas seulement en elle uncertain mélange de couleurs, mais ce mélange qui est produit par l'art du peintre pour représenter certaines ressemblances deschoses, mélange par conséquent qui ne peut être exécuté que par les plus habiles de l'art.. »

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