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Le mot "tuyau" dans l'oeuvre de DESCARTES

Publié le 12/08/2010

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descartes

DISCOURS DE LA METHODE, Cinquième partie.

Premièrement, celle qui est dans son côté droit, à laquelle répondent deux tuyaux fort larges :

Puis, celle qui est dans son côté gauche, à laquelle répondent en même façon deux tuyaux, qui sont autant ou plus larges que les précédents :

  LA DIOPTRIQUE, DISCOURS PREMIER, DE LA LUMIERE.

Il y a environ trente ans, qu'un nommé Jacques Métius, de la ville d'Alcmar en Hollande, homme qui n'avait jamais étudié, bien qu'il eût un père et un frère qui ont fait profession des mathématiques, mais qui prenait particulièrement plaisir à faire des miroirs et verres brûlants, en composant même l'hiver avec de la glace, ainsi que l'expérience a montré qu'on en peut faire, ayant à cette occasion plusieurs verres de diverses formes, s'avisa par bonheur de regarder au travers de deux, dont l'un était un peu plus épais au milieu qu'aux extrémités, et l'autre au contraire beaucoup plus épais aux extrémités qu'au milieu, et il les appliqua si heureusement aux deux bouts d'un tuyau, que la première des lunettes dont nous parlons, en fut composée.

  LA DIOPTRIQUE, DISCOURS QUATRIEME, DES SENS EN GENERAL.

à savoir, premièrement, les peaux qui les enveloppent, et qui, prenant leur origine de celles qui enveloppent le cerveau, sont comme de petits tuyaux divisés en plusieurs branches, qui se vont épandre çà et là par tous les membres, en même façon que les veines et les artères ;

puis leur substance intérieure, qui s'étend en forme de petits filets tout le long de ces tuyaux, depuis le cerveau, d'où elle prend son origine, jusqu'aux extrémités des autres membres, où elle s'attache, en sorte qu'on peut imaginer, en chacun de ces petits tuyaux, plusieurs de ces petits filets indépendants les uns des autres ;

puis enfin les esprits animaux, qui sont comme un air ou un vent très subtil, qui, venant des chambres ou concavités qui sont dans le cerveau, s'écoule par ces mêmes tuyaux dans les muscles.

Et d'autant que je n'ai point ici besoin de parler des mouvements, je désire seulement que vous conceviez que ces petits filets, étant enfermés, comme j'ai dit, en des tuyaux qui sont toujours enflés et tenus ouverts par les esprits qu'ils contiennent, ne se pressent ni empêchent aucunement les uns les autres, et sont étendus depuis le cerveau jusqu'aux extrémités de tous les membres qui sont capables de quelque sentiment, en telle sorte que, pour peu qu'on touche et fasse mouvoir l'endroit de ces membres où quelqu'un d'eux est attaché, on fait aussi mouvoir au même instant l'endroit du cerveau d'où il vient, ainsi que, tirant l'un des bouts d'une corde qui est toute tendue, on fait mouvoir au même instant l'autre bout.

Car, sachant que ces filets sont ainsi enfermés en des tuyaux, que les esprits tiennent toujours un peu enflés et entre-ouverts, il est aisé à entendre qu'encore qu'ils fussent beaucoup plus déliés que ceux que filent les vers à soie, et plus faibles que ceux des araignées, ils ne laisseraient pas de se pouvoir étendre depuis la tête jusqu'aux membres les plus éloignés, sans être en aucun hasard de se rompre, ni que les diverses situations de ces membres empêchassent leurs mouvements.

  LA DIOPTRIQUE, DISCOURS SEPTIEME, DES MOYENS DE PERFECTIONNER LA VISION.

comme par exemple d'autant que la première des trois liqueurs dont l'oeil est rempli cause à peu près même réfraction que l'eau commune, si on applique tout contre un tuyau plein d'eau, comme EF, au bout duquel il y ait un verre GHI, dont la figure soit toute semblable à celle de la peau BCD qui couvre cette liqueur, et ait même rapport à la distance du fond de l'oeil, il ne se fera plus aucune réfraction à l'entrée de cet oeil ;

mais celle qui s'y faisait auparavant, et qui était cause que tous les rayons qui venaient d'un même point de l'objet commençaient à se courber dès cet endroit-là pour s'aller assembler en un même point sur les extrémités du nerf optique, et qu'ensuite tous ceux qui venaient de divers points s'y croisaient pour s'aller rendre sur divers points de ce nerf, se fera dès l'entrée du tuyau Gl ;

si bien que ces rayons se croisant dès là, formeront l'image RST beaucoup plus grande que s'ils ne se croisaient que sur la superficie BCD, et ils la formeront de plus en plus grande, selon que ce tuyau sera plus long.

Et ainsi l'eau EF faisant l'office de l'humeur K, le verre GHI celui de la peau BCD, et l'entrée du tuyau GI celui de la prunelle, la vision se fera en même façon que si la nature avait fait l'oeil plus long qu'il n'est de toute la longueur de ce tuyau.

Et de faire, par le moyen d'un ou de plusieurs verres, ou autres corps transparents enfermés aussi en un tuyau, mais non pas joints à l'oeil si exactement qu'il ne demeure un peu d'air entre deux, que, dès l'entrée de ce tuyau, les rayons qui viennent d'un même point de l'objet.

se plient ou se courbent en la façon qui est requise, pour faire qu'ils aillent se rassembler en un autre point vers l'endroit où se trouvera le milieu du fond de l'oeil quand ce tuyau sera mis au-devant.

Puis derechef que ces mêmes rayons en sortant de ce tuyau se plient et se redressent en telle sorte qu'ils puissent entrer dans l'oeil tout de même que s'ils n'avaient point du tout été pliés, mais seulement qu'ils vinssent de quelque lieu qui fût plus proche ;

et ensuite que ceux qui viendront de divers points, s'étant croisés dès l'entrée de ce tuyau, ne se décroisent point à la sortie, mais qu'ils aillent vers l'oeil en même façon que s'ils venaient d'un objet qui fût plus grand ou plus proche.

Comme si le tuyau HF est rempli d'un verre tout solide dont la superficie GHI soit de telle figure qu'elle fasse que tous les rayons qui viennent du point X, étant dans le verre, tendent vers S ;

ceux qui viendront du point V les croiseront nécessairement en la superficie GHI, de façon que, se trouvant déjà éloignés d'eux, lorsqu'ils seront à l'autre bout du tuyau, la superficie KM ne les en pourra pas rapprocher, principalement si elle est concave, ainsi que je la suppose, mais elle les renverra vers l'oeil à peu près en même sorte que s'ils venaient du point v, au moyen de quoi ils formeront l'image RST d'autant plus grande que le tuyau sera plus long.

Mais pour ce qu'il y aurait derechef de l'incommodité à trouver des verres ou autres tels corps qui fussent assez épais pour remplir tout le tuyau HF, et assez clairs et transparents pour n'empêcher point pour cela le passage de la lumière, on pourra laisser vide tout le dedans de ce tuyau et mettre seulement deux verres à ses deux bouts, qui fassent le même effet que je viens de dire que les deux superficies GHI et KLM devaient faire.

Et c'est sur ceci seul qu'est fondée toute l'invention de ces lunettes, composées de deux verres mis aux deux bouts d'un tuyau, qui m'ont donné occasion d'écrire ce traité.

pour trouver la plus grandeIargeur que pulsse avoir l'ouverture du tuyau il faut faire la distance qui est entre les points K et M égale au diamètre de la prunelle ;

En sorte que, si la longueur du tuyau fait, par exemple, que l'image d'un objet éloigné de trente lieues se forme aussi grande dans l'oeil que s'il n'était éloigné que de trente pas, la largeur de son entrée, étant telle que je viens de la déterminer, fera que cet objet se verra aussi clairement que si, n'en étant véritablement éloigné que de trente pas, on la regardait sans lunettes.

car pour ceux qui sont accessibles l'ouverture du tuyau peut être d'autant plus étroite qu'on les en approche davantage, sans pour cela que la vision en soit moins claire.

Que si quelquefois la lumière qui vient des objets est trop forte, il sera bien aisé de l'affaiblir en couvrant tout autour les extrémités du verre qui est à l'entrée du tuyau, ce qui vaudra mieux que de mettre au-devant quelques autres verres plus troubles ou colorés, ainsi que plusieurs ont coutume de faire pour regarder le soleil :

  LA DIOPTRIQUE, DISCOURS NEUVIEME, LA DESCRIPTION DES LUNETTES.

on la doit composer de deux verres hyperboliques, l'un convexe et l'autre concave, mis dans les deux bouts d'un tuyau en la façon que vous voyez ici représentée.

Notez toutefois que ces proportions ne sont pas si absolument nécessaires, qu'elles ne puissent beaucoup être changées, en sorte que sans tailler autrement la superficie abc pour ceux qui ont la vue courte, ou longue, que pour les autres, on peut assez commodément se servir d'une même lunette pour toutes sortes d'yeux, en allongeant seulement ou accourcissant le tuyau.

Pour la grandeur de ce verre, la portion qui en demeure découverte, lorsqu'il est enchâssé dans le tuyau KLM, n'a besoin d'excéder que de fort peu la plus grande ouverture de la prunelle.

Pour le tuyau KLM, il doit être de quelque matière assez ferme et solide, afin que les deux verres enchâssés en ses deux bouts y retiennent toujours exactement leur même situation.

Au reste il est besoin que ce tuyau soit attaché sur quelque machine, comme RST, par le moyen de laquelle il puisse être commodément tourné de tous côtés, et arrêté vis-à-vis des objets qu'on veut regarder.

Enfin si on veut avoir une lunette qui fasse voir les objets proches et accessibles le plus distinctement qu'il se peut, et beaucoup plus que celles que j'ai tantôt décrite pour le même effet, on la doit aussi composer de deux verres hyperboliques, l'un concave et l'autre convexe, enchâssés dans les deux bouts d'un tuyau, et dont le concave abcdef soit tout semblable à celui de la précédente.

car de là entrant dans le tuyau, quelques-uns d'eux se pourraient réfléchir vers l'oeil et affaiblir d'autant la vision, parce qu'encore que ce tuyau doive être tout noir par le dedans, il ne le peut être toutefois si parfaitement que sa matière ne cause toujours quelque peu de réflexion, lorsque la lumière est fort vive, ainsi qu'est celle du soleil.

  LES METEORES, DISCOURS SEPTIEME, DES TEMPETES, DE LA FOUDRE ET DE TOUS LES AUTRES FEUX QUI S'ALLUMENT EN L'AIR.

C'est lui aussi qui quelquefois, lors même que, la nue étant fort petite ou ne s'abaissant que fort peu, il est si faible qu'on ne le sent quasi pas en l'air libre, s'entonnant dans les tuyaux des cheminées, fait jouer les cendres et les fétus qui se trouvent au coin du feu, et y excite comme de petits tourbillons assez admirables pour ceux qui en ignorent la cause, et qui sont ordinairement suivis de quelque pluie.

  L'HOMME.

et le feu qui est dans le c_ur de la machine que je vous décris n'y sert à autre chose qu'à dilater, échauffer, et subtiliser ainsi le sang, qui tombe continuellement goutte à goutte, par un tuyau de la veine cave, dans la concavité de son côté droit, d'où il s'exhale dans le poumon et de la veine du poumon, que les anatomistes ont nommé l'Artère veineuse, dans son autre concavité, d'où il se distribue par tout le corps.

Ainsi que vous pouvez avoir vu, dans les grottes et les fontaines qui sont aux jardins de nos Rois, que la seule force dont l'eau se meut, en sortant de sa source, est suffisante pour y mouvoir diverses machines, et même pour les y faire jouer de quelques instruments, ou prononcer quelques paroles, selon la diverse disposition des tuyaux qui la conduisent.

Et véritablement l'on peut fort bien comparer les nerfs de la machine que je vous décris aux tuyaux des machines de ces fontaines ;

Et enfin quand l'âme raisonnable sera en cette machine, elle y aura son siège principal dans le cerveau, et sera là comme le fontenier, qui doit être dans les regards où se vont rendre tous les tuyaux de ces machines, quand il veut exciter, ou empêcher, ou changer en quelque façon leurs mouvements.

Voyez donc ici, par exemple, le nerf A , dont la peau extérieure est comme un grand tuyau, qui contient plusieurs autres petits tuyaux b, c, k, l, etc.

Voyez aussi qu'en chacun de ces petits tuyaux, il y a comme une moelle, composée de plusieurs filets fort déliés, qui viennent de la propre substance du cerveau N, et dont les extrémités finissent d'un côté à sa superficie intérieure qui regarde ses concavités, et de l'autre aux peaux et aux chairs contre lesquelles le tuyau qui les contient se termine.

Mais, parce que cette moelle ne sert point au mouvement des membres, il me suffit, pour maintenant, que vous sachiez qu'elle ne remplit pas tellement les petits tuyaux qui la contiennent, que les esprits animaux n'y trouvent encore assez de place, pour couler facilement du cerveau dans les muscles, où ces petits tuyaux, qui doivent ici être comptés pour autant de petits nerfs, se vont rendre.

Voyez après cela comment le tuyau, ou petit nerf bf, se va rendre dans le muscle D, que je suppose être l'un de ceux qui meuvent l'oeil ;

De plus, voyez qu'outre le tuyau bf, il y en a encore un autre, à savoir ef, par où les esprits animaux peuvent entrer dans le muscle D, et un autre, à savoir dg, par où ils en peuvent sortir.

Et que, tout de même le muscle E, que je suppose servir à mouvoir l'oeil tout au contraire du précédent, reçoit les esprits animaux du cerveau par le tuyau cg, et du muscle D par dg, et les renvoie vers D par ef.

toutefois, parce que leurs parties sont fort petites, et même qu'elles se subtilisent sans cesse de plus en plus par la force de leur agitation, il s'en échappe toujours quelques-unes au travers des peaux et des chairs de ces muscles, mais qu'en revanche il y en revient toujours aussi quelques autres par les deux tuyaux bf, cg.

Enfin voyez , qu'entre les deux tuyaux bf, ef, il y a une certaine petite peau Hfi, qui sépare ces deux tuyaux, et qui leur sert comme de porte, laquelle a deux replis H et i, tellement disposés, que, lorsque les esprits animaux qui tendent à descendre de b vers H, ont plus de force que ceux qui tendent à monter d'e vers i, ils abaissent et ouvrent cette peau, donnant ainsi moyen à ceux qui sont dans le muscle E de couler très promptement avec eux vers D.

Et que tout de même, entre les deux tuyaux cg, dg, il y a une petite peau ou valvule g, semblable à la précédente, qui demeure naturellement entr'ouverte, et qui peut être fermée par les esprits qui viennent du tuyau dg, et ouverte par ceux qui viennent de cg.

En suite de quoi il est aisé à entendre que, si les esprits animaux qui sont dans le cerveau ne tendent point, ou presque point, à couler par les tuyaux bf, cg, les deux petites peaux ou valvules f et g demeurent entr'ouvertes, et ainsi, que les deux muscles D et E sont lâches et sans action ;

Mais si les esprits qui sont dans le cerveau tendent à entrer avec quelque force dans les deux tuyaux bf, cg, et que cette force soit égale des deux côtés, ils ferment aussitôt les deux passages g et f, et enflent les deux muscles D et E autant qu'ils peuvent, leur faisant par ce moyen tenir et arrêter l'oeil ferme en la situation qu'ils le trouvent.

Car, pour chaque mouvement, et pour son contraire, vous pouvez imaginer deux petits nerfs, ou tuyaux, tels que sont bf, cg, et deux autres, tels que sont dg, ef, et deux petites portes ou valvules, telles que sont Hfl et g.

Et pour les façons dont ces tuyaux sont insérés dans les muscles, encore qu'elles varient en mille sortes, il n'est pas néanmoins malaisé à juger quelles elles sont, en sachant ce que l'anatomie vous peut apprendre de la figure extérieure, et de l'usage de chaque muscle.

il est aisé à penser qu'ils reçoivent les esprits par deux tuyaux tels que sont pR, et qS ;

et que l'un de ces deux tuyaux pR se va rendre dans ces deux muscles, et l'autre qS dans l'un d'eux seulement.

et que les esprits animaux qui sont dans la concavité de son cerveau marquée m, coulant par le pore ou petit canal marqué n qui demeure naturellement toujours ouvert, se vont rendre d'abord dans le tuyau BF, où, abaissant la petite peau F, ils font que ceux du muscle E viennent enfler le muscle d.

Pensez après cela, qu'il y a certaines peaux autour de ce muscle d, qui le pressent de plus en plus à mesure qu'il s'enfle, et qui sont tellement disposées, qu'avant que tous les esprits du muscle E soient passés vers lui, elles arrêtent leur cours, et les font comme regorger par le tuyau BF, en sorte que ceux du canal n s'en détournent ;

au moyen de quoi, s'allant rendre dans le tuyau cg, qu'ils ouvrent en même temps, ils font enfler le muscle E, et désenfler le muscle d ;

Puis, quand cette impétuosité n'a plus de force, ils reprennent d'eux-mêmes leur cours par le tuyau BF, et ainsi ne cessent de faire enfler et désenfler alternativement ces deux muscles.

et que les esprits animaux qui viennent de la concavité de son cerveau m, par le pore ou petit canal n, qui demeure naturellement toujours ouvert, se vont rendre tout droit dans le tuyau BF, au moyen de quoi ils font enfler le muscle d ;

mais qu'il est tellement disposé, que, lorsqu'il s'y en trouve quelques-unes, les esprits qu'il contient regorgent aussitôt par le tuyau BF, et font que ceux qui viennent par le canal n entrent par le tuyau cg dans le muscle E, où se vont aussi rendre ceux du muscle d :

d'autant qu'ils sont enfermés dans les mêmes petits tuyaux qui portent les esprits animaux dans les muscles, et que ces esprits, enflant toujours quelque peu ces tuyaux, les empêchent d'y être pressés, et même, qu'ils les font toujours tendre autant qu'ils peuvent, en tirant du cerveau d'où ils viennent, vers les lieux où ils se terminent.

et comment cet air entre de là dans les tuyaux, tantôt dans les uns, tantôt dans les autres, selon les diverses façons que l'organiste remue les doigts sur le clavier ;

or, vous pouvez ici concevoir que le c_ur et les artères, qui poussent les esprits animaux dans les concavités du cerveau de notre machine, sont comme les soufflets de ces orgues qui poussent l'air dans les porte-vent, et que les objets extérieurs, qui, selon les nerfs qu'ils remuent, font que les esprits contenus dans ces concavités entrent de là dans quelques-uns de ces pores, sont comme les doigts de l'organiste, qui, selon les touches qu'ils pressent, font que l'air entre des porte-vent dans quelques tuyaux.

Et comme l'harmonie des orgues ne dépend point de cet arrangement de leurs tuyaux que l'on voit par dehors, ni de la figure de leurs porte-vent, ou autres parties, mais seulement de trois choses, savoir, de l'air qui vient des soufflets, des tuyaux qui rendent le son, et de la distribution de cet air dans les tuyaux :

Concevez sa superficie AA, qui regarde les concavités EE, comme un réseuil ou lacis assez épais et pressé, dont toutes les mailles sont autant de petits tuyaux par où les esprits animaux peuvent entrer, et qui, regardant toujours vers la glande H, d'où sortent ces esprits, se peuvent facilement tourner çà et là vers les divers points de cette glande :

mais, à mesure qu'ils entrent dans les concavités du cerveau EE, par les trous de la petite glande marquée H, ils tendent d'abord vers ceux des petits tuyaux a, a, qui leur sont le plus directement opposés, et, si ces tuyaux a, a, ne sont pas assez ouverts pour les recevoir tous, ils reçoivent au moins les plus fortes et les plus vives de leurs parties, pendant que les plus faibles et superflues sont repoussées vers les conduits I, K, L, qui regardent les narines, et le palais :

ou si elles y manquent, étant contraintes de retourner vers les petits tuyaux a, a, qui sont en la superficie intérieure du cerveau, elles causent aussitôt un éblouissement, ou vertige, qui trouble les fonctions de l'imagination.

tout de même que la fumée se convertit facilement en suie, dans les tuyaux des cheminées, mais non pas jamais dans le foyer où est le feu.

Et pensez que ces filets sont tellement disposés, que, si les rayons qui viennent, par exemple, du point A de l'objet, vont presser le fond de l'oeil au point I, ils tirent par ce moyen tout le filet 12, et augmentent l'ouverture du petit tuyau marqué 2.

Et tout de même, que les rayons qui viennent du point B augmentent l'ouverture du petit tuyau 4, et ainsi des autres.

il est évident que les diverses façons, dont les petits tuyaux, 2, 4, 6, sont ouverts par les filets 12, 34, 56, etc.

Pensez, après cela, que les esprits qui tendent à entrer dans chacun des petits tuyaux 2, 4, 6, et semblables, ne viennent pas indifféremment de tous les points qui sont en la superficie de la glande H, mais seulement de quelqu'un en particulier ;

et que ce sont ceux qui viennent, par exemple, du point a de cette superficie, qui tendent à entrer dans le tuyau 2, et ceux des points b et c, qui tendent à entrer dans les tuyaux 4 et 6, et ainsi des autres.

En sorte qu'au même instant que l'ouverture de ces tuyaux devient plus grande, les esprits commencent à sortir plus librement et plus vite qu'ils ne faisaient auparavant, par les endroits de cette glande qui les regardent.

Et que, comme les diverses façons dont les tuyaux 2, 4, 6, sont ouverts tracent une figure qui se rapporte à celle de l'objet ABC, sur la superficie intérieure du cerveau :

Car il est facile à entendre que le tuyau 2, par exemple, sera ouvert autrement par l'action que j'ai dit causer le sentiment de la couleur rouge, ou celui du chatouillement, que par celle que j'ai dit causer le sentiment de la couleur blanche, ou bien celui de la douleur ;

et que les esprits qui sortent du point a tendront diversement vers ce tuyau selon qu'il sera ouvert diversement, et ainsi des autres.

Pensez donc à cet effet qu'après que les esprits qui sortent de la glande H y ont reçu l'impression de quelque idée, ils passent de là par les tuyaux 2, 4, 6, et semblables, dans les pores ou intervalles qui sont entre les petits filets dont cette partie du cerveau B est composée ;

et qu'ils ont la force d'élargir quelque peu ces intervalles, et de plier et disposer diversement les petits filets qu'ils rencontrent en leurs chemins, selon les diverses façons dont ils se meuvent, et les diverses ouvertures des tuyaux par où ils passent :

Par exemple, quand l'action de l'objet ABC, augmentant l'ouverture des tuyaux 2, 4, 6, est cause que les esprits entrent dedans en plus grande quantité qu'ils ne feraient pas sans cela, elle est aussi cause que, passant plus outre vers N, ils ont la force de s'y former certains passages qui demeurent ouverts, encore après que l'action de l'objet ABC a cessé ;

ainsi les petites parties de ces esprits, qui soulèvent et soutiennent cette glande, étant presque toujours différentes en quelque chose, ne manquent pas de l'agiter et faire pencher tantôt d'un côté tantôt d'un autre, comme vous le voyez en cette figure 4, où non seulement son centre H est un peu éloigné du centre du cerveau, marqué o, mais aussi les extrémités des artères qui la soutiennent sont courbées en telle sorte, que presque tous les esprits qu'elles lui apportent prennent leur cours par l'endroit de sa superficie a, b, c, vers les petits tuyaux 2, 4, 6, ouvrant par ce moyen ceux de ses pores qui regardent vers là beaucoup davantage que les autres.

Or le principal effet qui suit de ceci consiste en ce que les esprits, sortant ainsi plus particulièrement de quelques endroits de la superficie de cette glande que des autres, peuvent avoir la force de tourner les petits tuyaux de la superficie intérieure du cerveau dans lesquels ils se vont rendre vers les endroits d'où ils sortent, s'ils ne les y trouvent déjà tournés ;

et par ce moyen, de faire mouvoir les membres auxquels se rapportent ces tuyaux, vers les lieux auxquels se rapportent ces endroits de la superficie de la glande H.

Comme ici, par exemple, on peut supposer que ce qui fait que le tuyau 8 se tourne plutôt vers le point b que vers quelque autre, c'est seulement que les esprits qui sortent de ce point tendent avec plus de force vers lui qu'aucuns autres ;

Car il faut penser que tous les points de la glande, vers lesquels ce tuyau 8 peut être tourné, répondent tellement à tous les lieux vers lesquels le bras marqué 7 le peut être, que ce qui fait maintenant que ce bras est tourné vers l'objet B, c'est que ce tuyau regarde le point b de la glande.

Que si les esprits changeant leur cours tournaient ce tuyau vers quelque autre point de la glande, comme vers c, les petits filets 8, 7, qui sortant d'autour de lui se vont rendre dans les muscles de ce bras, changeant par même moyen de situation, rétréciraient quelques-uns des pores du cerveau qui sont vers D, et en élargiraient quelques autres :

comme, réciproquement, si quelque autre action que celle des esprits qui entrent par le tuyau 8 tournait ce même bras vers B ou vers C, elle ferait que ce tuyau 8 se tournerait vers les points de la glande b ou c ;

Et ainsi généralement il faut penser que chacun des autres petits tuyaux, qui sont en la superficie intérieure du cerveau, se rapporte à chacun des autres membres ;

Et de plus, pour entendre ici par occasion comment, lorsque les deux yeux de cette machine, et les organes de plusieurs autres de ses sens, sont tournés vers un même objet, il ne s'en forme pas pour cela plusieurs idées dans son cerveau, mais une seule, il faut penser que c'est toujours des mêmes points de cette superficie de la glande H que sortent les esprits, qui, tendant vers divers tuyaux peuvent tourner divers membres vers les mêmes objets :

comme ici , que c'est du seul point b que sortent les esprits qui, tendant vers les tuyaux 4, 4 et 8, tournent en même temps les deux yeux et le bras droit vers l'objet B.

Comme ici , par exemple, l'âme pourra sentir ce qui est au point L, par l'entremise des deux mains, qui tiennent les deux bâtons NL et OL, parce que c'est du point L, de la glande H, que sortent les esprits qui entrent dans les tuyaux 7 et 8, auxquels répondent ses deux mains ;

Car il est aisé à entendre, que l'ouverture des petits tuyaux 2, 4, 6 par exemple, étant élargie par l'action de l'objet ABC, les esprits qui commencent aussitôt à couler vers eux, plus librement et plus vite qu'ils ne faisaient, attirent après soi quelque peu cette glande, et font qu'elle se penche, si elle n'en est d'ailleurs empêchée ;

qui consiste, non seulement en ce que l'humeur cristalline est un peu plus voûtée, et les autres parties de l'oeil à proportion autrement disposées en cette dernière figure qu'en la précédente, mais aussi en ce que les petits tuyaux 2, 4, 6, y sont inclinés vers un point plus proche, et que la glande H y est un peu plus avancée vers eux, et que l'endroit de sa superficie a, b, c, y est à proportion un peu plus voûté ou courbé :

en sorte qu'en l'une et en l'autre figure, c'est toujours du point a, que sortent les esprits qui tendent vers le tuyau 2 ;

du point b, que sortent ceux qui tendent vers le tuyau 4 ;

et du point c, que sortent ceux qui tendent vers le tuyau 6.

Considérez aussi que les seuls mouvements de la glande H, sont assez suffisants pour changer la situation de ces tuyaux, et ensuite toute la disposition du corps de l'oeil ;

Considérez après cela que ces tuyaux 2, 4, 6, , peuvent être d'autant plus ouverts par l'action de l'objet ABC, que l'oeil est plus disposé à le regarder.

Et ainsi elle serait cause que les petits tuyaux 2, 4, 6, seraient aussi moins ouverts par cette action, et que les esprits qui sortent des points a, b, c, couleraient aussi moins librement vers ces tuyaux, au lieu qu'en s'avançant, elle ferait, tout au contraire, que l'oeil se disposant mieux à recevoir cette action, les petits tuyaux 2, 4, 6, s'ouvriraient davantage, et ensuite, que les esprits qui sortent des points a, b, c, couleraient vers eux plus librement :

laquelle n'est autre, ordinairement, que la force de l'objet même, qui, agissant contre l'organe de quelque sens, augmente l'ouverture de quelques-uns des petits tuyaux qui sont en la superficie intérieure du cerveau, vers lesquels les esprits commençant aussitôt à prendre leur cours, attirent avec soi cette glande, et la font incliner vers ce côté-là.

Mais en cas que ces tuyaux fussent déjà d'ailleurs autant ou plus ouverts que cet objet ne les ouvre, il faut penser que les petites parties des esprits qui coulent au travers de ses pores, étant inégales, la poussent tantôt deçà tantôt delà, fort promptement, et en moins d'un clin d'oeil, de tous côtés, sans la laisser jamais en repos un seul moment ;

Si les petits tuyaux de la superficie intérieure du cerveau ne sont point du tout plus ouverts, ni d'autre façon, les uns que les autres, et par conséquent que ces esprits n'aient en eux l'impression d'aucune idée particulière :

Mais s'il y a quelques-uns des tuyaux qui soient plus ou moins ouverts, ou seulement ouverts de quelque autre façon que leurs voisins, par l'action des objets qui meuvent les sens :

La première est le lieu d'où procède l'action qui ouvre quelques-uns des petits tuyaux par où entrent premièrement les esprits.

Pour le lieu d'où procède l'action, vous savez déjà que, si l'objet ABC , par exemple, agissait contre un autre sens, que contre celui de la vue, il ouvrirait d'autres tuyaux, en la superficie intérieure du cerveau, que ceux qui sont marqués 2, 4, 6.

Et que, s'il était plus près ou plus loin, ou autrement situé au respect de l'oeil qu'il n'est pas, il pourrait bien à la vérité ouvrir ces mêmes tuyaux, mais qu'il faudrait qu'ils fussent autrement situés qu'ils ne sont, et par conséquent qu'ils pussent recevoir des esprits d'autres points de la glande que de ceux qui sont marqués a, b, c, et les conduire vers d'autres endroits que vers ABC, où ils les conduisent maintenant, et ainsi des autres.

Pour les diverses qualités de l'action qui ouvre ces tuyaux, vous savez aussi que, selon qu'elles sont différentes, elle les ouvre diversement ;

il faut penser qu'il ouvrira les tuyaux 2, 4, 6, d'une certaine façon particulière, qui sera cause que les parties du cerveau qui sont vers N se presseront l'une contre l'autre, un peu plus que de coutume ;

en sorte que les esprits qui entreront par ces tuyaux 2, 4, 6, prendront leur cours d'N par o vers p.

Et si la chaleur du feu A , qui est proche de la main B, n'était que médiocre, il faudrait penser que la façon dont elle ouvrirait les tuyaux 7 serait cause que les parties du cerveau qui sont vers N se presseraient, et que celles qui sont vers o, s'élargiraient un peu plus que de coutume ;

et ainsi, que les esprits qui viennent du tuyau 7, iraient d'N par o vers p.

Mais supposant que ce feu brûle la main, il faut penser que son action ouvre tant ces tuyaux 7, que les esprits, qui entrent dedans, ont la force de passer plus loin, en ligne droite, que jusques à N :

en sorte qu'ici , par exemple, où le feu A brûle la main B, et est cause que les esprits qui entrent dans le tuyau 7 tendent vers o, ces esprits trouvent là deux pores ou passages principaux oR, os.

Au lieu que, si la main B, étant fort froide, le feu A la réchauffait modérément et sans la brûler, il serait cause que les mêmes esprits, qui entrent par le tuyau 7, iraient se rendre non plus vers O et vers R, mais vers o et vers p, où ils trouveraient derechef des pores, disposés à les conduire en tous les nerfs qui peuvent servir aux mouvements convenables à cette action.

les esprits que cette action fera entrer, par les tuyaux 8, dans le cerveau, s'iront rendre en un endroit, où ils trouveront plusieurs pores disposés à les conduire indifféremment en tous les nerfs qui peuvent servir à la recherche ou à la poursuite de quelque objet ;

Dont la raison est qu'une même force peut ouvrir davantage les petits tuyaux, comme 2, 4, 6, et les pores, comme a, b, c, qui servent à former ces images, lorsque les parties du cerveau qui les environnent sont lâches et détendues, ainsi que vous le voyez en cette 50e figure , que lorsqu'elles sont toutes tendues, ainsi que vous le pouvez voir en celles qui la précèdent.

  LE MONDE OU TRAITÉ DE LA LUMIERE, CHAPITRE XIV, Des propriétés de la Lumière.

Ce que vous entendrez encore mieux si vous considérez qu'on peut pousser l'air en même temps d'F vers G, d'H vers I, et de K vers L, par les trois tuyaux FG, HI, KL, bien que ces tuyaux soient tellement unis au point N, que tout l'air qui passe par le milieu de chacun d'eux doit nécessairement passer aussi par le milieu des deux autres.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, TROISIEME PARTIE, Art. 59.

que la petite boule A soit mise dans le tuyau EY, et voyons ce qui en arrivera.

Au premier moment qu'on fera mouvoir ce tuyau autour du centre E, cette boule n'avancera que lentement vers Y, mais elle avancera un peu plus vite au second, à cause qu'outre qu'elle aura retenu la force qui lui avait été communiquée au premier instant, elle en acquerra encore une nouvelle par le nouvel effort qu'elle fera pour s'éloigner du centre E, parce que cet effort continue autant que dure le mouvement circulaire, et se renouvelle presque à tous moments ;

car nous voyons que lorsqu'on fait tourner ce tuyau EY assez vite autour du centre E, la petite boule qui est dedans passe fort promptement d'A vers Y ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, TROISIEME PARTIE, Art. 60.

Il est aisé d'appliquer aux parties du second élément ce que je viens de dire de cette pierre qui tourne dans une fronde autour du centre E, ou de la petite boule qui est dans le tuyau EY, à savoir :

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, TROISIEME PARTIE, Art. 75.

et comme on voit qu'une bouteille de verre se fait ronde par cela seul qu'en soufflant par un tuyau de fer on fait entrer de l'air dans la matière dont on la fait, à cause que cet air n'a pas plus de force à pousser la partie de cette matière qui est directement opposée au bout du tuyau par où il entre, qu'à pousser celle qui est en tous les autres côtés vers lesquels il est repoussé par la résistance qu'elle lui fait, ainsi la matière du premier élément qui entre dans le corps du soleil par ses pôles doit pousser également de tous côtés les parties du second qui l'environnent, aussi bien celles contre qui elle est repoussée obliquement que celles qu'elle rencontre de front.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 99.

car lorsqu'il y a un assez grand feu dans une chambre où toutes les portes et fenêtres sont bien fermées, et où, excepté le tuyau de la cheminée par où la fumée sort, il n'y a rien d'ouvert que quelque vitre cassée ou quelque autre trou assez étroit, si on met la main auprès de ce trou, l'on sent manifestement le vent que fait l'air en venant par là vers le feu en la place de la fumée.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 117.

Et parce que, de ce qui a déjà été dit, on connaît assez pourquoi il luit et échauffe, et dissout en plusieurs petites parties tous les corps qui lui servent de nourriture, et aussi pourquoi ce sont les plus petites et plus glissantes parties de ces corps qu'il en chasse les premières, et pourquoi elles sont suivies par après de celles qui, bien qu'elles ne soient peut-être pas moins petites que les précédentes, sortent toutefois moins aisément, à cause que leurs figures sont embarrassantes et divisées en plusieurs branches (d'où vient que, s'attachant aux tuyaux des cheminées, elles se changent en suie) ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 179.

Car, en premier lieu, on y verra que les petits grains de cette poudre ne s'entassent pas confusément, mais que, se joignant en long les uns aux autres, ils composent comme des filets qui sont autant de petits tuyaux par où passent les parties cannelées plus librement que par l'air, et qui pour ce sujet peuvent servir à faire connaître les chemins qu'elles tiennent après être sorties de l'aimant.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 203.

car je ne reconnais aucune différence entre les machines que font les artisans et les divers corps que la nature seule compose, sinon que les effets des machines ne dépendent que de l'agencement de certains tuyaux, ou ressorts, ou autres instruments, qui, devant avoir quelque proportion avec les mains de ceux qui les font, sont toujours si grands que leurs figures et mouvements se peuvent voir, au lieu que les tuyaux ou ressorts qui causent les effets des corps naturels sont ordinairement trop petits pour être aperçus de nos sens.

  LES PASSIONS DE L'AME, PREMIERE PARTIE, ARTICLE 7.

Enfin on sait que tous ces mouvements des muscles, comme aussi tous les sens, dépendent des nerfs, qui sont comme de petits filets ou comme de petits tuyaux qui viennent tous du cerveau, et contiennent ainsi que lui un certain air ou vent très subtil qu'on nomme les esprits animaux.

  LES PASSIONS DE L'AME, PREMIERE PARTIE, ARTICLE 12.

puis les peaux qui les environnent et qui, étant continues avec celles qui enveloppent le cerveau, composent de petits tuyaux dans lesquels ces petits filets sont enfermés ;

puis enfin les esprits animaux qui, étant portés par ces mêmes tuyaux depuis le cerveau jusques aux muscles, sont cause que ces filets y demeurent entièrement libres et étendus, en telle sorte que la moindre chose qui meut la partie du corps où l'extrémité de quelqu'un d'eux est attachée, fait mouvoir par même moyen la partie du cerveau d'où il vient, en même façon que lorsqu'on tire un des bouts d'une corde on fait mouvoir l'autre.

  Correspondance, année 1629, A R. P. MERSENNE, 8 octobre 1629.

de même la tête qui parle couvre sans doute quelque imposture, car de dire qu'il y eut des ressorts et tuyaux, comme au coq en l'Horloge de Strasbourg pour exprimer tout le Pater Noster, , j'ai bien de la peine à le croire.

  Correspondance, année 1630, AU R. P. MERSENNE, 25 février 1630.

mais celui qui veut passer par le long du tuyau, lorsqu'il est encore en B ne saurait aller plus outre qu'il ne chasse l'air qui lui est tout proche, et que celui-ci ne pousse au même instant le suivant, et ainsi jusques à D ;

  Correspondance, année 1633, AU R. P. MERSENNE, 28 novembre 1633.

et il peut v avoir de la fausseté dans les tuyaux et en tous les autres corps résonnants, aussi bien que dans les cordes Je suis, etc.

  Correspondance, année 1638, RÉPONSE DE Monsieur DESCARTES A Monsieur MORIN, 13 juillet 1638.

Et, afin que vous ne disiez pas qu'il est plus aisé d'augmenter le mouvement d'un corps qui se meut que d'en remuer un qui se repose, imaginez un tuyau replié, comme ABC, qui s'étende, si vous voulez, depuis ici jusqu'au centre de la terre, et de là remonte jusques ici, et qui soit presque plein d'eau des deux côtés, et que pendant que cette eau est aussi calme et aussi peu agitée qu'elle peut être, on verse une goutte d'autre eau dans celui d ses côtés qui est marqué A, car je ne crois pas que vous fassiez difficulté d'accorder que la pesanteur de cette goutte sera suffisante pour faire hausser toute l'eau qui est vers C, et par conséquent aussi pour mouvoir toute celle qui est dans le tuyau ABC, et ensuite vous ne pourrez nier qu'une étincelle de feu ne soit capable de mouvoir la matière subtile qui est contenue en un très grand espace, pourvu que vous remarquiez que l'action du feu est incomparablement plus forte que celle de la pesanteur, et que la matière subtile étant contenue dans les pores de l'eau, et même aussi en ceux de l'air, doit être incomparablement plus fluide que lui ni elle.

mais il est néanmoins certain qu'elles le font, et il n'est pas malaisé de l'éprouver par le moyen de trois ou plusieurs tuyaux, comme AC, BD, FG, que je suppose de même largeur, et qui se croisent en telle sorte, que l'espace du milieu E sert à tous trois, sans toutefois être plus grand que s'il ne servait qu'à un seul :

mais il suffit que quelques-unes se meuvent vers C et d'autres vers D, et d'autres vers F, et qu'elles se meuvent trois fois aussi vite que celles qui remplissent les autres endroits de ces tuyaux ;

  Correspondance, année 1638, Au R. P. MERSENNE, 8 octobre 1638. (Les éditions contemporaines retiennent comme date le 11 octobre 1638).

L'observation que les pompes ne tirent point l'eau à plus de dix-huit brasses de hauteur ne se doit point rapporter au vide, mais ou à la matière des pompes ou à celle de l'eau même, qui s'écoule entre la pompe et le tuyau, plutôt que s'élever plus haut, ou même à la pesanteur de l'eau qui contre-balance celle de l'air.

  Correspondance, année 1639, Au R. P. MERSENNE, 9 janvier 1639.

Pour vos expériences du tuyau, je suis marri de vous avoir donné la peine d'en faire quelques-unes à mon occasion :

  Correspondance, année 1639, AU R. P. MERSENNE, 15 novembre 1639. (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 13 novembre 1639.).

Votre expérience que le trou d'une demi-ligne donne quatre fois moins d'eau que celui d'une ligne, mais que celui-ci n'en donne que deux fois moins que celui de deux lignes, me semble du tout incroyable, coeteris paribus, c'est-à-dire faisant que le tuyau demeure toujours plein jusques au haut.

Car, si on ne le remplit point à mesure que l'eau s'écoule, il est évident que, d'autant plus que le trou sera grand, d'autant plus tôt elle s'abaissera dans le tuyau ;

  Correspondance, année 1639, AU R. P. MERSENNE, 27 août 1639.

Je tiens votre expérience(que l'eau qui sort d'un tuyau de neuf pieds , par un trou de même grandeur que celle qui sort d'un tuyau d'un pied, doit sortir trois fois presque plus vite, etc.

Soit le tuyau ABC plein d'eau jusques à C, il faut considérer que l'eau qui sort par A vient du haut C, et que si tout ce tuyau était vide, et qu'il y eût seulement une goutte d'eau vers C, qu'on laissât tomber vers A, et une autre vers B, qu'on laissât aussi tomber vers A, dont la partie AB soit 1/9 d'AC, et qu'il y ait seulement deux gouttes d'eau dans ce tuyau, l'une vers C, et l'autre vers B, qui descendent séparément, en telle sorte qu'elles se rencontrent et se joignent ensemble lorsqu'elles arrivent au point A, il est évident que la goutte qui viendra du point C, étant parvenue au point A, aura neuf fois plus de vitesse que celle qui viendra du point B ;

descartes

« Et ainsi l'eau EF faisant l'office de l'humeur K, le verre GHI celui de la peau BCD, et l'entrée du tuyau GI celui de la prunelle, lavision se fera en même façon que si la nature avait fait l'oeil plus long qu'il n'est de toute la longueur de ce tuyau. Et de faire, par le moyen d'un ou de plusieurs verres, ou autres corps transparents enfermés aussi en un tuyau, mais non pas jointsà l'oeil si exactement qu'il ne demeure un peu d'air entre deux, que, dès l'entrée de ce tuyau, les rayons qui viennent d'un mêmepoint de l'objet. se plient ou se courbent en la façon qui est requise, pour faire qu'ils aillent se rassembler en un autre point vers l'endroit où setrouvera le milieu du fond de l'oeil quand ce tuyau sera mis au-devant. Puis derechef que ces mêmes rayons en sortant de ce tuyau se plient et se redressent en telle sorte qu'ils puissent entrer dans l'oeiltout de même que s'ils n'avaient point du tout été pliés, mais seulement qu'ils vinssent de quelque lieu qui fût plus proche ; et ensuite que ceux qui viendront de divers points, s'étant croisés dès l'entrée de ce tuyau, ne se décroisent point à la sortie, maisqu'ils aillent vers l'oeil en même façon que s'ils venaient d'un objet qui fût plus grand ou plus proche. Comme si le tuyau HF est rempli d'un verre tout solide dont la superficie GHI soit de telle figure qu'elle fasse que tous les rayonsqui viennent du point X, étant dans le verre, tendent vers S ; ceux qui viendront du point V les croiseront nécessairement en la superficie GHI, de façon que, se trouvant déjà éloignés d'eux,lorsqu'ils seront à l'autre bout du tuyau, la superficie KM ne les en pourra pas rapprocher, principalement si elle est concave, ainsique je la suppose, mais elle les renverra vers l'oeil à peu près en même sorte que s'ils venaient du point v, au moyen de quoi ilsformeront l'image RST d'autant plus grande que le tuyau sera plus long. Mais pour ce qu'il y aurait derechef de l'incommodité à trouver des verres ou autres tels corps qui fussent assez épais pourremplir tout le tuyau HF, et assez clairs et transparents pour n'empêcher point pour cela le passage de la lumière, on pourralaisser vide tout le dedans de ce tuyau et mettre seulement deux verres à ses deux bouts, qui fassent le même effet que je viens dedire que les deux superficies GHI et KLM devaient faire. Et c'est sur ceci seul qu'est fondée toute l'invention de ces lunettes, composées de deux verres mis aux deux bouts d'un tuyau, quim'ont donné occasion d'écrire ce traité. pour trouver la plus grandeIargeur que pulsse avoir l'ouverture du tuyau il faut faire la distance qui est entre les points K et Mégale au diamètre de la prunelle ; En sorte que, si la longueur du tuyau fait, par exemple, que l'image d'un objet éloigné de trente lieues se forme aussi grande dansl'oeil que s'il n'était éloigné que de trente pas, la largeur de son entrée, étant telle que je viens de la déterminer, fera que cet objetse verra aussi clairement que si, n'en étant véritablement éloigné que de trente pas, on la regardait sans lunettes. car pour ceux qui sont accessibles l'ouverture du tuyau peut être d'autant plus étroite qu'on les en approche davantage, sans pourcela que la vision en soit moins claire. Que si quelquefois la lumière qui vient des objets est trop forte, il sera bien aisé de l'affaiblir en couvrant tout autour les extrémitésdu verre qui est à l'entrée du tuyau, ce qui vaudra mieux que de mettre au-devant quelques autres verres plus troubles ou colorés,ainsi que plusieurs ont coutume de faire pour regarder le soleil : LA DIOPTRIQUE, DISCOURS NEUVIEME, LA DESCRIPTION DES LUNETTES. on la doit composer de deux verres hyperboliques, l'un convexe et l'autre concave, mis dans les deux bouts d'un tuyau en la façonque vous voyez ici représentée. Notez toutefois que ces proportions ne sont pas si absolument nécessaires, qu'elles ne puissent beaucoup être changées, en sorteque sans tailler autrement la superficie abc pour ceux qui ont la vue courte, ou longue, que pour les autres, on peut assezcommodément se servir d'une même lunette pour toutes sortes d'yeux, en allongeant seulement ou accourcissant le tuyau. Pour la grandeur de ce verre, la portion qui en demeure découverte, lorsqu'il est enchâssé dans le tuyau KLM, n'a besoind'excéder que de fort peu la plus grande ouverture de la prunelle. Pour le tuyau KLM, il doit être de quelque matière assez ferme et solide, afin que les deux verres enchâssés en ses deux bouts yretiennent toujours exactement leur même situation.. »

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